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Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

Publié le lundi 25 janvier 2010 à 01h23min

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Au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), sous le magistère de Monseigneur Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou, l’organisation catholique « Evangile pour tous » a appelé au renversement des systèmes corrompus. exhortation lancée jeudi 21 janvier 2010 au cours d’une conférence : « Le chrétien face à la corruption ».

Lorsque l’autorité spirituelle se met à s’inquiéter de l’évolution d’un fait social et appelle ses ouailles à la « conversion » individuelle et collective, c’est qu’il y a péril en la demeure des enfants de Dieu.

Ce fléau, qui « nie et détruit les bases de la réalisation du bien commun », qui a « tendance à former des structures occultes du pouvoir », qui est « une perversion du juste rapport entre bien individuel et bien commun », ce fléau s’appelle : corruption.

Ciblée par « Evangile pour tous » (EPT), un apostolat de la communauté catholique Mère du Divin Amour qui œuvre à l’émergence d’une nouvelle génération de cadres, la corruption sera examinée sous toutes les coutures par l’abbé Isidore Ouédraogo ; sous l’oreille attentive de fidèles qui ont pris d’assaut la salle de conférences du CBC.

Dans une approche pédagogique, visage radieux, verbe haut et humour mordant, l’orateur de la soirée, après plusieurs définitions de cette pratique qui gangrène la société, a partagé sa compréhension du phénomène avec le public avant de prescrire la thérapeutique suivant les canons de la chrétienté.

Des causes de la corruption à ses conséquences en passant par ses manifestations, dont l’une des plus subtiles est la « violence institutionnalisée », comme l’atteste Ouaga 2000, « volonté de fracture sociale entre le riche, qui a droit au bien-être, et le pauvre, que l’on entretien avec le minimum », l’abbé Isidore, ainsi qu’on l’appelle, a fait montre d’une maîtrise de son sujet. Au point qu’un membre du REN-LAC (Réseau national de lutte contre la corruption), subjugué, a sollicité l’expertise de l’ecclésiastique pour les activités du mouvement.

Recentrant les propos comme le commande le thème : « Le chrétien face à la corruption », le conférencier abordera la dimension religieuse et spirituelle de la question. En tant qu’enjeu évangélique et enjeu d’évangélisation, les « structures du péché » ou « péchés sociaux », comme les qualifiait le pape Jean-Paul II, les systèmes corrompus sont une « forme d’aliénation du général au particulier, au lieu de s’inscrire dans la juste insertion de la personne ou d’une collectivité dans le bien commun. Ils se manifestent dans l’exclusion politique et économique du pauvre ».

Le verbe, naguère dénonciateur, devint prophétique : « Si une situation d’injustice structurelle est vécue principalement comme un mal subi, il n’en demeure pas moins qu’elle relève également d’un mal commis. En matière de corruption, il n’y a pas de leçons à donner aux autres, le corrupteur est à la fois le corrompu et la victime, le coupable. Nous sommes tous embarqués dans le bateau. Le syndrome du Titanic nous guette. Le navire, bien que solide, pourra être coulé par cet iceberg ».

Démarche propitiatoire ? « L’agir chrétien ». Un acte qui, selon le tribun catholique, requiert au plan individuel : évitement de tout compromis dans les prises de décision en face de la corruption ; résistance à la domination de l’argent dans les relations humaines ; prière ; rationalité économique ... Quant au niveau collectif, l’action chrétienne supposerait : élaboration d’une charte professionnelle ; application des sanctions pénales contre les coupables ; et bonne rémunération dans les fonctions « sensibles » ; débats publics...

Considérant la corruption comme un problème exclusivement politique, l’abbé Isidore Ouédraogo propose une réponse tout aussi politique que cinglante : « Que ce soit par le biais d’associations de citoyens décidés à dénoncer la corruption ou par quelques autres moyens, l’impulsion qui permettra de démanteler une structure de corruption sera d’abord politique. Le chrétien doit s’engager politiquement pour être le ferment du monde nouveau. Il faut renverser les systèmes corrompus…Le chrétien doit donc travailler à une véritable démocratisation effective du pays ».

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 25 janvier 2010 à 09:09 En réponse à : Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

    Bravo !

    Pour une fois que nous sommes tous d’accord sur les faits avec les religieux. Maintenant que tout est dit, chacun doit prendre ses responsabilités.

  • Le 25 janvier 2010 à 11:39, par Paris Rawa En réponse à : Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

    Voilà une bonne oeuvre qui donne de l’éclat à l’Eglise catholique burkinabè. Félicitations et merci !

    Il faut alors aller beaucoup plus loin maintenant pour faire de cet appel, non pas un évènement ponctuel, mais un processus par lequel, les chrétiens se mobiliseront pour faire en sorte que l’esprit de justice évangélique pénètre concrètement notre société burkinabè. Comment faire ? That is the Question !

  • Le 25 janvier 2010 à 12:06, par un citoyen En réponse à : Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

    Oui la jeunesse devra se battre, se battre et se battre encore.
    Elle devra persévérer et persévérer encore sans relache.

    Car HELAS L4OBSCURITE qui l’innonde se vient de la lampe qui derait éclairer cette jeunesse et qui malheureusement est presque ETEINTE.

