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COMMISSION DE LA CEDEAO : Le duel entre le Burkina et le Sénégal renvoyé en juin

Publié le jeudi 18 février 2010 à 00h44min

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Le 37e sommet ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est tenu le 16 février 2010 à Abuja au Nigeria. L’élection d’un nouveau président de la Commission de la CEDEAO en remplacement du docteur Mohamed Ibn Chambas n’a pas eu lieu. Elle a été renvoyée au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO prévu en juin prochain. C’est un autre Ghanéen, en l’occurrence le conseiller diplomatique du président John Atta Mills, qui a été désigné pour terminer le mandat de son compatriote Chambas qui s’achève en fin décembre 2010. Quant à la présidence en exercice de l’organisation, elle a été confiée à nouveau au Nigeria.

L’élection tant attendue lors du 37e sommet de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO n’a pas eu lieu. En effet, c’est au cours de ce sommet que devait avoir lieu l’élection du nouveau président de la Commission de l’organisation, en remplacement de Dr Mohamed Ibn Chambas qui s’en va à Bruxelles où il a décroché en novembre dernier, le poste de secrétaire général du Groupe des 79 pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique). Le Ghana a préféré choisir un autre compatriote pour terminer le mandat de Ibn Chambas qui court jusqu’en fin d’année 2010. Celui qui a été désigné durant le huis clos des chefs d’Etat et de gouvernement est le conseiller diplomatique du Président John Atta Mills.

Du même coup, la confrontation entre les candidats burkinabè et sénégalais à ce poste, Kadré Désiré Ouédraogo et Abdou Aziz Sow, n’a pas eu lieu. Il faudra attendre sans doute au prochain sommet en juin, date à laquelle ladite élection a été renvoyée, pour assister à ce duel. En attendant, l’attitude du Ghana n’a pas été beaucoup appréciée par bon nombre de participants qui estiment que ce pays pouvait clairement faire savoir à l’avance, qu’il allait remplacer son compatriote partant par un autre pour terminer le mandat du premier. L’élection d’un nouveau président de la Commission n’aurait alors pas figuré à l’ordre du jour du 37e sommet. Du reste, certains observateurs se demandent ce que le remplaçant de Ibn Chambas pourra réellement faire en 8 mois. "Il n’aura même pas le temps de s’installer", font savoir des participants, sitôt la décision connue. Le forcing du Sénégal qui, à entendre certaines personnes, ne devait pas présenter de candidat à ce poste surtout contre le Burkina a finalement été éclipsé par la manœuvre du Ghana.

Si l’élection du nouveau président de la Commission de la CEDEAO n’a pas eu lieu, ce ne fut pas le cas du président en exercice. Au terme du huis clos, les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de confier à nouveau ce poste au Nigeria. Cette fois, c’est le vice-président du pays hôte, Jonathan Ebele Goodluck, qui va assumer cette fonction en lieu et place du président Umaru Musa Yar’Adua.

Il est à signaler que 10 chefs d’Etat sur 13 attendus dont le président du Faso ont effectivement pris part au sommet. Les présidents ivoirien, Laurent Gbagbo ; malien, Amadou Toumani Touré et gambien Yaya Jammeh se sont fait représenter. La cérémonie d’ouverture, commencée un peu après 11h locales (10h TU), a été marquée par 3 allocutions dont la plus importante a été celle du président de la Commission de la CEDEAO sur le départ, Dr Mohamed Ibn Chambas. Dans son discours lu en anglais, puis en français et de nouveau dans la langue de Shakespeare, le président en exercice a d’abord souhaité la bienvenue à l’hôte du sommet, le vice-président nigérian Jonathan Ebele Goodluck.

Par la suite, Mohamed Ibn Chambas a remercié son pays, le Ghana, pour lui avoir permis d’être président de la Commission de la CEDEAO durant 8 ans. Il a aussi rendu hommage aux chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, aux autres commissaires et les travailleurs de l’organisation pour leur collaboration et disponibilité. Il a fait une mention spéciale aux partenaires bilatéraux et multilatéraux pour leur soutien. Il a laissé entendre que, certes, il s’en va de la CEDEAO mais il ne tourne pas définitivement les talons à l’organisation, il n’oubliera pas les bons moments passés en son sein. "Mon cœur reste toujours dans cette organisation bien aimée", a-t-il fait savoir avant d’ajouter qu’il fera tout ce qu’il peut pour l’avancée des idéaux de la communauté dont il dit toujours être un citoyen fier.

Le football, notamment la dernière Coupe d’Afrique des nations (CAN) en Angola, s’est invité dans le discours de docteur Chambas. Après avoir exprimé sa compassion au Togo pour l’attaque contre son équipe de football lors de cette compétition, il a fait savoir que la CEDEAO va se joindre à l’Union africaine pour demander la levée de la suspension de participation à deux CAN prise contre le Togo par la Confédération africaine de football (CAF).

En dehors de ces aspects, le président de la Commission sortant a fait un tour d’horizon de l’espace communautaire sur les plans de la démocratie, de la sécurité, de l’intégration régionale, etc. Comme acquis sur ces plans, il a relevé avec joie par exemple que la culture démocratique s’installe petit à petit dans la sous-région, qu’il n’y a pas de conflit dans aucun Etat membre. Ce qui lui permet d’affirmer que "la CEDEAO est admirée partout pour avoir trouver le juste milieu entre sécurité et développement".

Avant le discours bilan et d’au revoir de Ibn Chambas, le président hôte du sommet et vice-président du Nigeria, Goodluck Ebele Jonathan, a d’abord souhaité la bienvenue aux 10 chefs d’Etat sur les 13 attendus (les présidents ivoirien, malien et gambien se sont fait représenter). Par la suite, il a lui aussi fait un tour d’horizon de la sous-région pour relever que tout doit être fait pour consolider la démocratie au même titre que l’intégration, lutter contre la corruption. Il a fait savoir qu’il faut que le protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance soit respecté. Sur ce point, il a relevé au passage la suspension de la Guinée et du Niger de la CEDEAO et félicité les médiateurs nommés par la CEDEAO, le président du Faso Blaise Compaoré et l’ancien président nigérian Abdul Abubakar Salami, pour le retour à l’ordre constitutionnel normal dans ces pays en crise. Mister Goodluck a rendu hommage à Ibn Chambas pour son dévouement à la tête de l’exécutif de la CEDEAO.

Dans son allocution en anglais et en français, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Saïd Djinit, a déclaré d’emblée que le sommet se tient à un moment critique pour la sous-région. Il en veut pour preuves les inondations, les changements constitutionnels et climatiques, le trafic de drogue et le crime organisé, etc. Malgré tout, l’ONU, a dit son représentant en Afrique de l’Ouest, travaille avec la CEDEAO pour l’émergence d’une sous-région forte et paisible.


Le président du Faso fait le bilan du sommet

Au sortir du huis clos, le président du Faso a fait en un tour rapide le bilan du sommet aux envoyés de la presse burkinabè.

"Le Pays" : Quels sont les points essentiels débattus au cours du sommet ?

Blaise Compaoré : D’abord, je dois dire que nous avons au cours de ce sommet travaillé avec le président intérimaire du Nigeria, Dr Jonathan Goodluck. Nous avons pu lui exprimer toute notre compassion pour le président Yar’Adua. En même temps, nous avons salué la qualité de la direction qu’il a pu imprimer à nos travaux. Nous avons redit notre considération et notre respect à la fois pour la présidence du président Yar’Adua mais aussi, pour exprimer à nouveau notre confiance au Nigeria qui va poursuivre pour encore une année la présidence de la CEDEAO. Comme c’est un sommet ordinaire, nous avons traité surtout des questions politiques liées à l’intégration régionale, des questions qui relèvent de la responsabilité des Etats de l’Afrique de l’Ouest, notamment les questions liées à l’énergie, à l’interconnexion, au transport, au trafic routier, au programme agricole, aux échanges, au tarif extérieur commun. Nous avons aussi abordé les questions qui touchent à nos relations avec les partenaires, la préparation des accords de partenariat avec l’Europe. Le deuxième volet est bien sûr la question de la stabilité et de la paix dans la région. Nous avons passé en revue les différents espaces de conflit et fait des recommandations aux acteurs politiques et aux différents facilitateurs.

L’élection du nouveau président de la Commission de la CEDEAO a été renvoyée. Que s’est-il passé ?

Il faut noter que nous avons eu avec le départ de docteur Chambas une situation inédite pour la Commission de la CEDEAO qui, vous le savez, est très jeune. Il reste au Ghana quelques mois pour terminer le mandat de la présidence qu’il assume. En se référant aux textes du secrétariat exécutif, on s’est rendu compte que dans des situations du genre, il fallait plutôt permettre au pays qui a un mandat unique de 4 ans de l’achever. Et nous avons remis le choix du président au sommet de juin pour qu’il prenne fonction en janvier.

Vous avez présenté au cours du huis clos un rapport sur votre médiation en Guinée. Quelle a été la réaction de vos pairs et, éventuellement, les décisions prises ?

Je crois que les pairs à travers le communiqué final qui sera remis ont salué les efforts que nous avons déployés pour permettre de retrouver la stabilité. Ils ont été aussi soucieux de savoir pour l’avenir ce qui se prépare, ce à quoi il faut s’attendre. Nous avons communiqué sur ce plan nos intentions. Il s’agit d’aller vers la création d’un cadre juridique pour la transition qui permettrait de réglementer la vie des institutions de la transition et surtout, d’avoir un document de référence pour les actes qui seront posés d’ici les élections à venir. Il y a eu aussi la question de la réforme de l’armée, la sécurité d’une manière générale, sur laquelle nous nous attelons à échanger avec les acteurs guinéens. Cela dans le souci de traiter cette question très délicate.

La nouvelle donne en Côte d’Ivoire vous inquiète-t-elle ou bien au contraire avez-vous une certaine confiance dans la suite du processus ?

Je crois que ce qui est intéressant à noter, est que le président Gbagbo en prenant les actes de dissolution du gouvernement et de la CEI (NDLR : Commission électorale indépendante) a indiqué qu’il s’inscrivait toujours dans l’Accord politique de Ouagadougou. Et pour nous, l’Accord politique de Ouagadougou c’est aussi ses accords complémentaires et des références comme les accords de Marcoussis et de Pretoria qui donnent des idées assez claires sur la manière dont ce processus peut être relancé en matière de constitution de gouvernement, de la CEI et surtout aussi en matière de traitement des questions liées à la liste électorale et bien sûr, le choix qui a été fait depuis pour que l’élection présidentielle se tienne dans les meilleurs délais possible.

Par Séni DABO Envoyé spécial

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 février 2010 à 02:47 En réponse à : COMMISSION DE LA CEDEAO : Le duel entre le Burkina et le Sénégal renvoyé en juin

    Il n’ y a pas de duel entre le senegal et le Burkina. Le duel est bien entre Blaise et Wade. Qu’ ils se rencontrent la ou ils veulent et qu’ ils se boxent pendant 15mn s’ ils veulent mais qu’ ils nous laissent en paix.

  • Le 18 février 2010 à 08:31, par Tapsoba En réponse à : COMMISSION DE LA CEDEAO : Le duel entre le Burkina et le Sénégal renvoyé en juin

    Tout ce tohu bohu pour rien.Vous saviez bien que selon "les textes du sécrétariat exécutif,il faut permettre au pays qui a un mendat unique de 4 ans de l achever".Pourquoi battre campagne ? Est-ce dire qu aucun état membre ne maitrise ses textes ? Quelle aberration !!! Et dire que certains états membres ont eu le culot de reprocher le Ghana pour son attitude.

  • Le 18 février 2010 à 10:47 En réponse à : COMMISSION DE LA CEDEAO : Le duel entre le Burkina et le Sénégal renvoyé en juin

    Cher journaliste du Burkina,
    Si Votre reportage sur le sommet est bon dans son ensemble, par contre votre analyse sur la succession du President Chambas est partisane et manque de lucidité pour les 2 raisons suivantes :
    1. En tant que lecteur, ja’aurai voulu comprendre pourquoi Chambas se precipite de quitter son poste et ne peut pas terminer le mandat du Ghana qui s’achève dans 8 mois. Est ce qu’il y a eu des problemes de gestions, ou des pressions quelconques, ou autres. Meme s’il a deja un poste à l’UE, son poste actuel est tres important et merite respect et honneur.
    2. En tant que Senegalais vivant au Burkina je trouve qu ’en parlant de FORCING du Senegal, votre analyse est PARTISANE. Un journaliste doit etre neutre et surtout consulter ses archives avant d’ecrire. Vous souvenez vous que le senegal a accepter de retirer ses candidats lors des elections precedentes pour Presidence de la commission de l’uemoa, de la BOAD et tout recemment de le l’UA, etc ; au profit du mali, du Benin et du Gabon au nom de l’integration africaine. On ne peut pas demander encore au Senegal de desister en faveur du Burkina alors qu’il dispose aussi des cadres competents. TROP c’est TROP et le senegal ne peut pas etre le dindon de la farce. Pourquoi le Burkina ne peut pas desister en faveur du Senegal, lui qui occupe actuellement la vice-presidence de cette institution. La cedeao est une organisation sous-regionale et non pas une organisation burkinabe.
    Le senegal ira bel et bien aux elections, et celui qui a une veritable vision de l’afrique triomphera.
    Rendez-vous en juin.
    Salut

    • Le 18 février 2010 à 15:16 En réponse à : COMMISSION DE LA CEDEAO : Le duel entre le Burkina et le Sénégal renvoyé en juin

      Dépassionnez le debat !
      Ce dont la CEDEAO a besoin ce n’est pas la nationalité de son futur président de commission ; C’est plûtot sa compétence.
      Dépassionnez le debat, pour eviter à la CEDEAO de sombrer dans dans considérations nombriliste et chauvines.Ces considerations ont trop retardé l’Afrique.
      Que le poste revienne à celui qu’il faut ; peu importe sa nationalité, pourvu qu’il remplisse les critères d’éligibilité et de compétence.
      Salut
      ABOMA MBEIK

  • Le 18 février 2010 à 17:47 En réponse à : COMMISSION DE LA CEDEAO : Le duel entre le Burkina et le Sénégal renvoyé en juin

    un ressortissant d’un pays anglophone aurait bien fait l’affaire

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