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DISCOURS A LA NATION DE SALOU DJIBO : Tandja, le tripatouilleur doublé de l’affameur

Publié le mardi 2 mars 2010 à 00h31min

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Salou Djibo

La junte militaire qui a pris le pouvoir le 18 février dernier au Niger ne cesse de rassurer l’opinion nigérienne et celle internationale sur sa volonté de ne pas s’éterniser sur le fauteuil qu’elle dit avoir été obligée de ravir à son occupant pour "restaurer la démocratie". Après la toute première déclaration à l’issue du coup d’Etat lue par le porte-parole de la junte, c’était le tour du chef du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), en personne, de s’adresser au peuple nigérien. Le chef d’escadron Salou Djibo a embouché la même trompette que le porte-parole pour faire savoir " qu’aucun membre du Conseil ou du gouvernement de transition ne sera candidat aux prochaines élections présidentielles".

Mais en tant que n°1 de la junte, on s’attendait à ce qu’il délimite dans le temps la durée de la transition. Pour cela, il va falloir repasser une autre fois.

Comme son porte-parole, le patron de la junte n’a rien dit de précis sur ce sujet. Mais, au-delà de cet aspect qui focalise l’attention générale , il y a eu un point non moins important que le chef d’escadron Djibo a évoqué dans son discours. Il s’agit de la famine qui menacerait beaucoup de Nigériens. La situation serait tellement préoccupante que le chef de la junte a laissé entendre que "tous les moyens seraient déployés dans l’urgence pour faire face à la famine qui menace l’existence de millions de Nigériens dans quasiment toutes les régions". Selon toute vraisemblance, le sujet ne sera plus un tabou comme sous le régime renversé. Pas question de faire preuve d’un orgueil mal placé qui consiste à refuser de faire appel à l’aide extérieure alors que, selon un rapport officiel daté de janvier 2010, près de 8 des 15 millions de Nigériens sont menacés d’insécurité alimentaire cette année. Ce sera alors la rupture et, mieux, dans la transparence et sans nationalisme primaire.

Il a fallu en fin de compte que la junte déboulonne l’homme du tazartché (continuité en haoussa) pour que l’on découvre l’ampleur de la famine. Du haut de son coup d’Etat institutionnel, Mamadou Tandja avait aussi imposé le black out sur la question de la famine. Gare à celui qui en parle ou qui crie famine ! Les organisations humanitaires qui osaient en parler étaient taxées d’héretiques et priées d’aller voir ailleurs. Cette attitude du pouvoir déchu rappelle celle d’un pays totalitaire comme la Corée du Nord dont les autorités refusent d’admettre contre tout bon sens et toute évidence, la famine qui ravage fréquemment le pays.

Ce n’est ni plus ni moins qu’un choix délibéré d’affamer son propre peuple. C’est également un refus de voir la réalité en face, ce qui est assimilable à la non- assistance à peuple en danger. Il n’est pas exclu que Mamadou Tandja rende compte d’un tel choix dangereux à l’encontre de son propre peuple. Ce drame volontairement mis sous éteignoir a de quoi révolter, surtout venant de la part de quelqu’un qui se dit être tellement aimé de son peuple, que ce dernier l’a supplié de rester au pouvoir. Pour n’avoir pas su se montrer à la hauteur de cet amour, et au regard de la nouvelle donne, il doit dire pourquoi il s’est comporté en Judas.

A la trahison évoquée de plus en plus par la junte à l’endroit du président déchu pour avoir malmené les institutions, pourrait s’ajouter l’accusation de mise en danger de la vie d’autrui en le privant volontairement de nourriture. Aujourd’hui, et avec un peu de recul, on se rend compte que celui qui se disait, qui se croyait indispensable au Niger, n’a pas été seulement qu’un tripatouilleur de Constitution. Il était aussi un affameur de peuple.

Par Séni DABO

Le Pays

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