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Mine de Tarpako : Comment l’or a changé la vie du village…en mal

Publié le jeudi 18 février 2010 à 00h43min

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Comme elle, plusieurs filles-mères s’occupent seules de leur enfant. Par Idrissa Barry

Taparko, petite localité de la commune rurale de Yalgo, a vu sa population croître en très peu de temps, en raison de l’ouverture de la mine d’or. Beaucoup de gens sont venues des différentes régions du Burkina, mais aussi de pays voisins à cause des opportunités créées par la mine. Un brassage de populations qui n’est pas sans causer quelques désagréments : pénurie d’eau (la mine absorbe l’eau de l’unique barrage mettant à mal notamment les activités maraîchères des groupements), fragilisation de nombreuses maisons d’habitation avec l’apparition de fissures, conséquence d’explosifs utilisés dans les chantiers.

Et ce n’est pas tout. La ruée vers l’or entraîne aussi des changements dans la vie sociale. La circulation de l’argent a des conséquences néfastes sur les mœurs sociales. Les jeunes filles y voient l’occasion de se libérer du poids de la tradition, mais elles ne rencontrent bien souvent en chemin que désillusions.

Echapper aux mariages précoces et forcés : L’amère expérience des filles de Taparko

L’arrivée massive de jeunes travailleurs de la mine n’a pas apporté que le bonheur dans le village. Les filles données précocement en mariage se révoltent contre la tradition. Mais leur liberté ressemble à un cauchemar.

Assise sous le hangar dressé au milieu de la cour paternelle, au fond du village de Taparko, dans la commune rurale de Yalgo, au Centre-Nord du Burkina Faso, Alimatou, 20 ans, a un regard perdu.

A 50m, son fils, Hama, 2 ans, s’amuse avec ses camarades. Elle fixe régulièrement de ses yeux pâles les enfants qui continuent de jouer. Elle endure, seule, depuis 2 ans la garde de son enfant. Ouvrier en mécanique, l’homme avec qui elle a partagé un moment de sa vie, l’a quittée, une fois terminée la construction de la mine de Taparko. Il donne rarement signe de vie. La jeune femme a appris dernièrement qu’il aurait eu un autre emploi dans une autre société minière, un peu plus au nord du pays. Alimatou ne se fait pas d’illusions sur son probable retour à Taparko. Après tout, il est parti sans lui dire un mot, elle qui a défié les parents et la coutume pour lui. Elle s’est résolue à tourner la page de ce compagnon fuyard. Pourtant, en croisant le chemin de ce dernier il y a trois ans, elle pensait avoir fini avec la vie d’une fille mariée à un homme pour qui elle n’éprouve aucun sentiment.

"A 16 ans, j’ai été donnée en mariage à un de mes cousins. On n’a pas demandé mon avis comme il est de règle dans nos traditions. C’est un cousin que je connais bien parce que nous avons joué ensemble pendant notre enfance. Mais j’avoue que je n’éprouvais pas de sentiments amoureux pour lui, je l’ai toujours considéré comme mon grand frère. Dès la première année de notre vie de couple, il est parti chercher de l’or à Banfora, [à l’Ouest du Burkina] parce que chez nous l’orpaillage est interdit depuis que la société minière y est installée. Pendant un an, j’étais dans la cour de son père quand j’ai appris qu’il a continué sa recherche d’or vers le Ghana. J’ai rejoint ma famille malgré l’opposition de mes parents.", confie Alimatou, le visage triste. Fatigué de courir avec ses camarades, son enfant Hama regagne la maison et se jette dans ses bras. L’enfant dévisage sa maman comme s’il voulait lui dire quelque chose.

La jeune femme ne prête pas trop attention à ce regard, elle en est habituée. Elle poursuit son histoire : "J’ai rejoint ma mère qui s’occupait seule de mes deux frères et trois sœurs après le décès de notre père. Avant l’interdiction de l’orpaillage dans notre village par le Blanc [la société des mines de Taparko, SOMITA, dont la majorité du capital est détenue par une société canadienne), elle faisait cette activité pour nourrir la famille. Elle s’est reconvertie dans le petit commerce. Je l’aidais à faire de la patte de mil qu’elle vendait aux ouvriers de la mine. J’apportais le repas dans les maisons de certains clients. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Sayouba, le futur père de mon enfant. Chaque midi, je lui apportais son plat à manger. On restait ensemble quelques minutes. Ma mère était au courant de nos relations. Elle me déconseillait de rester longtemps avec lui, surtout qu’on n’a pas prononcé mon divorce avec mon mari. J’ai ignoré ses conseils. Je suis tombé enceinte quelques mois après. Au début, il me donnait un peu d’argent, il m’a même promis le mariage. Mais au fil des mois, je sentais qu’il prenait de la distance avec moi, puis il est parti sans me dire un mot."

