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Accueil de l’UPC par les députés : Les uns apprécient, les autres raillent et Bado tempête

Publié le vendredi 5 mars 2010 à 02h19min

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« On le voyait venir et il est là », avions-nous introduit la Grille de lecture de notre édition du 2 mars 2010 pour annoncer l’arrivée dans le landerneau politique burkinabè de l’UPC (Union pour le progrès et le changement). Le principal géniteur, c’est Zéphirin Diabré, un homme qui n’est plus à présenter, tant il a occupé de postes nationaux et internationaux prestigieux. Face à cette naissance, chacun y va de sa prédication sur la destinée du bébé qui a poussé ses premiers vagissements le lundi 1er mars 2010.

Mercredi dernier dans la soirée, c’était l’ouverture de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale. L’occasion faisant aussi le journaliste, nous avons demandé ce qu’en pensaient certains parlementaires. Oui, s’il y en a qui ont donné leur point de vue, c’est sans grande surprise que le débat a aussi viré vers la question de la modification de notre Constitution.

Pendant et après l’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée nationale dans la soirée du 3 mars 2010, il y avait de l’ambiance. Deux éléments militaient en faveur du climat qui y régnait : d’abord le discours bien à propos du président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre). Ensuite, il y a eu le cocktail offert à tous les invités, un espace convivial qui demeure, comme chacun le sait, le moment idoine pour dérider plus d’un flegmatique.

Délicieux ; sachant que nous sommes à quelques encablures de la présidentielle pendant que dans toutes les chaumières du Burkina bruissent les rumeurs d’une éventuelle modification de la Constitution, notamment en son article 37 qui porte sur le nombre et la limitation des mandats. Ce qui n’est plus une rumeur par contre, c’est celle qui prêtait l’intention à Zéphirin Diabré de fonder un parti.

Le 1er mars 2010, l’homme d’AREVA a finalement franchi le Rubicon avec la naissance de l’UPC (Union pour le progrès et le changement). Avec ce nouveau-né qui vient agrandir la famille de l’opposition, émerveillement suivant du député Fidèle Kientéga, président du groupe parlementaire ADJ. « Tout ce que je peux souhaiter, c’est bon vent à ce parti qui vient de naître. Cela participe de l’enracinement et de l’ancrage de la démocratie. Le général De gaulle disait qu’il aimait tellement l’Allemagne qu’il est content qu’il y en ait deux.

Toutes les factions apportent une pierre à l’édification de la nation et ce n’est pas mauvais en soi ». Après quelques hésitations à donner son point de vue - l’endroit ne serait pas très approprié pour le faire - Me Bénéwendé S. Sankara (qui était, soit dit en passant, bras dessus bras dessous avec le futur candidat indépendant, Maxime Kaboré) a, quant à lui, finalement lâché. « La Constitution du Burkina Faso a prévu le multipartisme intégral. Où est le problème alors ? Laissons donc les partis pousser. Le nouveau venu est le bienvenu ».

« L’UPC, c’est zéro-là ! »

Du côté du parti au pouvoir, on a l’impression que c’est un autre son de cloche. D’abord c’est l’étonnement qui est la règle. Est-il feint ou sincère ? On ne sait trop ! En atteste ce bref échange avec la députée Fatou Dienderé. « Honorable, nous avons assisté à la récente naissance d’un parti … ».
- Ah bon ? Ça s’appelle comment ? « L’UPC de Zéphirin Diabré »
- Ah bon ? Je ne suis pas au courant.

Ambiance …
Sur les lieux du cocktail, son camarade de parti, Jean Léonard Compaoré, a été un peu plus expansif. « Quel parti ? » a-t-il d’abord demandé avant de réagir en ces termes : « Je le connais bien. Il a été ministre de l’Economie et des Finances. Ce sont eux qui sont à l’origine du P.A.S. (Ndlr : le Programme d’ajustement structurel, tant décrié dans beaucoup de pays africains). Il a même été notre (le CDP) coordonnateur de campagne pendant une présidentielle.

