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NIGERIA : Bon vent au bien nommé Goodluck !

Publié le jeudi 11 février 2010 à 01h19min

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Trop, c’est trop ! Les parlementaires nigérians ne peuvent pas attendre Umaru Yar’Adua grabataire en Arabie Saoudite depuis le 23 septembre 2009. A l’unanimité, ils ont donc décidé le 9 février dernier de confier les pleins pouvoirs au vice-président Jonathan Goodluck. Et sans se faire prier, ce dernier a aussitôt accepté la charge et s’est rapidement mis à la tâche en présidant hier, et pour la première fois, le conseil des ministres mettant devant le fait accompli le gouvernement, qui n’a pu résister à la bourrasque parlementaire.

En somme, c’est le pragmatisme anglo-saxon qui est mis en avant par rapport aux textes qui ont montré leurs limites et insuffisances. Il s’agit de la fameuse "doctrine de la nécessité" dont a fait cas le président du sénat nigérian dans son discours qui veut que l’on pare au plus pressé au lieu de s’accrocher à la lettre de la loi.

Et ladite doctrine est comprise par un grand nombre de Nigérians qui ne voient pas de mal à ce que le vice-président prenne les commandes d’un bateau qui avait commencé à devenir ivre du fait de l’absence d’un vrai capitaine. La preuve du soulagement apporté par la décision du parlement est son accueil favorable par le Mouvement armé du Delta du Niger (MEND) en rébellion contre le pouvoir central. Le MEND se réjouit d’avoir enfin un interlocuteur en face et avec qui il peut faire le point de la mise en oeuvre des engagements relatifs à ses revendications. Avec l’entrée en fonction effective du vice-président, ce dossier épineux est relancé. Au-delà de la rébellion du MEND, Jonathan Goodluck pourra aussi s’atteler à la résolution d’autres problèmes comme les affrontements interreligieux dans certains Etats musulmans du Nord. Dans un pays bien constitué, il y a des dossiers qui ne peuvent pas attendre au risque de gripper la machine. Pour éviter une telle éventualité dans un pays comme le Nigeria, il urgeait d’investir des pleins pouvoirs le vice-président qui était colistier de Umaru Yar’Adua au moment de l’élection présidentielle de 2007, comme prévu d’ailleurs par les textes. Il s’agit d’un intérim et non d’un "ôte-toi que je m’y mette" comme pourraient penser bon nombre de partisans du président alité. Jonathan Goodluck redeviendrait simple vice-président si, entre-temps, le titulaire se rétablissait.

Il n’y a vraiment pas lieu de faire preuve de fétichisme vis-à-vis des textes et laisser la situation en l’état au motif que ce genre d’indisponibilité du chef de l’Etat n’a pas été prévu par la Constitution. On pourrait comprendre le respect strict du statu quo si l’on était dans un pays à régime présidentiel comme celui du Gondouana. C’est d’ailleurs ce qui se passe généralement dans la sphère francophone du continent noir où des chefs d’Etat s’absentent longuement de leur pays pour des raisons de santé ou ont régné jusqu’à leur mort alors qu’ils étaient très mal en point. Mais il est difficile qu’une telle situation se passe au Nigeria qui a adopté le système anglo-saxon et où la société civile et les institutions sont fortes. Ce qui permet aujourd’hui à Goodluck, le bien nommé, d’exercer le pouvoir sans avoir à aucun moment montré des signes d’impatience. Il aura donc fait preuve d’un flegme britannique. Au moment donc où mister Goodluck prend possession d’Aso Rock (palais présidentiel nigérian), on ne peut que lui souhaiter bon vent.

Par Séni DABO

Le Pays

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