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PRESIDENTIELLE TOGOLAISE : La dérive partisane d’Obasandjo

Publié le jeudi 11 mars 2010 à 03h26min

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Dépêché à Lomé lors de la récente élection présidentielle, le vieux général était suspecté de partisanerie. Sa sympathie pour le candidat Faure est, semble t-il, bien connue dans la capitale togolaise où il n’a pas pu éviter des altercations avec des militants de l’opposition. En effet, on l’aurait aperçu jouant au vigile et rabrouant des opposants dans les bureaux de vote. L’ancien président n’aurait-il pas dépassé ses prérogatives ? Auquel cas, l’Union africaine aurait commis une grave erreur en le désignant à la tête d’une telle mission ! Quels critères ont-ils donc prévalu à sa désignation ?

Par le passé, les démocrates africains avaient condamné la France pour avoir rapidement entériné, avant même la Cour constitutionnelle, les résultats de scrutins favorables au clan au pouvoir. Cette fois, Sarkozy qui a certainement appris la leçon, a opté pour une véritable rupture en observant la réserve. Une réserve qui semble avoir agréablement surpris le continent. Tout comme le comportement des observateurs de l’Union européenne qui n’auront pas été excessifs dans leurs appréciations du scrutin. La moindre erreur pourrait entraîner de graves préjudices.

Dans les événements du Togo en particulier, il faut surtout déplorer la tendance à vouloir créer les conditions d’une résurgence de la violence. On semble chercher les problèmes, notamment en poussant les opposants à la faute pour ensuite justifier la répression. Sinon, pourquoi arrêter les opposants, violer le siège de leurs partis politiques, juste au lendemain d’une élection sans histoire ? Pourquoi s’acharner contre des militants qui usent de leur droit à la libre expression ? Pourquoi confisquer leurs outils de travail ? Pourquoi les forces de sécurité se muent-elles aussi subitement en forces de répression qui agissent de manière partiale et non républicaine ? Pourquoi donc ces saccages ? Pourquoi avoir peur de l’expression d’une soif du changement ? Pourquoi s’efforcer d’organiser des élections qui finissent par se révéler comme une mascarade suivie de violences et de morts d’hommes ?

Gagnées par l’ivresse de la victoire, les autorités togolaises semblent oublier que la démocratie nécessite un minimum d’apaisement et l’acceptation de la différence. Ce faisant, le camp de Faure fait faire un grand recul au Togo. Le président Faure doit se rappeler constamment qu’il a encore de sérieux efforts à fournir s’il veut faire oublier à ses compatriotes et à l’Afrique la gestion de feu son père. A lui d’apprendre à être équitable, de savoir gérer ses militants et la troupe, pour éviter qu’à nouveau, le Togo ne sombre dans le cycle de la violence. La culture de la démocratie signifie aussi savoir attendre la proclamation des résultats et éviter les procès d’intention. Le droit à l’information confère à l’opposition le même droit qu’au camp présidentiel de disposer des procès-verbaux et d’en faire usage. En outre, la démocratie républicaine lui donne le droit de disposer de ses propres structures de compilation des données et d’exploiter ces dernières pour porter la contradiction au pouvoir en place. Bafouer des droits aussi élémentaires, c’est non seulement faire preuve d’ignorance, mais encore donner le sentiment que le réflexe de la pensée unique et inique perdure dans ce pays.

Finalement, pourquoi continuer à mobiliser des fonds pour des missions d’observation ? Ne vaudrait-il pas mieux assurer le financement de la représentation de l’opposition dans les différents bureaux de vote où elle est absente, surtout dans les contrées reculées ? La présence de certains observateurs, notamment de l’Union africaine, doit être questionnée à l’heure où l’Afrique doit travailler à relever le niveau de la démocratie. Un certain travail a été fait tant dans l’acceptation de l’opposition au scrutin qu’à l’observation du déroulement du vote. Aujourd’hui, il apparaît important d’aller plus en profondeur, notamment dans la représentation de l’opposition partout où sa présence s’avère indispensable pour éviter les risques de dérapages. Les actes posés par le général Obassandjo sont compromettants pour les missions d’observation de l’UA. On n’est pas bien loin de croire que la reconversion de carrière ne semble pas bien réussir à l’ancien président du Nigeria qui s’investit dans les missions de paix ou d’observation des élections.

