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Dominique Traoré, président du comité d’organisation de la foire du fonio de Bomborokuy : « Nous voulons faire du fonio, jadis marginalisé, une culture de rente »

Publié le mardi 9 février 2010 à 01h41min

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Du 11 au 13 février 2010, Bomborokuy dans la Kossi abrite la 4e édition de la foire du fonio. Organisée par l’Association pour le développement du département de Bomborokuy (ADDB), cette foire vise à faire du fonio une culture de rente. C’est du moins la conviction du président du comité d’organisation, Dominique Traoré, qui s’est confié à Sidwaya.

Sidwaya (S.) : Qu’est-ce que l’Association pour le développement du département de Bomborokuy (ADDB) ?

Dominique Traoré (D.T.) : Merci à Sidwaya de nous donner l’opportunité de parler de la foire du fonio qui se tient du 11 au 13 février 2010 à Bomborokuy dans la Kossi.

Créée en 1994 comme association apolitique sans but lucratif, l’ADDB est ouverte à toutes les populations des 16 villages du département et ses actions visent le développement socioéconomique de ces localités. Ainsi, l’ADDB soutient toute action, tout projet ou initiative de développement socioéconomique et culturel au profit du département.

A ce titre, l’Association soutient des CSPS et écoles, elle a participé à la construction d’écoles, la réalisation de forages dont une adduction d’eau potable à Bomborokuy qui sera inaugurée dans le cadre de la 4e édition de la foire du fonio.La promotion du fonio est une autre dimension des activités de l’ADDB.

S. : Qu’est-ce qui justifie la pertinence et la portée du thème de la 4e édition de la foire du fonio de Bomborokuy : « La contribution du fonio à la sécurité alimentaire dans un contexte de changements climatiques » ?

D.T. : La pluviométrie actuelle connaît beaucoup de variabilités marquée par un glissement, voire une contraction des saisons. Dans ce contexte, il importe pour nous d’entamer la réflexion avec l’ensemble des acteurs (producteurs, techniciens de l’agriculture, chercheurs, etc.) en vue d’avoir l’information nécessaire sur les bonnes pratiques à promouvoir pour s’adapter à cette nouvelle réalité.

Il s’agit de voir avec les producteurs dans quelle mesure il est possible d’adapter les semences améliorées aux caprices pluviométriques actuels et augmenter les rendements. Par ce thème, nous voulons aussi montrer l’apport du fonio dans la sécurité ou souveraineté alimentaire car nous croyons que le fonio burkinabè est un plat aussi bon que le couscous importé. A ce titre, il est prévu une conférence sur l’amélioration des techniques de productions selon les conseils des chercheurs.

A l’issue des débats avec les techniciens de l’INERA, des protocoles de tests seront mis en place avec les producteurs pour valider sur le terrain, les performances des semences améliorées de l’INERA. Ainsi, il nous sera possible d’accroître les rendements du fonio à l’hectare malgré les courtes périodes de pluies et contribuer pleinement à l’autosuffisance alimentaire.

S. : Quelles seront les innovations importantes des manifestations ?

D.T. : Les activités traditionnelles de la foire sont axées sur le volet culturel, sportif et commercial autour du fonio. A ce chapitre, nous notons un concours d’art culinaire, des animations culturelles assurées par des musiciens locaux, une exposition-vente des produits à base de fonio.

Egalement, il y aura le match de football de la finale de la coupe du fonio. Au chapitre des innovations, notons un match amical entre les équipes de Bomborokuy et Barani ou encore mieux, les Bobo contre les Peulh. Nous attendons aussi à cette foire, deux délégations d’associations-sœurs de Bobo-Dioulasso et du Mali avec lesquelles nous entendons tisser des relations dans la promotion du fonio.

Je crois que le changement le plus important à cette édition reste la caravane départementale qui consiste à rallier à vélo une grande partie des villages du département, un événement qui suscite beaucoup d’enthousiasme et de découverte en perspective. La table est donc mise pour que la fête soit belle pour tous.

S. : Quelles sont les retombées de la promotion du fonio pour le département de Bomborokuy ?

D.T. : Grâce au fonio, Bomborokuy arrive à se faire connaître sur l’échiquier national. La province de la Kossi produit 75% de la production nationale de fonio. C’est une spéculation jadis considérée comme une culture de soudure, donc marginalisée, que nous voulons ériger en une culture de rente.

Je peux affirmer qu’en cinq ans de travail, la foire du fonio a permis d’augmenter le nombre de producteurs et agrandir les surfaces cultivées. Evidemment, il y a une nette augmentation de la production du fonio et une appréciation des prix de plus en plus intéressantes pour les producteurs.

Le nombre d’acteurs notamment les femmes impliquées dans la commercialisation va sans cesse croissant. Plusieurs témoignages montrent que de plus en plus de femmes substituent le fonio à la préparation du dolo. Lorsque nous apprenons que grâce au fonio, elles parviennent à soutenir leur famille, cela nous réjouit et nous encourage car cela n’existait pas auparavant. La foire est aussi un rendez-vous pour les filles et les fils de Bomborokuy, une occasion de se rencontrer une fois par an et se donner la main pour prendre à cœur le développement local.

Grâce à cette activité, on assiste à la création d’associations, soit pour la production du fonio, soit pour promouvoir sa transformation et commercialisation. Il reste que sans la mécanisation, la transformation reste extrêmement pénible, limitant ainsi leurs capacités réelles de production. Nous remercions à ce sujet le ministère de l’Agriculture qui a offert aux femmes du matériel de transformation à la dernière édition.

Ce sont autant d’acquis que nous pouvons mettre au compte de la foire du fonio. Nous allons continuer à structurer davantage les femmes, les producteurs de fonio en leur donnant des outils d’intensification de la production et de la transformation dans l’objectif de faire de Bomborokuy, un maillon important dans la filière du fonio.

Propos recueillis par S.N. Coulibaly

Sidwaya

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