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Enfants victimes de viol au Burkina : Souffrances cachées, vies affectées

Publié le lundi 15 février 2010 à 00h44min

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Des violences faites aux enfants, il en existe de toutes sortes. La plus pernicieuse, mais souvent sournoise, la pire de toutes, c’est le viol. Au Burkina Faso, comme partout ailleurs dans le monde, chaque jour, des enfants en sont victimes, les actes de pédophilie tendant à se banaliser. Des actes qui ont de profondes répercussions à court et long terme sur la santé physique, le développement psychologique, le bien-être tout court de l’enfant victime. Pendant un mois, nous nous sommes plongés dans un univers fait de douleurs, de peurs, de pleurs, de souffrances et de reconstruction. Nous avons tenté de comprendre un phénomène, de voir ses tenants et aboutissants mais surtout d’appréhender ce qui est fait pour corriger ses méfaits et pourquoi pas l’empêcher de continuer de sévir.

Quoiqu’aux conséquences dramatiques, sournoise, la violence sexuelle faite aux mômes se nourrit du silence des victimes. Un silence radio qui n’est pas pour faciliter la lutte contre un fléau qui mine la société. Sa force, il agit partout. Il peut surprendre l’enfant dans chaque coin de la rue, dans son école. Pire, il peut-être tapi près du môme, dans sa propre demeure, dans son propre lit. C’est un mal sans visage. Il peut porter celui du voisin aujourd’hui, demain, c’est celui du frère, du cousin, du père, de l’oncle, ou du parfait inconnu rencontré au mauvais moment et au mauvais endroit. Tel donc un feu de brousse, il consume les victimes. Il les dévaste aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de leur être. « Si tu n’as pas été violée, tu ne peux pas comprendre la douleur que je vis, tu ne peux pas imaginer l’horreur que j’ai vécue ce soir-là ». Cette phrase est de A S, jeune fille de 19 ans violée, le 13 mai 2005, quand elle en avait 16. Un jour du mois d’août 2005 également, il est 21h, il pleut sur la ville de Sya. La plupart des Bobolais sont à l’abri dans leur demeure.

C’est en ce moment que six jeunes gens, âgés de 18 à 25 ans, ont choisi de mettre à exécution un dessein macabre sur la personne de H une élève en classe de 5ème. Leur plan, faire sortir la jeune fille de 14 ans de la cour parentale par l’intermédiaire de sa copine. Sa tante, sa tutrice, était au chevet de sa sœur malade à l’hôpital Sanou Souro. « Quand elle est sortie, un des jeunes l’a menacée avec un couteau et ils l’ont traînée dans une bâtisse en abandon. A eux six, ils sont passés tour à tour sur elle. C’est toute en sang qu’elle a été amenée à l’hôpital », nous a confié la tante de H qui, malgré le temps, n’a pas oublié une seule image de sa nièce quand celle-ci a été amenée aux urgences de l’hôpital. H venait d’être, ce soir-là, violée. Ceux qui ont commis cet acte sont des voisins de quartier. Ils ont été condamnés par la justice. Aujourd’hui, ils jouissent d’une liberté provisoire. Huit mois avant, c’était une petite de 12 ans qui avait vécu le même calvaire. Alors qu’elle aidait sa mère dans un foyer aux abords du marché de Bobo à vendre sa bouillie, elle eut envie de se soulager. Quand elle s’est rendue dans les toilettes du foyer, elle était loin d’imaginer que son innocence allait être bafouée.

Elle y croisa un homme qui pourrait être son grand-père. Il avait 50 ans. Il abusa d’elle. Ces exemples ne sont qu’une illustration de la longue liste d’enfants qui vivent au quotidien une douleur sans nom. Elles, comme tous les autres garderont, à vie, les stigmates de cette violence. Des violences qui sont devenues quasi quotidiennes et qui inquiètent les services sociaux. « Les violences sexuelles faites aux enfants ces dernières années dans la ville de Sya nous inquiètent. Ça nous inquiète parce que la plupart du temps les agresseurs ne sont pas retrouvés. Si on les retrouve, l’action judiciaire est difficile à enclencher du fait des pesanteurs socioculturelles, des interventions. A cela, il faut ajouter le fait que les victimes n’ont pas aussi le réflexe de s’adresser aux services compétents en cas de survenus du viol. Si fait que c’est souvent des jours, voire des mois après que nous sommes saisis et en ce moment il est difficile d’établir les preuves. Le pire, c’est que les violences frappent dans la plupart des cas, des enfants issus de familles démunies. Ce qui complique davantage les choses (prise en charge des frais médicaux, et de justice, etc.) souligne M. Magloire PALM de la direction provinciale de l’Action sociale.

La guérison physique, le début du processus

L’enfant victime de violences sexuelles vit deux traumatismes. Il y a d’abord les traumatismes physiques causés par la violence de l’acte sexuel sur les organes génitaux de la victime, et les traumatismes psychologiques, qui sont des blessures morales et mentales. « Sur le plan physique, l’enfant étant à ses premiers âges de développement physique, le traumatisme physique sera encore plus important. » Affirme le Dr Ernest DA. Pour le spécialiste, « un enfant qui a été violé et qui dans l’heure qui suit, est amené dans un centre de santé, donne beaucoup plus de chance au médecin d’avoir, après les examens, des cellules en terme de spermatozoïdes, qu’un enfant qui est victime de viol et que l’on examinera une semaine après. C’est pourquoi, nous recommandons l’examen à chaud. L’examen à chaud est fondamental parce qu’il permet sur le plan biologique, d’avoir des éléments d’informations à même de confondre éventuellement l’agresseur s’il est appréhendé ».

