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TRANSPORT DE VIANDE A KOUDOUGOU : Le vélo et la moto, principaux moyens

Publié le jeudi 28 janvier 2010 à 00h48min

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L’abattoir de Koudougou est l’un des abattoirs les plus anciens du Burkina. Construit autour des années 60, l’abattoir de Koudougou n’offre plus de conditions optimales pour l’abattage des animaux. Le transport de la viande laisse également à désirer. Il se fait à l’aide de vélos et de motos car le véhicule commis à cette tâche est en panne depuis près de 5 mois. Comment les bouchers vivent cette situation ? Quelles sont les difficultés liées à leurs activités ? La recherche de réponses à ces questions nous a amenés à aller à la rencontre de bouchers de la Cité des cavaliers rouges.

Toiles d’araignée, déchets d’animaux, eau stagnante, ce sont là quelques éléments d’impureté que l’on peut voir au lieu où se traite la viande. L’autre versant de ce décor est le transport inadéquat de la viande. Vélos et autres motocyclettes de tous genres servent à transporter la bidoche de l’abattoir aux marchés et autres lieux de vente. C’est donc de façon légitime que certains consommateurs émettent des inquiétudes quant à la bonne qualité de la viande qui leur est vendue. Pour Saouraza Anastase Somé, inspecteur de l’enseignement secondaire, les conditions de l’abattoir ainsi que la façon dont la viande est traitée doivent être améliorées. Le consommateur Somé a aussi déploré les conditions dans lesquelles se fait le transport de la viande. "Si Koudougou pouvait avoir un meilleur abattoir comme certaines localités du pays, ce serait bien", a-t-il souhaité. M. Somé dit trouver souvent tout de même satisfaction dans l’achat de la viande. Il a, par ailleurs, jugé le prix du kg de viande à Koudougou (1 200 à 1 400 F CFA) acceptable par rapport à celui de Ouaga qui environne les 1 800 F CFA.

Mais pour la consommatrice Martine Kando, le prix actuel de la viande est assez élevé comparativement à celui des années antérieures. Selon ses affirmations, la tête, plus les pattes et les boyaux d’un bœuf coûtent entre 8 000 et 12 500 F CFA. Quant à la qualité de la viande, elle la trouve assez appréciable dans la mesure où elle est régulièrement contrôlée par des agents de santé. Le consommateur Abdoulaye Hebié, directeur provincial de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques du Boulkiemdé, est aussi du même avis. Pour lui, au regard des moyens employés pour le traitement de la viande, on peut dire qu’elle est acceptable pour la consommation. Concernant le prix du kg de viande, il le trouve nettement mieux que celui d’une pintade ou d’une poule qui coûte 2 000 F CFA. Alors qu’avec une somme de 2400 F CFA, on peut avoir 2 kg de viande pour sa famille, a-t-il indiqué. Les bouchers sont d’avis avec ceux qui pensent que les conditions d’abattage des animaux et le transport de la viande peuvent être améliorées.

Le vœu de la plupart d’entre eux est d’avoir un nouvel abattoir et un véhicule pouvant assurer le transport de la viande dans de meilleures conditions. Selon le boucher Ali Bado, son activité est rentable mais il souhaite qu’elle le soit davantage. Il a évoqué comme difficultés le manque de véhicule qui les oblige à transporter la viande avec des motocyclettes. Cette pratique, dit-il, endommage les engins mais entraîne aussi des chutes. Toute chose qui peut souiller la viande. "Je viens d’acheter une moto mais elle est déjà amortie à cause du transport de la viande", déclare le jeune Bado. Il a souhaité que la commune affecte de nouveau un véhicule de transport de la viande. Avec ses 17 ans dans l’activité, le jeune boucher affirme que les taxes d’abattage sont régulièrement perçues par la commune. Ce qui devrait, a-t-il estimé, l’amener à prendre soin de l’abattoir et à créer de bonnes conditions de transport de la viande. Ces taxes sont de 600 F CFA pour l’abattage d’un bœuf et 150 F CFA pour un petit ruminant. Mais l’inspection de la viande est gratuite sauf si l’animal a été tué en retard.

