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Le portage des bébés au dos : Une pratique qui s’exporte

Publié le mercredi 10 février 2010 à 01h55min

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Le portage du bébé au dos qui est très répandu dans nos pays se révèle très bénéfique tant pour l’enfant que la mère. Une pratique dont l’efficacité dans le bien être des bébés a été prouvée scientifiquement. Le kangourou, qui sert à porter l’enfant sur le ventre dans une sorte de sac est une imitation de cette pratique bien africaine.

« L’enfant est un don de Dieu. La femme doit se réjouir de sa naissance et lui prouver tout son amour. Le bébé a besoin qu’on le dorlote, qu’on lui fasse beaucoup de chouchou…Il y a un lien profond entre une mère et son enfant. Une complicité que seul, Dieu peut expliquer. En portant son bébé au dos, on ne fait que lui assurer toute l’affection et la sécurité ».

Ces propos sont de Mme Traoré Irène. Pour elle, chaque femme doit pouvoir offrir ce geste d’affection à son bébé. Il est regrettable de constater que certaines femmes refusent de porter leur bébé au dos pour éviter que leur « poitrine ne tombe ». Salimata Ouédraogo trouve ce raisonnement ridicule et aberrant, car on ne peut selon elle, estimer la valeur d’un bébé. « Le portage du bébé au dos est quelque chose de culturel qui n’a rien de mauvais en soi », estime t-elle.

Le psychologue, Philippe Somé abonde dans le même sens. Pour lui, porter le bébé au dos est une habitude dans nos sociétés africaines et peut-être dans d’autres sociétés. Mais à priori, précise t-il, cela n’a que des avantages, car l’enfant lui-même a besoin d’un contact avec autrui, notamment avec sa mère.

Avant sa naissance, l’enfant, menait une vie très intime, avait un contact direct avec sa maman. A la naissance, il est expulsé par les contractions utérines. Cette une rupture, un peu brutale, un peu traumatisante qui est matérialisée par ce qu’on appelle « cri de l’enfant » à la naissance. Ce cri constitue donc à l’en croire, une réaction à cette rupture.

Progressivement, celui-ci s’adapte à sa nouvelle situation. Parmi les éléments qui vont l’aider à s’adapter davantage, le psychologue cite le reflexe d’agrippement qui existe aussi dans le monde animal. Le petit animal en s’agrippant par exemple à sa mère se sent en sécurité.

De même chez l’enfant, le contact avec sa mère rétablit un peu cette unité qui avait été brisée. « Ce contact cutané rassure donc l’enfant, le satisfait et l’apaise ». D’ailleurs, remarque M Somé, de manière spontanée, lorsqu’un enfant cri on le prend et le porte contre soi et cela l’apaise souvent avant qu’on ne lui donne du lait ou autre chose. Cette forme de communication est très ressentie par le bébé.

Dans la tradition africaine, la femme porte souvent le bébé même quand elle n’allaite pas ou lorsqu’elle travaille. Philippe Somé pense que tous les contacts visuel, corporel et vocal entretiennent une communication et aident l’enfant à se développer plus rapidement et de manière plus satisfaisante.

« Cela lui procure beaucoup de sécurité affective et physique ». Les absences de la mère sont souvent mal vécues par l’enfant qui les manifeste par des pleurs. Pour M Somé, plus la mère est en présence de son enfant, plus celui-ci en est présence de sa mère, plus cette présence est proche, plus il y a contact, plus l’enfant est apaisé. Il insiste que le contact participe vraiment à une éducation très apaisée et apaisante du bébé. On pense actuellement (en attendant cela soit prouvé), que dans les premières années de sa vie, l’enfant africain se développe plus rapidement et en mieux pour les raisons suscitées. Le contact crée un lien très fort entre une mère et son enfant.

Ce même lien mystérieux entre la mère et l’enfant existerait dans le monde animal. « Il s’agit de la para psychologie. On n’a pas les moyens de comprendre exactement quelle est la nature de ce lien, de ce rapport… mais, on constate qu’il y a quelque chose. La mère peut sentir qu’il se passe quelque chose, l’enfant sent toujours le manque, l’absence de sa mère. On ne saurait expliquer ni le comment ni le pourquoi », remarque M. Somé.