Les enfants victimes de viol courent entre autres risques, les grossesses, les maladies sexuellement transmissibles, des infections comme le VIH, et des germes comme le gonocoque, la syphilis, etc. Il y a d’autres infections comme les infections urinaires fréquentes, des difficultés à marcher ou à s’asseoir, des déchirures, des démangeaisons, des éruptions, des tuméfactions ou des inflammations dans la région génitale/anale, des infections à levures fréquentes. Le viol peut se terminer également par une grossesse. A coup sûr il y aura des complications. Ainsi, en cas de grossesse, les spécialistes préconisent pour le bien de la môme, un avortement thérapeutique, ou une césarienne au cas où les parents refusent la première option. Mais le pire est ailleurs. « Le cas le plus grave que j’ai pu rencontrer, soutient le Dr Ernest DA, c’est celui d’une fille de 14 ans qui a été violée. Après, les différents examens ont révélé que la pauvre petite était infectée par le VIH. Le drame dans tout ça c’est qu’au niveau de la justice on a refusé, vide juridique oblige, que l’agresseur subisse un test VIH pour qu’on sache si l’infection de la petite vient de lui ou pas ! On nous a dit tout simplement qu’aucun texte ne le prévoit.

C’est traumatisant, parce que les blessures physiques se soignent assez rapidement. Mais celles psychologiques doublées de cette infection à VIH, c’est plus compliqué car c’est la chronicité et cette fillette est condamnée. Mon souhait est qu’on parvienne à prévoir des textes, pour condamner de façon sévère ceux qui abusent des enfants et surtout voir le problème du vide juridique qui n’arrange pas du tout les victimes en cas d’infection. » Pour affirmer qu’il y a eu viol, il faut donc s’intéresser à l’enfant, à la famille ou les sonder pour avoir des informations. Puis viennent par la suite les examens. Mais tout cela n’est que le début du processus de guérison et de la reconstruction. Car, les violences sexuelles sont rarement dévoilées au moment de leur commission. Selon les spécialistes, généralement, la victime ne révèle les faits que plusieurs mois, voire plusieurs années plus tard. Souvent même, le silence n’est brisé qu’à l’adolescence ou à l’âge adulte. Et dans près de 60% des cas, les enfants manifestent leur souffrance par le biais de signes somatiques, comportementaux et psychologiques qui peuvent s’associer ou se succéder dans le temps.

En parler à quelqu’un, le début du soulagement

Si les blessures physiques se soignent facilement, tel n’est pas le cas de celles morales et psychologiques. Le traumatisme moral et psychologique peut avoir des « effets dormants » et surgir soudainement, notamment à la faveur d’événements personnels ou familiaux (premiers émois amoureux, premières relations sexuelles, mariage, naissance, reportage télévisé, rêve, querelle et séparation familiale, etc.). « L’enfant victime de violences sexuelles développe ce qu’on appelle les traumatismes silencieux comme la dévalorisation de l’image de soi. Son corps étant souillé, il se dissocie de celui-ci et le chosifie, ce qui se traduit par un manque de confiance en soi, entraînant des maux comme l’énurésie, l’anorexie, la boulimie, etc. Il est sujet à des sentiments de culpabilité très fort avec des douleurs morales, des crises d’angoisse, etc. ».

Affirme le psychologue Adama SANFO. La victime dénonce plus facilement la maltraitance sexuelle si une autre victime signale une violence similaire commise par le même auteur, ou si l’agresseur est étranger au cercle familial, ou si on lui pose des questions directes au sujet d’agressions possibles. Pour que le traumatisme soit décelé donc, il faut que l’entourage de l’enfant le suspecte et puisse en reconnaître les manifestations. « Ce qu’il faut surtout c’est que la victime puisse franchir la difficile étape qui est celle d’en parler. La plupart des cas qui nous arrivent sont l’action des parents, ou des services de santé. » Soutient M. Magloire PALM. Ce qui n’est pas une mince affaire. « Il est plus facile de soigner les blessures physiques que celles psychologiques. C’est un long processus qui nécessite une ouverture de la victime. Et ce n’est pas évident ». Affirme Adama CONSIMBO, psychologue à l’Association Solidarité Jeunes (ASJ), structure qui appuie l’Action sociale dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants. La crédibilité des déclarations de l’enfant sur les violences est parfois mise en doute par la famille et même par certains professionnels.