    Et cette lampe qu’il faut activer, voir RALUMER, se trouve placé TRES HAUT AU SOMMET de la MONTAGNE.

    Tout le pic est tellement obscure qu’aucun lever du soleil n’arrive à lilluminer, ne serait-ce qu’à son sommet.

    Jeunesse du BURKINA, munissez-vous de courage pour gravir cette montagne afin d’atteindre la lampe pour l’alumer.

    Courage à ceux qui ont un bon esprit disposé à comprendre et un bon coeur disposé à agir.

    Tant pis pour les esprits obscurs qui ont laissé l’escalier parce que "pénible pour eux" pour attraper la corde pourrie que tire du haut de la montagne, des hommes essouflés.

    La chûte sera CATASTROPHIQUE.

  • Le 25 janvier 2010 à 15:03 En réponse à : Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

    Après les déclarations de l’ancien Monseigneur, l’église veut recouvrer sa dignité et marquer sa désapprobation des systèmes corrompus. CE n’est pas encore tard de dire la vérité chrétienne du refus de la politique et des politiques corrompues.

  • Le 25 janvier 2010 à 15:14 En réponse à : Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

    Bravo
    Une réligion qui s’occupe des âmes et qui refuse de decendre de l’arène social qui dame l’esprit et le corps des hommes ne mérite pas d’exister sur cette terre. Les responsables de l’Eglise CATHOLIQUE viennent de faire un pont entre les vertues univeselles de la réligion chretienne (Tout homme est à l’image de Dieu) et les valeurs universelles de la démocratie (Tous les hommes naissent et demeurent égaux en droit). Aucune raison ne peut légitimer l’existance des surperhommes qui baffouent les droits et pillent les richesses d’un peuple. La luttes que doivent engager les chetiens doit se faire dans le respect des lois et valeurs que leurs adversaires ont baffoué. C’est tendre l’autre jou.
    Vivement que les chefs coutumiers ampointent leur pas.

  • Le 25 janvier 2010 à 18:46, par Boudwarba En réponse à : Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

    Totalement d’accord avec M. l’abbé. Mais j’ai peur que le mal ne soit dans l’os comme une tête plate. En échangeant comme part hasard sur la question avec un ami, nous avons convenu qu’il s’agissait d’un mal incidieux pour lequel, nous,auteurs et victimes creusons nos propres tombes et crions au secours quand on s’y engouffre. Foncièrement contre l’injustice, j’ai aujourd’hui peur de faire un bilan de mon comportement en la matière. je suis corrompu car j’ai bénéficié de faveurs, j’ai fait des faveurs et j’ai acheter des faveurs. Je ne sais s’il y a une frontière entre la générosité et la faveur, entre la faveur et la corruption car à terme l’un devient l’instrument de l’autre. On fait toujours des courbettes pour remercier celui qu’on a corrompu car on partage un secret. Aussi de mon point de vue la principale arme de lutte contre la corruption reste-t-elle la transparance et la bonne gouvernance. Si tout est su de tous, personne "en principe" ne se jetterait dans le gouffre en plein jour.
    Mais hélas la nature humaine, depuis le péché originel, l’homme se cache ou croit se cacher des hommes et même de Dieu en frodant ; alors que dieu le voit et le livre parfois à d’autres hommes qui le tiennent désormais par les couilles et l’utilisent à continuer dans le mal.C’est ce qui tue à terme la concience et vous en voyez tous les jours qui roulent sur l’or mais ne peuvent se mirer.

  • Le 25 janvier 2010 à 20:05, par titis En réponse à : Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

    Jeunes du Burkina Faso, unissez vous et engager vous d’avantage. Même les plus retardataire de l’engagement au côté du peuple commencent à lever la voix.

  • Le 25 janvier 2010 à 20:37, par Samy En réponse à : Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

    Felicitations à l’orateur.

    Je pense qu’il est que les autres confessions religieuses emboitent le pas et donnent plus de vigueur et de contrepoids à ceux qui veulent se plaire dans la corruption. Que Dieu benisse le Burkina Faso et que l’intégrité soir une réalité quotidienne.

  • Le 28 janvier 2010 à 11:07, par Le prophète En réponse à : Chrétiens du Burkina : Appel au renversement des systèmes corrompus

    Eh oui ! Bonne chose, belle initiative, heureuse ébauche d’une marche sur une sinueuse route où seuls les courageux - ceux qu’on appèlera martyrs de la vérité - sont capables d’y marcher. De meme que l’Eglise entière a pris conscience de la question sociale après Marx et ses paires, l’Eglise du Burkina enfin, marchera tete haute après Henry Sebgo. Si nous n’avons pas peur du martyre qu’a subi Sebgo, fidèles au Christ qui est lui-meme mort pour la Justice et la Vérité, alors notre lutte contre la corruption sera bonne à coup sur !
    Nous nous en prendrons point à des systèmes certes, mais nous changerons les coeurs ; ce qui est certain. Il n’y a pas de salut pour les chrétiens du Burkina (éveques, pretres, religieux, laics) sans cette prise de conscience !
    Que Dieu lui-meme soit au devant de nous !

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