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Coup d’Etat au Niger : « Un acte salvateur »

Publié le mercredi 24 février 2010 à 02h48min

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Issa Tiendrébéogo

A l’image de Issa Tiendrébéogo, président du Groupe des démocrates et patriotes (GDP), et de Norbert Michel Tiendrébeogo, président du Front des forces sociales, plusieurs responsables politiques pensent que le coup d’Etat militaire survenu au Niger, le 18 février dernier, était prévisible et constitue un acte « salvateur »…

Issa Tiendrébéogo, président du Groupe des démocrates et patriotes (GDP)

« Je ne suis pas surpris par le coup d’Etat au Niger, parce que l’évolution de la situation, depuis le temps où Mamadou Tandja a décidé de ne plus rien respecter de la Constitution, laissait entrevoir que tôt ou tard les choses allaient se compliquer pour lui. Sa mauvaise posture s’était beaucoup plus aggravée, d’autant plus que la société civile et les partis politiques ont pris conscience et ont fait bloc contre lui. Le président Tandja ne pouvait pas s’en sortir autrement.

Cela ne veut pas pour autant dire que nous approuvons les coups d’Etat dans leur principe, mais entre le peuple et un individu, le choix est évident. Une armée républicaine a aussi pour mission de faire respecter les institutions de l’Etat et de protéger le peuple. En ce sens, si on peut condamner le coup d’Etat en son principe, on peut féliciter l’armée nigérienne d’avoir donné raison au peuple. Le Conseil suprême pour la restitution de la démocratie (CSRD), qui a pris le pouvoir au Niger, a annoncé ses couleurs en promettant de restaurer la démocratie et, tant que les militaires iront dans ce sens, nous ne pouvons qu’applaudir ! Ceux qui condamnent les coups d’Etat dans leur principe n’ont pas tort, mais je fais remarquer que s’il n’y avait pas eu le coup d’Etat organisé par Amadou Toumani Touré, au Mali, la démocratie dans ce pays ne marcherait pas convenablement.

Ce qui s’est passé au Niger doit servir de leçons à ceux qui ont en projet de tripatouiller la Constitution de leurs pays, comme au Burkina. Et les griots seront tenus pour responsables, si de telles choses devraient se produire ici. S’ils veulent se dédouaner, ils doivent avoir le courage de dire à leur patron, Blaise Compaoré, de faire fonctionner normalement la Constitution pour éviter d’amener le KO, qui ne profitera à personne, car ceux qui chantent ses éloges aujourd’hui seront ses premiers détracteurs quand les choses n’iront plus en leur faveur. Attention donc à ceux qui pensent qu’on peut tout faire contre la volonté de tout un peuple. »

Norbert Michel Tiendrébeogo, président du Front des forces sociales (FFS)

« Le Niger, ce pays frère du Burkina Faso, vit, depuis le 18 février dernier, un tournant décisif de son histoire sociopolitique. Face à l’entêtement du président Tandja, l’armée a "pris ses responsabilités" ! En fait, cette irruption de la Grande muette sur la scène politique, au-delà des condamnations de principe qu’elle suscite, apparaît plutôt comme un acte salvateur de tout un pays et de tout un peuple !

La triste histoire du désormais ex-président nigérien revêt toute une symbolique et est, nous l’espérons, un bel exemple pour tous ces apprentis-sorciers manipulateurs des Constitutions de leur pays pour se pérenniser au pouvoir. Elle apparaît aussi comme une leçon de bonne conduite à tous ces margoulins accrochés aux basques de nos roitelets, et qui les abreuvent de fausses et fumeuses théories sur les valeurs démocratiques. Ceux-là, du reste, sont toujours les plus enclins à retourner leurs vestes dès les premiers retournements de conjoncture.

Nous osons espérer que les militaires nigériens sauront se montrer dignes des attentes de ce peuple fier et courageux du Niger, et que la démocratie reprendra le plus vite possible sa place dans ce grand pays. Que l’exemple nigérien puisse servir de sonnette d’alarme à tous ceux qui avaient des visées révisionnistes affichées ou camouflées de leur Constitution ! »

Arouna Dicko, Rassemblement politique nouveau (RPN)

« La situation au Niger peut être appréciée de deux manières. C’est un rapport de force qui oppose deux parties, et qui peut être démocratique ou militaire. Nous ne souhaitons pas que le rapport de force militaire prenne le dessus. Car c’est proscrit par notre Constitution. Mais au Niger la sortie de la crise ne pouvait se faire que de cette manière.
En Afrique, lorsqu’un chef d’Etat se sent fort, il s’entête à rester au pouvoir, quitte à tordre le cou à la loi. Et puisque Mamadou Tandja pensait avoir le rapport de force en sa faveur, c’est ce qu’il a tenté de faire. Malheureusement pour lui, il n’était pas tout à fait maître de la situation et il a été déposé par les militaires. Les chefs d’Etat qui ont tronqué leurs treillis contre des vestes afin de s’emparer du pouvoir doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas s’y maintenir éternellement. On pense toujours que cela n’arrive qu’aux autres.

Nous sommes contre les coups d’Etat car lorsqu’un pays emprunte cette voie, il en ressort difficilement. Je ne suis pas au Niger, mais je demande aux militaires de remettre le pouvoir aux civils le plus rapidement possible. Nous espérons que le président Blaise Compaoré va tirer les leçons de toutes ces crises qui se déroulent autour de nous. C’est un souhait, car nous savons que, « qui a bu, boira ». Il a rectifié, modifié les textes de la Constitution en complicité avec certains burkinabè pour se maintenir à la tête du Burkina. Il va toujours le faire pour se présenter autant de fois qu’il veut, si le rapport de force ne change pas.

Jacques Théodore Balima et Joël Zoundi

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 24 février 2010 à 11:32, par Machiavel En réponse à : Coup d’Etat au Niger : « Un acte salvateur »

    Cela n’apporte rien de nouveau à ce que tout le monde sait et tout le monde dit. On s’attendrait à ce que ce deux nous proposent des alternatives claires pour l’enracinement de la démocratie et éviter aux Etats des reculs sous forme de coup d’état. Trouvez-nous des politiciens qui peuvent penser et dire des choses intelligentes.

  • Le 24 février 2010 à 17:11 En réponse à : Coup d’Etat au Niger : « Un acte salvateur »

    Bravo à ces hommes politiques pour la pertinence de leurs propos !Pourvu vraiment que le cas Tandja serve de leçon !

  • Le 26 février 2010 à 13:18, par Toogs-Kii yaa Teng Manegré En réponse à : Coup d’Etat au Niger : « Un acte salvateur »

    Pour ma part et en ce qui concerne mon pays, si je peux encore suggérer des propositions en tant que citoyen lamda de mon pays, je suggérerai les solutions suivantes pour éviter au Burkina Faso, ou pardon à certains de penser, que le coup d’état est salvateur. Pour ce faire je propose :
    1 - Si j’étais balise compaore, je sortirai de mon piedestal et de mon mutisme pour demander aux politiciens qui me soutiennent et ceux qui sont opposés, que je désire qu’ils se concertent pour une dernière fois pour réviser l’article 37 de la constitution et s’entendre enfin sur le nombre de mandats présidentiels(2-3 mandats consécutifs) et surtout y mentionner la mention " cet article n’est pas révisable". Aussi je demanderai à toutes les parties de procéder à un toiletage de la constitution actuelle des articles qui peuvent poser des problèmes pour l’alternance democratique
    2- J’informerai que je soumettrai cette nouvelle constitution au réferendum du peuple
    3- Je déclarerai sur l’honneur, que pour compter de la prochaine élection présidentielle du mois de novembre 2010 pour les 5 prochaines années, que je vais plus être candidat à la présidentielle après les 5 prochaines années quel que soit le nombre de mandats présidentiels consécutifs qui seront consensuellement retenus à la révision consensuelle.
    Et je crois qu’ à partir de là, Monsieur le Président, vous verez que vous ne serez plus l’objet des discussions sur l’alternance mais celles qui en vaudront seront qui peut vous succéder à la tête de l’Etat : Et bonjour les peaux de banane de toute sorte. Et mon vieux, je ne suis pas sur que le Burkina Faso aura une paix sociale durable et que que peut-être les militaires seront obligés de faire un " 8 Fvérier 1974".

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