Pourtant, selon les spécialistes, les allégations mensongères sont extrêmement rares. « Certains enfants rétractent même des révélations véridiques lorsqu’ils ne se sentent pas soutenus, écoutés ou compris. En tout état de cause, les enfants taisent, voire dénient, plus fréquemment une agression à caractère sexuel qu’ils n’avancent de fausses déclarations », dira M. CONSIMBO. Pour A D, violée en avril 2006 par 5 jeunes gens âgés de 18 à 24 ans à Bobo : « Pour avoir pu raconter ce qui m’était arrivée, à mes parents, puis à l’agent de l’action sociale, je me suis rendue compte que je n’étais pas seule et mieux, que je n’étais plus seule. J’ai été soutenue. J’ai été suivie sur le plan médical, sans que mes parents ne déboursent un centime. D’ailleurs, où allaient-ils trouver cet argent ? » Ce qui freine le dépistage précoce de ce mal ce sont les facteurs culturels, religieux, l’immaturité des victimes, l’intimidation psychologique des agresseurs, etc. Mais pour Salam, enseignant du primaire, « Ceux qui commettent des violences sexuelles sur des enfants ne savent pas le mal qu’ils font sur eux. Je pense que c’est parce que la justice ne sévit pas durement contre les agresseurs que le mal prend de l’ampleur. Aujourd’hui, vous rencontrez des gens qui parlent des enfants comme de vulgaires aliments. Certains les appellent des crudités, d’autres des « fraichenies », etc. Je pense que ce n’est pas bien ».

Continuer à vivre malgré tout

Un adage mossi dit que « l’eau qui est versée ne peut être ramassée ». Une fois le viol commis, plus jamais, la vie de la victime ne sera comme avant. Elle sera marquée à jamais, dans son corps et dans son âme. « Je souffre. Quand je marche, malgré le fait que ce soit un nombre très restreint de gens qui savent ce qui m’est arrivée, j’ai comme l’impression que tout le monde me regarde, que tout le monde sait. Je fais des cauchemars, j’ai peur quand la nuit tombe, sauf quand je suis avec quelqu’un de confiance. Aujourd’hui j’ai 19 ans, ma mère est morte sans savoir ce qui m’est arrivée. J’ai des difficultés pour sortir avec un garçon parce que dès qu’il parle de sexe, notre relation s’arrête là ». Ces propos de N B violée un soir de mai 2005, traduit toute la difficulté qu’ont les victimes à revivre comme avant. H elle, malgré ce qu’elle a vécu, a poursuivi ses études et cette année, elle a décroché son BEPC. Certainement parce qu’elle a pu en parler à quelqu’un, parce qu’elle a eu du soutien, de sa famille d’abord, et d’autres personnes également. « C’est une fierté pour nous tous de savoir qu’H a eu son BEPC, parce que pendant l’année scolaire, ce n’était pas évident. Il y a eu des moments où elle a eu des crises graves à la limite de la folie, voire du suicide.

Mais par la grâce de Dieu ça va », fait remarquer la tante d’H. Comme H, N, B etc., ils sont nombreux les enfants victimes qui sont suivis par l’Action Sociale et l’Association solidarité jeunes. « Nous essayons de leur trouver quelque chose à faire. Certaines ont été placées dans des salons de coiffure, d’autres dans des ateliers de couture. Ceux qui sont toujours à l’école bénéficient d’une prise en charge de leur scolarité, etc. Il faut donner à ses mômes un second espoir et rassurer leur famille », déclare Adama KONOMBO de l’ASJ. Ceux qui sont restés dans l’anonymat vivent donc seuls leur douleur, ou avec leur famille. Arriveront-ils à la surmonter ? Rien n’est moins sûr.
Le médecin légiste français Ambroise TARDIEU est le premier à avoir alerté ses confrères par rapport aux mauvais traitements et aux violences sexuelles infligés aux enfants. En 1867, il publie un article sur les sévices subis par 339 fillettes de moins de 11 ans, victimes de tentatives de viols ou de viols avérés. Ses travaux resteront sans effet, tant au niveau des sociétés savantes que des pouvoirs publics. Il a fallu attendre les années 70 du siècle dernier pour que s’initie une véritable prise de conscience. Néanmoins, le mal a eu le temps de prendre racine et continue de faire des ravages. Les chiffres (voire en encadré) donnent froid au dos..

Par Frédéric ILBOUDO


B N, violée à l’âge de 15 ans : « Si on les retrouve, je voudrais qu’ils me disent pourquoi ils m’ont fait ça .. »

Il est des souvenirs que nul homme ne veut revivre. Sont de ceux-là, la violence sexuelle. Alors, quand un journaliste vient à fourrer son nez dans ce qui vous est de plus intime et secret, on commence d’abord par s’enfermer. S’il insiste pour comprendre, on s’énerve. S’il persiste avec l’aide d’un proche, la confiance acquise, on s’ouvre à lui, mais avec des larmes. C’est ce que la jeune N B a fait quand nous sommes allé la rencontrer pour comprendre ce qui lui est arrivé cette nuit de mai 2005. C’était le samedi 22 août 2008 à Bobo.

N, où sont tes parents ?

N B : Je ne vis pas avec mes parents. Je vis avec mon grand-père et mon oncle. Ce sont eux qui s’occupent de moi.

Pourquoi tu ne vis pas avec tes parents ?

NB : Ils sont tous les deux décédés. Mon père est décédé quand j’avais 5ans. Ma mère, elle, nous a quitté il y a deux ans de cela. Ils nous ont laissés : quatre frères et sœurs.

Es-tu allée à l’école ?

