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KADHAFI ET LA PRESIDENCE DE L’ORGANISATION PANAFRICAINE : L’U.A n’est pas la Libye

Publié le vendredi 29 janvier 2010 à 00h47min

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Du 25 janvier au 2 février, se tiendra comme d’habitude à Addis-Abeba en Ethiopie, la grand-messe du sommet annuel de l’Union africaine. Il s’agira cette année, de la 14e rencontre de l’Union panafricaine. Avec pour thème, un sujet bien dans l’air du temps : « Technologies de l’Information et de la Communication en Afrique : défis et perspectives pour le développement ». Mais bien plus que le thème, ce qui fait dès à présent les gorges chaudes à propos de cette rencontre de l’organisation panafricaine, ce sont bien les rumeurs qui se susurrent et qui voudraient que le Chef d’Etat en exercice de l’UA , dont le mandat expire dans quelques jours seulement, manifeste une intention avérée d’en occuper le siège encore pour un mandat.

Le Guide libyen, Mouammar Kadhafi, ambitionne de rester à la tête de l’UA. Si les choses devaient se passer dans les normes, le Chef d’Etat africain qui devrait lui succéder à ce poste est bel et bien celui du Malawi. Mais le colonel, Roi des rois d’Afrique l’occupe déjà et voudrait bien le conserver. Pas vraiment surprenante, l’attitude du bien atypique Guide. D’ailleurs, beaucoup le voyaient venir et avaient, en son temps, pronostiqué que l’homme ne voudrait pas en repartir.

Certains même déploraient déjà à l’époque que l’on puisse confier les rênes de l’Organisation panafricaine à un homme aussi imprévisible dont on sait qu’il excelle dans les frasques, les provocations inutiles ainsi que les dérapages verbaux. Mais à vrai dire, il y a un an, rien ne permettait de lui refuser la présidence de l’UA. Le poste revenait de droit à l’Afrique du Nord et les autres dirigeants de la région n’en ayant pas voulu, celui qui le convoitait s’en est emparé. Et cette dure logique de la légalité devrait pousser aujourd’hui Kadhafi à humblement céder le fauteuil à son tour, à celui qui devrait désormais l’occuper. Mais on se rend compte que le Guide semble disposé à faire tout le contraire. Et, on l’imagine, il fera, comme à son habitude, feu de tout bois. Tous les moyens y passeront, licites ou non. Kadhafi, s’il veut vraiment jouer les prolongations –il a sans doute, lui aussi, des chantiers à terminer- usera de promesses, fera du lobbying, achètera même des consciences. Il peut se le permettre, ses caisses regorgent de pétrodollars dont à la limite, il ne sait plus que faire. Reste à savoir si tout cela se révèlera, au final suffisant. Car, il restera toujours, il faut l’espérer, suffisamment de personnes honnêtes et consciencieuses en Afrique pour s’interroger sur les motivations réelles du colonel libyen qui ambitionne, par tous les moyens, de devenir le Guide de tout un continent.

Tout le monde en convient, cette notion de l’Union africaine est très chère au Chef d’Etat libyen. Il l’aura défendue, toutes griffes dehors et lui aura consacré du temps et de l’argent, beaucoup d’argent. Mais si, au final, c’est dans l’intention avérée de faire de ce continent une propriété privée à l’instar d’une chasse gardée que l’on gère comme une vulgaire basse-cour, selon ses humeurs et son tempérament du moment, il faut avoir le courage de dire non.

Kadhafi n’est pas réputé pour sa modestie et son sens de la pondération, mais tout de même. Pense-t-il que son bilan à la tête de l’UA est si reluisant au point qu’il demande à jouer les prolongations ? Kadhafi, à l’occasion des évènements en Mauritanie d’abord, en Guinée Conakry ensuite, a simplement démontré qu’il ne méritait pas la présidence de l’Organisation panafricaine, par son déni de la démocratie ainsi que son soutien apporté à des régimes empreints d’illégitimité. Croit-il que maintenant qu’il a occupé le fauteuil présidentiel, nul autre que lui ne mérite de s’y asseoir après lui ? Ou, tout simplement, a-t-il le projet de transformer le continent africain en une géante Libye ? Et puis, un peu de modestie et de modération ne ferait pas de mal au Guide libyen. Il aurait pu tout de même attendre que les Africains lui fassent la proposition de la prolongation qu’il souhaite. Cela aurait été plus fair-play et certainement plus décent.

L’homme, une fois de plus, se dévoile et révèle qui il est, et ce que représente pour lui ce continent africain. Il croit avoir affaire à des nations puériles et crève-la-faim dont l’indigence ne saurait se payer le luxe de résister aux charmes des pétrodollars que lui, Kadhafi possède à profusion.

