LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Salvador YAMEOGO, député à l’Assemblée nationale, président du RDF : “Notre pays a continué à conforter ses positions dans le renforcement de son processus démocratique”

Publié le mardi 2 février 2010 à 03h15min

PARTAGER :                          

Fils du premier président de la Haute-Volta indépendante, Maurice YAMEOGO, l’homme est longtemps resté hors du pays où il a fait ses humanités et s’est bâti une solide carrière professionnelle dans le privé. Revenu des bords de la lagune Ebrié au pays, au détour d’une des multiples recompositions du paysage politique, c’est comme tout naturellement qu’il va tomber dans la chose politique à l’instar de son père et de son frère aîné qui n’est autre que Hermann YAMEOGO. L’homme dont il est question, c’est Salvador YAMEOGO.

Après avoir été ministre, il siège comme député à l’Assemblée nationale depuis 2002, début de la 3e législature et est devenu président d’un parti politique de la mouvance présidentielle, le Rassemblement des Démocrates pour le Faso (RDF), après avoir claqué derrière lui la porte de son parti d’origine, l’UNDD, dirigé par son aîné suscité. En ce début d’année 2010, votre journal est allé à la rencontre de cet homme politique qui vous entretient sur la situation sociopolitique de notre pays, la vie de son parti, ses choix politiques, son passage de l’Opposition à la Mouvance, l’article 37… autant de questions auxquelles le député YAMEOGO a bien voulu répondre sans langue de bois.

Quelle lecture faites-vous de la situation sociopolitique de notre pays en général et en particulier pour cette année 2009 qui vient de s’achever ?

Salvador YAMEOGO (S.Y) : Tout d’abord, merci à L’Opinion de venir vers moi en ce début d’année pour recueillir mon sentiment sur la situation de notre pays. Ce que je peux dire, c’est que d’une manière générale, l’année qui s’achève a été riche en évènements que ce soit sur le plan politique, économique que social. Je crois que le Burkina, d’une manière générale, a traversé avec beaucoup de sérénité cette année qui a été relativement difficile, marquée par la crise financière elle même précédée par les crises énergétique, alimentaire…

Les éléments naturels également ont été de la partie avec le triste 1er septembre 2009 qui a vu notre pays endeuillé et surtout confronté de façon très brutale au problème du climat et peut-être du changement climatique.
Je pense que sur le plan politique, notre pays, depuis bien avant l’année 2009 qui s’est achevée, a continué à conforter ses positions dans le renforcement de son processus démocratique. Sur le plan économique également, on peut observer comment le Premier ministre, Tertius ZONGO, avec beaucoup de courage et de détermination, s’est attaqué à opérationnaliser la bonne gouvernance avec toutes les difficultés que cela pose, mais aussi avec les espoirs que cela porte. Sur le plan social, il est sûr que la possibilité de toujours dialoguer entre le gouvernement et les syndicats, les forces vives, reste un atout qu’il faut à tout point de vue préserver. Le développement est une construction inachevée et donc sans cesse en renouvellement. Globalement, et a priori, c’est ce que je peux retenir de cette année qui vient de s’achever sans aller dans les détails.

Etes-vous satisfait du travail des élus que vous êtes ?

S.Y : Oui, je peux affirmer, en tout cas depuis que je suis député, que le Parlement n’a cessé de travailler à renforcer ses capacités pour pouvoir les mettre en phase avec les réalités économique, politique et sociale. Le Parlement a également initié des rencontres avec les élus locaux qui permettent dans le cadre de la décentralisation de pouvoir entre élus locaux et nationaux, travailler ensemble à améliorer ce processus de décentralisation qui est effectivement long et demande beaucoup de concentration et probablement des retouches singulières. D’une manière générale, le Parlement a aussi initié des propositions de lois notamment sur le statut de l’Opposition, le financement des partis politiques, les quotas ; des propositions qui montrent que l’initiative a été un peu du côté du Parlement alors que habituellement c’est le gouvernement qui envoie des projets de lois au niveau du Parlement. Ce que je peux ajouter également, c’est que depuis le début de cette législature, il y a plus de missions d’information des commissions parlementaires.

