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NATION : Les refondateurs pour un consensus autour des réformes

Publié le mercredi 10 février 2010 à 01h56min

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Dans l’adresse ci-dessous, les Refondateurs nationaux dressent le bilan de 2009 et font des projections sur 2010, avec en toile de fond les réformes structurelles dont tout le monde parle.

L’année 2010 commence et nous invite à sacrifier au rituel des rétrospectives et prospectives, propre aux fins et aux débuts d’année. Nous constatons que cet exercice-ci se présente dans des conditions particulières. Il y a d’abord que notre ambition, comme nous le relevions dans notre adresse de 2009, qui était au moment du lancement de notre Manifeste sur la Refondation, de « réintroduire à l’échelle du pays, le débat pour des réformes structurelles » afin « d’aider à la formation d’un consensus national large et durable dans la recherche des solutions idoines aux nombreux problèmes que nous vivons », n’a pas déçu.

Il a été grandement entendu parce qu’en plus de manifestations, de prises de position allant peu ou prou dans le même sens (Forum citoyen pour l’alternance, ralliement de l’ambassadeur Salif Diallo à la demande de refondation), le chef de l’Etat lui-même, dans son message du 10 décembre 2009, a solennellement appelé les citoyens « à approfondir les réflexions sur les réformes politiques indispensables à l’enracinement, dans notre société, des valeurs de démocratie et de citoyenneté responsable ». Sans être une réponse explicite à notre Manifeste, cet appel y ressemble à bien des égards, et c’est pour cela que nous la considérons favorablement, tout en souhaitant qu’elle trouve une formulation plus précise et des modalités d’application pratique pour véritablement nous engager vers la réformation de nos institutions qui, pour nous, reste une nécessité devant prioritairement passer par un dialogue inclusif visant la refondation de notre gouvernance nationale.

Cette exigence s’impose d’autant plus que les faits qui ont justifié la proposition de notre Manifeste, et qui ont été confirmés tout au long de l’année 2008, l’ont également été au cours de 2009. En effet, si comme nous l’indiquions, « 2008 a été rude pour les populations de notre pays », 2009 n’a pas été plus facile parce que les anticipations de la Réserve fédérale américaine et de bien des institutions qui pronostiquaient une baisse de croissance pour les pays africains, se sont vérifiées. Ce qui a entraîné en pratique des resserrements budgétaires comme cela ressort du gap de plus de 260 milliards de F CFA qu’il nous reste à combler pour boucler le budget 2010. A quoi s’ajoutent toutes ces tensions sur le front politique comme en attestent les ratés constatés dans le travail parlementaire et exécutif après les dernières lois votées par l’Assemblée et les multiples signes de mécontentement au plan social qui auraient pu être évités ou atténués si la gestion du pays était soucieuse de dialogue démocratique et de soumission aux contrôles de ses décisions.

Un recul continu qui n’est pas invariablement dénoncé au seul plan interne mais aussi au niveau international comme vient de le montrer dans sa dernière Infographie du 09/10/2009, L’Express, qui classe le Burkina Faso parmi les 11 pays d’Afrique où la démocratie régresse. Autant de circonstances qui ont accusé, depuis la mise au rebut du Rapport du Collège de Sages suivie de la publication de notre Manifeste, la convergence vers la demande d’une évaluation de notre gouvernance nationale par le moyen d’un dialogue sans exclusive pour spécialement réhabiliter les procédures électorales et partant, la démocratie.

L’année 2010 qui commence n’est pas, au demeurant, sans confirmer nos diagnostics et médications puisque plusieurs sources viennent en quelque sorte les appuyer. En exemple, cette mobilisation transversale (partis politiques, organisations de la société civile, intellectuels, étudiants, simples citoyens…) contre la révision de l’article 37 pour ne pas compromettre l’alternance, la pétition en circulation faisant suite à l’appel aux réformes du chef de l’Etat. C’est aussi le cas de l’Eglise catholique dont la sortie désormais historique du 21 janvier au CBC, grave dans les consciences ces mots de l’Abbé Isidore Ouédraogo : « Le chrétien doit s’engager politiquement pour être le ferment du monde nouveau. Il faut renverser les systèmes corrompus… Le chrétien doit donc travailler à une véritable démocratisation effective du pays. La seule parole moralisante ne suffit pas ».