Grossesses, avortements et VIH/Sida comme pendants

La situation d’Alimatou n’est malheureusement pas isolée dans le petit village de Taparko.
On raconte l’histoire de plusieurs autres filles qui ont abandonné leur mari pour lier amitié avec les jeunes ouvriers de la société minière qui habitent dans le village. Certaines ont eu des enfants et d’autres auraient avorté parce les auteurs de leurs grossesses refuseraient de reconnaitre leur paternité ou bien ils ne s’en occupent pas. Dans tous les cas, ces filles sont mal vues dans le village. Elles sont considérées comme des " rebelles " à la tradition. Selon une étude réalisée dans cinq régions du pays par le Projet "Eliminer le mariage des enfants au Burkina : un plan pour la protection, le renforcement et l’action communautaire", en se référant au Code des personnes et de la famille, le pourcentage de mariage précoce dans la zone de l’étude est de 37,2%. Dans la région du Centre-Nord, ce pourcentage est de 8%. Cependant, Taparko est plus proche culturellement de la région du Sahel où le taux est de 74,1%.

Du mirage à la réalité

Tout a commencé au moment de la phase de construction de la mine entre 2005 et 2006. Des centaines d’ouvriers venus de partout sont logés dans le village dans des maisons de fortune qu’ils ont louées. Des nationaux venus des autres régions du pays, des Ghanéens, des Sénégalais et de nombreux Asiatiques avaient "envahi" le village.

"Ces travailleurs venus de partout ont attiré dans le village des filles de joie. Elles venaient du Togo, du Ghana, du Nigéria et des grandes villes du Burkina pour monnayer leur charme. Elles ont entrainé les filles du village dans ce plus vieux métier du monde. Elles ont commencé par refuser les maris que les parents leur donnaient, ensuite elles disent qu’elles font du petit commerce au niveau du carrefour pour pouvoir sortir. Mais c’est juste un prétexte pour rejoindre les hommes. Plusieurs filles sont venues en consultation prénatale, mais beaucoup ne reviennent pas. Je constate quelques mois après que leur ventre est plat. On peut supposer qu’elles ont coulé la grossesse avec tous les risques inimaginables", déclare Moussa Maïga, l’infirmier chef de poste du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Taparko. Selon l’étude sur les mariages précoces, 54,1% des adolescentes n’ont pas utilisé de condom lors de leurs premiers rapports sexuels.

De 2004, date de son affectation dans la localité à aujourd’hui, presque tous les indicateurs ont vu leurs statistiques passer du simple au double : consultation prénatale, accouchement. Les cas d’IST enregistrés par mois ont triplé. Ils sont passés en moyenne de 4 à 12, selon l’infirmier Maïga. Il avoue que son service est débordé : " J’ai en moyenne 500 consultations par mois. L’installation de la mine a démultiplié notre charge de travail sans moyens supplémentaires. On aurait aimé s’investir davantage dans la sensibilisation et le suivi-conseil des jeunes filles et garçons du village qui sont particulièrement exposés aux IST/Sida. Ils sont très vulnérables vu leur faible niveau de scolarisation et l’analphabétisme très élevé dans le village. Parmi eux, beaucoup ont encore honte d’acheter les préservatifs et on imagine que les filles n’ont pas assez d’autorité pour imposer le port du condom à leurs partenaires. " Il n’y a pas de maisons closes dans le village. Mais des bars, des kiosques et des vidéo-clubs ont fleuri depuis l’ouverture de la mine.

Les filles venues d’ailleurs louaient des maisons et s’adonnaient au petit commerce de fruits et de gâteaux pour couvrir leur véritable activité, témoigne Mme Ouédraogo Valentine, gérante de l’épicentre Hunger project. Son association Nabons nooré appuie les femmes par des micro crédits et fait également de la sensibilisation sur les infections sexuellement transmissibles et le sida (IST/Sida). " Le phénomène de la prostitution est plus difficile à combattre ici parce que nulle part il n’y a de chambre de passe et personne ne reconnait faire ce travail. Pourtant, nous savons que les filles ont de multiples partenaires. La prostitution est taboue et cachée. Il y a même des tensions dans certains foyers parce que le mari soupçonne la femme de le tromper avec un ouvrier. Les jeunes filles refusent les mariages. On aurait aimé que ce soit par notre sensibilisation des parents que cette pratique de mariages précoces et forcés a disparue au lieu que ce soit par poursuite de gain facile", explique Mme Ouédraogo.