Le président de l’Assemblée nationale, ce qui est véritablement dans son crédit, a su trouver les moyens de permettre aux missions d’aller sur le terrain pour contrôler la décentralisation, les prisons, les hôpitaux…, contrôler tout ce qui fait l’objet de projets de loi qui nous sont soumis par le gouvernement et de ce point de vue-là je pense qu’il y a une avancée assez intéressante. Pour se résumer, en tant que député, je ne vais pas cracher dans la soupe, les députés ont leurs qualités et leurs défauts. Mais globalement, je pense que nos compatriotes peuvent être légitimement fiers du travail que font leurs députés et cela très souvent, dans des conditions difficiles.
Pourquoi je dis cela, parce que très souvent dans l’esprit de nos compatriotes, des électeurs, il y a une confusion qui est faite entre l’action du gouvernement et celle des députés. Ainsi, on attend toujours des députés des choses qui sont au-delà de leurs compétences ou au-delà même de leurs prérogatives telles que définies par la Constitution.

Justement, certains de nos compatriotes voient en les députés ceux-là qui s’octroient des avantages faramineux sans pour autant répondre à leurs attentes. Votre commentaire ?

S.Y : J’ai un peu répondu par anticipation à la question. Je suis député et j’ai eu l’occasion, dans le cadre du Parlement, et même bien avant, de sillonner beaucoup de pays en Afrique, en Europe, en Amérique et j’ai pu observer que ce problème était récurrent. Il y a une confusion de rôle et de genre. Les gens estiment que les députés s’octroient, on va dire abusivement, des droits parce qu’ils attendent des députés ce qui n’est pas de leur ressort. Je pense que c’est peut-être là qu’il y a le premier hiatus.
Ensuite, je pense quand même que le député, bon gré mal gré, a une fonction sociale importante que la population elle-même reconnaît. D’un côté, on charge les députés et en même temps on est toujours derrière eux pour résoudre des problèmes de décès, de scolarité... Je pense qu’il faut simplement que ceux qui portent ces critiques-là aient souvent l’honnêteté d’équilibrer leurs propos parce que très souvent ils sont les premiers à se "pointer" à l’Assemblée à chaque fin de mois pour faire recours aux députés.

Votre avis sur le retrait de la loi sur le vote des Burkinabè de l’étranger. On dit que l’Assemblée nationale n’aurait pas suffisamment examiné ladite loi avant son adoption. Est-ce le cas ?

S.Y : Je pense que si on ne peut pas aller à un vote satisfaisant, organisé dans de bonnes conditions, de nos frères qui sont à l’étranger, c’est déjà courageux de le reconnaître et c’est logique de retirer le texte. Maintenant, il y a, je dirais, un mauvais procès qui est fait à l’Assemblée nationale notamment par l’opposition qui du reste est membre du Parlement. Par rapport peut-être à un manque de maturation du texte. Ayant assisté à la rencontre convoquée par le chef du gouvernement avec l’ensemble des partis politiques, la question a été largement débattue.

Ce qui a transparu de mon point de vue c’est plutôt une mauvaise appréciation de l’opérationnalité du texte de loi mais non de son bien-fondé. Et en la matière, le gouvernement est mieux outillé que l’Assemblée pour apprécier l’opérationnalité de cette loi. Donc la CENI et le ministère des Affaires étrangères ont été interpellés. Dans ce cas, chacun devra prendre ses responsabilités et je crois que cela n’incombe pas uniquement au Parlement. Nous sommes aussi dans une situation financière extrêmement difficile et le coût a paru primitif à juste titre. Après les inondations et les multiples contraintes auxquelles le gouvernement est confronté, l’urgence de l’application de cette loi a paru de moins en moins grande aux regards de tous ces éléments pour qu’a posteriori on dise que ce n’était pas prêt.

Vous êtes également président du RDF. Comment se porte-t-il, votre parti ?