Et dans ce cas, le boucher doit débourser 1 000 F CFA, a-t-il précisé. Si les bouchers mènent leurs activités individuellement, ils ont tout de même un vœu commun, celui de disposer d’un véhicule pour le transport de leur viande. Selon Moussa Simporé, responsable des bouchers, les difficultés auxquelles ils font face sont, entre autres, le manque de véhicule pour le transport de la viande, la vétusté de l’abattoir qui entraîne le manque d’hygiène ; de micro crédits, le manque de matériel de travail au sein de l’abattoir ; la non-prise en compte des préoccupations des bouchers par les autorités communales, etc. "Les autorités communales ne prennent pas en compte nos préoccupations. On nous avait promis après quelques entrevues que le véhicule de transport de la viande allait reprendre service dès le 1er janvier 2010. Mais jusque-là, nous ne voyons rien. Nous sommes donc obligés d’emmener la viande au marché à l’aide des motos avec tous les risques que cela comporte notamment le dépôt de certains germes sur la viande dont la poussière", a confié M. Simporé.

Il a souhaité qu’à défaut d’avoir un nouvel abattoir, que la commune réfectionne l’ancien pour le rendre plus hygiénique. C’est le même cri du cœur qu’a poussé Abdoulaye Badélé. Boucher de son état. Ce dernier affirme que la commune leur avait promis un nouvel abattoir qui, jusque-là, n’a pas encore vu le jour. Il a énuméré comme difficultés la rareté des ruminants qui fait que leurs prix d’achat sont élevés. Le coût des ruminants abattus journalièrement varie entre 60 000 et 250 000 F CFA alors que ce ne sont pas des taureaux en tant que tels, a-t-il dit. Il a ajouté que la consommation de la viande a baissé. Ce qui a pour conséquence la mévente. Malgré la réduction du nombre de bêtes tuées par jour, les bouchers n’arrivent pas à écouler leur viande alors qu’il n’y a pas de chambre froide pour la conserver et la revendre.

De nos jours, ce sont 7 à 8 bovins et 100 à 120 petits ruminants qui sont tués par jour à l’abattoir. Ces chiffres sont inférieurs à ceux d’avant qui pouvaient atteindre 10 à 20 bovins et 200 petits ruminants, a déclaré Abdoulaye Badélé. A son avis, l’activité qu’il exerce depuis plus de 15 ans n’est plus rentable. Malgré le prix du kg de viande fixé à 1 200 F CFA pour la viande avec os et 1 400 F pour la viande sans os, les bouchers gagnent difficilement leur vie, a-t-il confié. Abdoulaye Badélé a déploré les conditions actuelles de transport de la viande car il trouve que transporter la viande à l’aide d’un vélo peut altérer sa qualité. C’est avec le souhait de voir cette situation évoluer que Abdoulaye Badélé a demandé aux autorités de les appuyer car c’est en cela que chacun pourra participer au développement de la Nation.

Le doyen de l’activité

Si certains ont 15 à 18 ans dans l’activité, Boukary Diallo en totalise 60. C’est depuis les années d’indépendance qu’il dit avoir embrassé l’activité. Selon ses affirmations, il y a eu beaucoup de mutations. "Il y avait peu d’argent mais l’activité était plus rentable que nos jours où l’argent circule plus mais ne permet pas aux bouchers de se tirer d’affaire. Dans le temps, il n’y avait pas beaucoup de gens mais on pouvait tuer 15 à 17 bœufs par jour. Mais de nos jours, la population est forte mais on ne peut pas abattre 15 bœufs quotidiennement.

Les personnes âgées ont abandonné l’activité au profit des jeunes car elle ne rapporte plus comme avant", fait-il savoir. Selon Boukary Diallo, l’abattoir de Koudougou est très vétuste et n’offre plus de conditions optimales d’hygiène. Les saletés, confie-t-il, envahissent souvent la viande. Mais il espère que les difficultés du moment seront aplanies car dit-il, s’il y a la santé, les choses vont s’améliorer : "Avant, on transportait la viande avec des charrettes mais de nos jours, cela se fait en véhicule. En plus, la viande est régulièrement inspectée par des agents de santé et cela dans les règles de l’art". Les prix des animaux évoluent avec le temps.