NB : Oui j’ai fais l’école jusqu’en classe de CM1, mais j’ai dû abandonner parce que mes parents manquaient de moyens. Déjà pour nous nourrir ce n’est pas facile donc ne parlez pas de l’école.

Qu’est-ce que tu fais dans la vie alors ?

NB : Avant mon problème, j’aidais ma maman, quand elle vivait encore, dans ses petites activités. Mais aujourd’hui, je suis apprentie dans un salon de coiffure. Ça va faire bientôt trois ans que j’exerce dans ce salon grâce à l’appui de l’Association solidarité jeune et l’Action sociale. C’est eux qui m’ont aidée à avoir cet atelier d’apprentissage. Tout se passe bien et s’il plait à Dieu j’aurai mon salon à moi un jour.

Tu as dit avant ton problème ? Lequel ?

NB : (Long silence, puis elle s’attrape la tête)

Peux-tu nous parler un peu de ce problème ?

NB : (Silence puis murmure) Pourquoi vous voulez savoir même ?

Pour que ton problème n’arrive plus à une autre fille. Qu’est-ce qui s’est passé ?

NB : (Encore silence puis elle secoue la tête avant de commencer à parler) Comme je vous l’ai dit, je vis avec mon oncle et mon grand-père. Un soir de mai 2005, je suis partie rendre visite à maman qui était malade. Il faisait nuit. Vers 20h, j’ai quitté de chez ma mère pour rentrer à la maison. Sur le chemin, deux jeunes à moto sont arrivés. Ils m’ont demandé si je connaissais où se trouve la pharmacie Nieneta. J’ai dit que je n’étais pas du quartier et que je ne savais pas où se trouve cette pharmacie. (Encore un long silence) Celui qui était derrière est descendu de la moto et a commencé à marcher avec moi en insistant sur la même question. Arrivé à côté du mur de l’ENSP (Ecole nationale de Santé publique), il a sorti un couteau, il m’a attrapée par le cou et m’a menacée que si je criais il allait me poignarder. Quelques instants après, son ami est venu le rejoindre. Ils ont commencé à me toucher les seins, à soulever ma jupe…. (Des larmes ont commencé à couler sur son visage).

C’est dur mais continue s’il te plait. Alors ?

NB : je me débattais, mais ils étaient plus forts que moi. Ils m’ont maintenu la bouche fermée pour que je ne puisse pas crier. Ils m’ont couché sur le dos et celui qui tenait le couteau a arraché mon dessous. Son ami m’a écarté les jambes. Et il a commencé. Quand il a fini, son ami a pris sa place. (Soupir)

Ont-ils mis des préservatifs ?

NB : je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que celui qui avait le couteau en tenait un, mais l’a-il utilisé ou pas je ne saurais vous le dire. Quand ils ont fini, ils ont démarré leur moto et ils ont fui. J’ai crié de toute mon âme, un passant s’est arrêté, mais c’était trop tard, ils avaient disparu. Je suis rentrée à la maison et je n’ai rien dit. Le lendemain j’avais mal au bas-ventre, j’avais des difficultés pour marcher. Mon oncle m’a demandé ce qu’il y avait. J’ai rien pu lui dire. C’est sur insistance de ma sœur que j’ai raconté ce qui s’était passé. Toute en larme, elle m’a raconté qu’elle avait subi, il y a quelques années, la même chose que moi. Elle m’a amenée à la direction provinciale de l’Action sociale. Là-bas, j’ai été écoutée, puis on m’a amenée chez un médecin. J’ai fait des examens, notamment le dépistage. Jusqu’aujourd’hui, ceux qui m’ont fait ça, ceux qui m’ont volé ma dignité de femme courent toujours. Ils ne s’inquiètent peut-être pas de ce que je suis devenue. Mais grâce à Dieu et aux bonnes volontés, je vis. Mais peut-on appeler ça vivre ?

Si on arrêtait un jour tes agresseurs, veux-tu les voir ? Leur parler ?

NB : Si jamais un jour on arrêtait ces gens-là, j’ai une seule question à leur poser. Pourquoi ils m’ont fait ça ?

Avec du recul, comment tu vis aujourd’hui ?

NB : Je souffre. Quand je marche, malgré le fait que ce soit un nombre très restreint de gens qui savent ce qui m’est arrivé, j’ai comme l’impression que tout le monde me regarde, que tout le monde sait. Je fais des cauchemars, j’ai peur quand la nuit tombe, sauf quand je suis avec quelqu’un de confiance. Aujourd’hui j’ai 19 ans, ma mère est morte sans savoir ce qui m’est arrivé. J’ai des difficultés à sortir avec un garçon parce que dès qu’il parle de sexe, notre relation s’arrête là. J’ai un copain qui me comprend actuellement. Il me soutient, il m’aide beaucoup, mais je ne sais pas s’il tiendra le coup avec moi. Je ne sais pas jusqu’à quand il me supportera. Il y a des jours, au salon, ma patronne me surprend en train de pleurer. Elle me questionne mais je ne peux rien lui dire. Aucun de ceux avec qui je travaille n’est au courant de ce que j’ai vécu. Je vie avec l’espoir qu’un jour on arrête mes agresseurs. C’est ce que je souhaite en tout cas.o