S.Y : Le RDF se porte bien. Il a réussi dans des conditions assez difficiles à tenir son premier congrès ordinaire les 17 et 18 octobre dernier sous le thème de la "Mouvance présidentielle : Bilan et perspectives", une thématique d’actualité. Sa feuille de route qui est sortie de ce congrès nous redonne l’énergie nécessaire pour affronter le triptique qui vient : 2010, 2011 et 2012 à savoir la présidentielle, les municipales et puis les législatives.
Le RDF est un parti qui n’a que cinq (5) ans d’existence et s’il reste un petit parti par représentation, il porte des valeurs importantes en lesquelles ses militants et ses dirigeants croient. Pour terminer, j’ajouterais que nous avons, dans des circonstances historiques données, créé ce parti ; mais nous sommes conscients que pour donner de la consistance à nos convictions, du poids à notre action, nous devons nécessairement évoluer vers la fédération, le regroupement, les fusions des partis. Ce n’est pas parce que l’on a échoué dans cette dynamique-là qu’il faut la rejeter. Il faut sans cesse se remettre en question et se remettre au travail pour arriver à former une masse critique suffisante de partis qui vont dans la même direction et pouvoir opérer des actions qui pèsent réellement.

Qu’est-ce qui explique votre choix de vous positionner dans la Mouvance présidentielle ?

S.Y : L’option pour la Mouvance présidentielle remonte à la création du RDF en mars 2005. A ce moment précis de l’histoire de notre jeune formation politique, nous avons observé le paysage politique et les hommes politiques de renom qui étaient porteurs d’un projet. Nous avons, après avoir été nous faire entendre dans l’Opposition, opté pour un soutien au candidat Blaise COMPAORE à l’époque, parce que c’est celui qui arrivait le mieux à fédérer par son projet un maximum de Burkinabè. C’est un point de vue, une option personnelle et partisane qui a encore été réexaminée dans le cadre de notre dernier congrès et qui a été de nouveau validée. Vous savez qu’en politique les choses évoluent. Il est possible qu’un jour l’opposition s’organise et puisse proposer un projet alternatif crédible sans que le pays ne rentre dans des difficultés qui seraient dommageables par rapport aux années qu’on a mis à profit pour restaurer l’Etat de droit et passionnément essayer de bâtir un Etat moderne, constituer une Nation.

Notre choix est raisonné. La Mouvance présidentielle est maintenant une grande famille qui est faite bien sûr de la formation majoritaire qui est le CDP et 30 partis qui se sont fédérés au sein de l’Alliance pour la mouvance présidentielle et, il y a encore, je pense, des partis en dehors de l’AMP qui soutiennent le chef de l’Etat et qui de ce point de vue-là s’apparentent à la mouvance. On reconnaît le leadership d’un homme qui a su, au plan interne, sous-régional et international, restaurer une certaine idée du Burkina Faso, un pays enclavé, peu doté par la nature, mais, qui, à force de travail, arrive à se hisser à des niveaux que peu de gens pouvaient soupçonner. Cela ne veut pas dire que tout est parfait ; d’ailleurs rien n’est parfait en ce bas monde. C’est pour vous dire que notre soutien pour le leadership d’une personne ne nous empêche pas d’avoir aussi un regard critique.
Ce n’est donc pas une mouvance aveugle mais un choix raisonné qui nous fait apporter notre contribution dans le cadre de ce positionnement que nous avons choisi.

Est-ce donc pour ces raisons que vous avez viré dans la mouvance puisque vous étiez à vos débuts dans l’opposition ?

S.Y : Vous savez, c’est une très longue histoire si nous voulons remonter à mon arrivée ici. Il faudrait faire un bond jusqu’en 2000 ; et c’est vrai qu’à l’époque j’arrivais en politique au Burkina dans le cadre de l’ADF/RDA qui était effectivement un parti d’opposition avec pour président Me Hermann YAMEOGO qui est par ailleurs mon grand-frère. Nous sommes entrés en politique suite aux difficultés que le pays a rencontrées avec le décès de Norbert ZONGO et dans la dynamique d’un gouvernement protocolaire qui a associé, si ma mémoire est bonne, sept (7) partis d’opposition au CDP de fin 2000 à mi 2002. Je pense que c’est une expérience très enrichissante pour tous ceux qui ont participé à ce gouvernement parce qu’on a le sentiment qu’à un moment donné il y a eu un peu, balle à terre, toute formation politique confondue, pour essayer d’aller de l’avant et voir ce qui pouvait davantage nous unir que séparer.

