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ORGANISATEURS DE GRANDES RENCONTRES : Cessez de bouffer l’argent de la presse

Publié le vendredi 5 mars 2010 à 02h18min

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Le Burkina, plaque tournante des grandes rencontres africaines et internationales. Voilà une image qui fait la fierté de bien des Burkinabè, parce qu’elle signifie que le pays connaît une certaine stabilité. La légendaire hospitalité et le sens de l’organisation sont aussi sans doute des éléments à prendre en compte dans ce succès que connaît le Burkina. Et puis, il y a cette flopée de manifestations nationales toutes aussi intéressantes les unes que les autres, et qui contribuent au dynamisme du secteur des services au Burkina.

Qui dit grande manifestation, dit en effet un ensemble d’acteurs sociaux et économiques mis à contribution pour son succès. Cela va du service traiteur aux chauffeurs en passant par les experts. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt et tout ce qui brille n’est pas or. Sous les lumières se trouvent des ombres, que seuls les regards impertinents peuvent détecter. Il s’agit principalement de la gestion des fonds alloués à l’organisation des manifestations. C’est vrai, des budgets sont mis en place et solidement encadrés par des contrôleurs. On remarque cependant que de petits malins arrivent toujours à passer entre les mailles du contrôle, pour s’engraisser. La Cour des comptes devrait, de ce fait, ouvrir l’œil sur ce type d’activités qui brasse des sommes non négligeables. La presse, surtout privée, en sait quelque chose.

Car dans la plupart des cas, c’est sur son dos que certains organisateurs en quête d’argent facile se sucrent. Le budget communication avec le volet couverture médiatique est bel et bien indiqué dans les dépenses d’organisation, mais au finish, la presse ne verra aucun kopeck. Il y a donc arnaque voire même détournement dans la mesure où une enveloppe financière a été détournée de son objectif initial mentionné dans les écritures de la manifestation. Comme en général on confond le rôle de service public de la presse avec la gratuité de ses prestations, alors on se dit qu’on peut abuser d’elle. Sinon, il ne viendrait à l’idée d’aucun organisateur d’événement de « dealer » l’argent des autres prestataires de service sans les avoir sur le dos.

Mais comme il s’agit de la presse, on peut la traiter comme on veut, y compris voler l’argent qui lui revient. Ce manque de transparence se double d’une injustice dans le traitement financier des organes de presse, selon qu’ils sont du public ou du privé. Dans tous les cas, tout est fait comme si les entreprises de presse n’ont aucune charge, n’ont pas les moyens, ni le droit de se plaindre quand ils sont spoliés, et que de ce fait, ils sont condamnés à engraisser des organisateurs véreux. En effet, des budgets sont chaque fois mis en place pour la presse. Des budgets qui s’expriment en termes de millions. Mais à l’arrivée, rien pour elle. Et les organisateurs ont tous beau jeu de disparaître rapidement après l’évènement, pour se retrouver peu après afin de partager entre eux le butin indu.

Tant que l’omerta règnera sur cet aspect de l’organisation des manifestations, c’est la gabegie et la concussion qu’on encourage. Transparence et équité doivent être les maîtres-mots dans la gestion du bien public. Si cette règle est de plus en plus imposée aux différentes institutions étatiques au nom de la bonne gouvernance, il n’ y a pas de raison qu’il en soit autrement pour certains secteurs d’activités. Les colloques, forums et autres journées ne doivent pas être des îlots d’impunité où c’est la loi du plus malin qui règne. Si la Cour des comptes essayait de jeter un coup d’œil sur ce monde des grands événements au Burkina, elle aurait sans doute de la matière pour ses rapports annuels. Alors il est temps, grands temps d’y penser.

"Le Fou"

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 mars 2010 à 09:10 En réponse à : ORGANISATEURS DE GRANDES RENCONTRES : Cessez de bouffer l’argent de la presse

    La presse se bat contre elle même. Les DCPM des différents ministères qui gèrent la communication des grands événements sont eux même journalistes. C’est dommage pour certains de s’illustrer de la sorte mais quand on est incapable de comprendre qu’il faut aider la presse privée à s’en sortir, on est largué. La plus mauvaise des DCPM dans ce sens est celle de la communication. Il est rare disons même impossiblle de trouver un seul journaliste qui apprécie le travail fait par direction et surtout la directrice.

    • Le 5 mars 2010 à 18:08 En réponse à : ORGANISATEURS DE GRANDES RENCONTRES : Cessez de bouffer l’argent de la presse

      A ma connaissance,le journaliste, Burkinabé en l’occurrence, est hypocrite de lui-même quand il ne travaille pas à réclamer franchement une amélioration de ces conditions. Il me semble que c’est le métier qui est comme ça. On dit qu’il noble, mais noble dans quel sens ? Je ne saurai répondre sauf que je me rends compte que c’est une noblesse de pauvre.Il porte une veste, court après les événements pour rendre compte de l’actualité et quand il s’agit de parler de lui-même, il ne vaut rien, je veux dire qu’il n’est pas à l’aise. C’est UN TABOU qui ne dit pas son nom. Sinon, croyez-vous qu’un avocat qui bénéficie du statut particulier vaut mieux que vous ? Mais on dit qu’on lui sert une forte somme pour assurer son indépendance. Alors, pourquoi pas un truc comme ça quand on sait que la presse réclame chaque fois la liberté et donc l’indépendance dans la conduite de ces pensées et autres. Voyez les économistes et autres, ils y a des avantages fous. J’ai même l’inpression que la presse se plaît dans une certaine tradition : celle de ne pas parler du changement de sa situation.

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