Il le croit, mais quelque part il se trompe. La fortune de Kadhafi n’allèche plus de nos jours comme de par le passé. Des Chefs d’Etat africains, traditionnellement du cercle restreint de ses amis, ont fini par se lasser de ses frasques et ont choisi de mettre de la distance entre le fantasque Guide et eux. Certains dirigeants africains ont opté de lui dire en face, coram populo, le désaccord qu’ils ressentaient par rapport à telle ou telle de ses initiatives qu’il voulait les « forcer » à adopter. Preuve qu’en Afrique, beaucoup auront compris que la passion soudaine du colonel libyen pour ses frères noirs trouve son origine dans l’échec qu’il a subi lorsqu’il voulut caporaliser ses frères du monde arabe. La présidence de l’UA pour le Guide libyen offre un excellent tremplin d’où il peut, en toute légalité et impunité, déclamer ses diatribes, se donner lui-même en spectacle et peu à peu, amener les nations de tout un continent à lui vouer le culte personnel auquel Kadhafi, depuis toujours, aspire. Mais quel paradoxe ! Alors que des voix s’élèvent qui trouvent trop long le temps passé par le Rois des rois d’Afrique à la tête de l’UA, le Guide le trouve top bref et veut d’une troisième mi-temps. Le dernier mot, comme l’a dit Jean Ping, revient aux Chefs d’Etat de l’UA. On attendra de voir, mais à tout le moins, on souhaite que la raison prévale.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 29 janvier 2010 à 11:16, par Paris Rawa En réponse à : KADHAFI ET LA PRESIDENCE DE L’ORGANISATION PANAFRICAINE : L’U.A n’est pas la Libye

    Les chefs d’Etats africains sont pour la plupart des champions hors-catégories du refus de l’alternance démocratique n’est-ce ? N’ont-ils pas fait de la désignation du président de l’UA l’affaire exclusive de leur club fermé ? Ce n’est donc pas étonnant que l’UA soit à l’image de leurs carences politiques et intellectuelles qui prennent pour des charismes qui feraient d’eux des hommes-forts providentiels et indispensables !

    Tant qu’il sera admis que la présidence de l’UA peut être exercée par un rigolo qui n’a jamais été élus démocratiquement par leur propre peuple, toute l’Afrique sera la risée du monde ! L’UA refuse les coups d’Etat et se gêne de se laisser présider par d’anciens putschistes !!!! L’Afrique politique n’est pas sérieuse, elle est juste politicienne et sans projet d’avenir. D’où un pilotage à vue et sans règle de gouvernance ni de critère de légitimité : vive la loi du plus fort (ou du plus riche) !

  • Le 30 janvier 2010 à 11:10, par Nuée En réponse à : KADHAFI ET LA PRESIDENCE DE L’ORGANISATION PANAFRICAINE : L’U.A n’est pas la Libye

    Je me demande bien qu’est ce qui motive ainsi les journalistes de tout bord à sacharner sur la personne du Président Khadafi et de ses convictions politiques. C’est à croire qu’il y a en la matière une conspiration contre l’homme et son régime, contre son pays la lybie à cause justement de sa prospérité et de son progrès à tous les niveaux. C’est dire qu’une main invisible est entrain de soudouer ces pauvres journalistes pour destabiliser ce grand monsieur de l’Afrique. Mais, que dal, le chien aboie, la caravane passe !!!!

  • Le 30 janvier 2010 à 13:30, par burkindi En réponse à : KADHAFI ET LA PRESIDENCE DE L’ORGANISATION PANAFRICAINE : L’U.A n’est pas la Libye

    L’Union Africaine est en train de prendre ses responsabilités en ce qui concerne les modifications constitutionnelles. Ceci interpelle beaucoup de dirigeants, parce que la communauté internationale commence à ne plus vouloir supporter le coût des différentes médiations pour insuffisance de démocratie.

    Le Niger est visé, mais les politiciens du Burkina sont interpelés. Nous espérons que cet appel sera entendu.

    Nous avons besoins d’institutions stables pour la bonne gouvernance. L’Union Africaine par ce projet dit oui à l’alternance par le changement de dirigeants. Peut-être donnera t’elle, elle même l’exemple en ne reconduisant pas le guide Libyen. Il faut respecter la charte.

    Je pense que la Libye n’est pas elle non plus le meilleur exemple démocratique.

    Il faudra que les politiciens commence à tenir compte de la société civile qui a seulement besoin de tolérance et de paix.

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