En 2002, lorsque la crise en Côte d’Ivoire a éclaté, se sont fait jour certaines divergences d’appréciation au sein de l’ADF/RDA d’alors par rapport à certaines prises de positions. Comme vous savez, l’ADF/RDA a connu par la suite une scission et l’arrivée à sa présidence de Me Gilbert Noël OUEDRAOGO.
Alors nous avons recréé disons, réveillé l’UNDD de ses cendres. Et puis des divergences persistantes sur des options nous ont amené à quitter l’UNDD et à créer le RDF qui est aujourd’hui dans la Mouvance. Mais, si je puis me permettre une petite parenthèse par rapport à toutes ces péripéties, je dirai qu’en politique, on agit selon des convictions et par rapport aux options qu’on prend en conformité avec ces convictions-là.

Ce sont mes convictions qui m’ont amené à prendre les positions que j’ai prises et elles sont inchangées. Maintenant qu’on a plus d’expérience, qu’on est resté beaucoup plus longtemps à l’écoute des populations, à l’écoute de notre cosmogonie, les choses se feraient peut-être différemment dans la forme mais pas dans le fond ; parce que je pense que s’il n’y a pas réellement une conviction et une volonté de travailler par rapport à celle-ci, c’est difficile de durer en politique. Voilà donc brièvement résumé, le parcours qui m’a fait entrer en politique et m’a amené de l’Opposition à la Mouvance présidentielle. D’autres ont fait peut-être le cheminement inverse et c’est ça la dynamique politique dans laquelle nous évoluons qui fait que chacun apprécie la situation politique, économique, sociale par rapport à son vécu, par rapport aux outils dont il dispose pour l’analyser et faire ses choix conséquemment.

La Mouvance présidentielle souffrirait de petites maladies infantiles, de querelles lorsqu’il est question de nomination. Votre commentaire ?

S.Y : La Mouvance présidentielle est en phase de restructuration puisqu’une nouvelle convention a été élaborée. D’autres membres ont été admis et comme vous le savez, nous sommes une trentaine de partis mouvanciers reconnus par l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) et de tailles différentes.

Donc je pense que ces maladies infantiles sont possibles et naturelles. Dans cette phase de réorganisation, il ne faut pas prendre cela comme un signe négatif forcément. Il va se mettre en place certainement une organisation qui va mieux gérer l’AMP mais au prix peut-être de débats internes importants. Je pense que c’est aussi un signe peut-être de vitalité parce que l’AMP est non seulement à la recherche d’une réorganisation mais aussi d’une âme pour pouvoir exister par elle-même. De ce point de vue-là, ce que vous dites n’est pas faux mais ce n’est pas forcément un mauvais signe.
Maintenant, je ne sais pas si l’AMP est secouée par des dissensions par rapport à une entrée éventuelle au gouvernement. Je ne suis pas au courant.

Que pensez-vous de l’arrivée de l’ADF/RDA dans la Mouvance ?

S.Y : Lors du dernier congrès du RDF, nous avions pointé l’importance de la décision que l’ADF/RDA prendrait : soit accepter le statut de l’opposition, soit le décliner. Nous avions à l’époque dit que cela allait modifier la donne de la mouvance ou de la majorité présidentielle selon le terme que chacun choisit. Je pense que c’est également normal que l’ADF/RDA, compte tenu de son histoire, peine un tout petit peu à trouver ses marques. Dans tous les cas, je pense que la sagesse va prévaloir et qu’au-delà d’un débat qui n’est peut-être pas que sémantique, si les véritables volontés de soutenir le programme du chef de l’Etat l’emportent, l’ADF/RDA saura trouver les voies et moyens de se coller dans un moule qui existait avant elle parce que cela peut introduire un système de deux poids deux mesures qui n’est pas profitable, je pense, à la cohésion de la mouvance présidentielle.

