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Editorial de Sidwaya : Tandja et les convives de la mort

Publié le lundi 22 février 2010 à 00h26min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Pour la nième fois en Afrique, l’expression de la souveraineté du peuple, la constitution, se trouve suspendue. Parce qu’elle n’était que trop pendue à l’ambition d’un individu.

Dans la démocratie, se trouvent toujours une chose et son contraire : la richesse et la pauvreté, la vie et la mort, la paix et la guerre, la vérité et son contraire... Dans ces conditions, Tandja aura été démocrate jusqu’au bout de l’absurde, en passant mal à travers l’ambivalence de ce qu’on donne aujourd’hui comme le régime idéal.

Tandja aura été comme un magicien qui a cru dur comme une pierre qu’il pouvait passer à travers les fissures d’un mur. Il s’en est trouvé pour l’y encourager en l’applaudissant, en lui promettant l’immortalité et l’éternité. Tant et si bien que Tandja est devenu comme Narcisse : amoureux de sa propre image et fou de ses propres ombres.

Un jour, commence un conte de notre terroir, l’hyène se mit au carrefour et fit répandre le bruit selon lequel à l’autre bout de la forêt, il y avait de la viande à gogo. Il y avait à déchirer et à s’empiffrer pour chacun.

Ayant ainsi « coupé l’eau » (1), l’hyène se cacha pour se moquer de tous les carnassiers qui auront cru en son mensonge et se mettront à courir à toute allure vers l’autre bout de la forêt où il y avait à boire et à manger. La nouvelle se répandit tellement vite qu’en si peu de temps, griffes et pattes avaient soulevé tant de poussière que personne ne pouvait plus voir personne.

Les feuilles des arbres n’avaient plus qu’une seule couleur : ocre. Le soir tombait. Même les écureuils et les moineaux se dirigeaient vers l’autre bout de la forêt. En deux mouvements, trois bonds, l’hyène s’élança à leur suite. Le dernier, il venait de croire à son propre mensonge.

Sans doute, la démocratie et la bonne gouvernance en Afrique, dans les Afriques, ne sont pas seulement une affaire de « prédication » qui servirait à culpabiliser, à dénoncer le mensonge, à proférer des jugements moraux à des hors-la-loi. Tandja, au fond, a fait ce qui est faisable. Il s’est servi des armes que la démocratie lui donnait pour tirer sur la démocratie à bout portant.

Si l’on veut bien voir, dans le conte ci-dessus, l’hyène, ce n’est pas Tandja, c’est l’Occident qui se sert aujourd’hui de la démocratie comme d’un épouvantail à effrayer les pauvres. En 1991, le processus démocratique a été interrompu en Algérie. Tous les pays défenseurs de la démocratie se sont coalisés pour défendre un pays pétrolier qui, nous semble-t-il, n’est pas pressé de se démocratiser.

Il semble que l’odeur du pétrole efface les péchés contre la démocratie. N’allons-nous pas, partout en Afrique, vers une expression plurielle de la démocratie ? C’est ceux qui, tout en chantant la belle démocratie dans certains de nos pays, « se contentent d’observer, sans solidarité de fond, les populations y mourir de misère » parce qu’ils aiment mieux aller à Tripoli, qui nous mettent la puce à l’oreille.

Quelque chose d’irréparable se trouve, en les tous cas commis à Niamey : passant par la petite porte, Tandja sera accueilli par ses amis d’hier et de toujours. Quelques cadavres jonchent le sol fraternel du Niger. Ces convives de la mort étaient venus soutenir le maître. La mort les a surpris, ils n’ont même pas eu le temps de méditer ce propos de Sénèque : « un ami au pouvoir est un ami de moins… »

(1). Couper l’eau : mentir en mooré

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

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Vos commentaires

  • Le 22 février 2010 à 01:02, par Gandaogo En réponse à : Editorial de Sidwaya : Tandja et les convives de la mort

    Elle est très bonne, celle-là ! Cette petite histoire sur m’ba katré !

    • Le 22 février 2010 à 12:07 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Tandja et les convives de la mort

      hé oui ou mon cher DG. la democratie est toujours compris en double. comme dirait mon amis humoriste de son Etat, il ya deux cas.
      Ceux qui aiment la democratie parcequ’il y sont et ca les arrange et ceux qui aimeent les la democratie parceque le peuple au sens noble et vrai du terme y trouve son compte. ces deux comprhensions sont rarement superposable ; mais il arrive quand même dans certains cas qu’il ai parfaite juxtaposition des deux notions. ce n’etait certainement pas le cas du Niger. il n’est d’ailleur pas le seule dans ce cas.

  • Le 22 février 2010 à 06:36, par Pipi En réponse à : Editorial de Sidwaya : Tandja et les convives de la mort

    j’aime bien les Editos creuses comme celui-ci. Travaillons pr le changement chez ns aussi. Generalement ce qu’on trouve chez les peuhls se rencontre egalement chez les mossi.
    A bientot.

  • Le 22 février 2010 à 09:16, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Editorial de Sidwaya : Tandja et les convives de la mort

    APPEL SOLENNEL A LA JUNTE AU POUVOIR A NIAMEY :

    Messieurs les militaires de la junte, TANJA MAMADOU ne doit pas payer tout seul cette erreur !!!! Il a eu des complices !!!

