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Éditorial de Sidwaya : Une autre arme contre l’insécurité

Publié le lundi 8 février 2010 à 01h09min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

La sécurité des personnes et des biens est une richesse incommensurable. Elle est l’un des signes majeurs d’une vie communautaire propre et conviviale. C’est, en quelque sorte, la jauge humanitaire des civilisations passées et présentes.

Ainsi, nous nous rappelons, avec bonheur, "qu’en 1352, le voyageur arabe Ibn Batouta, visitant le royaume du Mali, a noté sur son calepin le petit nombre des actes d’injustice, la sûreté complète et générale dont on jouit dans tout le pays, les dispositions prises pour la sécurité des biens des Blancs venant à mourir au Mali. » (1)

Quand nous nous représentons l’Afrique précoloniale, nous sommes dominés (et nous nous laissons fascinés) par l’idée que nous avons progressé par rapport à elle.

Or, contrairement à ce qui se passait au Mali autour des années 1352, parallèlement à l’insécurité constatée dans les campagnes et principalement caractérisée par les attaques à main armée sur les axes routiers, les statistiques officielles, officieuses et mêmes confidentielles des services de sécurité indiquent qu’une part importante de la criminalité est également perpétrée dans les grands centres urbains, notamment les villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

Pour enrayer cette insécurité urbaine qui connaît une tendance à la hausse, la nécessité d’un renforcement des actions déjà entreprises par les services de sécurité s’avère indispensable.

C’est dans cette optique que s’inscrit la création des Brigades anti-criminalité (B.A.C), dont les unités relèvent de la police nationale et ce, dans le cadre de la répartition des missions entre les services de la gendarmerie nationale et de la police nationale.

On s’attend donc, qu’après le 1er février 2010, date de la mise en place des BAC, et notamment après sa divulgation officielle par communication orale lors du conseil des ministres du mercredi 03 février 2010, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso comptent parmi les villes les plus sécurisées du monde et, à défaut au moins dans la sous- région, où il fait bon vivre. Mais que de réseaux à démanteler ! Agressions, vols, viols et violences diverses devraient devenir rarissimes, (…).

Et à quel prix ? En tous les cas, être membre de ce nouveau corps de la police nationale, au-delà de son prestige, ne sera pas du tout une partie de somnolence ou de passivité… Mais, comme dit Jean-Paul Sartre, « On n’est pas un Homme tant qu’on n’a pas trouvé quelque chose pour quoi on accepterait de mourir… ».

Qu’on se le rappelle tous : les causes immédiates de la criminalité urbaine sont surtout, le désœuvrement, la drogue, l’alcool, le jeu, l’intoxication des écrans, la prolifération des armes. La plus grande et la plus redoutable de ces causes est sans doute la démission des parents et des maîtres devant le devoir crucial de l’éducation.

La famille et l’école se vident et la rue déborde. Et c’est parfois une démission de bonne foi. On se sait plus exactement à partir de quels principes et de quelle morale il faut éduquer un enfant de 2010 pour en faire « l’honnête homme » de 2040.

Quand les parents disent : « 1 » ! L’enfant est déjà à « 3 », les premiers sont ainsi sommés de se taire. Le complexe d’ignorance des parents est un fléau pour l’éducation des enfants. C’est cet amour excessif qu’Aristote dénonçait dans « Emile » : « Savez vous quel est le meilleur moyen de rendre votre enfant malheureux ?

C’est l’accoutumer à tout avoir ; le désir sans cesse croissant le poussera à vouloir votre canne, ensuite le soleil et la lune qu’il voit briller ». Pour cette raison, l’action des BAC pourrait être consolidée, comme cela se voit sous d’autres cieux, par des initiatives diverses d’insertions sociales, en insistant sur la qualité et la pertinence de nos centres d’accueil, d’éducation, de réinsertion, etc.

Il ya des jeunes Burkinabè de moins de 20 ans qui sont déjà d’incurables alcooliques ou des condamnés de la drogue. Avec les BAC, pourquoi ne pas, à la lettre, leur prêter main forte ? Parmi eux, se trouve le citoyen modèle burkinabé de 2050, peut être.

In fine et dans le fond, le constat de démission de l’éducation familiale et communautaire ne doit point, malgré les BAC, être perçu comme une évolution inéluctable alors qu’elle est la racine du mal. D’autant plus que toutes les actions stricto sensu entreprises à juste valeur par l’Etat peuvent vraisemblablement être très vite débordées. C’est donc le lieu de lancer un appel à la dynamisation, également par la société civile, de l’éducation civique… Education civique à l’école pour les enfants mais aussi pour les parents.

Organisations de formations à la carte, dans les quartiers, appuyées par des animateurs venant apporter des réponses aux difficultés rencontrées (…). Des encouragements publics aux efforts déployés par certaines associations formées de bénévoles et reconnues d’utilité publique devraient également accompagner cette donne.

Dans cette dynamique, le mouvement de solidarité de quartier pourrait, par ailleurs, faciliter aussi l’insertion, la recherche d’emplois..., pour peu qu’il soit consolidé par des initiatives publiques (municipalités, Etat)... (1) Théodore Monod. « A la rencontre de l’Afrique de l’Ouest », Afrique de l’Ouest, Librairie Hachette, Paris, 1958, P. XXIX.

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 8 février 2010 à 02:54, par l’Africain En réponse à : Éditorial de Sidwaya : Une autre arme contre l’insécurité

    Monsieur le DG Ibrahiman SAKANDE, une autre photo serait plus adequat. Celle la on dirait une fantaisie. Vous ne trouvez pas chers lecteurs ?

  • Le 8 février 2010 à 15:52, par mr En réponse à : Éditorial de Sidwaya : Une autre arme contre l’insécurité

    vraiment, je ne sais pas pourquoi c´est toujours la meme photo, quelque soit l´article de sidwaya...On pense à vue d´oeil que c´est tjrs le meme article

  • Le 8 février 2010 à 17:48 En réponse à : Éditorial de Sidwaya : Une autre arme contre l’insécurité

    La 1ère arme est d’abord la prévention c’est à dire lutter contre la pauvreté dans ce pays et contre les inégalités.
    Quand vous parlez d’insécurité, vous oubliez les grands voleurs de la république au col blanc qui, eux, font encore plus de dégâts sur le peuple en l’appauvrissant en détournant des dizaines, centaines voire des milliards ! Eux ne sont jamais inquiété !
    Comment un jeune sans avenir à part la misère et le chômage qui voit ces voleurs au col blanc ne serait pas tenté par les raccourcis pour se faire une place au soleil !
    Très bien pour les BAC qui je l’espère vont s’attaquer aussi à ces grands voleurs de ce pays.

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