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Présidentielle ivoirienne : Cette élection aura-t-elle lieu un jour ?

Publié le lundi 8 février 2010 à 01h08min

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Moult fois annoncée et autant de fois renvoyée aux calendes ivoiriennes, la sentence des urnes restera un vœu pieux au pays d’Houphouët, en dépit des pressions de la communauté internationale et des talents supposés ou réels de fin négociateur du facilitateur Blaise Compaoré.

Assurément, ce n’est pas demain la fin de la bataille que se livrent les “éléphants” de la scène politique en Eburnie depuis maintenant une décennie. Les armes se sont, certes, tues mais le risque est grand que les discours vénéneux que débitent les uns et les autres ravivent des tentions aux quatre coins du pays.

Pourtant, plus d’un nourrissait l’espoir que cette fois-ci serait la bonne, après l’établissement des listes électorales ; la requête faite par Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré pour l’envoi d’un contingent burkinabè de 500 hommes en Côte d’Ivoire en appui aux forces de l’ONUCI ; et cette exigence du Conseil de sécurité des Nations unies de l’affichage immédiat des listes et de la fixation des dates des consultations d’ici mai 2010.

Mais ne voilà-t-il pas que les protagonistes de la scène ont fait le choix de compromettre à nouveau la tenue de l’élection et la sortie définitive de crise avec cette guerre des listes qui commence à gagner toutes les villes, depuis qu’à la mi-janvier le camp présidentiel, Laurent Gbagbo en tête, a accusé la Commission électorale indépendante (CEI), pilotée par Robert Beugré Mambé, de tentatives de fraude portant sur l’inscription irrégulière de 429 000 électeurs suspects sur les listes.

Accusation reprise et alimentée par les seconds couteaux du locataire du palais de Cocody, et dont le point culminant est sans conteste ces marches et saccages des bureaux de la CEI dans certaines contrées. Aucune perte en vies humaines n’a, fort heureusement, été déplorée jusqu’à ce jour, mais, sait-on jamais !

Car Robert Beugré Mambé, que Laurent Gbagbo et les siens accablent de tous les péchés de la Commission électorale indépendante, se recrute dans les rangs du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’opposant, ancien président, et candidat déclaré à la prochaine présidentielle, Henri Konan Bédié.

Bien sûr, Robert Beugré Mambé s’en défend, écartant toute idée de rendre le tablier malgré la porte de sortie que semblent lui indiquer ses contempteurs et le rapport culpabilisant du procureur, professant n’avoir de compte à rendre qu’à sa conscience, à Dieu, à l’Histoire et, un jour, aux hommes ; mais est-ce pour autant qu’on pourrait lui donner l’Eternel sans confession ? En tout cas, il urge de clarifier la situation pour ramener la sérénité dans les différents états-majors politiques, de la CEI, et de baliser le boulevard qui mènera au plus vite les Ivoiriens aux urnes.

Mais nul ne doute qu’avec les incidents survenus ces derniers jours à Divo et Man, entre autres, cette éventualité est en train de s’éloigner comme une ligne d’horizon. Et sans jouer les oiseaux de mauvais augure, le constat est clair que l’édifice électoral est en train de s’effondrer et qu’on risque de revenir au point de départ.

A bien y voir, il est à se demander si, en vérité, les “éléphants” qui se disputent la scène politique en Côte d’Ivoire veulent de cette élection-là et y croient, tant chacun semble se satisfaire du statu quo.

En tout cas pas Laurent Gbagbo, qui a déjà sifflé deux mandats pour le prix d’un, et qui ne cache pas son désir ardent de faire du cinquantenaire des indépendances son affaire ; pas même Guillaume Soro, le Premier ministre, qui en temps de paix n’aurait jamais rêvé d’hériter d’un fauteuil aussi moelleux à cet âge-là ; encore moins Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara qui, ancêtres du landernau politique ivoirien, règnent ad vitam aeternam, respectivement sur le PDCI et le RDR.

Et pendant ce temps, les anciens rebelles continuent de ponctionner paisiblement leur dîme sur les populations du Nord, un devenir un no man’s land de fait.

Nous souhaitons nous être trompé ; mais pourquoi tant de retard pour organiser ce scrutin qui aurait dû se tenir depuis bien des années ? Si par miracle cette élection a lieu, elle serait la plus coûteuse de l’histoire, à en juger par les moyens humains et logistiques déployés sur le terrain, de même que les fonds mobilisés par la communauté internationale depuis cette sale guerre de 2002 .

Bernard Zangré

L’Observateur Paalga

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