    Je vous exhorte à mettre aux arrêts et à punir sévèrement tous ceux qui organisaient des marches à travers le pays pour ’’supplier’’ TANJA de rester au pouvoir afin de terminer son Programme.

    Il faut arrêter et faire payer cher leurs forfaits à tous ces ’’Amis’’, Tantis’’ et autres ’’Tontons’’ de TANJA, car ils ont poussé TANJA à la forfaiture !!! Ils ne doivent pas se la couler douce tandis que TANJA lui, souffre moralement de ce coup d’Etat !!!!

    Ces gens qui ne sont que des rats sont aussi fautifs sinon plus fautifs que Tanja lui-même. Il faut les arrêter !!!

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 22 février 2010 à 12:36 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Tandja et les convives de la mort

    Très bel article provenant de vous, mais en contradictions avec beaucoup de vos ecrits. Vous constatez enfin que certaines democraties ressemblent à des associations de malfaiteurs (assassins, griots-menteurs, voleurs, pilleurs, "bas ventristes",et j’en passe). Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
    Désolé, mais pour la dualité que vous semblez defendre, démocratie rime avec meilleur. Du courage pour enfoncer votre homme dans la poubelle de l histoire. Pourvu que hacun assume son rôle car bientôt vous entendrez de Tandja : "j’ai été trompé par mon entourage."

  • Le 22 février 2010 à 15:35 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Tandja et les convives de la mort

    Merci pour cet éditorial qui est très facile à lire et à comprendre. Félicitation et proposez nous toujours ce type de papiers digestes en lieu et place des longs discours dont la lecture exige trop de temps dans un pays où le temps doit être de l’or. Courage.

  • Le 22 février 2010 à 16:23, par Nôogo En réponse à : Editorial de Sidwaya : Tandja et les convives de la mort

    Celui qui a compris quelque chose dans cet article qu’il m’aide ! Pour être directeur de Sidwaya, il faut évidemment être fort dans des ambivalences comme celles-ci. Mélanger des contes burkinabè à la mythologie grecque sans qu’au fond la moindre idée claire n’apparaisse. C’est difficile de parler de démocratie au Faso. L’oeuf sait où danser, Ngaow !

  • Le 22 février 2010 à 19:51, par NIK En réponse à : Editorial de Sidwaya : Tandja et les convives de la mort

    PAR CET ARTICLE JE JOURNALISTE TENTE DE FAIRE COMPRENDRE QUE
    LA DEMOCRATIE A UNE DOUBLE DEFINITION(CHACUN L’INTERPRETE DE SA MANIERE)ET EN MEME TEMPS TENTE DE FAIRE ENDOSSER TOUTES LES RESPONSABILITES DE L’ECHEQUE DE LA DEMOCRATIE EN AFRIQUE EN GENERALE.MR LE JOURNALISTE JE COMPREND VOTRE SUBTILITE QUAND VOUS TENTER D’ABORDER UN TEL THEME( PAR CE QUE VOUS ETES DE SIDWAYA) MAIS LA QUAND ON SAIT CE QUE VEUT
    SIDWAYA EN LANGUE MOORE(LANGUE PARLEE PAR GRANDE MAJORITE DES BURKINABE) VOUS LE DEVOIR D’ETRES BEAUCOUP PLUS PRECIS
    DANS VOS ANALYSES.LA DEMOCRATIE N’A QUE UNE ET UNE SEULE DEFINITION (C’EST POURQOUI EN EUROPE ET AILLEURS D’OU NOUS AFRICAINS ESSAYONS DE COPIER AVANCENT PENDANT QUE NOUS RECULONS) ET LE FAIT QUE BON NOMBRE DE DIRIGEANTS AFRICAINS
    (LE BURKINA N’EST PAS EPARGNE)L’INTERPRETENT COMME BON LES SEMBLE N’ENGAGENT QUE EUX.ET LE FAIT QUE L’OCCIDENT PIE NOS
    MATIERES PREMIERES EST LIE :
    1-AUX FAIT QUE NOS DIRIGEANTS REFUSENT(OU SONT INCAPABLES) DE FAIRE MARCHER LEUR MATIERE GRISE POUR SORTIR DES PROJETS DE DEVELOPEMENT PROPRES A L’AFRIQUE.TOUS LES PROJETS NOUS SONT PROPOSES COMME SI APRES 50 ANS D’INDEPENDANCE IL NOUS MANQUE D’INTELECTUELS.
    2-LE MANQUE DU MORAL ELEMENTAIRE DE S’EMPASSER DE VOL DES MAIGRES REVENUS DE LA VENTE DES MATIERES PREMIERES .COMBIEN DE CHEFS D’ETAT DES PAYS AFRICAINS LES PLUS PAUVRES SONT AUJOURDHUI DES HOMMES LES PLUS RICHES DE LA PLANETTE ?
    C’EST CE QU’IL FAUT ABORDER MR LE JOURNALISTE QUAND VOUS PARLER DE LA DEMOCRATIE EN AFRIQUE.

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