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Gouvernement Doré : Plus de temps à perdre

Publié le mercredi 17 février 2010 à 01h42min

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Ce n’est pas trop tôt. Après la signature de l’accord de sortie de crise voilà un mois, le pays de Sékou Touré s’est enfin doté d’un gouvernement de transition. Mission : restaurer l’autorité de l’Etat et mener la Guinée à l’élection présidentielle en juin prochain. Cette nouvelle situation a été vivement saluée hier mardi par la France qui a aussitôt annoncé la reprise de sa coopération civile et militaire avec Conakry.

La formation, lundi après plusieurs semaines de tractations, de l’équipe gouvernementale, forte de 34 membres dont 6 militaires, dans certains milieux, a été bien accueillie mais n’a véritablement pas emballé grand monde. Les principaux leaders de l’opposition guinéenne se sont gardés de tout commentaire sur la mise en place du nouveau gouvernement. A Ouagadougou, l’accord de sortie de crise signé le 15 janvier dernier dispose que les responsables de la transition ne peuvent pas se présenter à la présidentielle, d’où leur absence du gouvernement.

On s’accorde cependant à dire que l’équipe du Premier ministre de transition, Jean-Marie Doré, est plus ou moins acceptable. Ce sentiment est bien partagé à Conakry par une majorité de l’opinion publique, qui soutient d’ailleurs que les opposants se doivent d’appuyer la nouvelle équipe gouvernementale pour qu’elle réussisse à conduire rapidement la classe politique guinéenne aux élections.

Certaines tendances trouvent que le choix de monsieur Doré est judicieux. Dans ce nouveau gouvernement, le général Mamadouba Toto Camara, membre de la junte au pouvoir depuis le coup d’Etat du 23 décembre 2008, reste au département en charge de la Sécurité et de la Protection civile. Le colonel Siba Lohalamou, considéré comme un proche du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, conserve également son poste de ministre de la Justice.

Idem pour le ministre des Mines, Mahmoud Thiam, homme de main des militaires, confirmé à ce poste stratégique. Le ministère de l’Administration du territoire et des Affaires politiques, cheville ouvrière de l’organisation des prochaines élections, celui de la Décentralisation et du Développement local, ainsi que le département des Affaires étrangères et de la Francophonie reviennent à des proches du chef du gouvernement. Le général Sékouba Konaté, président de la transition et chef de la junte par intérim, a placé ses hommes à la Sécurité, aux Transports, à l’Agriculture, à l’Energie et à la Pêche.

Tout le mérite est donc pour Jean-Marie Doré, le Premier ministre, qui a réussi à mettre en place son gouvernement dans des délais raisonnables. Ce n’était pas du tout évident, car qui connaît la situation en Guinée sait bien qu’il marchait sur des œufs. Le gouvernement enfin formé, l’heure est maintenant au travail. Il n’y a plus de temps à perdre. Le compte à rebours vers la présidentielle a inexorablement commencé, et les différents candidats à la présidence guinéenne sont sur l’expectative, l’échéance de juin n’étant pas loin.

Là se jouent aussi la crédibilité et la bonne foi des premiers responsables de la transition. La Guinée n’ayant pas une expérience en matière d’organisation d’élections, cinq mois suffiront-ils réellement pour préparer et tenir un scrutin crédible ? La question est posée, et le général Konaté et ses amis de la transition ont la lourde tâche de réussir à relever le défi. Le monde les regarde et ils n’ont pas le droit de faillir. La Guinée et les Guinéens ont tant souffert que le moment est venu pour eux d’avoir du répit.

L’équipe de la transition pourrait toutefois être aidée par la réalité du terrain. Le suffrage se déroule dans des conditions en principe favorables et équitables pour tout le monde. La consultation est ouverte. Il n’y a pas de président sortant pour organiser la présidentielle et ne pas la perdre. Donc, pas de fraudes à priori. Juin, c’est déjà demain, et la Guinée et son peuple attendent de renouer avec la paix, condition sine qua non d’un développement durable et véritable qui mettra enfin un terme à plusieurs années de brimades, de haine et de meurtrissures diverses.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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