En apparence très facile, parfois même inutile pour le commun des citoyens, le rôle des missions d’observation commence sérieusement à intriguer l’opinion africaine. Les observateurs africains en particulier, tendent à devenir des fonctionnaires qui oeuvrent pour le maintien du statu quo, s’ils ne caressent pas ouvertement le pouvoir dans le sens du poil.

Faire de l’observation en période électorale en Afrique n’est certainement pas chose aisée. Beaucoup de sommes d’argent sont généralement englouties dans ces missions aux intérêts divergents. Les observateurs exposent leur personne et se trouvent constamment tiraillés entre les pouvoirs établis et l’opposition. La mission devient encore plus difficile lorsque l’expérience démocratique est en plein balbutiement. On voudrait que la culture démocratique avance et qu’elle s’intègre harmonieusement dans les pratiques politiques quotidiennes. Etant donné les enjeux, la tâche qui attend les observateurs s’avère alors immense. Leur rôle consiste, entre autres, à s’assurer de la participation libre et pleine des candidats et des citoyens, de même que de la transparence du scrutin. Il reste que pour les partisans du pouvoir, certaines appréciations passent pour de véritables chèques en blanc. Dire qu’il n’y a pas eu trop de problèmes ne signifie nullement qu’on cautionne des résultats ! Sinon, quelle serait alors la valeur de la caution que les observateurs donnent de la tenue d’un scrutin ? Tout au long de leur mission, les observateurs internationaux doivent savoir faire preuve d’impartialité. Au lendemain du scrutin, ils doivent aussi savoir gérer leurs appréciations. En effet, étant donné l’aspiration au changement, l’exaspération peut atteindre son paroxysme lorsque les probabilités d’alternance sont nulles au lendemain du scrutin. C’est dire combien le zèle de certains observateurs peut déranger. Tel est le cas du général Obassandjo, chef de mission de l’UA.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 11 mars 2010 à 09:17, par Bédjou En réponse à : PRESIDENTIELLE TOGOLAISE : La dérive partisane d’Obasandjo

    Le comportement de Mr OBASANDJO, n’est pas surprenant. Souvenez vous de sa conduite face à la situation Togolaise à la suite de la mort d’Eyadema. Il a eu de profondes divergéance avec avec Mr Alpha Omar KONARE qui était à la tête de l’UA. OBSANDJO n’est pas un démocrate. Il a tenté de modifier les choses chez lui pour se reconduire à la têted du pays. Il a été battu ; L’UA devrait effectivement mettre du sérieux dans la désignation de ses observateurs, si elle veut se faire respecter par la communauté internationale.

  • Le 11 mars 2010 à 18:08, par Bertin En réponse à : PRESIDENTIELLE TOGOLAISE : La dérive partisane d’Obasandjo

    Qui a dit que l’opposition a toujours raison, en Afrique ? Vous croyiez que le fait d’être opposant d’un régime qui a péché par le passé suffit pour faire croire que vous êtes un ange ?

    Quand les gens se cherchent à quelques jours des élections, quand ils s’imposent au président de leur propre parti comme candidat, quand ils font des alliances non bénies par le président de leur parti,...Comment voulez-vous qu’ils gagnent les élections au Togo ? Les Togolais sont assez intelligents pour choisir le président qu’il leur faut. Pourquoi aucun candidat de l’opposition n’a reconnu la victoire de l’UFC ? Pourquoi Gilchrist Olympio, celui pour qui les togolais votent l’UFC, n’a-t-il pas dénoncé une fraude ?

    Et pourquoi Faure ne pouvait-il pas gagné cette élection ? Parce qu’il est fils d’Eyadéma ? Ou lors les conditions dans lesquelles il est arrivé au pouvoir en 2005 ne lui permettent d’avoir la confiance du peuple même s’il a changé de discours et qu’il est menacé dans son propre camp à cause des réformes qu’il a l’audace d’entreprendre ?

    Obasandjo a fait son travail. Et il l’a bien fait. Tout comme les autres observateurs. Tous les rapports se rejoignent sur la crédibilité de ces élections.
    Obasandjo, n’a rien dit de différents.

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