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France / Mali : L’ordonnance du Dr Kouchner est difficile à honorer

Publié le mardi 16 février 2010 à 01h12min

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Samedi dernier, Bernard Kouchner était au Mali pour réclamer la libération de terroristes d’Al-qaeda Maghreb qui y sont emprisonnés. Il est trop gentil ? Bien sûr que oui, puisque French Doctor ne réclame pas grand-chose en échange ; si ce n’est tout simplement l’élargissement d’un des ses compatriotes, Pierre Camatte, qui a été enlevé par des autochtones et cédé (ou vendu) à Al-Qaïda au nord du Mali.

Le hic est qu’il se trouve entre les mains aux doigts très crochus du très gentil émir Abou Zeid, réputé plus expéditif et plus exigeant avec ses proies, comparativement à ses compagnons d’arme algériens.

Il est toujours à la hauteur de ses péchés, cet Abou Zeid-là, qui menace d’envoyer ad-patres le Français, si les vœux de son organisation, notamment l’élargissement de ses amis embastillés au Mali, ne sont pas exaucés d’ici le 20 février 2010.

Que vaut d’ailleurs la mise en liberté de quelques illuminés contre celle d’un Français ? Un tout petit sacrifice venant du pays d’ATT (Ahmadou Toumani Touré, le président malien) et qui n’est certainement pas grand-chose pour le ministre des Affaires étrangères du pays de Molière.

Si les Anglais n’ont pu sauver leur compatriote, Edwin Dyer, décapité par des terroristes d’Al-Qaïda qui exigeaient de leur côté l’élargissement d’un religieux radical, Abu Qatada, détenu en Grande-Bretagne, c’est qu’ils ne sont pas bien rompus à la chose diplomatique.

Malheureusement, les Maliens n’étant pas commodes, Bernard Kouchner et le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, sont repartis bredouilles pour Paris. Le Niet des autorités du pays hôte a été catégorique, et la Djatiguiya, cette fameuse loi de l’hospitalité depuis Soundjata Kéita, cet empereur qui a marqué le Manding, en a pris un sérieux coup.

Et c’est dommage. Et pourtant, l’exercice ne devrait pas être difficile : les Maliens libèrent les prisonniers encombrants, et Camatte est relâché sur le champ. Les premiers s’éparpilleront comme des cabris dans la nature.

Les échanges de bons procédés n’ayant jamais fait changer de vocation aux terroristes, ils pourront reprendre du service et auront l’opportunité de s’attaquer à d’autres personnes, pour, soit prendre leurs biens, soit réclamer une rançon, soit encore exiger la libération d’un des leurs.

Mais pour Bernard Kouchner, c’est certainement des dégâts collatéraux. Et pourtant, en de pareilles situations, la France a toujours clamé de ne pas répondre à ce genre de chantage. Mais ne dit-on pas que seuls les imbéciles ne changent pas ?

Au Mali, une fois la transaction faite, l’otage français, Kouchner et Guéant seront loin et la France tiendra toujours ses promesses et ne sera pas rancunière. La preuve, pendant les négociations pour l’extradition des membres de l’association Arche de Zoé, il était prévu qu’ils purgeraient leurs peines en France, mais une fois sur place, ils ont rejoint leurs chaumières.

Voilà certainement la logique dans laquelle la France voulait mener le Mali. Et dans ce deal, cette dernière pourrait se mettre à dos son puissant voisin, l’Algérie, qui lui reproche d’ailleurs une certaine mollesse dans la lutte contre Al-Qaeda, la Grande-Bretagne et même les Américains.

Mais Sarkozy et Cie n’en ont cure, puisque l’on ne peut faire des omelettes sans casser des œufs, et les remerciements éternels de la France valent leur pesant d’or. Visiblement, les Maliens n’en on pas voulu, et Bernard Kouchner est reparti tout triste. Quelle ingratitude de la part d’une ancienne colonie !

C’est dommage pour cet aimable docteur gastro-entérologue, cofondateur de Médecin sans frontières (MSF) et apprécié des peuples besogneux souvent victimes de cataclysmes naturels. Dans sa mission infructueuse chez notre voisin, il était d’ailleurs bien dans son rôle, parce que parti en escapade humanitaire pour sauver une vie.

Comme au bon vieux temps où il arrivait dans un pays en crise, sortait du bateau avec un sac de riz sur le dos et le stéthoscope vissé dans les oreilles. "C’est ça qui m’intéresse. Bernard n’est sûrement pas un mec qui revient à six heures et demie du soir avec sa petite serviette.

Je n’ai pas choisi ce genre de vie et je n’ai pas choisi ce genre d’homme", avait dit de lui sa compagne Christine Ockrent. Alors après de si longs et loyaux services, pourquoi tant de méchanceté à son égard ?

Qu’elles aillent se faire cuire un œuf, les méchantes langues qui arguent que les précédentes négociations dans ce milieu n’ont jamais donné de résultats tangibles, si ce n’est encourager les ravisseurs à plus de revendications et plus de violence.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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