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ANDRE KOLINGBA DE LA RCA : Le père du multipartisme tire sa révérence

Publié le mardi 9 février 2010 à 01h41min

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La maladie aura finalement eu raison de l’ancien président centrafricain. Jusqu’au bout, il aura tenté de lui résister, mais en vain. André Kolingba s’en est donc allé, vaincu par ce cancer de la prostate qui le minait depuis de si longues années déjà.

Mais on retiendra de l’homme qu’il fut celui par qui s’instaura le multipartisme au pays de Bokassa. Même s’il faut tout de suite reconnaître que c’est la pression de la rue qui le décida à l’accepter. Un mérite certain lui en revient tout de même, car d’autres que lui, en pareilles circonstances, auraient pu décider de répondre autrement à la pression de leurs concitoyens.

Le parcours politique de l’homme fut des plus mouvementés. Général de l’armée, il accéda à la présidence de la République en 1981 au moyen du coup d’Etat qu’il perpétra et au moyen duquel il renversa David Dacko qui lui, avait succédé à un certain ... Jean Bedel Bokassa. La fin de sa longe présence au sommet de l’Etat (1981-1993) se caractérisera par un mécontentement populaire généralisé qui se traduisit par de longues et sévères grèves observées par les Centrafricains pour exiger plus de démocratie. Kolingba y accéda, bien malgré lui mais permit par le fait même la tenue des premières élections démocratiques dans son pays. Elles seront remportées par Ange Félix Patassé en 1993.

Se sentant chassé du pouvoir, il voudra bien y revenir mais malheureusement, choisira de passer par la plus petite des portes. Sa tentative de coup d’Etat en mai 2001 se soldera par un échec cuisant. Condamné à mort dans son pays, sa tête y sera d’ailleurs mise à prix. Il n’avait d’autre alternative que l’exil et de prendre le chemin de l’Ouganda pour un exil forcé. Le salut devait lui venir d’un Bozizé qui, à son tour, renversera Patassé. Le nouveau chef de l’Etat l’amnistiera et lui offrira même de revenir dans la mère patrie, aux fins de participer au "dialogue national". Décidément mordu par le virus de la politique, Kolingba se mettra en lice pour la présidentielle qui, au final sera remportée par le même Bozizé. La troisième place de Kolingba sonnera comme sa dernière défaite et le convaincra de se retirer d’une arène politique au sein de laquelle il aura connu et ses plus grands honneurs et ses plus terribles déshonneurs.

De plus, le cancer dont il souffrait depuis un temps déjà ne lui laissant plus de répit, il devait consacrer le peu d’énergie qui lui restait à retarder l’échéance que tentait de lui imposer l’incurable mal qui le tenait dans ses serres.

Il s’en va au moment où son pays s’apprête à organiser des élections législatives et présidentielle prévues pour se tenir en 2010. Nul doute que le parti qu’il a créé (le RDC) rêve de perpétuer le souvenir de son chef. Reste à savoir s’il aura suffisamment de cran et de bilan pour s’imposer. Le général Bozizé aura réussi à assainir le pays : politiquement et économiquement. La RCA d’aujourd’hui n’a rien à voir avec l’empire qu’elle fut sous Bokassa. Mais sait-on jamais ? Tout n’est jamais parfait dans la vie d’une nation et c’est là que les héritiers de Kolingba ont certainement leur chance. Pourvu que ces élections se jouent dans l’équité et la transparence. Tout le mérite en reviendrait tout naturellement au peuple centrafricain.

Par Jean Claude KONGO

Le Pays

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