Par Frédéric ILBOUDO


Me Fatoumata BARRO, avocat : « Les réparations juridiques procurent à la victime une certaine paix et un sentiment de justice rendue »

Ici comme ailleurs, les avocats ne se bousculent pas pour les dossiers de viols. Affaires délicates mais assimilées aux faits divers n’emballant pas, les cas de viols portés devant les tribunaux semblent rebuter les défenseurs de la veuve et de l’orphelin qui n’y trouvent pas leur compte. Heureusement que certains s’en sont fait un sacerdoce, ouvrant le feu sur les bourreaux de telles vilenies. Font partie des avocats déterminés dans cette lutte, Me Fatoumata BARRO, avocat installée à Bobo. Avec elle, nous avons voulu connaître l’état de la législation nationale dans les cas de violences sexuelles faites aux enfants, l’importance des réparations juridiques des enfants victimes, les obstacles des procédures, etc.

Le code pénal définit le viol comme l’acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, ou surprise.

Il est réprimé par l’article 417 qui punit l’agresseur d’un emprisonnement de cinq à dix ans. Quoique la loi ne fasse pas de différence sur la qualité de la victime, elle a des dispositions qui protègent l’enfant. Pour la praticienne du droit, Me BARRO, « ces textes sont épars en ce qui concerne la prévention, la protection, la prise en charge et la réhabilitation juridique des enfants … » ce qui implique qu’il faille chercher dans plusieurs recueils de textes de lois pour forger sa ligne de défense.
Demblée, le premier écueil qui se présente dans la défense d’un dossier traitant d’un cas de violence faite à un enfant, c’est la qualification même de l’enfance. Qui est enfant selon la loi au Burkina Faso ? « Il y a des disparités dans les textes. Au civil, est enfant tout Burkinabè de moins de 20 ans, alors qu’au pénal, la majorité est de 18 ans. Première disparité. L’autre disparité, c’est celle constatée au plan social, politique, et militaire. Toute chose qui ne favorise pas une protection uniforme de l’enfant », affirme Me BARRO. Cependant, fait-elle constater, le code pénal en ses articles 431 à 438 garantit les enfants contre l’influence néfaste de certains lieux comme les bars, les débits de boissons, etc. Les articles 380 à 382, eux, protègent les enfants des mutilations génitales féminines. L’inceste, les attentats aux mœurs et l’incitation de mineurs à la débauche sont réprimés par la loi. Là où le bât blesse, soutient Me BARRO, c’est que "les volets pris en charges et la réhabilitation ne sont malheureusement pas pris en compte par la législation burkinabè.

Les textes sus énoncés constituent la substance de la législation en matière de protection et de prévention de l’enfant contre les agressions sexuelles. Il est donc évident que des lacunes subsistent. Pire, la mondialisation et l’avènement des TIC véhiculent aujourd’hui des pratiques qui font des adeptes dans nos pays. Des pratiques qui sont hautement répréhensibles mais, qui malheureusement ne sont pas prévues et punies par nos textes. Sont de ces pratiques, la pédophilie ». Malgré les lacunes de nos lois, la réparation juridique pour les enfants victimes est nécessaire aussi bien sur le plan pénal que civil. Et Me BARRO de soutenir qu’« il est du devoir de la Société de protéger l’enfant, le mineur, et la répression des auteurs revêt une fonction éducative en sus des sanctions stricto sensu de l’acte répréhensible. Il faut que les gens comprennent qu’il n’est pas normal d’abuser d’un enfant. Les réparations civiles ou pécuniaires combinées à la réparation pénale procurent à la victime une certaine paix et un sentiment de justice rendue ».

Avec l’Association Solidarité Jeunes, Me BARRO affirme que le bilan de la lutte engagée au niveau des tribunaux est satisfaisant : « A la date du 15 juillet 2006, 34 cas d’abus sexuels et 64 d’exploitations sexuelles, soit au total 95 cas, ont été recensés et examinés. Au titre de l’année 2006, 08 cas d’abus sexuels et 19 cas d’exploitations sexuelles, soit 26 cas, sont en cours de traitement. Quand on sait que le partenariat avec l’ASJ s’est établi qu’en 2005, à Bobo, nous pensons qu’il y a des motifs de satisfaction. »
En dépit des progrès enregistrés dans la lutte, des obstacles subsistent. Ce que note l’avocat qui pense que « le problème de coût de la production de certains documents comme l’acte de naissance des victimes, leurs certificats médicaux, et les casiers judiciaires de l’agresseur, sont des équations pour les familles qui, pour la plupart, vivent dans la pauvreté ». Si à cela on ajoute le manque de moyens logistiques au niveau de la police et de la gendarmerie, on peut dire que la lutte n’est donc pas gagnée d’avance.

