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La CGT-B aux travailleurs du Burkina : "Armez-vous d’optimisme et de détermination pour 2010"

Publié le jeudi 4 février 2010 à 01h05min

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Tolé Sagnon

La rentrée syndicale 2009/2010 se déroule cette année en pleine crise financière mondiale avec, "une situation politique et socio-économique qui n’est guère reluisante". C’est dans ce contexte que la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) adresse ce message à ses militants ainsi qu’aux travailleurs les exhortant à s’armer d’optimisme et de détermination pour la nouvelle année. Lisez plutôt !

Camarades, militantes et militants de la CGT -B ;
travailleuses et travailleurs du Burkina Faso ;

L’année qui vient de s’écouler a été marquée par l’approfondissement de la crise du système capitaliste dont on n’a pas encore fini de mesurer toutes les conséquences néfastes sur la vie des peuples à travers le monde.

L’Afrique subit les répercussions de cette crise avec une situation politique et socio-économique qui n’est guère reluisante. Au plan politique, on note un recul des processus démocratiques avec, d’une part, le retour des putschs militaires (Guinée, Mauritanie...) et, d’autre part, la volonté de nombreux dirigeants de se pérenniser au pouvoir à travers des tripatouillages des Constitutions et/ou des élections frauduleuses de leurs pays. Le comble, certains chefs d’Etat rêvent de se faire succéder par leurs rejetons (Egypte, Sénégal...) ou le traduisent effectivement en acte (Gabon, Togo...) au grand dam des populations africaines.

Au plan économique, avec des budgets pour la plupart des Etats qui sont sous perfusion, les Etats appliquent avec plus ou moins de zèle les préceptes du capitalisme international via les institutions financières internationales que sont le FMI et la Banque mondiale. Celles-ci cachent mal l’échec de leur PAS à travers de nouveaux concepts tels que les Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté dont les résultats visibles sont des populations de plus en plus pauvres confrontées régulièrement à la famine, un difficile accès aux services sociaux particulièrement de la santé et de l’éducation, traitées de plus en plus comme de simples marchandises.

Pendant ce temps, les investisseurs et les opérateurs économiques bénéficient, à travers des réformes portant notamment sur les Codes des investissements, de mesures toujours plus favorables qui leur permettent de mieux piller les pays et les peuples. Assurément, on peut affirmer sans risque de se tromper que les peuples africains méritent mieux que ce qui leur a été servi 50 ans durant par leurs dirigeants.
Camarades, militantes et militants de la CGT-B ;
travailleuses et travailleurs du Burkina Faso ;

Au Burkina Faso en particulier, il est important de noter que la crise multiforme qui frappe de plein fouet le peuple travailleur a envahi les secteurs fondamentaux de la vie nationale. Quelques exemples suffisent à étayer ce constat :

Dans le secteur de l’éducation : insuffisance du personnel enseignant, surcharge des classes avec souvent des effectifs de plus de 100 élèves par classe au primaire, et même au secondaire, hausse vertigineuse des frais de scolarité, taux d’échecs élevés, baisse inquiétante de la qualité de l’enseignement, brimades du corps enseignant par les autorités en charge de l’éducation à travers des affectations arbitraires, promotion des médiocres ou nomination d’hommes liges, traîtres à la cause de l’enseignement dans notre pays...

Dans le secteur de la santé : prise en charge quasi inexistante des populations dans les formations sanitaires (hôpitaux, infirmeries...) avec des coûts hors de portée des populations - cherté des produits pharmaceutiques, absence d’une politique nationale sanitaire vigoureuse pour empêcher la propagation des maladies endémiques (paludisme, méningite, VIH/Sida...) qui tuent chaque année de nombreux Burkinabè sans ressources ...

Dans le secteur agricole et alimentaire : flambée des prix des produits de première nécessité (mil, maïs, riz, huile, savon...), insuffisance de la production agricole et famine, favorisées par l’usage de moyens de production agricole toujours archaïques (la daba) par la quasi-totalité de ceux qui vivent du travail de la terre (pendant que, sous le couvert d’agrobusiness, les dirigeants du pays et leurs alliés s’accaparent des meilleurs terres), absence d’encadrement technique adéquat du monde agricole, cherté des intrants agricoles, accaparement des terres des paysans par les nouveaux riches de la 4e République, spéculation outrancière sur les denrées alimentaires, etc.

