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MANQUE D’ALTERNANCE EN AFRIQUE : La complicité des opposants

Publié le mardi 26 janvier 2010 à 00h25min

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Le Parti de la renaissance nationale (PAREN) sonne du cor. Il appelle l’Opposition burkinabè à s’aligner derrière une candidature unique pour la présidentielle de novembre 2010. Au Gabon comme au Bénin, l’opposition semble à présent rangée à la même logique : l’alternance ne pourra être réalisée que si et seulement si elle va au combat, unie et soudée. Phénomène nouveau sur le continent qui marque une prise de conscience tardive ? Rien n’est moins sûr.

Il faut plutôt croire que les oppositions africaines ont toujours fermé les yeux sur une évidence : en allant en rangs dispersés alors qu’elles agitent les grelots de l’alternance, se font hara-kiri, en hypothéquant leurs chances d’opérer le changement. En somme, une stratégie inopérante qui a toujours valu à ces oppositions de sortir perdantes, voire groggy de jamborees électoraux.

On ne ferait pas l’injure à ces oppositions africaines de vouloir leur apprendre la meilleure voie d’accès au pouvoir d’Etat. Elles le savent déjà, même si, hélas, elles restent minées par leur légendaire désunion. Face à un adversaire commun et puissant duquel des forces opposées éparpillées ne sauraient nullement venir à bout, quoi de plus normal qu’un bloc, fût-il circonstanciel ! C’est la meilleure façon de le combattre.

Çà et là, des coalitions de partis ont été formées, qui n’avaient pour principale feuille de route que de mettre fin à de longues années de règne de dirigeants. Mais combien sont-elles, ces coalitions à n’avoir pas volé en éclats avant le scrutin présidentiel ? Très peu. Une des raisons de l’éclatement, et non des moindres : l’ego surdimensionné des membres de ces coalitions spontanément créées. Très souvent, on n’accepte l’idée d’un candidat unique pour représenter l’opposition, qu’à la seule condition que le candidat désigné soit… soi-même. Comment, dans de telles conditions, réaliser l’alternance ? Comment la rendre possible quand, voulant rapidement bénéficier de ce que la politique a de mielleux, certains opposants ou ceux qui prétendent l’être, manquent de cohérence et de cohésion ? Si le combat pour le pouvoir est une course de longue haleine qui requiert combativité à toute épreuve, endurance, patience, conviction, il est clair que pour les opposants, les vértitables motivations sont ailleurs et se résument pour l’essentiel à la mangeoire.

C’est ainsi malheureusement que l’on contribue à encourager les dictatures, en plus du gros discrédit qu’on jette sur son propre parti. C’est également ainsi qu’on se fait le complice de régimes dans la multiplication de leurs entorses à la démocratie telles les révisions de Constitutions destinées à perpétuer leur règne. L’impossibilité pour l’opposition à trouver un candidat unique, comme c’est généralement le cas en Afrique, ne saurait cependant, à elle seule, expliquer son incapacité à opérer le changement. La transparence des élections est une donnée essentielle. Hélas, jusque-là, elle apparaît toujours comme une ligne d’horizon, un luxe pour bon nombre de pays africains, y compris le Burkina.

L’opposition burkinabè n’a-t-elle pas crié, à bien des reprises, au manque de transparence lors de scrutins antérieurs ? Et dans certains cas, elle avait raison, l’Etat s’étant vu obligé, suite à des soupçons avérés d’irrégularités, de procéder à la reprise des opérations de vote dans certaines circonscriptions électorales. Et si cette transparence passe aussi par la présence des représentants des partis politiques de l’opposition dans les bureaux de vote, l’Etat devra consentir à mettre plus de moyens à la disposition de ces partis.

En tout cas, il gagnerait à le faire si tant est qu’il soit attaché à la transparence des élections et à un jeu démocratique sans reproche. A moins que, comme bien d’autres régimes en Afrique, il trouve quelque part son compte dans des scrutins plus ou moins "opaques". C’est connu, la transparence des élections n’est pas le souhait le mieux partagé de bien des régimes africains qui voudraient toujours compter sur des scrutins à la qualité douteuse, faits de fraudes, d’achats de consciences, etc., toutes choses qui en rajoutent aux nombreux obstacles sur la voie menant à l’alternance démocratique.

Pour leur part, les partis d’opposition béninois ont exprimé leur souhait de présenter une candidature unique aux futures élections présidentielles. Si l’idée peut faire sourire ailleurs, dans ce pays, l’initiative mérite d’être prise avec le plus grand sérieux. Car, contrairement à beaucoup de pays africains où l’opposition parvient à peine à cacher son indigence matérielle et financière, le Bénin, à l’image du Sénégal, s’illustre par la qualité de ses opposants qui sont par ailleurs loin d’être des indigents prêts à laper la soupe. Les oppositions sénégalaises et béninoises comptent en leur sein des leaders riches comme Crésus, qui peuvent très bien résister aux tentations compromettantes. On est très loin des chefs de partis africains sans conviction, sans idéologie et sans le sou, prêts pour la trahison.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2010 à 10:33, par tinto En réponse à : MANQUE D’ALTERNANCE EN AFRIQUE : La complicité des opposants

    Bravo pour l’article. L’opposition qui n’est pas capable de se regrouper derrière une candidature unique n’est pas digne de gouverner.Elle montre par là à la façe du monde qu’elle n’est pas meilleure au parti au pouvoir et qu’elle peut même faire pire. L’opposition a perdu la confiance du peuple et c’est par ce dépassement suprême qu’elle regagnera celle-ci

  • Le 26 janvier 2010 à 19:49 En réponse à : MANQUE D’ALTERNANCE EN AFRIQUE : La complicité des opposants

    quand le pere fondateur du PAREN avait cree OBU,il parait que comme condition pour la canditature unique,il fallait une personne qui navait pas collabore avec le pouvoir ;ce qui ecartait beaucoup de leaders comme herman,tiendrebeogo,ecttt,meme ceux qui etaient amis de blaise sous la revolution,donc les gens nont pas accepte.Et voila OBU eclata,parce que emile voulait etre leader alors quil pouvait pas remplir une bonne salle(cest la politique et cetait sa magie de chat noir(on ne laisse jamais les opportunites passees)).A la fin,lui ne peut meme pas etre elu,alors que le fondateur a ete reelu non pas dans son fief mais dans la capital.candidat unique,un vain mot car tout le monde veut etre president,demandez a Gbagbo,ouattarra.

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