C’est vous dire que la situation vaut qu’on y prête attention. Quelque chose devra nécessairement changer avec cette option de rupture assumée de l’Eglise catholique que l’on ne peut pas suspecter d’être partie prenante à la lutte pour la conquête du pouvoir. La même appréciation vaut à l’égard de certains médias et journalistes tels Newton Ahmed Barry qui n’a pas été moins tranchant au travers de ses constatations suivantes : « Le système actuel est conçu pour exclure les opposants… L’opposition ne peut rien en attendre d’autre que le rôle de faire-valoir taillé sur mesures... L’opposition burkinabè devrait organiser sa propre transition… », allant jusqu’à demander de « déboulonner le système mis en place depuis le 15 octobre 1987... » ! Si l’on y ajoute l’intéressement à cette cause dont il faut se réjouir du CGD qui, prenant en compte les conclusions du Collège de Sages, invite à un dialogue le 10 février prochain autour de l’Appel du chef de l’Etat relativement aux réformes politiques, nous avons un surplus de raisons de penser que la cuisson de la refondation a été peut-être longue mais que maintenant, elle est à point.

En effet, les signataires du Manifeste de 2008 avaient indiqué qu’en proposant ce Manifeste, « ils savent que la refondation ne pourrait être une question véritablement nationale que si elle est perçue comme une œuvre commune à tous ceux qui aspirent au changement », poursuivant : « C’est pourquoi, notre démarche s’appuie fortement sur le Rapport du Collège de Sages comme document de référence dans l’œuvre de refondation ». Il nous reste alors, tous ensembles, à ne pas sacrifier l’essentiel sur l’autel de la précipitation, des calculs à court terme, à ne pas rater ce momentum historique qui se profile pour la formation d’un consensus autour des réformes structurelles. Nous avons d’autant moins de raisons de manquer ce rendez-vous que nous sommes dans l’année du cinquantenaire des indépendances.

Une année qui prédispose par le fait même, aux évaluations, aux remises en cause, aux prospectives courageuses, et qui devrait donner à tous l’occasion de revisiter 50 années d’indépendance, nous inciter à évoquer ce temps de vie dans un esprit critique et positif avec des schèmes endogènes moins déterminés par l’extérieur afin d’être réarmés pour envisager l’avenir avec plus de responsabilité, de respect identitaire et de sérénité. Sans doute, beaucoup sont-ils parvenus aux mêmes conclusions que nous, qui ont décidé dans l’anonymat ou officiellement, de se joindre à la Refondation comme c’est le cas de quelques nouvelles forces politiques, dont nous saluons le courage, qui seront avec nous dans les semaines à venir, partie prenante d’un bilan à mi-parcours de notre campagne.

En cette occasion de souhaits multiples, nous voulons, comme en fin 2008 et 2009, renouveler nos remerciements à tous ceux, nombreux qui ont pris le soin de nous recevoir, de nous écouter et de nous prodiguer des conseils. Il s’agit des anciens chefs d’Etat, des membres d’institutions, de représentants de missions diplomatiques, de responsables d’associations et d’ONG comme le CGD et le NDI, de représentants de la chefferie coutumière et des confessions religieuses, de personnalités de toutes les régions du pays, représentants de groupes et de partis politiques, responsables de la société civile, d’ordre professionnel, d’organisations féminines et de jeunes.

Grâce à leur ouverture d’esprit, ils ont aussi favorisé cette maturation des idées qui renforcent la tendance pour les réformes. A tous, nous formulons nos vœux sincères de bonne et heureuse année 2010. Aux médias en particulier, nous réitérons, en tant qu’informateurs, éducateurs, gardiens des libertés publiques et démocratiques, mais aussi promoteurs d’une gestion équilibrée des opinions, nos vœux de succès dans leur mission. A nos compatriotes de l’intérieur et de l’extérieur, et spécialement à ceux qui souffrent de quelques maux que ce soit, nous souhaitons une année 2010 plus compatissante. Une année de solidarité active pour mieux nous outiller à affronter, en tant que citoyens du Burkina Faso, de l’Afrique et du monde, nos défis nationaux, continentaux et globaux.

Bonne et heureuse année 2010. Ouagadougou, le 05 février 2010

Pour le Comité de contact des partis signataires du Manifeste pour la Refondation nationale

Dr Alain ZOUBGA

El Hadj Amadou DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 10 février 2010 à 18:40, par vavan En réponse à : NATION : Les refondateurs pour un consensus autour des réformes

    bravo aux refondateurs pour leur persévérance. Ils demandent à blaise d’éclaircir sa position sur le dialogue démocratique et c’est ce qu’il faut. D’ailleurs, le CGD en ce moment même, discute au Pacific Hotel sur ce dialogue démocratique. que blaise entende la voix du peuple !

  • Le 10 février 2010 à 18:42, par andros En réponse à : NATION : Les refondateurs pour un consensus autour des réformes

    blaise a envie de dialoguer mais il ne sait pas comment ; c’est pour cela que c’était nébuleux son appel mais les refondateurs ont bien fait de saisir la balle au bond. Maintenant, on verra ce que blaise va dire : il ne peut pas demander ce dialogue et après se refermer comme une huître. j’y crois à ce dialogue.

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