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Population et développement : “Le taux d’alphabétisation des plus pauvres est quatre fois plus faible que celui des plus riches”

Publié le jeudi 28 janvier 2010 à 00h48min

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Le Conseil national de population (CONAPO) a organisé un atelier de formation à l’analyse des tendances démographiques du Burkina Faso et à l’interrelation entre population et développement, au profit des cadres de la Direction générale de l’économie et de la planification, en novembre dernier à Kombissiri. Pour en savoir davantage sur les conclusions de cet atelier, nous avons approché le chef de département communication plaidoyer, Félicité Bassolé.

Sidwaya (S) : Quelles sont les missions assignées au Conseil national de la population (CONAPO) du Burkina ?

Félicité Bassolé (F.B.) : Le CONAPO est une structure interministérielle. Elle a pour mission de proposer la Politique nationale de population (PNP), de l’actualiser en fonction de l’évolution économique, démographique et socioculturelle du pays et de veiller à sa mise en œuvre. Le Secrétariat permanent du CONAPO (SP/CONAPO), organe administratif et technique du CONAPO, est chargé entre autres, de veiller à la prise en compte des objectifs de la PNP dans les programmes de développement et de participer à l’élaboration, au suivi et à l’évaluation des programmes et stratégies sectorielles en matière de population. Il organise donc des formations au profit des cadres des ministères pour accroître leurs connaissances des stratégies de prise en compte des questions de population dans les programmes de développement, même des campagnes de sensibilisation et de plaidoyer sur les questions de population.

S. : Quels étaient les objectifs de l’atelier tenu le 30 novembre dernier à Kombissiri ?

F.B. : L’objectif général de l’atelier était d’accroître les connaissances des cadres de la Direction de la coordination de la politique de réduction de la pauvreté (DCPRP) des interrelations entre population et développement et de susciter le réflexe de leur prise en compte effective dans le cadre de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD).

S. : Quels sont les principaux axes des communications audit atelier ?

F.B : Pour atteindre cet objectif, nous avons échangé autour de six modules, notamment la situation et les perspectives démographiques, l’interrelation entre population et développement au Burkina Faso, l’argumentaire pour la prise en compte des variables démographiques dans les stratégies de réduction de la pauvreté. Nous avons également dégagé les principaux indicateurs d’état et le mouvement de la population, la prise en compte des questions de population dans la SCADD et la projection de la population.

S. : Quelle analyse peut-on faire des tendances démographiques du Burkina ?

F.B : On constate qu’il y a une permanence de la supériorité des femmes depuis 1960, sauf en 1975. Le taux de croissance démographique augmente d’année en année : 1,9% entre 1960 et 1975, 2,7 entre 1975 et 1985, 2,4 entre 1985 et 1996 et 3,1 entre 1996 et 2006. Il y a aussi la permanence de la jeunesse de la population, l’âge médian est 15,5 ans, les moins de 15 ans ont toujours représenté près de la moitié de la population d’où une forte demande sociale.

S. : Quelles peuvent être les causes de la croissance démographique ?

F.B : Comme causes possibles de la croissance démographique, on peut citer entre autres, le maintien de la fécondité à un niveau élevé, la non satisfaction des besoins en planification familiale (29% de besoins non satisfaits en 2006). Cela entraîne la faible scolarisation des filles d’où les mariages précoces.

S. : Quelles sont les conséquences de ces variables démographiques sur les conditions de vie des populations ?

F.B : La première conséquence de ces variables démographiques sur les conditions de vie des populations, c’est la forte fécondité. Ce qui laisse voir la prédominance des ménages, à grande taille, 6,4 personnes par ménage, selon l’Enquête burkinabè sur les conditions de vie des ménages (EBCVM/2OO3, le faible taux d’alphabétisation : le taux d’alphabétisation des “plus pauvres” est quatre fois plus faible (11,2%) que celui des “plus riches” (42,1%, (EBCVM/2003. Le nombre d’enfants élevés entraîne l’augmentation des besoins sociaux de base tels que l’éducation, la santé, l’alimentation, les logements, etc. Par ailleurs, le taux de morbidité croît avec l’augmentation de la proportion des dépenses en santé, la baisse de la main d’œuvre.

S. : Quelle est la contribution du CONAPO à la réduction de la pauvreté au Burkina Faso ?

F.B : Etant donné que les performances économiques sont diluées par la forte croissance démographique, le CONAPO veille, à travers la PNP qui est un instrument des politiques de développement, à ce que la croissance démographique ne soit pas un handicap pour la croissance économique, à travers la recherche de la qualité de la ressource humaine. Il cherche donc à assurer l’équilibre entre croissance démographique et celle économique, la finalité étant de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations.

S. : Quelles sont les principales recommandations issues de l’atelier de Kombissiri ?

F.B : On a décidé du choix du SP/CONAPO comme structure-relais pour collecter et rendre disponible la documentation scientifique, la formation des acteurs au processus d’intégration des variables démographiques dans les politiques et programmes de développement et la mise à disposition d’un document sur les stratégies et les méthodes d’intégration des variables démographiques dans les politiques et programmes de développement.

Interview réalisée par Issa BEBANE (Stagiaire)

Sidwaya

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