« Les européens n’ont fait que copier ce qui s’est passé en Afrique sauf que le portage se fait sur le ventre et non sur le dos », pense M Somé. Et d’ajouter que ce n’est pas le port sur le ventre ou sur le dos qui est important.

Le contact, élément essentiel

L’essentiel c’est qu’il y a contact entre la mère et son enfant. Le kangourou produit le même effet bénéfique. « Ce contact avec la mère ou avec une figure maternelle commence à diminuer pour des raisons liées aux nécessités du mode de vie », reconnaît- il.

Face à une société qui évolue selon M Somé, nous ne pouvons qu’attirer tout simplement l’attention des mères en leur disant que plus elles seront en contact avec leur bébé, mieux il se développera de manière équilibrée. Pour lui, l’absence de contact avec la mère crée une maladie que les psychologues ont appelé « hospitalisme ».

En effet, on a remarqué que des enfants bien soignés dans un hôpital, une pouponnière ou un orphelinat, développe certains troubles comme l’insomnie, les pleurs, la diarrhée l’amaigrissement, les vomissements etc. Malgré tous les soins qu’on leur administre, les bébés sont insatisfaits car, il leur manque l’affection. A l’âge précoce, le contact affectif passe par le contact cutané. Pour Mme Somé le contact mère-enfant est donc très important pour un développement harmonieux du bébé

Par Aïssata BANGRE


La méthode kangourou

La méthode kangourou comme thérapeutie pour les prématurés a été inventée et développée en Colombie. Elle montre qu’un prématuré peut vivre et se développer en dehors de l’incubateur après s’être adapté à la vie extra-utérine. Cette trouvaille qui a été plusieurs fois expérimentée à l’hôpital Materno Infantil, la plus grande maternité publique du sud de Bogota, est mise au point par un trio de médecins.

Chaque année, près de vingt millions de bébés prématurés viennent au monde. Un million dans les pays industrialisés, dix- neuf millions dans les pays en voie de développement, dont les deux tiers meurent dans leurs douze mois faute de soins adéquats, d’infrastructures adéquates, d’une politique sociale. Dans les pays de l’hémisphère sud, un enfant de un kg a très peu de chance de fêter son premier anniversaire.

Fort de ce constat, le Dr Rey Sanabria a découvert une méthode simple qui s’inspire de la nature. Les bébés des marsupiaux naissent prématurés et, pour achever leur croissance, se logent dans les poches de leur mère, qui leur procure chaleur et nourriture.

En 1978, pour la première fois au monde, ce médecin colombien applique à quelques prématurés humains, la méthode kangourou. La mère est utilisée comme source de chaleur et d’alimentation.

Le bébé, une fois la phase critique passée, et s’il ne souffre pas de maladie ou de malformation, est installé contre le sein de sa mère. Vêtu d’une chemisette légère, d’un bonnet et d’une couche, le bébé est maintenu par une étoffe qui permet à celle-ci de garder les mains libres et de vaquer à ses occupations quotidiennes.

Il vit en contact permanent avec sa mère et au-delà, toute la famille est mise à contribution (père, frères et sœurs…), assumant chacun à son tour le rôle de « maman kangourou ». Quelques mois plus tard, le Dr Martinez prend en charge le programme et décide d’appliquer la méthode à tous les prématurés de l’hôpital Materno Infantil.

Les deux médecins, appuyés par un troisième, le Dr Navarette, organisent et créent avec des moyens dérisoires, un service spécialisé pour les « bébés kangourou ». La méthode a démontré que le prématuré avait beaucoup de chances de survivre au contact de sa mère que coupé du monde dans une couveuse. A Bogota, 3500 bébés kangourou en sont la preuve. Le prématuré dans la couveuse ne reçoit, selon ces trois médecins, aucun contact humain ni caresses ni paroles.