L’impuissance des parents et le désarroi des filles

Du côté des parents, c’est le sentiment d’impuissance qui domine. Rabiatou, mère d’une fille de 17 ans ayant refusé de rejoindre son mari, pointe du doigt la situation économique des ménages : "Depuis l’arrivée de l’usine [la société minière], nous vivons mal. Nos champs ont été retirés et l’orpaillage qui nous permettait de vivre est interdit.

Les jeunes filles ne veulent plus se marier depuis qu’elles ont entendu que la loi interdit les mariages précoces que nous faisons. Elles disent qu’elles veulent se marier avec ceux qu’elles aiment, mais nous constatons qu’il n’y a pas beaucoup de mariages depuis là." Pour Safiatou, 17 ans, célibataire ayant refusé le mariage traditionnel, il ne faut pas blâmer les filles : "Nous voulons bien nous marier, mais nous voyons aussi comment souffrent nos grandes soeurs dont beaucoup ont été abandonnées par des maris partis chercher de l’or très loin. Beaucoup de jeunes garçons sont partis laisser leurs femmes sans moyens et il faut qu’elles se débrouillent pour nourrir les enfants.". Le mariage avec les ouvriers n’est pas non plus facile, souligne son amie Korsi : "Quand on voit un jeune qu’on aime, on l’invite à venir se présenter en famille. Mais il ne vient pas. Il sort avec toi, te donne un peu d’argent et le jour où il est fatigué de toi, il te laisse tomber. On est obligé de chercher un autre parce qu’il faut nourrir la famille".


Contentieux autour du barrage de Yalgo

Comme le maire de Tarpako Hamidou Yaméogo, plusieurs producteurs sont dans l’angoisse.

L’eau du barrage de Yalgo est devenue une denrée rare depuis l’installation de la mine. C’est l’avis des producteurs maraîchers et autres utilisateurs du barrage qui estiment que la société minière est le responsable de leur malheur depuis trois ans.

"Je n’ai rien récolté l’année dernière. J’ai perdu 1 ha d’oignons par manque d’eau", déclare, le visage triste, Fatimata Korga du groupement de femmes Noom Tondo. Comme elle, de nombreux producteurs qui exploitent les abords du barrage de Yalgo déplorent l’assèchement d’une grande partie du barrage servant à arroser leurs périmètres pendant la saison sèche.

Depuis trois ans, ils sont des milliers qui manquent d’eau entre février et mai pour leurs cultures maraîchères. Les oignons, tomates, choux et autres bananes cultivés aux abords du barrage n’arrivent plus à maturité. "Notre production a beaucoup chuté depuis ces trois dernières années", avoue Kalmoidi Sebgo, président du groupement Delwendé. En 2008, c’est environ 60 ha que les membres du groupement auraient abandonnés parce qu’à un certain moment de l’année, il n’y a plus d’eau. "Nous avons creusé 1km de canalisation pour poursuivre l’eau, mais en vain", poursuit le président de Delwendé. L’exploitation de l’eau par la Société des Mines de Taparko (SOMITA) serait la cause principale du malheur de tous ces producteurs maraîchers.

La société minière reconnait utiliser l’eau du barrage. Un pipeline de 9,6km a été construit pour conduire l’eau du barrage vers un réservoir de 2 millions de m3 construit près du site d’exploitation situé dans le village de Taparko. L’eau sert à alimenter l’usine de la mine. Cependant, selon le Directeur général de la société, Marco Kelly, le pompage fait par sa société n’est pas responsable de la pénurie constatée au niveau du barrage. "Avec ou sans notre prélèvement, l’eau du barrage diminue à une certaine période de l’année", soutient-il.

Du reste, il affirme que pour ses besoins, sa société tire en grande partie l’excès d’eau qui se déverse du barrage pendant la saison pluvieuse. Ce n’est pas moins de 100 millions de m3 d’eau qui traversent la digue du barrage chaque année pendant la crue, selon une étude interne de la société. La cuvette construite au niveau de la mine serait alimentée essentiellement par ces eaux de crue. Mais ce n’est pas que pendant cette période des pluies que la société minière exploite l’eau du barrage, répliquent les producteurs. En saison sèche aussi, elle pompe l’eau 24/24 pendant des semaines grâce à un groupe électrogène installé au niveau du barrage. Combien de quantités d’eau la société tire-elle pendant cette période ? Le DG répond que la quantité d’eau n’est pas très importante vu que "c’est juste un complément". Celui-ci serait de 220 000 m3 d’eau par an. Il souligne, en outre que le pompage se fait généralement en janvier ou février et n’excède pas un mois.

Toutefois, la question qu’on se pose, c’est pourquoi la mine a-t-elle besoin d’un complément alors qu’elle aurait pu capter des millions de m3 d’eau qui se perdent dans la nature pendant la crue du barrage ? Pour le premier responsable de la société, cela est dû en partie à l’évaporation. On pourrait également penser à la capacité actuelle du réservoir construit par la mine qui est de 2 millions de m3. Une augmentation de ses capacités de stockage pourrait lui éviter de pomper l’eau du barrage pendant la saison sèche.
Pour le moment, cette solution n’est pas à l’ordre du jour. Le 13 janvier dernier, la société a adressé au maire de la commune de Yalgo "une demande d’autorisation de pomper l’eau du barrage pour le traitement du minerai de l’usine". Elle précise qu’elle souhaite commencer le pompage à partir du 24 janvier.

Le maire de la commune, Hamidou Yaméogo qui est également maraicher n’est pas content : "Quand ils envoient leur demande, ils ne précisent pas combien de temps cela va prendre et le volume d’eau qu’ils vont pomper. Ils ne veulent que ma signature." Sa secrétaire générale, Mme Nonkouni Louise, est encore plus amère : "C’est quand ils ont besoin de cette autorisation que nous pouvons les voir. Une fois qu’ils l’ont, c’est fini, il faut attendre qu’ils aient encore besoin d’une autre autorisation pour les revoir. Ils sont toujours injoignables ou occupés quand on veut les rencontrer.", soutient-elle. Le maire avait promis que si la société ne donnait pas les précisions sur la quantité d’eau et le nombre de jours, il n’allait pas signer l’autorisation. A la date du démarrage du pompage le 25 janvier, ces précisions étaient toujours attendues à la mairie. Selon toute vraisemblance, l’autorisation n’aurait pas été signée avant la mise en marche du groupe électrogène. Le maire était absent quand les populations ont entendu avec stupeur, le bruit de la machine, signe du pompage de l’eau. Le maire a-t-il fait signer par procuration l’autorisation ?

La SG sortante (la décision de son affectation est intervenue en fin janvier) affirme ne pas avoir vu cette procuration. Le maire que nous avions rencontré avant le début du pompage nous disait son impuissance devant la société : "Même si je ne signe pas, elle [SOMITA] va pomper l’eau quand elle veut et la quantité qu’elle souhaite. Elle nous a toujours fait savoir que ce n’est pas nous qui décidons. Elle a l’autorisation en haut lieu."
Soumises à la pression des populations, les autorités communales ne savent pas quoi faire. Pendant la saison des pluies, les agriculteurs se plaignent également parce que la mine capte l’eau de la crue du barrage qui se déversait dans leurs champs.

Cela aurait contribué à leurs mauvaises récoltes ces dernières années. En saison sèche, ce sont les maraichers et les éleveurs qui crient leur désapprobation. Les femmes vendeuses de tomates et d’oignons se plaignent également. Le sac d’oignon de 50kg qui coûtait 3500f Cfa est passé à plus de 10 000 f CFA au marché de Yalgo. "On a parlé se fatiguer, les autorités ne nous aident pas. C’est le gouvernement qui nous a liés poings et pieds donner à la société. C’est lui qui nous a vendu. Il aurait pu au moins augmenter la capacité du barrage pour nous permettre de mener à terme notre petite irrigation", fulmine un producteur. D’autres se souviennent de ce qu’un expatrié leur avait conseillé : "Le Blanc qui nous a aidé à faire le périmètre nous avait pourtant prévenu. Il nous avait dit de ne jamais accepter que la société minière installe son groupe électrogène pour tirer l’eau car le travail des mines consomme beaucoup d’eau. Il avait raison, on voit maintenant.".