Au plan socio-économique et politique, la corruption rampante, la prédation des biens publics, l’application avec entrain des politiques économiques criminelles imposées par la Banque mondiale et le FMI, ont fini de convaincre les Burkinabè honnêtes de l’incapacité du pouvoir de la 4e République à trouver des solutions idoines et durables à leurs préoccupations. Au plan politique, c’est le tripatouillage de la Constitution (notamment en son article 37) qui semble être la préoccupation majeure actuelle des tenants de la 4e République, pour permettre à Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir.

Au demeurant, rien d’étonnant que le Burkina Faso soit toujours classé chaque année par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) parmi les derniers pays au monde sur le plan du développement humain durable. Naturellement les dignitaires de la 4e République qui sont devenus subitement riches grâce à la corruption et aux multiples passe-droits qu’ils s’octroient, s’en offusquent.
Camarades, militantes et militants de la CGT-B ;
travailleuses et travailleurs du Burkina Faso ;

Face à un tel tableau sombre qui n’augure pas de lendemains meilleurs, le peuple burkinabè comme à l’accoutumée, refuse de courber l’échine. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2009, les organisations syndicales, seules ou en alliances avec d’autres forces sociales (CODMPP, CCVC...), ont développé des luttes multiformes (aux plans national, sectoriel et décentralisé) parmi lesquelles, on peut citer :

• les luttes des syndicats des greffiers et des agents de la justice en février 2009 ;

• la forte mobilisation et lutte des travailleurs de la BICIA-B en avril 2009 autour de leur plate-forme revendicative ;

• la lutte héroïque lutte des travailleurs de TOTAL-Burkina qui a duré plus de trois semaines (de mars à mai 2009) ;

• la forte mobilisation unitaire le 1er mai 2009 contre la vie chère et pour les libertés ;

• l’importante lutte unitaire des travailleurs de la Fonction publique en mai 2009 ;

• la grève de 72 heures du Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la Recherche (SYNTER) du 14 au 16 mai 2009 ;

• la journée nationale de protestation organisée par la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), le 26 mai 2009 ;

• la lutte des 266 contractuels du ministère de l’Habitat et des Infrastructures depuis le 1er octobre pour leurs salaires et contre leurs licenciements sous la conduite du SYTTPBHA ;

• la lutte des travailleurs du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO) sous l’égide du SYNTHA le 23 octobre 2009 contre la dispersion des services de l’hôpital et les velléités de licenciement de 360 contractuels ;

• la grève de 72h du 5 au 7 octobre puis sit-in et opération caisse vide à partir de novembre 2009, réalisés par les travailleurs du Centre hospitalier universitaire Souro-Sanou de Bobo-Dioulasso ;

• la lutte des commerçants de Rood-Wooko pour la levée des barrières, la suppression de la zone piétonne... ;

• la lutte des étudiants de l’université de Koudougou contre un "zéro" collectif ;

• etc.

Toutes ces actions dont certaines ont été couronnées de succès montrent à souhait la tradition de lutte du peuple burkinabè qui a toujours refusé l’injustice et l’arbitraire. Par ailleurs, la rencontre annuelle Gouvernement/Syndicats a donné les quelques résultats suivants :

• la baisse des prix de certains produits pétroliers ;

• l’octroi d’une indemnité de stage (15 000, 17500, 20 000 et 25 000) FCFA aux agents publics admis en stage se déroulant au Burkina pour compter de la rentrée 2010 ;

• l’accord pour la construction de Bourses du travail dans onze (11) chefs-lieux de régions et la rénovation de celles de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso ;

• l’accord pour la mise à disposition des syndicats, de permanents syndicaux ;

• la prise de textes nécessaires en 2010, à la mise en œuvre du check-off. A ces acquis, il convient d’ajouter les promesses d’avancées sur certaines questions comme l’examen en 2010 des recommandations du comité paritaire sur les dossiers sociaux, la relecture en cours de la grille indemnitaire des agents publics, la proposition de textes en 2010 pour les élections professionnelles, l’annonce l’une baisse des tarifs d’interconnexion devant entraîner une baisse générale des tarifs de téléphone en 2010.
Camarades, militantes et militants de la CGT -B ;
travailleuses et travailleurs du Burkina Faso ;