Vous savez qu’au sein de l’AMP, c’est le système d’un parti une voix. Donc il n’y a pas pour l’instant l’importance du parti en termes d’élus, de conseillers etc. Ça aussi, il ne faut pas le cacher, pose un problème. Le CDP est coordonnateur de l’AMP et le coordonnateur adjoint par rotation est un des autres partis membres de l’AMP. Vous voyez donc que ce qu’il faut à mon avis privilégier c’est l’efficacité. Nous sommes déjà en 2010 et les querelles politiques et de positionnement ne peuvent pas finir. Essayons donc de garder raison et voir quelle est la structure, l’organisation qui doit aller à ces élections pour défendre le bilan et le futur programme de notre candidat.

2010, une année électorale majeure. Un appel à l’endroit de nos populations ?

S.Y : Ce que je peux dire en ce début d’année à nos populations par le canal de votre journal, c’est d’abord souhaiter à tous une bonne année 2010 pleine de santé, de bonheur, de prospérité et de succès dans tous les domaines. Je crois que le peuple gagne en maturité d’un scrutin à un autre ; c’est indéniable, et pour l’année qui vient de commencer qui est une année politique majeure qui nous permettra d’élire le premier magistrat de ce pays, il faut que chacun travaille à faire en sorte que le scrutin qui va se tenir soit, comme le dit la formule consacrée, le plus libre le plus équitable et le plus transparent possible.

Ensuite, chacun doit être libre, dans ses convictions. Chacun doit pouvoir au Burkina dire, moi je choisis tel candidat pour telle ou telle raison et je l’exprime par mon suffrage.
Mais il faut que l’on comprenne bien le sens profond de la démocratie qui est que quand la majorité s’est exprimée sur une personne alors tout le peuple s’identifie à cette personne pour la durée de son mandat. Sinon, je pense qu’on aura du mal réellement pour bâtir notre Etat et notre nation. Je ne dis pas que l’opposition cesser, mais il est important, dans le principe, de comprendre que si une majorité désigne quelqu’un et un programme, eh bien, c’est cette personne-là et ce programme-là qui vont nous conduire durant la durée du mandat.

La question de la révision de la Constitution est sur la place publique. On prête au CDP et aux partisans du président COMPAORE de vouloir réviser la Constitution et modifier l’article 37 pour permettre à Blaise de pouvoir se représenter à souhait pour ne pas dire ad vitam aeternam (à vie en latin). Votre avis sur la question ?

S.Y : La question de l’article 37 ressurgit effectivement et d’une manière générale c’est la question de la modification de la Constitution qui se trouve posée. Je pense qu’il y a une idée communément admise qui veut qu’on considère que la Constitution c’est notre fétiche, on y touche le moins possible. Mais en même temps aussi il faut avoir à l’idée que la Constitution est écrite par des hommes à un moment historique donné pour une société donnée. Donc je pense que, dans l’absolu, on ne peut pas évacuer totalement l’idée de relire la Constitution.
Concernant la question particulière de l’article 37, moi j’ai un point de vue assez singulier là-dessus. La question de la limitation des mandats qui est en soi antidémocratique a été introduite dans les démocraties naissantes pour permettre de consolider la démocratie et permettre des alternances qui n’auraient peut-être pas lieu en l’absence de limitation de mandat. En même temps cette limitation empêche le peuple de continuer à choisir quelqu’un qu’il a élu et qui fait son affaire.

C’est donc un problème assez contradictoire car la limitation de mandat poursuit une chose et son contraire : elle poursuit le renforcement de la démocratie et en même temps elle la limite. Pour moi, si d’aventure la question se posait, il faut savoir qu’elle ne concerne pas que le CDP mais est une affaire de tous. Prenons l’exemple du Brésil qui connaît la limitation de mandat. Le président actuel, Lula Da SILVA, est un président dont la popularité dépasse le cadre du Brésil. En deux mandats, il a quasiment fait de son pays une puissance, une puissance émergente faisant beaucoup de jaloux parmi tous les pays mais, il doit partir. Il y a là un problème qui se pose.

Celui qui va le remplacer pourra-t-il avoir le même plan et le même charisme pour continuer à mettre le Brésil dans l’optique où il s’est placé ?