Par Idrissa Barry


Un séisme appelé Somita

"J’étais en train de monter une table à accoucher avec d’autres personnes quand des morceaux de peinture du mur tombaient tout juste à côté de nous. Plus grave, des fissures sont apparues par la suite sur les côtés de la salle.", témoigne l’infirmier chef de poste du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Taparko. C’était le 1er juin 2009. Il n’est pas le seul à déplorer ces fissures. Au niveau de l’école, des salles de classes et les maisons des enseignants sont également touchées.

La société minière nie toute responsabilité, pendant ce temps, les populations vivent dans la hantise, comme ici dans cette salle de classe

Dans Bori, le quartier nord du village, presque toutes les maisons sont atteintes par ce que les populations ont appelé le séisme, le tremblement de terre de Taparko. Des fissures béantes fendent les côtés des bâtisses. Dans le village, tout le monde a une idée sur l’origine de ces fissures. C’est la société minière qui est mise en cause. Elle recourt souvent à la technique de tirs communément appelée dynamitages pour briser les roches. Elle est pratiquée rarement, mais quand cela arrive, les habitants du village affirment ressentir les secousses chez eux. Surtout les maisons du quartier proche de la mine. Le dernier tir qui a fait du bruit date de juin passé. L’infirmier chef de poste du CSPS a adressé une lettre de protestation à la direction de la société minière.

Celle-ci a envoyé ses agents constater les dégâts. Un expert interne a fait des analyses et a conclu qu’il n’y a pas de cause à effet entre les tirs réalisés par la mine et les fissures apparues sur les maisons. En clair, la société n’est en rien responsable de la situation. Elle met plutôt en cause la construction des maisons. Pour Sayouba Savadogo, chef du service Environnement de la société minière, les gens construisent mal leurs maisons. Elles sont sans fondement solide. "Ils posent directement les briques en banco comme fondement", déclare-t-il. C’est cela qui expliquerait toutes les fissures constatées. La société affirme détenir des cassettes de film de ces maisons avant les tirs. "Nous avons tenu à faire ces vidéos car on était conscient qu’un jour, le problème allait se poser. Si vous voyez les images, vous allez comprendre que les maisons étaient déjà défaillantes", assure M. Ouédraogo. Pour les victimes, ce discours des responsables de la mine est tout simplement révoltant.

Selon le conseiller du village, Makido Torodo, les fissures constatées ces dernières années sont sans commune mesure avec celles d’avant. "Depuis toujours, nous construisons nos maisons avec du banco, mais elles tenaient longtemps", note-il. Ne se sentant pas responsable des dégâts, la société exclut toute éventualité de procéder à la réparation des maisons endommagées. Pourtant, il semble qu’avant les tirs, elle charge des gens dans le village pour alerter les habitants pour qu’ils prennent des précautions nécessaires. "Nous n’avons jamais été avertis par ces gens. Nous constatons seulement les dégâts", déclare le directeur de l’école, Noël Somé. C’est l’inquiétude qui prédomine à l’école. On ne sait pas à quel moment le danger peut arriver, avec les centaines d’élèves qui sont dans des salles déjà fissurées.

Idrissa Barry

L’Événement

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Vos commentaires

  • Le 18 février 2010 à 06:18 En réponse à : Mine de Tarpako : Comment l’or a changé la vie du village…en mal

    C’est encore et encore le même problème. Je connais bien cette localité et je suis triste de voir que des industriels se sont emparée pour leur intérêt. Ils s’en foute pas mal des habitants ni moins des conséquences après l’exploitation. Pas d’école ni de CSPS ni même de barrage pour ces villageois alors que des milliards de dollars d’or quittent ces lieux devant eux. Ça me rappel au Canada les indiens avec une compagnie d’électricité de la place qui voulait creuser un barrage sur leur territoire. comme les gens connaissent comment ça marche, ils ont imposé une très grande subvention aux habitants de la localité avant la mise en place du barrage. C’est grave comme l’Afrique est pillé devant nous.À la fin, ils vont ramasser leur machine et laisser le village qui va sans doute perdre ses racines, sa culture et loin de là un faut niveau de vie sans suite.
    Je rêve être capable de dire quelque chose pour aider mes parents.

    • Le 19 février 2010 à 10:58 En réponse à : Mine de Tarpako : Comment l’or a changé la vie du village…en mal

      Je suis vraiment meurtri de voir que les plus autorités de ce pays ne font pas assez d’effort pour prendre des mesures aux plans social, économique et éducatif pour ces populations qui subissent les conséquences de l’exploitation des mines. Je crois que ces mesures doivent inclure obligatoirement et sans conditions la prise en charge effective des conséquences qu’auront engendré la sur-exploitation de ces mines par leurs exploitants. SVP, Excellence M. Le Président du Faso, agissez encore une fois de plus (comme vous le faites toujours) pour montrer que vous vous préoccupez de la vie de ces concitoyens que vous aimez tant !!

  • Le 18 février 2010 à 09:13, par fantom En réponse à : Mine de Tarpako : Comment l’or a changé la vie du village…en mal

    C’est vraiment révoltant. Vivement que nos autorités prennent les dispositions nécessaires pour le bien-être de ces populations.

  • Le 18 février 2010 à 11:10, par lilboudo En réponse à : Mine de Tarpako : Comment l’or a changé la vie du village…en mal

    Témoignagne édifiant ! Merci pour le reportage. Ceci nous amène à nous poser les questions sur l’opportunité des mines et leur impact à sortir les populations de la pauvreté et du sous-développement. Faut il strictement une exploitation indusrielle, et comment s’assurer que les villages réculés en profitent en récompensent de leurs champs extorpis ? Faut il autoriser (permettre, en réalité) les petits exploitants, et quelles règles mettrent en place pour les encadrer ? Quelle synthèse entre vie locale et exploitation minière ?
    Merci aux responsables de se pencher sur ces questions.

  • Le 18 février 2010 à 14:11 En réponse à : Mine de Tarpako : Comment l’or a changé la vie du village…en mal

    Normalement, il y a un cahier de charge qui impose certaines normes pendant toute exploitation minière. Dans ce cahier de charge il est normalement indiqué le seuil de vibration à ne pas dépasser pendant les tirs. Mais est-ce que le ministère en charge des mines avec son personnel actuel est à même de contrôler cela (le nombre est très insuffisant et ce n’est pas sur qu’on aie un spécialiste en la matière). Est-ce qu’il y a une volonté politique réelle (ou la conscience politique) de nos dirigeants de faire respecter les normes ?

  • Le 18 février 2010 à 17:54 En réponse à : Mine de Tarpako : Comment l’or a changé la vie du village…en mal

    Il faut savoir que la corruption est la pire enemi de notre développement. les o=inspecteurs s’ils sont influencés par n’importe quelle situation ne feront pas bien leur travail et c’est la population qui paye les peaux cassées. Sinon il doit y avoir un minium de garantie et de sécurité pour les villageois. Mon œil développement durable avec de colloques et des séminaires par ci par là. Ce village doit profiter pleinement de ce site pour se développer durablement c’est ça le congre.
    Vive la transparence

  • Le 18 février 2010 à 19:01 En réponse à : Mine de Tarpako : Comment l’or a changé la vie du village…en mal

    Très belle enquête, et elle marque le manque de suivi des projets par nos autorités. en effet, il y a le Ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie qui devait suivre l’évolution de ces activités minières et les retombées socio-économiques pour la localité et ses environs. Pour la question de l’eau par exemple, elle devait se faire en tenant compte qu’il y a des maraichers qui vivent de leur activité. SOMITA se devait même de les aider à bien organiser leur exploitation. Dans les localités où il y a exploitation minière, que la société pense à améliorer les conditions de vie des populations (école, centre de santé, activité génératrice de revenus etc.)institution financière pour garder l’argent et le transfert. Si les filles de la localité gagnent difficilement leur vie, elles irons voir les ouvriers et voilà les GND (Grossesse Non Désiré), les MST, les dislocations familiales etc

  • Le 19 février 2010 à 17:01, par mimi En réponse à : Mine de Tarpako : Comment l’or a changé la vie du village…en mal

    remarquable article mon frère ! j’espère qu’ un tel article fera reagir les autorités et les ONG de defense de l’environnement et des droits de l’Homme ! une chose est de mener des activités industrielles une autre est d’empoisonner la vie de ces vaillants et honnorables villageois en ne prenant pas en compte leur besoins essentiels et pire en refuser d’admettre le prejudice qu’ils subissent ! je pense qu’un comité de gestion villageois en charge de cette question doit voir le jour et devra prendre attache avec qui de droit et avec à l’appui une grande visibilité médiatique des demarches entreprises par ce comité. Alors chères ONG venez en aide à cette population villageoise qui ne sait certainement plus à quel saint se vouer ! vos marques et partez !

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