Par Frédéric ILBOUDO


Adama CONOMBO, psychologue à L’ASJ : « Autant il faut une prise en charge pour les enfants victimes , autant il en faut pour les agresseurs.. . »

Dans le prolongement des actions entreprises par l’UNICEF et le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale en faveur des enfants victimes de maltraitances, l’Association Solidarité Jeunes (ASJ) a fait du soutien aux enfants victimes de violences sexuelles son credo. Avec l’appui de l’UNICEF, Adama CONOMBO et ses collaborateurs tentent, autant que faire se peut, de donner une nouvelle vie aux enfants. Avec son équipe dans laquelle interviennent des avocats, des gynécologues et des psychologues, ils se battent pour redonner espoir à ces enfants, à ces jeunes et à leurs familles. Il faut le dire, sans l’intervention des premiers responsables de cette association auprès des victimes, certains témoignages que nous avons pu recueillir n’auraient pas été possibles. Nous avons approché M. CONOMBO, qui est psychologue de profession et secrétaire exécutif de l’ ASJ, pour mieux comprendre comment sa structure soigne les blessures morales des enfants et celles des familles.

On dit que la guérison physique est bien, mais celle psychologique est encore mieux. Quels sont les troubles psychologiques auxquels sont exposés les enfants victimes de viol ?

Adama CONOMBO : Dans le processus de prise en charge des enfants victimes des violences sexuelles, l’une des composantes fondamentales, c’est l’encadrement, l’accompagnement et le suivi des victimes ainsi que de leur famille. L’agression sexuelle de par ce qu’elle engendre comme angoisse, comme anxiété, comme non-dits, peut entraîner ou favoriser dans la structuration de la personnalité, l’installation d’un certain nombre de troubles psychopathologiques qui peuvent avoir des répercussions sur le devenir de l’individu. Dans l’immédiat, les troubles que peut avoir la victime sont des troubles d’angoisse, des troubles obsessionnels, qui sont des troubles liés à la désorientation spatio-temporelle, mais également ceux qui sont en lien avec l’image inconsciente du corps ou le schéma corporel ; ça c’est dans le court terme. Par exemple, certains enfants expriment par peur que leurs parties génitales soient endommagées, déclarent que leur corps est sale ou se livrent à des rituels de lavages obsessionnels.

A moyen et long terme, si ces troubles ne sont pas pris en charge cela peut favoriser l’émergence d’un certain nombre de troubles beaucoup plus sévères comme des psychoses schizophréniques, des formes de perversions sexuelles comme le transsexualisme, ou des affections névrotiques. Notamment la névrose d’angoisse. Elles peuvent favoriser dans une certaine mesure, l’installation de conduite adictive, toxicomanie, alcoolisme, tabagismes, etc. Il y a des signes qui ne trompent pas. Les enfants peuvent témoigner de connaissances sexuelles inadaptées à leur âge ou à leur degré de développement (dessins suggestifs, mots crus, gestes sexualisés, jeux sexuels précoces, etc.), manifester des préoccupations sexuelles excessives pour leur âge (curiosité soudaine portée aux parties génitales des êtres humains ou des animaux, questionnement récurrent sur la sexualité, voyeurisme, allusions répétées et inadéquates à la sexualité), se livrer à des conduites auto-érotiques prématurées, parfois compulsives (attouchements des parties génitales, masturbation excessive, y compris en public, introduction d’objets dans le vagin ou l’anus) ou adopter des conduites sexuellement provocantes et exhibitionnistes.

Certains présentent un comportement séducteur et., sexualité, érotisant leurs rapports à autrui, attribuant une connotation sexuelle injustifiée aux attitudes des adultes, voire harcelant ou agressant sexuellement des adultes ou d’autres enfants. A contrario, d’autres enfants manifestent un rejet de tout ce qui touche à la sexualité. Dans tous les cas, ces comportements doivent interpeller les adultes. Quel que soit son âge, un changement récent et massif du comportement de l’enfant doit inciter d’emblée à envisager l’éventualité d’un traumatisme (non spécifiquement sexuel). L’apparition subite de peurs incontrôlables, de pleurs, d’une tristesse, d’une énurésie, d’une encoprésie, de troubles de l’appétit (anorexie, boulimie), de troubles du sommeil (terreurs nocturnes, insomnies, cauchemars, difficultés d’endormissement, refus d’aller se coucher) ainsi que le désinvestissement d’activités significatives (conduites ludiques, scolarité) sont des signes d’alerte.

Dans ce cas, comment se fait l’approche psychologique chez l’enfant victime ?

AC : Au niveau de notre association, l’approche pour la prise en charge des enfants victimes est une démarche concertée qui se fait aussi avec l’enfant, en partant du fait qu’il a un potentiel adaptatif, qui est soutenu par des normes qui lui sont propres. C’est un être en croissance, c’est un être en devenir, qui a une réalité qui lui est propre, qui a un rythme de croissance. L’association a deux psychologues qui sont à l’écoute de ces enfants pour essayer de comprendre ce qui leur ait arrivé, afin de pouvoir amorcer le difficile travail du deuil. Mais cette démarche de réparation, de cette réhabilitation psychologique, se fait également de concert avec la famille, qui est une interface fondamentale. Comme vous le savez, la famille est le cadre, par excellence de socialisation de l’individu, c’est dans ce milieu également que l’enfant intègre les premières valeurs nécessaires à la socialisation. Les membres de la famille élargie jouent également un rôle important dans le processus d’approche, ainsi que d’autres structures relais qui accompagnent Solidarité jeunes dans cette démarche.

Et si le bourreau est un membre de la famille ou un proche ?

AC : Selon une étude que nous avons menée, il ressort que parmi les cas d’abus sexuel corroborés, les membres de la famille (parents) représentent 11,8% selon la perception des enfants, et 19,2% selon les parents. Les abus sexuels commis par des tiers autres que les parents représentent la plus grande proportion des auteurs présumés. Lorsque l’agresseur sexuel est un membre de la famille, on a à faire à un cas d’inceste, et là c’est assez difficile. L’inceste a ceci de particulier qu’il met en scène un lien imaginaire à un lien de réalité. En tant qu’intervenant, il faut avoir un recul et avoir une certaine capacité à pouvoir vous maîtriser sinon vous pouvez vous effondrer sur le plan émotionnel. Ça demande donc de la distanciation, de la maîtrise vis-à-vis de l’évènement.

Ce que l’on envisage dans ce cas de figure, c’est le placement de l’enfant chez un tiers de la famille plus structurée ou dans une structure d’accueil. Ça c’est au cas où la famille s’avère défaillante dans sa fonction de protection. A la suite de quoi, un travail de fond sera fait et avec l’enfant et avec la famille, pour leur permettre de pouvoir se restructurer, sur le plan psychologique. Parce qu’il ne sert à rien de travailler pour réinsérer un enfant dans un milieu pathogène. Il y a un travail que l’équipe met en place pour aider non seulement l’enfant, mais aussi la famille à pouvoir amorcer une certaine forme d’équilibre psychique, mais également social de sorte à ce que l’enfant soit accepté. Dans les situations d’inceste, ce qui est intéressant, c’est que, la situation imaginaire, fantasmatique, devient une situation de réalité. C’est-à-dire qu’un parent peut-être remplacé par un enfant et si le fantasme devient une réalité, c’est difficile pour l’enfant, et cela au regard de son immaturité psychique, à son manque de maîtrise pulsionnelle de pouvoir comprendre ce qui est lié à ces scènes-là. C’est un travail d’accompagnement qui demande beaucoup de patience de la part de l’équipe ce que nous arrivons à faire correctement.

Après l’approche, s’amorce le processus de rétablissement, quelles sont les différentes étapes à franchir par les victimes pour recouvrer la paix de l’âme ?

AC : Pour recouvrer la santé mentale, c’est tout un processus chez les enfants victimes d’agressions sexuelles. Le processus de rétablissement est unique pour chaque personne. Cependant, il existe dans la plupart des cas des similitudes. Les victimes ou les survivants, c’est selon, peuvent passer par plusieurs étapes au cours de leur rétablissement qui sont entre autres : le déni, il n’est pas rare que les personnes soient incapables de dépasser cette étape pendant plusieurs années après la fin des manifestations physiques de l’abus. De nombreux survivants acquièrent des dépendances ou adoptent des comportements compulsifs pour tenter de masquer les sentiments et les émotions liés à l’abus sexuel dans l’enfance. Il y a la prise de conscience confuse où, les victimes commencent à reconnaître le lien entre leur traumatisme passé et leurs problèmes actuels, ce qui peut provoquer de l’anxiété, de la panique et de la peur. Passé cette étape, vient l’ouverture aux autres, étape pendant laquelle, les victimes peuvent se trouver dans une situation où il est plus douloureux de garder le silence que de courir le risque de s’ouvrir. Outre ces étapes on peut également parler de la colère, de la dépression et du regroupement qui sont des étapes tout aussi importantes, mais qu’il sera fastidieux de définir ici. L’étape ultime reste celle appelée, aller de l’avant, où les pensées des survivants ne sont plus tournées vers les expériences négatives du passé, mais plutôt vers des projets d’avenir positifs.

Tout ce que vous avez dit plus haut concerne les victimes. Pensez-vous que les agresseurs ont, eux aussi, besoin de suivi psychologique comme les victimes ?

AC : Oui, les agresseurs eux-mêmes ont besoin de suivi psychologique parce que ce sont des sujets qui sont malades dans la tête ; ils sont déstructurés, désarticulés ; ils sont en état de souffrance, donc ça demande une prise en charge. Le problème c’est qu’en l’étape actuelle des choses dans notre pays il n’existe pas encore de structures spécialisées dans ce sens. Mais nous pensons qu’avec le soutien des partenaires comme l’UNICEF, le ministère de l’Action sociale, et d’autres comme Plan international, la GTZ, ça ne sera qu’une question de temps. Il ne sert à rien d’avoir une prise en charge des enfants victimes de violences sexuelles si les agresseurs, ne sont pas pris en charge.

Mais en attendant, que faut-il faire pour dissuader les agresseurs et les potentiels agresseurs ?

AC : Nous pensons que la meilleure arme dans ce genre de lutte, reste l’éducation, la sensibilisation, la prévention. A mon avis, il faut développer des programmes de prévention adaptés. Nous pensons que dès le bas âge, il faut donner aux enfants des capacités à pouvoir s’autodéfendre, à pouvoir se protéger contre les agressions sexuelles. Depuis le préscolaire et même à l’intérieur du giron familial. Il faudrait que les parents soient mieux outillés pour être à même de parler des questions de sexualité à leurs enfants, que ça ne soit pas une question tabou, qu’ils puissent aider les enfants à prendre en charge leur sexualité quand il le faut. Mais il faudrait également que les agresseurs bénéficient d’un programme ; à long terme, nous pensons que ça peut participer à prévenir cette situation exécrable qui, à mon avis, est l’une des violations les plus flagrantes des droits de l’enfant.

