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Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : "La taxe communale de développement ne doit pas faire l’objet de contestation"

Publié le vendredi 19 février 2010 à 00h25min

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Ouagadougou abrite le 22 février prochain, la Conférence nationale de la décentralisation (CONAD). En prélude à cette grande rencontre qui regroupera environ 300 participants, le premier responsable de la décentralisation au Burkina Faso, le ministre Clément Sawadogo se prononce sur la nécessité de dynamiser la communalisation pour un développement harmonieux.

Sidwaya (S.) : Ouagadougou abrite le 22 février prochain, la Conférence nationale de la décentralisation (CONAD). Quel est le profil des participants attendus à cette conférence et à combien les estimez-vous ?

Clément Sawadogo (C.S.) : La CONAD, présidée par le Premier ministre Tertius Zongo, regroupe un certain nombre de personnalités. Il y a dix-sept membres du gouvernement, notamment ceux qui sont directement concernés par la question de la décentralisation.

Participent également à cette conférence, les points focaux/décentralisation desdits ministères. Du côté des collectivités territoriales, sont concernés les présidents des conseils régionaux, les maires des bureaux régionaux de l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF) qui sont huit par région et les 50 membres qui composent le bureau national de cette association.

Prennent part enfin à cette CONAD, les délégués des partenaires techniques et financiers qui interviennent dans la décentralisation, les gouverneurs des régions et les hauts-commissaires. En tout, nous attendons à cette édition environ 300 participants.

S. : Qu’est-ce qui justifie la création de la CONAD ?

C.S. : A sa création en juillet 2007, la question qu’il fallait résoudre était celle de savoir comment évaluer périodiquement la marche de la décentralisation qui venait d’être amorcée. Pour le faire, le gouvernement en son temps avait estimé qu’il n’y a pas de meilleure façon que de regrouper autour d’une même table tous ceux qui ont une part active dans la mise en œuvre de la décentralisation.

Ce sont les principaux acteurs, les animateurs des communes et des régions, les autorités administratives et politiques et les partenaires techniques et financiers. L’ensemble de ces acteurs se réunissent chaque année pour échanger sur un sujet d’actualité se rapportant à la vie des collectivités.

S. : La CONAD devait se tenir en 2009. Pourquoi n’a-t-elle pas eu lieu ?

C.S. : Effectivement, c’est le rendez-vous de 2009, initialement prévu en novembre qui se tient maintenant. Le retard tient au fait qu’en novembre, il y avait un certain nombre de questions qui n’étaient pas encore réglées.

Le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) qui était en train de prendre fin devrait être remplacé par la Stratégie de croissance accélérée pour le développement (SCAD). La question qui se posait était de savoir comment pouvoir articuler la mise en œuvre du plan triennal de la décentralisation et cette SCAD qui n’était pas encore achevée. D’où le report.

S. : Quel bilan faites-vous de la CONAD ?

C.S. : La conférence, depuis son institution a pu jouer son rôle. C’est cette tribune qui adopte le plan triennal de mise en œuvre du cadre stratégique de la décentralisation.

Il est difficile de travailler sans ce programme. Mieux, toutes les questions dignes d’intérêt et qui doivent faire l’objet de dialogue entre toutes les parties sont discutées pendant cette rencontre. En outre, la conférence permet d’harmoniser, entre les différents acteurs, tous les points de vue relatifs aux actions à mener dans le cadre de la consolidation de la décentralisation. Certes, la CONAD est une jeune institution mais elle a déjà enregistré des points positifs.

S. : Depuis avril 2006, la décentralisation intégrale est en marche au Burkina Faso. Suit-elle une évolution satisfaisante ?

C.S. : Dans l’absolu, il est difficile de dire que la décentralisation suit une évolution satisfaisante à 100%. Comme dans tout processus social, politique et humain, il y a certainement des hauts et des bas. Mais globalement, nous notons des motifs de satisfaction. Sur l’ensemble des localités, des contrées de notre pays, on sent que la décentralisation est en marche.

