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GROS PLAN SUR LES MEDIATIONS DE BLAISE COMPAORE : "Ne nous divertissez pas avec cet atalakou politique !"

Publié le mercredi 27 janvier 2010 à 00h46min

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A la faveur de la signature de l’accord politique sur la Guinée le 15 janvier dernier à Ouagadougou, les médias publics en général et la télévision nationale en particulier ont fait un gros plan sur les différentes médiations du président du Faso. Mais pour l’auteur du texte ci-dessous, ce n’est ni plus ni moins qu’un "atalakou politique" destiné à divertir le peuple et lui faire oublier les dures réalités du Burkina.

La télévision nationale, comme à son habitude, a encore forcé un coup médiatique afin de redorer le blason de Monsieur Blaise Compaoré comme acteur intrépide de paix dans les conflits que traversent certains pays africains. Nul ne doute que celui qui allume le feu a aussi les atouts miraculeux de l’éteindre. Nous ne réfutons pas les bons offices de la presse d’Etat pour soigner l’image du premier magistrat longtemps trempé dans les conflits de la sous-région. La paix n’est pas un vain mot. Elle est comportementale et obéit à des règles élémentaires de vie. La crise que traversent le Togo, la Guinée, la Côte d’Ivoire n’est pas de la responsabilité de Faure Gnassingbé, de Dadis Camara, de Laurent Gbagbo, mais de la dictature inhumaine de Eyadéma, de Lassana Conté et d’Houphouët.

Nous, jeunesse africaine, fière de notre continent, actrice avant-gardiste de tous les combats pour l’indépendance effective de nos pays, restons vigilants quant au comportement impérialiste et néocolonialiste de nos dirigeants. La recherche de la paix va de pair avec la bonne gouvernance. Un pays qui brille dans la corruption, l’impunité, l’injustice, le clientélisme politique peut se croire à court terme porter les atouts de la paix alors qu’en réalité, il maintient et couve un volcan en gestation. N’est-ce pas le cas de mon pays où on refuse de résoudre les problèmes en les déplaçant simplement et la mayonnaise est bien prise pour une explosion sociale de l’après Blaise à l’instar les dictateurs précités quels que soient le rang, la classe sociale de son successeur ? C’est la conséquence inéluctable de toute dictature.

C’est pourquoi nous citons l’exemple des USA où Georges Bush a respecté la Constitution américaine, de même que nos voisins du Mali, du Ghana et du Bénin. Alors que ces mêmes présidents qui ont accepté passer le témoin à d’autres compatriotes avaient eux aussi des amis du genre FEDAP/BC, de tanties et mamies. Ils ont fait preuve de bonne gouvernance, d’un sursaut patriotique et du respect du peuple qui les avait votés tout en limitant leur mandat. Nous n’entendons pas des crises dans ces pays et la force du dialogue, l’enracinement de la démocratie semblent prendre le dessus sur l’argument de la force. Le respect de la Constitution est le seul gage d’une véritable paix aujourd’hui, demain et pour toujours.

La télévision nationale doit savoir que nous n’allons pas nous laisser divertir par cet "atalakou politique" car notre vie future y dépend. Le silence des cimetières n’est pas signe de paix ; si tel était le cas pourquoi les vivants donc refusent d’y rester après avoir enterré un parent, un ami ? Nous proposons donc à notre télévision d’ajouter à ses slogans avant journal ceci "La dictature est source de guerre et de malheur pour le peuple" ou bien "Modifier la Constitution sur mesure n’est pas un acte citoyen." Tous les Burkinabè doivent s’approprier la vraie paix durable à travers des actions courageuses et non à travers une mendicité diplomatique compromettante. En nous inspirant des exemples des dictatures des pays en crise, nous voyons que chaque fois c’est le peuple qui sort meurtri et plongé dans le désarroi total.

Le charnier de Youpougon, la barbarie du 28 septembre ont eu lieu après Houphouët et Conté. Leurs familles respectives sont à l’abri car accueillies et hébergées triomphalement par l’impérialisme, la fameuse communauté internationale, toujours complice de la misère de nos peuples dans les grandes dictatures machiavéliques. C’est pourquoi, de façon militante, sans passion ni lâcheté, nous trouvons qu’il est plus facile de prévoir la paix plutôt que de la résoudre. Il suffit de dire oui, je respecte la Constitution, je respecte mon peuple plutôt que de passer des années et des années à mettre en place des comités de crise, des gouvernements d’union, des nominations de représentants spéciaux et ce après des assassinats crapuleux, des viols…

Si la paix du Burkina est la vraie, comment alors expliquer notre rang de dernier au monde ? La raison de ce classement semble tirer ses origines de la malgouvernance. Alors pour éviter à notre peuple une instabilité politique, Monsieur le président doit tirer leçon des crises qu’il résoud et surtout penser aux causes et non aux conséquences. En ce moment, il pourra nous éviter les crises des longs règnes.

Samdpawendé OUEDRAOGO Secrétaire général de la Fédération UNIR-PS du Sanmatenga

Le Pays

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