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Point d’élection propre s’il n’y a pas alternance !

Publié le jeudi 11 mars 2010 à 03h27min

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Comment expliquer autrement toutes ces batailles menées parfois aux prix de vies humaines dans tous nos pays pour dit-on des élections propres avec toujours en arrière-fond ce sentiment qui veut qu’il n’y a d’élections propres que lorsque les pouvoirs en place sont défaits ? Voilà pourquoi, à tort ou à raison, nous avons d’abord récusé nos administrations pour leur préférer des structures dites ici indépendantes, là autonomes… Puis nous nous sommes étripés sur ces urnes dont la transparence était réputée pouvoir garantir celle des scrutins avant …de mettre l’accent sur les instruments de votation.

Quand mettra-t-on en Afrique les projets de société et les programmes des partis politiques au cœur du débat politique ? Il faut croire qu’il va falloir attendre encore longtemps car, pour le moment, seules les élections semblent intéresser avec l’arrière-pensée qu’elles doivent conduire à l’alternance. Tout ou presque tout est ainsi ramené à des questions de personnes, les élections n’étant vues que sous l’angle du changement du personnel au pouvoir sans compte tenir des projets dont les uns et les autres sont porteurs ou de leurs capacités réelles ou supposées à conduire autrement les affaires de l’Etat.

Et pourtant on parle de développement à tout bout de champ et même paradoxalement de développement durable comme si celui-ci rimait avec l’instabilité du personnel politique. On affirme même qu’il ne peut y avoir de développement sans la participation du peuple et que cette dernière ne se peut sans la démocratie alors que quand vient la forme la plus aboutie pour cette expression, les élections, on trouve à redire sur la maturité et la capacité de ce même peuple à choisir en toute lucidité.

Un véritable serpent qui se mord la queue et qui laisse entendre des théories qui, par elles-mêmes, nient au peuple son droit de décider de son avenir. N’est-ce pas là que gît le pêché originel de nos démocraties naissantes, qui ramènent tout aux élections, à leur organisation, leur gestion, leurs objectifs, etc. ? Combien de pays courent derrière des élections qui n’arrivent jamais ; combien vivent les affres de contentieux électoraux ; combien peinent à trouver l’élection qui les sortirait d’affaires… ?

Tout n’est-il pas parti du sens premier donné à ce qu’on a appelé « vent de démocratie » et qui, toutes analyses faites, visait à changer les pouvoirs en place par des élites généralement expatriées et employées dans les grandes organisations internationales (Banque Mondiale, FMI…) et autres multinationales ? On a voulu des têtes pleines en faisant fi des réalités locales et particulièrement des programmes de partis puisqu’on avait décrété la fin des idéologies avec la chute du mur de Berlin.

Dès lors, le débat politique était vide de tout contenu les populations étant amenées à faire foi aux promesses des messies qui décidaient de descendre de leur piédestal et de leur confort douillet à l’extérieur pour venir s’occuper de leurs problèmes existentiels. On le sait, ce fut un fiasco total. Là où ces élites ont réussi à se faire élire, on sait qu’on a très vite déchanté tant sur le plan de l’encrage de la démocratie que sur celui du développement. La preuve, aucun de ces grands intellectuels n’est encore aux affaires et rares sont ceux qui sont restés dans leurs pays. Dans la plupart des cas ils se sont révélés plus despotes que les « dictateurs » qu’ils ont remplacés et plus prédateurs par rapport aux biens publics que la génération précédente. Là où les transplantations ont échoué, on peine à trouver des gens capables de rappeler les espoirs dont ils étaient porteurs eux-mêmes étant retournés, comme ils étaient arrivés, à leur vie de fonctionnaires internationaux.

C’est dire si on nous a vendu du vent et des chimères. Depuis cette époque, les élections sont réduites à des questions de personnes tout comme l’est aujourd’hui l’alternance qui a hérité totalement de cette vision tronquée de la démocratie.
Comment expliquer autrement toutes ces batailles menées parfois aux prix de vies humaines dans tous nos pays pour dit-on des élections propres avec toujours en arrière-fond ce sentiment qui veut qu’il n’y a d’élections propres que lorsque les pouvoirs en place sont défaits ? Voilà pourquoi, à tort ou à raison, nous avons d’abord récusé nos administrations pour leur préférer des structures dites ici indépendantes, là autonomes, persuadés que le problème était à ce niveau.

Puis nous nous sommes étripés sur ces urnes dont la transparence était réputée pouvoir garantir celle des scrutins avant de nous rendre compte qu’il fallait bien plus pour forcer les alternances qu’on nous promettait. Ainsi avons décidé de mettre l’accent sur les instruments de votation au prétexte que si l’alternance était toujours un mirage c’était le fait des fraudes massives, etc. Depuis lors, nous voilà lancés à corps perdus vers les cartes d’identité infalsifiables. Jamais les programmes ne sont apparus comme pouvant être la clé du problème. Un peuple majoritairement analphabète connaît-il ses intérêts ? Il faut croire que « Non » pour nos experts. Et le principe fondateur de toute leur démarche reste la même. Point d’élection propre s’il n’y a pas alternance !

Retour donc à la case départ. Avec tous les démons qui vont avec. Pour se donner toutes les chances de parvenir à cette alternance, on n’hésite pas à lui donner un coup de pouce. Et voilà les clauses limitatives du nombre des mandats présidentiels consécutifs. L’arme absolue qui devrait mettre un terme aux « présidences à vie » et forcer le renouvellement du personnel dirigeant. Là où les urnes ont échoué, là où la démocratie a été incapable d’apporter les résultats attendus, on a fait appel aux « consensus nationaux ». Y toucher est la pire infamie !
La situation que vit notre pays en ce moment illustre parfaitement le fait. Alors que l’élection présidentielle est prévue pour avoir lieu dans moins de neuf mois, donc au moment où on devrait être en pré-campagne électorale, le seul débat qu’on entend a trait aux conditions pour créer… l’alternance !

Plus que la démocratie, l’alternance est devenue la mère des batailles et comme à l’origine, on veut dessaisir le personnel politique au profit de la société civile jugée plus apte à mener le débat. De là, on voit des organisations s’en réclamant monter au créneau. Il n’est pas jusqu’aux religieux à s’inviter dans le débat ; le plus naturellement. Ceci explique-t-il cela ? On peut le penser d’autant qu’on peut faire un parallèle entre le rôle joué par le clergé au début des processus démocratiques et la dernière sortie de la conférence épiscopale Burkina-Niger. Au nom de la paix sociale et de la peur des violences qui pourraient résulter du débat politique, on invite à ne pas laisser le peuple s’exprimer et à privilégier les compromis intéressés. Un choix discutable qui commande de s’interroger sur la perspicacité d’une telle analyse.o

Cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr)

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 11 mars 2010 à 11:02 En réponse à : Point d’élection propre s’il n’y a pas alternance !

    Mr Lenga , plus vous tentez de défendre l’indéfendable plus vous vous empêtrez dans des dédales idéologiques.Vous feingnez ne pas comprendre pourquoi il y’a de l’obstination partout à chercher l’alternance ! là , vous ne manquez pas d’honnêtété intellectuelle seulement ,on voit la méchanceté foncière en vous .
    Là où les régimes n’ont pas été défaits par suite d’élections dans leur grande majorité ont confisqué la victoire de leur opposition et faisant mentir les urnes ,c’est aussi simple que çà.
    Et quant l’opposition crie à la fraude ,on dit que c’est de bonne guerre parce qu’elle est perdante .
    J’ai peur pour demain aussi bien pour vous même que pour nous tous quant à la tranquilité incertaine que nous aurons à jouir .

  • Le 11 mars 2010 à 11:13, par Paris Rawa En réponse à : Point d’élection propre s’il n’y a pas alternance !

    Vous voulez tromper les gens : avec votre style faussement neutre vous voulez faire croire que la lutte pour l’alternance ne vaut pas la peine. Vous avez tort de dire que "Plus que la démocratie, l’alternance est devenue la mère des batailles et comme à l’origine, on veut dessaisir le personnel politique au profit de la société civile jugée plus apte à mener le débat".

    - L’alternance fait partie du processus démocratique, il n’y a donc pas une bataille pour l’alternance qui serait différente de la lutte pour la démocratie : c’est un seul et même combat.

    - Le personnel politique et la société civile n’ont pas la même fonction et ce n’est pas parce que celle fait ont devoir qu’elle dessaisit le personnel politique de son devoir. Personne n’a le monopole du débat pour parler seul au nom de tout le peuple.

    La démocratie, c’est à fois la pertinence des arguments dans le débat, le respect du principe de l’alternance par les urnes ou par les limites constitutionnelles d’éligibilité ou de ré-éligibilité ( de nombres de mandats, d’âges et de nationalité).

  • Le 11 mars 2010 à 12:44, par Klajou En réponse à : Point d’élection propre s’il n’y a pas alternance !

