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FEMMES ACCUSEES DE SORCELLERIE : "C’est honteux et révoltant !"

Publié le vendredi 12 mars 2010 à 01h46min

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La Commission Justice et Paix, en partenariat avec l’ONG OSIWA, lance une campagne de lutte contre les violences faites aux femmes, notamment celles accusées de sorcellerie. C’est l’objet de l’appel ci-dessous, adressé aux citoyens burkinabè.

Madame/Monsieur, Dans le cadre de sa mission de promotion de la justice sociale, de la paix, du respect des droits et de la dignité de la personne humaine au Burkina Faso, la Commission Justice et Paix en partenariat avec OSIWA (une ONG internationale basée à Dakar), des organisations d’hommes et de femmes de la société civile, des organisations de droits de l’Homme, des institutions publiques et privées, des organisations confessionnelles et religieuses, des personnalités nationales et internationales, etc., lance une campagne de lutte contre l’exclusion sociale et les violences faites aux femmes avec une option pour les femmes accusées de sorcellerie.

Cette campagne se déroulera au cours de l’année 2010 et se poursuivra toutes les autres années jusqu’à ce que des mesures appropriées soient prises pour mettre définitivement fin à ce phénomène. En effet, après avoir signé et ratifié toutes les conventions internationales relatives aux droits des femmes, il est tout simplement honteux et révoltant de constater qu’au Burkina Faso, on continue d’infliger des traitements cruels, inhumains et dégradants à des femmes âgées, fragiles et sans défense qu’on accuse à tort de sorcellerie ou de mangeuses d’âmes.

Dans les politiques de lutte contre les violences faites aux femmes, on parle régulièrement des mutilations génitales féminines, des violences conjugales et toutes autres formes de violence et l’on occulte sciemment ou inconsciemment le cas des femmes accusées de sorcellerie. Dans le centre Delwendé de Tanghin au secteur 23, la cour de solidarité de Paspanga, à Tema Bokin et dans bien d’autres centres disséminés sur le plateau mossi, vivent des milliers de femmes qui ont l’âge de nos mamans et à qui notre société, sans aucune raison objective et rationnelle, a décidé de nier la dignité d’être humain.

S’il est vrai que c’est l’exclusion sociale et les violences faites aux femmes qui sont les plus visibles, il ne faut pas oublier le fait qu’il y a également des hommes qui sont victimes des mêmes violences et exclusions sociales mais qui ne trouvent aucun endroit pour se réfugier. Ils sont donc condamnés au même titre que les femmes, à errer dans la nature et à mourir de faim et de soif, devenant ainsi des proies à la merci des charognards et autres animaux carnivores. Face à cette injustice sociale et à ce « génocide » qui ne dit pas son nom et dont nous sommes tous complices, l’heure est venue de nous débarrasser de notre peur et de notre silence pour manifester publiquement notre rejet de toutes les formes de violences faites aux femmes et en particulier, des violences et de l’exclusion sociale du fait de la sorcellerie. Car, contre l’injustice, si nous ne faisons rien, nous serons complices de tous ces méfaits.

Madame/Monsieur, Connaissant votre engagement personnel contre les injustices et particulièrement les injustices à l’égard des personnes faibles, fragiles et sans défense, nous souhaitons votre contribution à la réussite de cette campagne. Nous attendons particulièrement de vous : -votre participation physique à l’ensemble des activités du projet ;
- votre implication dans l’information et la sensibilisation de façon permanente ;
- le plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour la prise de mesures appropriées pour mettre fin à ce fléau. Au total, cette campagne veut donner l’occasion à toutes les composantes de la société et aux personnes de bonne volonté de manifester leur adhésion à la lutte contre l’exclusion sociale et toutes les formes de violences faites aux femmes afin d’amener les pouvoirs publics à prendre les mesures appropriées pour mettre définitivement fin à cette cruauté humaine. Car, malgré leur utilité, ce ne sont pas les dons humanitaires en argent, en vivres et vêtements aux différents centres d’accueil des femmes accusées de sorcellerie qui mettront fin à ce fléau. Il faut une mobilisation sociale de tous avec l’appui des pouvoirs publics. Halte aux violences et à l’exclusion sociale des femmes pour cause de sorcellerie !

Le Secrétaire national François de Sales BADO Chevalier de l’Ordre national

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 12 mars 2010 à 11:12 En réponse à : FEMMES ACCUSEES DE SORCELLERIE : "C’est honteux et révoltant !"

    on sais que vous aimer les jeunes vous les mossi là, laissés les vielles respirer toé

  • Le 12 mars 2010 à 22:45 En réponse à : FEMMES ACCUSEES DE SORCELLERIE : "C’est honteux et révoltant !"

    Quand je vois l’histoire de mon pays ca ressemble a celle des Etats Unies il ya de cela 300 ans. Dans ma classe d’histoire j’ai lu qu’a cette periode de l’histoire Americaine certaines femmes ont accusee de sorcellerie. Et comme au Burkina c’etaient des femmes pauvres, veuves ou sans enfants. L’ignorance est la cause de ce fleau. Le seul moyen pour lutter passe par l’education de masse. Quand nous arriverions a expliquer et comprendre certains phenomenes par la science alors tous les vielles femmes pourront vivre en paix. Comme le dit souvent ma mere on accuse jamais la mere du chef de sorcellerie.

  • Le 15 août 2010 à 08:12, par Ngoumangala Nadège En réponse à : FEMMES ACCUSEES DE SORCELLERIE : "C’est honteux et révoltant !"

    Merci pour cette initiative majeure non seulement au Burkina mais plus largement en Afrique. Les accusations et violences résultant d’accusation de sorcellerie à l’encontre des femmes ainsi que des enfants ("enfants-sorciers")sont un fléau de l’Afrique moderne. Ce fléau se répand actuellement à la faveur des crises sociales et des conflits militaro-politiques. Avec cette initiative des intellectuels, des ONG, des leaders traditionnels (comme le Moogho naaba) et du gouvernement Burkinabe, le Burkina Faso prend une position qui peut servir de modèle et de référence. Je viens d’un pays, la République Centrafricaine, qui comme beaucoup de pays d’Afrique centrale et australe est pris dans un engrenage de violences extrêmes causées par la croyance à la sorcellerie. Des milliers de vies (de femmes, d’enfants et de vieillards) sont perdues chaque années à cause de ce phénomène. L’image de ces pays et plus largement de l’Afrique est gravement entachée dans le contexte de modernisation et de droits de l’homme. Le Burkina Faso donne l’exemple. Merci.

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