L’année 2010 constitue une année de grands défis aussi bien pour la CGT-B que pour l’ensemble du mouvement syndical burkinabè. Le Bureau national confédéral vous invite à mettre l’accent sur les questions et préoccupations suivantes :

1 - le renforcement des capacités de nos structures, de l’unité d’action syndicale, de la Coalition, le relèvement continu du niveau politique et syndical de nos militants afin de les hisser à la hauteur de la situation. Ce renforcement des capacités de la CGT-B doit se traduire à tous les niveaux par un fonctionnement régulier des structures, la dotation de toutes les structures de la Confédération de programmes d’activités et de budget, la production de rapports d’activités annuels faisant ressortir, entre autres, nos forces et nos faiblesses, l’organisation de sessions de formations syndicales, le suivi des plates-formes revendicatives, etc.

2 - les luttes unitaires et sectorielles autour des points centraux non satisfaits tels que :

• l’augmentation des salaires au public comme au privé dont la nécessité est renforcée par la flambée prématurée des prix des céréales et des produits de grande consommation tels que le maïs, le mil, le haricot, le sucre ;

• la constatation avec leurs effets financiers des avancements des agents publics pour les années 2007, 2008 et 2009 et une solution définitive à la question ;

• la révision à la baisse des prix de produits pétroliers, de l’électricité, de l’eau, et l’arrêt de l’application de la vignette ou taxe de développement communal et la révision de la clef de répartition de la Taxe sur les produits pétroliers entre l’Etat et les collectivités, afin de doter les communes de moyens pour leurs activités de développement ;

• la question toujours actuelle des libertés syndicales qui reste préoccupante et qui nécessite, entre autres, la levée des sanctions contre les militants du SAMAE, du SYNTER, du SATB, SYNAJ-SGB ; l’annulation de l’arrêté pris par le maire de Ouagadougou, instituant les Zones rouges ; l’application effective de la protection des délégués du personnel, délégués et responsables syndicaux telle que consignée dans la législation nationale et internationale, etc. ;

• le règlement des dossiers de crimes de sang et de crimes économiques dont celui de Norbert Zongo ;

• l’arrêt des privatisations des sociétés à caractère stratégique. Ces sociétés, à l’instar du BUMIGEB avec le développement du secteur minier, doivent être maintenues et renforcées ;

• l’appui multiformes aux revendications et luttes sectorielles des structures professionnelles et décentralisées, des autres couches populaires que sont les élèves et étudiants, les commerçants, les paysans ;

• Etc.

Prenant en compte cette année électorale avec ses enjeux, nous devons prendre des mesures afin de placer les préoccupations ci-dessus retenues, en première ligne.

3. les velléités de révision de l’article 37 de la Constitution avec pour objectif de sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels. Nous devons nous mobiliser fortement pour empêcher tout nouveau tripatouillage de la Loi fondamentale visant à remettre en cause le principe consensuel de la limitation des mandats présidentiels adopté par le référendum constitutionnel de 1991.

Ainsi, armés de capacités politiques et syndicales, de méthodes organisationnelles performantes, nous serons à même de poursuivre encore avec plus de hardiesse et de courage, la lutte contre l’impunité, contre la vie chère, pour l’approfondissement du processus démocratique pour la satisfaction des revendications pressantes des travailleurs et autres revendications populaires initiées au niveau de la Confédération ou ses structures ou au niveau de l’unité d’action avec les autres organisations syndicales, avec les autres composantes de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, etc.

Ceux qui vivent sont ceux qui luttent, et nous devons nous armer d’optimisme et de détermination pour faire de 2010 une année d’importantes victoires !

Bonne et heureuse année 2010 à toutes et à tous !
Pleins succès aux activités que nous engagerons en 2010 !
Longue vie à la CGT-B et à ses structures !

Unité - Solidarité - Action

Fait à Ouagadougou, le 15 janvier 2010

Pour le BNC ; Tolé Sagnon : Secrétaire général

L’Observateur Paalga

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