Il est soumis au bruit de la machine, à la lumière artificielle continuelle, aux bactéries, à la cohabitation forcée dans la couveuse, car il n’est pas rare de voir, faute d’équipement, plusieurs bébés sous la même cloche. Par contre, au contact de sa mère, il est stimulé en permanence par les mouvements, la voix, les battements du cœur et la présence d’un être humain. Le lait maternel accélère aussi le développement de l’enfant.

A.B

Carrefour Africain

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Vos commentaires

  • Le 10 février 2010 à 16:20 En réponse à : Le portage des bébés au dos : Une pratique qui s’exporte

    Dans le sens moderne, le contact tant désiré par le Bébé n’est pas effectif, même sur le dos de sa maman. Voyez vous-même : la mère comme le bébé est habillé. Ce qui n’était pas le cas autrefois.

  • Le 10 février 2010 à 19:55 En réponse à : Le portage des bébés au dos : Une pratique qui s’exporte

    Une anecdote qui me vient. Alors que je me promenais avec mon enfant dans son kangourou sur le ventre, je me suis fait doublé par une Toubab avec son enfant bien attaché comme sur la photo illustrant l’article... avec en plus un déhanchement à faire pâlir de jalousie bien d’Africaines. J’ai regretté de n’avoir pas eu d’appareil photo sur moi ce jour-là car tous les deux, nous étions tous les deux incongrus, je crois.
    Merci de faire ce travail de sensibilisation sur le bien fait du port des bébés (bâmbou)et encore heureux que le sable grippe les poussettes dans notre pays. Il y a des vraies valeurs à sauvegarder. N’attendons qu’on ait à faire des campagnes de sensibilisation comme pour l’allaitement maternel.

    • Le 12 février 2010 à 15:29 En réponse à : Le portage des bébés au dos : Une pratique qui s’exporte

      Je suis aux Etats- Unis, dans une ville ou il y a beaucoup de somaliens-Bantous et de soudanais. Leurs femmes con tinuent toujours a porter leurs enfants sur le dos et la police ne cessait de les harceler, craignant pour la securite des enfants. J’ai eu a intervenir a plusieurs reprises pour faire comprendre au maire que c’est leur culture et que cela ne posait aucun probleme de securite aux enfants. J’ai meme dit que moi- meme etant ne au village, ai ete eleve de cette facon et que je ne trouve aucun probleme, D’ ailleurs quand on pleurait et que maman vous mettait au dos, c’etait la meilleure maniere de vous calmer. J’ai beaucoup aime le temoignage de Madame qui a parle de cette situation "incongrue" de la blanche qui attache son enfant au dos et de la noire qui met son enfant dans son kangourou. Je crois qu’il y a des facons de faire bien differentes a travers les cultures mais cela ne veut pas dire qu’ il y ait une facon qui soit deficiente et une autre qui soit superieure. Par exemple, les americains n’aiment pas manger a la main et trouvent que c’ est manquer de manieres de table que de le faire. Mais moi je continue de manger a la main, du moins quand je les invite a manger chez moi. J’affirme ma culture sans choquer et ils me respectent pour ca. C’est ma culture qui definit qui je suis. Je ne cesse de repeter que la cuillere, la fourchette et le couteau ne sont qu’ un prolongement de la main de l’ homme. Et puis, pourquoi mangent - ils la pizza avec leurs mains ? C’est pour dire que les africains devraient etre fiers de la plupart des elements de leur culture qui est meme jugee plus proche de la nature, donc plus authentique. Pendant que beaucoup d’ occidents se posent des questions sur leur culture jugee trop artificielle, des africains sont a Ouaga et passent le plus clair de leur temps a manger des nourritures artificielles comme les Bucharfa au lieu du bon porc au four comme seul Gouda, paix a son ame, savait le faire. Gachis ! Et meme si ce n’etait pas le cas, il ne faut pas se laisser definir par les autres a leur temps et a leur rythme. Black is also a Man.

      Merci pour cet article si informatif.

      Le burkinabe de Omaha, Nebraska

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