Au niveau de la justice, nous demandons beaucoup plus de diligence dans le traitement des dossiers, et surtout de la fermeté dans les décisions judiciaires pour dissuader les agresseurs et ceux qui rêvent d’abuser des enfants. J’insiste là-dessus parce que, à l’association Solidarité Jeunes, sans trop de prétention, c’est plus de 800 enfants et jeunes victimes de violences sexuelles qui sont sous notre tutelle à Ouaga et à Bobo. Il y a aussi bien des garçons que des filles qui, représentent plus de 80%. Mais ça, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Un travail concerté se fait avec les structures déconcentrées du ministère de l’Action sociale avec plusieurs autres ONG et associations, sous la houlette de l’UNICEF dans sa section protection qui, à travers son appui a su donner de la vie, du souffle, de l’espoir à ces enfants victimes de violences sexuelles. Et c’est une opportunité pour moi de féliciter cette institution onusienne. En 2002, notre pays a pris part à un congrès international sur les violences sexuelles faites aux enfants à Yokohama au Japon, le prochain congrès est prévu à Rio de Janeïro au Brésil en octobre prochain.

A travers vos colonnes, je voudrais lancer un vibrant appel aux plus hautes autorités du pays et aux partenaires financiers et techniques, pour que la participation du Burkina Faso soit de taille, de sorte à ce que nous puissions partager nos expériences en terme de bonnes pratiques sur la problématique avec le concours des médias et des acteurs clés qui au quotidien se sacrifient pour la cause de ces enfants. Dans notre pays, je me réjouis de l’amorce véritable de la prise de conscience par rapport à la protection et la promotion des droits de l’enfant. Mais nous demandons plus de pugnacité, plus d’engagement. Car il faudrait que les programmes qui existent, soient exécutés de façon concrète sur le terrain, et que les programmes en souffrance, le programme Action éducative en milieu ouvert (AEMO), celui de la lutte contre la traite des enfants, celui contre les violences sexuelles faites aux enfants, etc. deviennent une réalité avec .J une implication forte des ONG et des organisations à base communautaire et de la presse.

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 15 février 2010 à 04:19, par Bouba En réponse à : Enfants victimes de viol au Burkina : Souffrances cachées, vies affectées

    Voilà des crimes ou la loi devrait sévir plus sevèrement pour être plus dissuasive !

  • Le 15 février 2010 à 11:47, par mimi En réponse à : Enfants victimes de viol au Burkina : Souffrances cachées, vies affectées

    Monsieur Ilboudo voici un remarquable écrit professionnel que j’apprecie personnellement.Il fait apparaitre tous les aspects liés à cet ignoble acte qu’est la violence sexuelle faite aux enfants.Le viol tel qu’il soit sur les enfants ou sur les personnes adulltes est un choc traumatissant dont il est difficile d’en guerrir ! je pense même qu’on en guerrit jamais mais on essaye de vivre avec car on est marqué à vie.moi personnellement j’ai été victime de viol repétitif à l’âge adulte mais je vis toujours difficilement avec mes souvenirs et je peux donc imaginer le choc pour un enfant victime d’une telle violence. Je pense que la lutte doit continuer tout en évoquant d’avantage le sujet pour sensibiliser encore plus les victimes de l’existence d’une prise en charge possible et de la possibilité de sevir contre les agresseurs. Il serait nécessaire de créer une structure de prise en charge pour les agresseurs qui sont passés à l’acte et les agresseurs potentiels qui comme le psychologue l’a souligné, sont véritablement malades dans la tête.

  • Le 15 février 2010 à 18:46 En réponse à : Enfants victimes de viol au Burkina : Souffrances cachées, vies affectées

    Vraiment, merci pour cet article !! Merci d’être la voix des "sans-voix". Que les autorités prennent des mesures et que des opérations de sensibilisation soient menées pour que les gens comprennent que violer une personne n’est pas un acte anodin et que les victimes puissent s’exprimer. Le plus difficile c’est de guérison psychologique ! Les plus difficile c’est d’en parler, surtout dans nos pays où tout ce qui a trait à la sexualité est tabou. Ayant vécu ce drame, je comprend le souffrance des victimes. On a du mal à s’en remettre ; cela fait 12 ans (j’ai 25 ans aujourd’hui) que j’en ai été victime mais jusqu’aujourd’hui je regarde toujours derrière moi si je suis pas suivie et je suspecte tout homme qui m’approche de vouloir abuser de moi c’est horrible.
    Courage aux victimes, vous n’êtes pas seules !

  • Le 5 juillet 2014 à 00:14, par Aboubakar En réponse à : Enfants victimes de viol au Burkina : Souffrances cachées, vies affectées

    bonjour moi je rvais sor la de su je dir que les education et gate imagine vous de nous jour les enfant nais sabi pas bien moi je mappels aboubakar je sui ne les 01 10 1994 et en 2000 les femme cha biye bien pour qoi je dit ça o jourdi vous alle voir que labima et gate cma onvafr tu voi une femme ça biye com une pute

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