Selon Boukary Diallo pour qui l’activité n’a plus de secret, aucun boeuf ne pouvait coûter 50 000 CFA à l’époque. Comme ses prédécesseurs, son vœu est que la commune remette le plutôt possible en fonction le véhicule servant au transport de la viande et d’œuvrer à la construction d’un nouvel abattoir. L’absence du véhicule de transport de la viande rend difficile la collecte des taxes d’abattage. Selon le collecteur Aimé Ouédraogo, certains bouchers sont réticents quant au paiement des taxes d’abattage. Cela, fait-il remarquer, est dû au fait que le véhicule de la commune n’arrive plus à transporter la viande au marché. Mais avec la sensibilisation menée auprès de ces derniers, les agents collecteurs arrivent à percevoir quotidiennement les taxes qui sont de 600 F CFA pour les bovins et 150 F CFA pour les petits ruminants, a relevé le collecteur Aimé Ouédraogo.

Du côté des services de santé, on rassure les consommateurs sur la bonne qualité de la viande qui leur est livrée. Selon Sabila Dramane Sawadogo, chef de zone d’appui technique en élevage de Koudougou, leur travail consiste à inspecter la viande, la contrôler pour qu’une viande de qualité soit livrée aux consommateurs. L’inspection de la viande, précise-t-il, se fait chaque jour même pendant les week-ends et jours fériés. En plus de l’abattoir, les agents font le tour des petits marchés et étalages pour vérifier que la viande que l’on y vend soit inspectée à l’abattoir, a-t-il fait savoir. Les consommateurs peuvent être donc rassurés car la viande est contrôlée à plusieurs niveaux. Mais M. Sawadogo estime qu’il faut toutefois redoubler d’efforts sur le plan du personnel et des moyens pour que le deuxième contrôle au niveau de la ville soit assuré car la confiance n’exclut pas le contrôle.

Il arrive que des viandes soient saisies parce qu’elles sont impropres à la consommation, soutient-il. Ces viandes ainsi saisies ne quittent pas l’aire d’abattage, elles sont jetées dans un puits de récupération en présence de l’inspecteur du jour, confie le chef de zone. Un certificat de saisie est délivré au boucher à cet effet pour attester que sa viande a été saisie, a précisé M. Sawadogo. Il nous a, par ailleurs, présenté de la viande parce qu’elle présente des lésions de tuberculose, des congestions pulmonaires et des abcès sur le foie. Si une personne consomme cette viande, elle peut contracter une maladie dont la tuberculose, a-t-il indiqué. Il a invité les bouchers à être toujours sérieux, à faire inspecter quotidiennement leurs viandes afin d’éviter des désagréments car les contrôles sont inopinés et toute personne saisie pour non-inspection de viande doit subir des sanctions prévues par les textes en vigueur.

En attendant la construction de l’abattoir frigorifique de Koudougou, les bouchers vont continuer à broyer du noir. La construction de l’abattoir et de la gare routière sont deux grands projets de la commune qui peinent à voir le jour. Malgré les multiples rencontres entre les responsables de la commune et ceux des bouchers, la question de l’abattoir reste toujours posée.

Par Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 28 janvier 2010 à 02:29 En réponse à : TRANSPORT DE VIANDE A KOUDOUGOU : Le vélo et la moto, principaux moyens

    Mr le journaliste,

    Vs dites :
    "En attendant la construction de l’abattoir frigorifique de Koudougou, les bouchers vont continuer à broyer du noir."

    "Broyer du noir". Savez vous seulement ce que cela veut dire ? Vs êtes Africain,n’est ce pas ? Arrêter de copier-coller les expressions des français sans comprendre le sens profond derriere.

    Bonne jrnée

  • Le 28 janvier 2010 à 19:35, par ici paris appel gari En réponse à : TRANSPORT DE VIANDE A KOUDOUGOU : Le vélo et la moto, principaux moyens

    merde arrêté de critiquer à tout vas les journaliste broyer du noir ou du rouge on s’en fou aujourd’hui, ce qui nous intéresse c’est les conditions de vie déplorables de nos amis bouchés de koudougou. trouvons des solutions plutôt que de critiquer merddde alors.

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