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Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Qui trop embrasse, mal étreint

Publié le vendredi 5 février 2010 à 01h34min

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Financement des partis politiques, statuts de l’opposition, révision du code électoral, vote des Burkinabè de l’étranger, etc ; tout y est passé, pourrait-on dire, dans un parfait consensus que certains trouvent fort suspect. C’est vrai qu’au Burkina le fait est si singulier qu’il n’a pas manqué de surprendre.

Mais, à l’épreuve des faits et au contact des réalités, il semble qu’on y est allé plus vite que la musique et qu’on a trop vite fait de se congratuler et de crier victoire, car certains textes s’avéreront inapplicables ou à tout le moins imparfaits. Une situation des plus ubuesques, puisque c’était une des rares fois que l’Assemblée nationale formulait des propositions de lois et de surcroît, certainement, les mieux votées aucun député ne s’y étant opposé.

Réformer, ne pas réformer ? Réformer quoi, pourquoi ? quand et comment ? … Des questions sur lesquelles on a du mal à s’entendre à l’opposition et sur lesquelles on ne sait plus à quel saint se vouer, alors que de plus en plus les évidences commandent des décisions. D’une conférence à une autre et au gré des déclarations, on en a entendu sur tous les tons dans le genre crescendo comme si les uns et les autres voulaient se convaincre eux-mêmes de leur propre détermination. Il faut dire que dans cette affaire, rien ne se passe comme à l’accoutumée, puisque d’une part les responsabilités sont clairement partagées et d’autre part, la rhétorique habituelle se révèle inopérante.

Faut-il le rappeler, pour l’essentiel, les sujets qui occupent actuellement les conversations sont les fruits du consensus enfanté par la commission de concertation des partis politiques qui a eu pour objet d’apporter des réponses aux revendications de l’opposition sur le plan politique et à certaines interrogations de l’opinion publique nationale. On le sait, l’ensemble de la classe politique a pris part aux discussions et on peut dire que tout le monde s’est retrouvé dans les propositions faites, à telle enseigne que plus d’un observateur y avait vu de petits calculs de marchands de tapis.

Financement des partis politiques, statuts de l’opposition, révision du code électoral, vote des Burkinabè de l’étranger, etc ; tout y est passé, pourrait-on dire, dans un parfait consensus que certains trouvent fort suspect. C’est vrai qu’au Burkina le fait est si singulier qu’il n’a pas manqué de surprendre.
Mais, à l’épreuve des faits et au contact des réalités, il semble qu’on y est allé plus vite que la musique et qu’on a trop vite fait de se congratuler et de crier victoire, car certains textes s’avéreront inapplicables ou à tout le moins imparfaits. Une situation des plus ubuesques, puisque c’était une des rares fois que l’Assemblée nationale formulait des proposition de lois et de surcroît, certainement, les mieux votées aucun député ne s’y étant opposé.

Eh oui ! Cela a été possible en dépit des us et coutumes du landerneau politique. Quand on sait qu’un des textes qui posent problèmes à trait à l’une des plus vieilles revendications de l’opposition, à savoir le vote des Burkinabè de l’étranger, on ne peut manquer de s’interroger sur la légèreté avec laquelle la question a de toute évidence été traitée. Pour que le gouvernement se rende compte au moment d’envisager de le mettre en œuvre qu’il manque de précision sur le lieu de vote, qu’il est silencieux sur les démembrements de la CENI hors du pays, etc. il faut reconnaître que ses concepteurs ont bien de choses à se reprocher. Comme opposition et majorité sont toutes deux concernées, nous n’avons pour ainsi dire que nos yeux pour pleurer. C’est vrai que du côté de l’opposition certains ne craignent pas de se ridiculiser en rejetant la faute sur le seul pouvoir qu’ils accusent d’ailleurs de machination pour exclure les Burkinabè de l’étranger du jeu politique au motif qu’il ne peut pas s’assurer leurs suffrages.

Or, il n’y a guère longtemps, cette même opposition accusait le pouvoir de vouloir instrumentaliser l’électorat burkinabè en Côte d’Ivoire. C’est à ne rien comprendre et il est fort légitime de se demander si elle sait réellement ce qu’elle veut. Toujours est-il qu’elle n’a pas fait particulièrement preuve de clairvoyance en ne mettant pas tout en œuvre pour que sa revendication aboutisse au plus tôt et dans les meilleures conditions pour elle. Autant dire qu’elle se contente de revendiquer à hue et à dia et ne propose rien de constructif, même pour atteindre ses propres objectifs stratégiques.

On a aussi observé les mêmes incohérences et errements avec sa revendication d’utiliser des pièces d’identification infalsifiables pour les élections. En effet, alors qu’elle poursuit cet objectif depuis la nuit des temps, on a constaté son manque d’empressement à motiver les populations à participer à l’opération de délivrance d’actes de naissance, pièce nécessaire pour l’établissement de la Carte nationale d’identité (CNIB).

Elle a plutôt passé le clair de son temps à dénoncer l’activisme de la majorité sur le sujet avant de se raviser et d’y apporter son concours. Même pour la délivrance des CNIB, elle a connu un incroyable retard à l’allumage comme si elle était toujours prise de court et subissait les évènements. Et pourtant elle devrait être réactive pour pallier quelque peu son manque de moyens. A défaut d’avoir ceux-ci, l’opposition devrait faire l’effort de soutenir la comparaison au moins au niveau des idées et de la prospective. Cela est malheureusement loin d’être le cas alors que les défis s’empilent. A notre sens, cette incapacité d’anticipation est sa principale insuffisance. En tout cas loin devant son indigence. o

cheick Ahmed (ilingani2000@yahoo.fr)

L’Opinion

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