Je le connais mais je ne savais pas qu’il a créé un parti. Vous-même vous pouvez en créer si ça vous dit. Ça, ce n’est pas un événement ! » “Le nouveau parti ne va-t-il pas grignoter sur les électeurs du parti au pouvoir ?” lui avons-nous redemandé. Réponse du tac au tac de l’interlocuteur. « Non ; pas du tout ! C’est zéro-là ! Certainement que c’est le RPC qui s’est mué en UPC. On connaît le RPC. Ils avaient eu seulement un poste à Manga ».

« C’est le discours le plus idiot que j’aie entendu de ma vie »

Mais s’il y a un parlementaire qui avait d’autres chats à fouetter ce jour-là, c’était assurément le Pr Laurent Bado du PAREN. A la fin du discours de l’invité de marque, Evariste Boshab, président de l’Assemblée nationale de la RDC qui a fustigé dans ses propos les errements de la démocratie africaine, le chantre du tercérisme l’a longuement applaudi. Ce qui n’est pas passé inaperçu dans l’hémicycle. Et pourtant, le « Professeur » n’en a pas fait de même après le speech de notre président de l’Assemblée, Roch Marc Christian Kaboré. Sous le hall de l’hémicycle, Laurent Bado fulminait d’ailleurs. Le thème portant sur la naissance de l’UPC n’était donc pas à l’ordre du jour, selon lui. « Tu sais, je ne parle pas au hasard. Je suis un homme intelligent, moi !

Si tu veux vendre ton journal, va te débrouiller ailleurs. Avant de m’exprimer sur la question, il faut que je voie les statuts de la structure, la composition du bureau, etc. Et puis, ce n’est pas le plus important ! ». Pour maintenir le contact, il fallait donc être sur la même longueur d’onde que lui. En lui demandant par exemple comment il apprécie les différents propos des deux principaux orateurs du jour. « Voilà une bonne question ! Le président de l’Assemblée nationale de la RDC a mieux parlé que Roch. J’ai honte des propos de Roch.

C’est moi qui vous le dis. Il raconte que le débat sur les bons et les mauvais coups d’Etat est malsain. C’est faux ! Même l’Eglise catholique bénit ça. Si quelqu’un prend le pouvoir, n’en fait qu’à sa tête et torture le peuple, on a le devoir de le renverser. Je demande à monsieur Roch s’il n’a pas été à l’école. Si on avait renversé Hitler comme on a tenté de le faire pendant trente ans, qui allait être contre ? Si on l’avait renversé, est-ce qu’il y aurait eu la Seconde Guerre mondiale ? Hitler a pourtant été élu ; je vous le rappelle. C’est en cela que j’approuve ce qui est arrivé au Niger. Il y a de bons coups d’Etat.

C’est le discours le plus idiot que j’aie entendu de toute ma vie. On parle de peuple, de peuple et de peuple. Quel peuple ? Après, ils sont surpris un matin et sont les premiers à se cacher ». Oui, l’argument vaut ce qu’il vaut. Mais sorti de la bouche d’un constitutionnaliste, ça fait un peu étrange tout de même. A l’évocation de cette idée, celui qui était face à lui en a pris pour son grade. « Si tu es un idiot, va avec tes idées. Si tu scies la branche sur laquelle tu es assis, tu veux qu’on fasse quoi ? La branche, c’est la Constitution qui t’a permis d’être là où tu es ».

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 5 mars 2010 à 14:06, par le trouveur En réponse à : Accueil de l’UPC par les députés : Les uns apprécient, les autres raillent et Bado tempête

    " Tu sais, je ne parle pas au hasard. Je suis un homme intelligent, moi !" Le Laurent Bado.

  • Le 5 mars 2010 à 16:53 En réponse à : Accueil de l’UPC par les députés : Les uns apprécient, les autres raillent et Bado tempête

    lE Gars est tres intelligent.jai assiste a une de ces conferences.Sa maitrise du francais est sans egal.Ces propositions sont incontestees,mais helas intelligent et etre un bon politicien cela fait deux.En politique,il faut savoir mentir,utiliser les autres,mais homme na pas compris cela.Merci davoir conscientise le peuple depuis 1985(il navait meme pas peur de critiquer pendant la revolution quand ca nallait pas).Long vie a toi

  • Le 5 mars 2010 à 19:00, par SAGE En réponse à : Accueil de l’UPC par les députés : Les uns apprécient, les autres raillent et Bado tempête

    Bien un nouveau parti sans idéologie.......... Pourriez vous me communiquer leur adresse mail ?

  • Le 5 mars 2010 à 21:55 En réponse à : Accueil de l’UPC par les députés : Les uns apprécient, les autres raillent et Bado tempête

    Le jeudi 18 février 2010, le président nigérien, Mamadou Tandja, a été destitué de la direction du pouvoir par des militaires dirigés par le commandant Adamou Harouna. Ce coup d’Etat a été expliqué par ses auteurs comme la solution au climat social délétère qui prévalait dans le pays suite à la volonté du président nigérien de continuer son mandat en dissolvant les institutions républicaines. Nous avons recueilli l’opinion de deux hommes politiques burkinabè, l’un de la majorité, Salifo Tiemtoré et l’autre de l’opposition, le député Laurent Bado. Leurs avis sont unanimes quant à la nécessité de coup d’Etat, mais le député Laurent ajoute qu’il doit servir de leçon.

    Député Salifo Tiemtoré (majorité)

    " Ce coup d’Etat peut être salutaire..."

    "J’ai suivi comme vous la survenance de ce coup d’Etat au Niger. En tant que démocrate, je suis contre les coups d’Etat, qu’ils soient constitutionnels ou militaires. Cependant, la situation qui prévalait au Niger peut laisser penser que le coup de force était la seule issue. Qu’il se souvienne qu’après son coup d’Etat constitutionnel, le Président Tandja a refusé tout débat, alors qu’en politique cela est préjudiciable à la bonne gestion de la cité. Si un dirigeant à un moment donné, s’aperçoit que la majorité de la population est contre ses décisions, il ne doit pas se braquer. Il doit par conséquent s’ouvrir au dialogue et repartir sur de nouvelles bases. Tandja a refusé les négociations et toutes les perches qu’on lui avait tendues. Avec la CEDEAO, il avait été question qu’il finisse ses trois années au pouvoir et surtout ouvrir le gouvernement aux autres formations politiques. Il a choisi de faire son passage en force, et même, au sein de son camp il y avait des divergences ; toutes choses qui ne présageaient pas de bons lendemains. Je ne peux pas comprendre qu’un militaire comme lui, n’ait pas vu venir les choses dans un pays qui a connu la même situation politique ayant abouti à des coups de force sous Baré Maïnassara par exemple. Les mêmes causes produisent simplement les mêmes effets. Je ne suis pas un partisan des coups d’Etat mais, je crois que celui-là peut être salutaire et il revient aux Nigériens, à la classe politique d’en saisir l’occasion pour mieux organiser, gérer la cité. Ce sont le dialogue et la concertation qui ont fait défaut. Concernant les nouveaux maîtres, je leur souhaite d’être véritablement des ATT et non des Dadis Camara ou des Robert Gueï comme ils l’ont dit eux-mêmes. Il devront s’atteler à mettre en place les mécanismes démocratiques et organiser des élections saines. Le pouvoir peut tromper des dirigeants et les organisations sous-régionales telle la CEDEAO doivent accompagner les militaires au pouvoir, le tout pour le bonheur du peuple nigérien. Je pense que le Burkina jouera certainement, un rôle, en tant que pays voisin, pour une sortie de crise définitive au Niger"

    Député Laurent Bado (opposition) "C’est un coup d’Etat moralisateur !"

    "J’avais dit qu’il y aura en Afrique une génération de coups d’Etat. Des coups d’Etat moralisateurs. Il n’est pas normal que des gens montent au pouvoir et disent ensuite qu’ils vont y rester parce qu’ils ont de grands travaux à réaliser. Ce coup d’Etat est le bienvenu. Et je ne comprends pas la position de la communauté internationale. L’Union africaine et la CEDEAO avaient exclu le Niger de leurs instances, n’est-ce pas ? Alors, pourquoi condamnent-ils aujourd’hui ce coup d’Etat ? Je pense d’ailleurs que c’est une condamnation pour le principe. Au fond d’eux, ils saluent ce coup de force. Et Laurent Bado pense qu’il faut que ces coups d’Etat interviennent plus souvent. Chaque fois qu’il y aura un président qui veut modifier la constitution pour rester, il faut qu’il y ait des militaires Courageux pour nettoyer. En ce qui concerne le Burkina Faso, je pense que Blaise Compaoré n’a pas intérêt à vouloir rester encore plus longtemps au pouvoir en révisant la Constitution. "

    • Le 8 mars 2010 à 23:32 En réponse à : Accueil de l’UPC par les députés : Les uns apprécient, les autres raillent et Bado tempête

      Eh toi Bado là, tu te prends pour le plus intelligent, est-ce que le Président COMPAORE t’a dit qu’il voulait modifier la constitution. Faut jamais devancer l’iguane dans l’eau. Et avec ça, ça nous fait comprendre qu’il ne parle pas au hasard. Ton cours de Droit constitutionnel à l’UO ne m’a pas emballé à ce point même si le spectacle banal et ordinaire de cet enseignement nous détendait. La real politik c’est autre chose. Lis donc les statuts de l’UPC et dit nous ce que tu en penses. Le PAREN est-il prêt à soutenir la candidature de Zeph ? voilà des débats de fond au lieu de traiter les journalistes d’idiots. Heureusement que tu n’es pas pris au sérieux.

      • Le 9 mars 2010 à 13:49, par Wendkouni En réponse à : Accueil de l’UPC par les députés : Les uns apprécient, les autres raillent et Bado tempête

        Ha non mon coco je ne sais pas de quel bord politique tu es mais ne te fou pas de la masse populaire comme le fait le gouvernement actuel. Il y’a nul besoin d’être intelligent pour comprendre qu’un président qui reste au pouvoir 20 ans fait un coup d’état à la démocratie au nom de laquelle il se revendique être au pouvoir.
        Toujours est-il que ton Zéph est un fruit du système et donc permet nous d’être sceptique. On n’a pas tous été à la même école et on ne vend pas tous notre âme au même acheteur(Le Diable) alors arrête de réagir comme un singe.

        Wendkouni

        • Le 12 mars 2010 à 21:36, par Mambala En réponse à : Accueil de l’UPC par les députés : Les uns apprécient, les autres raillent et Bado tempête

          Le singe là te demande si le Paren est prêt à soutenir la candidature de Zeph aux prochaines élections présidentielles ou vous allez continuer à vous bagarrer comme des chiffonniers à l’instar de Bénéwendé Stanislas et Norbert au grand dam du CDP et du Président COMPAORE que j’affectionne de tout mon coeur. En face, c’est la merde, pardonnez-moi, sauf Zeph bien sûr.

      • Le 10 mars 2010 à 09:46, par Le veridiste En réponse à : Accueil de l’UPC par les députés : Les uns apprécient, les autres raillent et Bado tempête

        SALUT L’ami
        Du calme,on ne manque pas du respect au professeur.Il est intelligent et ça,je peux le confirmer.Toi tu parles de son cours de droit cons.ça prouve que tu ne l’as pas connu à l’UO et donc tu ne l’as vraiment pas connu.Alors du calme !

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