Dans n’importe quel village du Burkina, que ce soit le citoyen ordinaire, le conseiller villageois de développement ou le conseiller municipal, tout le monde est conscient que le développement de son village ou de sa commune lui incombe. J’en veux pour preuve l’implication effective de ces acteurs dans l’opération de délivrance massive d’actes d’état civil que le gouvernement a lancée, il y a quelques mois. Jadis, l’on n’aurait pas pu atteindre de tels résultats en si peu de temps.

Toutes les communes du pays disposent aujourd’hui d’un Plan communal de développement (PCD) qui montre l’intention de tous les acteurs d’aller au développement. A la lumière de ce qui est fait déjà, le débat sur l’opportunité ou non de la décentralisation est dépassé. C’est vrai qu’elle n’a pas encore réalisé toutes les prouesses, étant elle-même jeune, mais des résultats tangibles sont visibles sur le terrain.

S. : Le thème de l’édition 2010 de la CONAD est "Le financement de la décentralisation". Qu’est-ce qui justifie le choix de ce thème ?

C.S. : Le financement de la décentralisation est l’une des questions les plus difficiles à résoudre. La décentralisation est arrivée au moment où l’Etat n’avait jamais trouvé les moyens pour exécuter lui-même ses programmes.

Comment faire pour financer à la fois les programmes de l’Etat et ceux de la nouvelle démarche entreprise, c’est-à-dire la décentralisation. Cette préoccupation a toujours été posée dans tous les pays lorsqu’il s’est agi de mettre en pratique cette formule.

Partout où la décentralisation a vu le jour, elle a, à un moment donné, traversé une période difficile qui est celle de pouvoir opérer les transferts de compétences vers les collectivités et les accompagner financièrement. Nous voulons à travers cette conférence faire en sorte que la question importante qu’est le financement de la décentralisation soit prise en main par tous les participants, aussi bien les membres du gouvernement, les acteurs des collectivités que ceux qui nous soutiennent techniquement et financièrement.

Déjà, l’Etat injecte une dizaine de milliards de francs CFA dans les budgets des communes. Mais, cela n’est pas suffisant bien que les collectivités genèrent elles aussi des recettes. Il est donc important qu’on comble le manque à gagner. D’où le choix de ce thème sur lequel des propositions et stratégies ne manqueront certainement pas de jaillir lors des débats.

S. : La taxe communale de développement constitue l’une des sources envisagées pour le financement de la décentralisation. Des voix s’élèvent contre sa mise en œuvre. Est-ce que la question est à l’ordre du jour de la conférence ?

C.S. : La Taxe communale de développement (TCD) qui a été instituée par la loi de finance 2008 ne doit pas faire l’objet de contestation. La contribution du citoyen à la vie de sa commune est un devoir civique. La conférence va certainement examiner la question puisque la TCD est effectivement un des moyens de financement des collectivités territoriales.

S. : Qu’attendez-vous concrètement des acteurs de la décentralisation lors de cette grand-messe ?

C.S. : Premièrement, nous attendons que le programme triennal soit adopté.

Deuxièmement, que sur la question du thème, d’importantes résolutions et recommandations puissent sortir. Troisièmement, nous attendons des partenaires, qu’ils annoncent des contributions beaucoup plus substantielles que par le passé. D’ores et déjà, de bonnes propositions nous sont parvenues de la part de certains d’entre eux.

Quatrièmement, que les acteurs communaux et régionaux, au sortir de cette conférence, prennent à bras-le-corps la question de la dynamisation de leurs appareils financiers. Ce que nous attendons enfin, c’est plus d’engagement de la part de chacun des acteurs de la décentralisation, toute chose qui nous permet d’évoluer de manière très dynamique vers une vision commune : le développement de notre cher Faso.

Entretien réalisé par Charles OUEDRAOGO et Lassané YAMEOGO

Sidwaya

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