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Scrutin du 4 mars : Avec 61%, Gnassingbé fils améliore son score de 2005

Publié le mardi 9 mars 2010 à 02h46min

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Après 36 heures d’expectative, dans une atmosphère électrique, la CENI a enfin lâché le morceau tard dans la soirée du 6 mars 2010 : les résultats provisoires de la présidentielle de jeudi donnent Faure vainqueur avec 61%, suivi de son principal challenger, Jean-Pierre Fabre (34%). Certes, l’ambiance de fin de règne qui a succédé à l’élection du fils d’Eyadema en 2005 n’a pas eu lieu, même si les journées du 6, 7 et 8 mars ont été émaillées d’échauffourées. Et une paix fourrée règne toujours sur Lomé.

Un calme anormal régnait depuis le 4 mars 2010 sur Lomé. Les boutiques et magasins étaient fermés, le marché central n’était pas achalandé. « Tant que les résultats du vote ne sont pas connus, on est prudent car tout peut dégénérer et les pilleurs vont profiter pour saccager nos biens », nous confiait une commerçante.

Il n’est pas jusqu’au vrombissement des Zemidjans, les taxis motos, qui s’est raréfié, signe que l’heure était grave. Avec des accès de fièvre par intermittences. Chronique donc d’une victoire électorale annoncée et de ses conséquences :

- Jeudi 4 mars : les Togolais votent dans le calme Dans la matinée et au cours de la journée, les populations, dont beaucoup ne sont pas allées à la pêche, sont allées voter.
- Vendredi 5 mars : guerre de communication

* 16h, au quartier Bè. Ce jour-là, Jean-Pierre Fabre convoque une conférence de presse pour revendiquer la victoire « sur la base des PV des préfectures du golfe, de la commune de Lomé qui compte le tiers du corps électoral national... du Zio, des Lacs de l’Avé, du Vo, d’Afagan, de Kloto, de l’Akébou... le candidat de l’UFC a recueilli une moyenne qui se situe entre 75 et 80% ».

* 17h, Réplique du RPT par une autre conférence de presse à son QG de For Ever. Par la voix de Solitoki Esso, le candidat du RPT fustige le comportement de l’UFC et s’en remet à la CENI, seule habilitée à proclamer les résultats. Des tracts distribués par les candidats de l’OBUTS donnent la victoire à Fabre et invite déjà « l’ancien président Faure » à faire rapidement la passation de service.

En ville les esprits commencent à se chauffer. De nombreux partisans de l’UFC affirment : « Il faut que la CENI donne les vrais résultats sinon le sang va couler ». Les hommes du colonel Yark Demahenne, patron de la FOSEP, commencent à être plus visibles.
- Samedi 6 mars : enfin les résultats !

Dans la matinée, il n’y a toujours pas de résultats mais ils sont annoncés pour la fin de la journée. Lomé est un peu déserte. A l’hôtel Sarakawa, aux environs de 12 heures, Olesegune Obasanjo réussit le tour de force de rassembler les différents candidats autour d’une table. Tous sont présents sauf Faure Gnassingbé, représenté par son Premier ministre.

On apprendra d’ailleurs que le président-candidat est en déplacement en Italie. Question de banaliser la situation ? Mission urgentissime ? Deux heures après de conclave et tous repartaient sans que la bombe « UFC » ait été désamorcée.

Pourtant Obasanjo était en terrain connu puisqu’il y a 5 ans, alors qu’il était aux affaires, il avait accueilli le 25 avril le même Faure et Gilchrist à Abuja pour une dernière conciliation avant les résultats qui allaient être publiés le lendemain.

En tout cas, au moment où le conclave de l’hôtel Sarakawa se déroulait, la CENI délivrait sur le site de Togo 2000, et à dose homéopathique, les résultats des 35 Commissions électorales indépendantes (CELI).

Au fur et à mesure que se confirmait la suprématie de Faure, la capitale du pays commençait à être sens dessus dessous : des vendeuses aux abords des voies ramassaient précipitamment leurs étals, des gens fuyaient et des camions bondés d’éléments de la FOSEP sillonnaient la ville à toute vitesse. Finalement, le calme reviendra mais chacun restera claquemuré chez lui et Lomé confinait à une ville assiégée.

A 21h19, le verdict tant attendu tombe par la voix du patron de la CENI, Taffa Tabiou : Faure Gnassingbé est élu avec 61%. Il a obtenu 143 044 de voix sur les 2 119 829 votants ; Fabre a engrangé 692 584 voix, soit 34%. Le taux de participation tourne autour de 64,68%. Le 3e est Me Agboyibor, avec 3% ; les autres se partagent le reste. Dimanche 7 mars : début des marches Dès 8h, le siège de l’UFC était noir de monde.

En face, des agents de sécurité étaient aussi postés. On apprend qu’une réunion de la plus haute importance s’y déroulera dans la matinée. Pied de grue de la presse pour grappiller quelques informations. C’est pratiquement vers 11 heures qu’arrivera Fabre. La réunion débutera aux environs de 11h 15. Dehors, la foule était chauffée à blanc par des chants et des slogans. Dans la journée, Me Yawovi Agboyibo annonce que le scrutin a été entaché de graves irrégularités et qu’il déposera des recours.

15h, l’après-midi : marche des partisans de l’UFC, sur le boulevard du 13-Janvier, les éléments de la sécurité tirent des gaz lacrymogènes. Des militants sont blessés, de même qu’un responsable politique, Dahuku Perè. Une consœur de la presse internationale chutera même et s’en tirera avec quelques ecchymoses au coude.

Au même moment, les partisans du vainqueur jubilent au quartier For Ever. Lundi 8 mars : suite des marches L’UFC confirme qu’une marche de résistance aura lieu aujourd’hui 9 mars à partir de 7 h dans les rues de Lomé. « Un gouvernement responsable ne peut pas permettre ce genre d’acte », ont prévu les autorités.

On le constate donc, le président sortant améliore son score de 2005 avec 0,75% de suffrages en plus. En attendant les résultats définitifs, qui seront proclamés par la Cour constitutionnelle, qui doit intervenir dans les prochains jours, un calme précaire règne à Lomé.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana Envoyé spécial à Lomé

L’Observateur Paalga

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