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Gaspard Ouédraogo, président du comité de pilotage du forum Africallia : « Le but du forum est de permettre à l’investisseur étranger de rencontrer en un seul lieu, les chefs d’entreprise des huit pays de l’Uemoa »

Publié le mardi 2 février 2010 à 03h15min

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Du 20 au 21 mai prochain, aura lieu à Ouaga 2000, la première édition du forum Africallia, un rendez-vous organisé par la chambre de commerce et d’industrie du Burkina et entièrement dédié au monde de l’entreprise. S’agit-il d’un salon de plus comme le Burkina en organise déjà, ou s’agit-il de quelque chose de réellement nouveau ? A qui s’adresse t-il et comment y prendre part ? Explications du président du comité de pilotage du Forum, Gaspard Ouédraogo, ex président directeur général de la Banque internationale du Burkina, également président du conseil d’administration de deux sociétés boursières : La Société d’intermédiation financière (SBIF), au Burkina, et la Société ouest-africaine de gestion d’actifs (SOAGA), basée au Bénin

Vous militez depuis des années pour la promotion de l’entreprise et de l’initiative privée. Quels buts visez-vous en organisant le forum Africallia ?

Le Forum est une initiative de la chambre de commerce dont est le président, Oumarou Kanazoé m’a fait l’honneur de me demander d’être le président du comité de pilotage. Nous nous sommes inspirés de l’expérience de Futurallia, un forum créé par le département de la Vienne, en France, rassemblant des chefs d’entreprise du monde entier durant 48 heures au autour d’un concept, Business to business (BtoB). L’objectif étant qu’en 48 heures puissent se créer des projets de joint-ventures ou des partenariats. C’est aussi une occasion d’aller au plus près des préoccupations des chefs d’entreprise par l’organisation par exemple deux ou trois exposés sur les opportunités que représente la sous-région ouest-africaine à la lumière de la crise financière internationale. Pour qu’un investisseur s’intéresse à une région, il qu’il ait des informations sur les opportunités et les possibilités de financement, comme par exemple l’existence d’un marché financier régional en Afrique de l’ouest, ce que tout le monde ne sait pas. Pourtant, c’est une information qui peut faire tilt dans la tête d’un investisseur !

En tant que membre de Futurallia depuis 2004, la chambre de commerce du Burkina a participé à toutes les rencontres et les entreprises venues à ce rendez-vous y ont trouvé leurs comptes. Nous avons donc décidé de nous inspirer de cet exemple pour créer Africallia, un évènement qui aura lieu à Ouagadougou, au Burkina Faso et qui rassemble tous les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Pour cette raison, Africallia est organisé par la chambre de commerce du Burkina et la chambre consulaire régionale. Nous souhaitons que le caractère intégrateur de l’Uemoa puisse bénéficier à ce forum, et tous ceux qui viendront du reste du monde pourront rencontrer en un seul lieu les chefs d’entreprises des huit pays membres de l’Uemoa (Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Guinée-Bissau). Nous n’attendons pas moins de 300 entreprises dont 200 de notre zone et je peux vous dire que le forum suscite beaucoup d’intérêts.

Je suis heureux de vous annoncer que nous avons le soutien de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), de la Commission de l’Uemoa, de l’ambassade de France au Burkina, de l’Organisation des nations unies pour le développement industriel (Onudi), de l’Agence multilatérale pour l’investissement (MIga), qui est une sorte d’assurance de la Banque mondiale garantissant les risques politiques. Il est vrai que le Burkina jouit d’une stabilité politique, mais n’est pas le cas dans l’ensemble de l’espace Uemoa. Donc le Miga est là pour rassurer les investisseurs sur les éventuels soubresauts politiques que pourraient connaitre certains pays. Nous avons aussi le soutien de l’Association québécoise des entreprises, spécialisée dans le suivi des accords qui se nouent, et qui nous aidera à évaluer exactement par la suite ce que les entreprises ont pu faire de concret entre elles au-delà des simples manifestations d’intension

Pratiquement, comment se déroulera ce forum pour les participants ?

Grâce à la chambre de commerce, nous avons acquis un logiciel qui gère ce type d’évènement. Dès que nous aurons enregistré la liste des inscrits, nous allons proposer à chaque participant les rendez-vous qu’il aura durant les 48 heures, ceux qu’il souhaite avoir et ceux que les autres souhaitent avoir avec lui. A sa descente d’avion, le participant qui a payé les frais d’inscription -entre 800 et 900 euros selon la formule choisie-, est pris en charge pour son hébergement, la restauration et les déplacements à Ouaga 2000, lieu du forum. Nous lui remettons son planning de rendez-vous, 12 au total, et l’identité des entreprises avec qui il aura à discuter, et l’informons que des interprètes (anglais, espagnols) seront là pour faciliter les négociations

Peut-on imaginer que le forum Africallia soit organisé de façon tournante ? Et quelle est la périodicité ?