    Il manque malheureusement et très souvent de la cohérence dans les articles de ce Mr . Ses écrits sont truffés de bla bla diarrhéiques émaillés de mots peu usités tirés du dictionnaire par-ci, par-là pour faire le connaisseur, des copier-coller, un titre ronflant et voilà l’article ! Résultats : peu de consistance, manque d’analyse sérieuse et de cohérence le tout emprunt d’un amateurisme incroyable et d’une naïveté désarmante !
    On sait que l’opinion est suscitée par le clan présidentiel pour apporter la contradiction dans le débat public ; mais les initiateurs semblent mal inspirés en recrutant des fidèles inconditionnels frisant la croyance religieuse à leur système , plutôt que de vrais intellectuels qui contribueraient à rehausser le niveau du débat dans la citée. Dommage !

  • Le 11 mars 2010 à 14:03 En réponse à : Point d’élection propre s’il n’y a pas alternance !

    Une chose est constante dans l’ensemble de ce débat sur l’alternance et l’article 37 : chaque camp prend le bout qui lui convient ou qui l’arrange et le défend sans aborder tous les points du sujet. Alors on retrouve ci et là de bonnes idées (pour ou contre) mais qui, exprimées isolément, sont peu pertinentes et donnent des allures fortement parisane aux propos de leurs auteurs et donc sont peu ou pas du tout crédibles.
    Il faudrait un discours objectif qui traite sérieusement du pour et du contre, du contexte et du but recherché de ce débat et la réponse ressortira quasiment d’elle même...

  • Le 11 mars 2010 à 16:25 En réponse à : Point d’élection propre s’il n’y a pas alternance !

    Mr Lingani !
    Je tiens d’abord à vous féliciter pour vos éfforts dans votre tantative de nous convaincre sur l’utilité de modifier l’article 37.
    Malgré tout le respect que je vous dois permettez moi de vous dire que la qualité de vos arguments laisse à désirer.
    - Vous évoquez souvent la stabilité : Les pays comme les états unis et la france connaissent l’alternance mais ils sont stables.Donc je crois que la durée à vie d’un président au pouvoir n’est pas un gage de stabilité.
    - Vous évoquez souvent le mérite des hommes au pouvoir : C’est quand même paradoxale les pays les plus développés du monde connaissent l’alternance. Bill clington apres avoir créer un excédent budjétaire à céder le pouvoir. Ce ne pas pour autant que les états unis ont regréssé. Pourtant tandja apres avoir conduit le niger à la dernière place du clasement selon l’IDH prétentd qu’il a tellement bien travaillé a tel point que le peuple le reclame.
    - Enfin vous évoquez le peuple comme dernier recours tout en sachant bien que les élections sont très loin d’être transparent dans nos démocraties. Pour preuve au niger on a vu une écrasante majorité du oui pour la contunuité et quelques temps après le même peuple a manifesté sa joie après le coup d’état.
    Cher monsieur,si vous êtes pour l’alternance c’est bien votre droit mais sacher que le peuple n’est pas dupe. C’est bien parceque des gens veulent préserver leurs intérêts qu’ils veulent lever la limitation du mandat présidentiel.
    Nous allons nous opposer à cela et si d’aventure vous parvenez à vos fin ca sera la catastrophe pour notre pays. Pensez un jour au peuple plûtot qu’à vos intérêts.

  • Le 11 mars 2010 à 18:11 En réponse à : Point d’élection propre s’il n’y a pas alternance !

    M. Faèz, c’est très décevant votre article. Aucune cohésion, aucune structure, rien que du n’importe quoi. Le titre souligne bien l’arrivée de Salif Diallo. On s’attendait à une analyse minimale de cette arrivée dans la scène politique et même dans la vie courante. Sans vous limiter à une incapacité d’analye, vous sautez sur d’autre sujet, sans aussi même les décrire. C’est vraiment faire injure au journalisme. On se demande comment votre directeur de publication a pu laisser passer un tel article. Ce sont des types d’articles qui peuvent amener les lecteurs à être septique à l’achat du journal. C’est vraiment dommage.

  • Le 11 mars 2010 à 18:11, par Gomezemsé En réponse à : Point d’élection propre s’il n’y a pas alternance !

    Moi je demande humblement aux animateurs du faso.net de reduire le nombre de messages qui viennent des journaux dont on sait dès l’origine la ligne éditoriale partisane. Par exemple les journaux affiliés aux partis. Ce qui ne savent pas c’est que on risque de développer avec des propos de ce genre de l’hypertension artérielle chez beaucoup de lecteurs.
    Au départ on a la nausée mais le pire vient toujours après de viloents rabassages de l’esprit.

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