Dans le cas du Burkina, et pour le camp qui est le mien, nous avons un candidat (Blaise COMPAORE) parce que nous estimons jusqu’à preuve du contraire qu’il a une vision, une feuille de route qui me paraissent être les meilleures pour continuer à placer le Burkina sur le chemin de l’émergence. S’il se trouve être candidat et que nous pensons qu’il faut lui permettre de continuer à travailler, dans ce schéma-là, pourquoi pas ? L’essentiel est que chaque Burkinabè donne librement son point de vue par rapport à la question et c’est seulement par les urnes qu’on peut dire si oui ou non, on veut de quelqu’un ou pas. Si c’est fait ainsi, la question de la limitation de mandat ne se posera même plus.

Quelque chose qui vous tient particulièrement à cœur et que vous n’avez pas pu dire ?

S.Y : Ce que je veux dire ; d’abord, c’est par rapport au rôle des médias. Je veux vous féliciter, toute flagornerie mise à part. Je veux rendre hommage au travail des médias souvent dans des conditions difficiles pour avoir l’information, pour informer objectivement tous les concitoyens et vous encourager à poursuivre dans cette voie-là, cependant avec un petit bémol. Nous sommes des gens publics, exposés et très souvent on lit dans les journaux des propos qu’on nous a prêtés extraits totalement de leur contexte (NDLR : Se référant à des analyses de certains médias après une déclaration dans laquelle il appelait les partis de la Mouvance à être moins contemplatif) et très souvent on voit affirmer des choses dans lesquelles on ne se reconnaît pas.

Votre démarche, elle, est très bonne : me faire l’honneur de venir me voir pour me demander ce que je pense de l’année écoulée. Je pense que nous (députés) sommes disposés à aller vers les médias ou à les recevoir pour dialoguer, échanger, donner le maximum d’informations concernant ce que nous sommes, ce que nous voulons et souhaitons. Si maintenant l’information est incomplète et on s’expose, ce qui est normal, on ne peut que s’en prendre à nous-mêmes. Mais très souvent on a le sentiment qu’il s’agit de quelques ragots qu’on balance et ça c’est très pénalisant. De manière générale, je me permets de féliciter les médias.o

Angelin DABIRE

L’Opinion

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 2 février 2010 à 11:10, par N’dabi En réponse à : Salvador YAMEOGO, député à l’Assemblée nationale, président du RDF : “Notre pays a continué à conforter ses positions dans le renforcement de son processus démocratique”

    Eh bien, si j’ai bien compris le point de vue de Monsieur le député concernant l’éventuelle modification de l’article 37 de la constitution,pour sa part, l’on devrait se référer à un référendum qui, à mon avis est gagné d’avance.
    A mon sens, le rayonnement d’un pays ne se limite pas aux constructions de buildings et de pavoisement sur la scène internationale de ces dirigeants. Les problèmes auxquels le peuple est confronté quotidiennement sont nombreux, notamment,nombreux sont ceux qui ne mange pas à leur faim, on n’arrive à peine à se soigner, le sac de ciment coût si chère que seul les riches peuvent se construire des maisons en dures, la liste si long qu’il vaudrait s’en passer.
    Si éventuellement, l’on voudrait revenir à une monarchie constitutionnelle, que le pouvoir revienne au Mogho Naba, car, c’est à lui que ceci revient de droit.

  • Le 2 février 2010 à 14:23, par Kon Ndougtouly En réponse à : Salvador YAMEOGO, député à l’Assemblée nationale, président du RDF : “Notre pays a continué à conforter ses positions dans le renforcement de son processus démocratique”

    Mr Salvador ,vous ne prônez rien de meilleure pour le Burkina si ce n’est faire la cour à Blaise pour qu’il vous repêche en vous gratifiant d’un strapotain ;mais il sait qui est sincère dans ses propos .Ce que vous proposez n’est rien d’autre que Blaise soit établi monarque alors que conciemment vous ne l’admettez pas ,soyez maitre de vous même .
    Si vous êtes pour la paix au Faso , ne semez pas les graines de lendemains difficiles pour les Burkinabès.
    S’il n’yavait pas l’alternance LULA allait rester dans l’anonymat ,qui saurait que ya meilleur que son prédecesseur.