Evidemment, tous les pays membres de l’Uemoa doivent pouvoir à tour de rôle accueillir la manifestation, mais ça demande une formation, une maitrise du logiciel et pour cela, la chambre de commerce du Burkina va former les membres des autres chambres de commerce de la région. De toute façon, même si l’organisation est itinérante, il est évident que la chambre du Burkina aura toujours un rôle d’appui afin que le chronogramme soit toujours respecté. Vous n’imaginez pas l’ampleur de cette affaire, mais si tout le monde joue le jeu, c’est près de 4000 rendez-vous qu’il faut gérer en 48 heures, ce qui n’est pas facile à organiser ! Nous souhaitons donc que les inscriptions nous parviennent le plus tôt possible, au plus tard un mois avant l’ouverture du forum.
Quant à la périodicité, nous l’avions envisagée bisannuelle, mais tout dépend du succès de la première édition et des leçons que nous pourrons en tirer. Si c’est un succès, comme je l’espère, on peut imaginer une périodicité rapprochée, mais il appartient à l’assemblée générale de la chambre de commerce d’en décider

Des pays ont-ils déjà manifesté leur intention de participer au forum Africallia ?

En plus des huit pays de l’Uemoa, nous avons déjà signé des accords avec des pays dans lesquels nous avons ce que nous appelons les chefs de délégation, qui sont des institutions et qui sont chargées de recruter les entreprises intéressées par le forum. Il y a le Canada, l’Inde, l’Espagne, la République démocratique du Congo (RDC), le Congo Brazzaville et la France avec les chambres de commerce de la Vienne, de Rouen, de Bordeaux et Ubifrance. [Un organisme public qui accompagne les entreprises françaises à l’international. NDLR]

Autant de réseaux qui permettent de sortir de notre sous-région pour toucher d’autres aires géographiques et promouvoir les potentialités de l’Afrique. Nous voulons être pratiques : une des leçons qu’on peut tirer de la crise financière, est qu’il faut revenir aux fondamentaux de l’économie réelle, et l’Afrique est l’endroit où on peut investir avec beaucoup de chances de réussir. Dans le domaine de l’agrobusiness par exemple, c’est en Afrique qu’il y a des terres, c’est là qu’on peut facilement investir, l’essentiel étant de faire en sorte que chacun trouve son compte

Avez-vous des conseils particuliers à donner aux investisseurs, notamment sur les secteurs qui seraient les plus porteurs ?

Nous n’avons pas de conseils particuliers à donner. Ce que nous disons, c’est que le chef d’entreprise ou l’investisseur qui vient à Ouagadougou est assuré de rencontrer sur place des partenaires africains et non africains. Nous mettons l’information à la disposition de chaque participant et comme les chefs d’entreprises savent ce qu’ils veulent, les discussions ne traineront pas surtout que les interlocuteurs sont identifiés à l’avance. Nous avons prévu un accompagnement complet pour faciliter les rencontres en mettant l’expertise à la disposition des entreprises africaines dans leurs choix stratégiques. Les gouvernements commencent à s’intéresser à l’énergie solaire mais ils ne peuvent pas tout faire. Si on explique aux entreprises qui commandant les groupes électrogènes qu’elles ont intérêt à investir dans le solaire ou l’éolienne en nouant des partenariats avec celles du Nord, ça peut bien marcher.

De même, dans les Nouvelles technologies, il y a des logiciels ouverts, libres, qui permettent de créer des systèmes d’informations fiables à zéro franc ! Encore faut-il être en contact avec des techniciens qualifiés pour vous conseiller le bon choix et pour assurer la maintenance. C’est ce type d’informations que nous voulons aussi mettre à la disposition de ceux viendront à Ouagadougou

La crise financière s’est traduite par une baisse des Investissements directs étrangers (IDE), du volume des transferts des fonds des migrants, de l’Aide publique au développement (APD), et un plus grand endettement des Etats vis à vis du secteur privé. Dans ce contexte, comment inciter un investisseur à venir en Afrique ?

C’est l’histoire de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ! Dès le début de la crise financière, quand tout le monde se prenait la tête, j’avais dis que c’est une chance pour l’Afrique, car c’est maintenant qu’il faut investir dans la production réelle avec une qualité qui soit à la hauteur de la demande.

Sur le plan alimentaire par exemple, nous avons des terres et il faut bien produire pour nourrir le milliard d’habitants que nous avons. Dans ce domaine comme dans d’autres, l’investisseur trouvera toujours un cadre réglementaire qui garantit son investissement et le rapatriement des ses intérêts. Au Burkina, la relecture du code des investissements et du cadre réglementaire vont dans ce sens. Africallia permettra d’avoir des informations en temps réel sur les dispositifs existants dans l’espace Uemoa.

A ce forum il y aura des financiers du marché régional et on pourra s’informer sur les possibilités de lever des fonds, sans oublier que de nouvelles banques étrangères se sont implantées dans notre zone, ce qui crée une compétition et joue en joue en faveur du client puisque le taux du crédit baisse.

Africallia est-elle une propriété de la chambre de commerce du Burkina ou est-ce un bien collectif des pays membres de l’Uemoa ?

Africallia est une marque qui a été déposée à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) au nom de la chambre de commerce du Burkina, et nous avons décidé d’associer la chambre consulaire régionale dans l’organisation du forum. Au lieu de payer un billet pour aller dans chacun des huit pas, l’investisseur pourra les rencontrer tous dans un même endroit, à Ouaga 2000 ! Toutefois, une assemblée générale examinera bientôt la question et au moment venu, on discutera avec la chambre consulaire pour voir ce qui est faisable

Interview réalisée par Joachim, Lefaso.net

Renseignements : www.africallia.com

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