  • Le 2 février 2010 à 22:56, par sank En réponse à : Salvador YAMEOGO, député à l’Assemblée nationale, président du RDF : “Notre pays a continué à conforter ses positions dans le renforcement de son processus démocratique”

    Mr le depute, pensez-vous que vous etes les seuls intellectuels de ce pays et que tout ce que vous dites est avale par tout le monde ? Si je comprends bien l’alternance est souvent une barriere a la democratie d’apres vous. Aussi, il est necessaire de maintenir Blaise compaore parce qu’il fait l’affaire du pays. Pouvez vous me dire ce qu’il a fait pour ce pays depuis 1987 ? Ce que que nous voulons est tout a fait contraire au "programme" du chef de l’etat dont vous parlez. Thomas Sankara a si bien dit que le travail d’un gouvernement au service de son peuple est de pouvoir lui obtenir au moins 2 repas par jour, le soigner, lui offrir une education, et enfin lui offrir un cadre ideal pour son epanouissement. Au lieu de cela, il investit des milliards pour la constrction d’echangeurs, d’infrastructures dont le Burkina n’a pas besoin pour le moment. Encore, nous savons qu’un programme de gouvernement ne se fait pas par un homme. Blaise appartient a un parti politique qui le designe comme candidat a la presidentielle. Pour vous dire de ne pas nous empoisonner avec le fait qu’il fait l’affaire de l’etat au vue de son programme parce qu’il l’a pas elabore mais c’est son parti qui l’a fait. Si C’est un homme digne qui se soucis de l’avenir de son peuple, ne plus etre president ne veut pas dire qu’il peut pas toujours contribuer au developpement de son peuple. Actuellement, Bill Clinton qui a ete president des USA effectue des visites diplomatiques pour son pays et reste toujours au service de son parti. Mr le depute, s’il vous plait, evitez de prendre le peuple Burkinabe pour des idiots. Quelqu’un peut-il me dire pourquoi les dirigeants Africains sont sans coeur ? pres a vendre leurs propre peuple a l’imprialisme ? si egoistes ?...J’ai mal, tres mal pour mon continent.

  • Le 4 février 2010 à 22:39 En réponse à : Salvador YAMEOGO, député à l’Assemblée nationale, président du RDF : “Notre pays a continué à conforter ses positions dans le renforcement de son processus démocratique”

    Je m’adresse au premier intervenant, c’est qui ton moro naba ? tu crois que le pays appartient aux mossis ou quoi ou tu confond pays mossi et burkina faso ? Que les choses soient clair dans les esprits, cette question est tabou au Burkina, je signal que nous avons une soixantaines d’ethnies et de langues et si les autres se taisent sur la légitimité du pouvoir ne croyé pas qu’ils ne savent pas ce qui se passent autour du palais du moro en terme de nominations au gouvernement et autres, alors saccher que le burkina n’est pas une affaire de mossi et le chef de l’Etat le sais très bientôt dans la mesure où la considération géopolitiques dans les hautes fonctions de l’Etat est respectéé. Si tu ne sais pas de quoi tu parles ne met pas le feu à ce beau pays. Espèce d’aculturé.

  • Le 5 février 2010 à 00:00, par blaise Compaore pas le meme En réponse à : Salvador YAMEOGO, député à l’Assemblée nationale, président du RDF : “Notre pays a continué à conforter ses positions dans le renforcement de son processus démocratique”

    Tout homme est mortel, or Blaise est un homme, donc Blaise est mortel.

  • Le 8 février 2010 à 03:08, par l’Africain En réponse à : Salvador YAMEOGO, député à l’Assemblée nationale, président du RDF : “Notre pays a continué à conforter ses positions dans le renforcement de son processus démocratique”

    Comment on va faire ? les griots aussi on leur place dans ce pays pour que les chefs soient contents. Monsieur Yameogo, vous avez choisi une voie avec ses consequences, j’espere que vous pourrez les assumer jusqu’au bout, j’allais dire jusqu’a la lie. "le temps c’est l’autre nom de Dieu disait le dirigeant d’un pays voisin." Le temps, comptons avec lui. Merci

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique