LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

GUINEE : Les deux visages de Dadis

Publié le mardi 19 janvier 2010 à 05h08min

PARTAGER :                          

Ceux qui attendaient de voir Dadis à la télévision pour se résoudre à croire que l’homme a survécu aux balles de Toumba, ce 03 décembre fatidique -et ils sont légion- en auront eu pour leur incrédulité. Ils auront enfin vu Dadis. Ou plutôt, ce qu’il en reste. Un homme franchement diminué, à la démarche hésitante, qui a tout perdu de sa faconde et de sa prestance et qui, enfin, peine à annoncer une déclaration qu’il se résoudra à épeler syllabe après syllabe, sans tenir compte d’aucun signe de liaison ou de ponctuation.

L’homme fait pitié à voir et n’a rien en commun avec le tout-puissant chef de la junte qui prit d’assaut la Guinée, un 23 décembre 2008. "Sic transit gloria mundi"(1) prévenaient déjà les latins. On peut le croire, l’heure est à l’épilogue de l’ère Dadis. Et c’est lui-même qui en tourne la page, car le discours qu’il adresse à ses frères guinéens, depuis la capitale burkinabè, a tout l’air d’un message d’adieu politique. Il se retire de l’arène, cède le pas à son ex-subalterne et va jusqu’à demander à ses partisans de renoncer à toute velléité de fronde pour s’unir autour de Sékouba Konaté. Il l’aura lui-même compris, c’est de l’avenir de tout un pays qu’il s’agit. Le Dadis nouveau le réalise pleinement et semble bien décidé à user du peu de force et d’influence qui lui restent pour le servir dignement. Un peu tard peut-être.

Et c’est bien là que l’homme force l’admiration. Autant on l’aura détesté frondeur, provocateur et inflexible dans ses décisions les plus folles, autant on le trouve aujourd’hui admirable de réalisme, d’humilité et de patriotisme. Enfin, dira-t-on, et que de peines et de tourments avant qu’on arrive à un tel résultat. Et pour l’homme lui-même et pour le peuple guinéen. Mais on y est et il faut sans doute faire avec. Mais on retiendra que Dadis, ce faisant, a su prendre la main que lui tendait l’Histoire. Le mérite lui en revient. Tout comme il convient de tirer chapeau bas au médiateur Compaoré. Plus que jamais il aura été décisif dans des prises de décisions qui s’avéraient d’une importance exceptionnelle et qui présentaient la chance de résoudre la crise ou le risque de pousser un pays dans un abîme. C’est la communauté internationale qui doit une fière chandelle au président Compaoré.

Et la Guinée a, à nouveau, une chance de se relever. A nouveau, elle a un rendez-vous avec son destin. La grosse inconnue demeure à l’heure actuelle : le comportement que décidera d’adopter l’ensemble de sa classe politique. A situation nouvelle, vision nouvelle. Personne n’a vraiment besoin de lui enseigner les méfaits des clivages, haines et exclusion. Les conséquences qui en découlent sont désastreuses. Les Guinéens les ont vécues dans leur chair et dans leur âme. Il faut nourrir l’espoir qu’ils acceptent en tirer leçon une bonne fois pour toutes. Dadis, lui, aura su tirer la sienne. Car, au final, il aura été comme le mouton non consentant du sacrifice par lequel son pays expie sa faute.

Et c’est cela aussi qui est digne d’admiration. Si l’épisode du désormais ex- commandant en chef du CNDD pouvait constituer la catharsis qui pousse dans l’oubli toutes les violences politiques ainsi que les dénis de droit et de démocratie que non seulement la Guinée, mais aussi l’ensemble du continent africain aura connus, alors Dadis aura été plus utile qu’il n’y paraît. Et qui sait ? Même la CPI pourrait réviser ses projets de condamnation à la baisse.

Jean Claude KONGO

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 19 janvier 2010 à 06:33 En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    Monsieur Kongo,
    C’est un peu trop facile votre raisonnement. Si on vous suit, on peut massacrer la population comme on veut. Pourvu qu’on cherche à se repentir après et la justice ne mérite plus d’être appliquée ou simplement appliquée à moitié ? C’est bien d’avoir pitié de Dadis parce que vous le voyez aujourd’hui. Lui au moins vous le voyez encore. Mais lui il n’a pas donné cette chance à d’innocentes personnes aux mains nues qu’il a fait massacrer le 28 septembre 2009.

    Détrompez-vous. Charles Taylor avait renoncé au pouvoir mais il a fini où ? Hussein Habré a renoncé au pouvoir, ce n’est pas pour autant qu’on a renoncé à le poursuivre, et comme vous le savez il n’est pas libre d’aller et revenir comme il veut ? Il y va de la crédibilité de la CPI si elle se montre clémente envers Dadis après le massacre du 28 septembre parce qu’il a renoncé au pouvoir. Seule sa mauvaise santé pourrait le "sauver" mais je ne sais quelle est le mondre mal entre ente rester malade et aller en prison.

    Je suis désolé mais cet homme n’est qu’un parvenu qui sort par la petite porte. Il aurait pu pourtant saisir l’opportunité de sortir par la grande porte.

  • Le 19 janvier 2010 à 09:18, par Thom’s En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    Chaque instant de la vie est un pas vers la "mort". Il fallait que le capitaine se souvienne de cela.

  • Le 19 janvier 2010 à 10:51, par Ouédraogo.O En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    L’homme est si peu de choses !une fleur qui se flétrit, une vapeur qui se retire.... je regarde cet homme aujourd’hui, le visage lacéré, et je n’ai même plus la force de le détester et de le haïr. Il est assis dans son dénuement le plus total, laissant transparaître sa faiblesse la plus notable et foncière. Finalement, lui qui était hier, l’homme fort de Conakry, celui la même qui était craint et qui faisait la pluie et le beau temps, le voila obligé de capituler en terre étrangère. Et de nouveau, le même constat : nos hommes politiques ne tirent aucune leçon de l’histoire, ce qui est bien dommage. Hier, c’était Robert Gueï en CI, Aujourd’hui Dadis en Guinée...qui s’alignera demain !. Je le regarde, et j’ai la nostalgie de ce qu’il aurait pu être, et le regret de ce qu’il est devenu. En toute humanité cependant, meilleure santé à toi Dadis Camara

  • Le 19 janvier 2010 à 11:16, par donmozoun En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    j’espère que ce feuilleton "les deux visages de Dadice" donnera reflechir à plus d’une personne. qui aurait pu imaginer Dadice dans cette posture ? ceux qui pensent qu’ils sont aux commandes aujourd’hui et qu’ils ne craignent rien, seront surpris par l’effet boomerang des actes qu’ils posent. Voici qui ne savait pas économiser la parole et les frasques ! aujourd’hui, il est presque incapable de demander de façon correcte un verre d’eau ! Le tout puissant qui faisait trembler la guinée ne peut même plus tuer une mouche. Promt retablissementcher Dadice§ Je suis heureux que vous ayez compris que votre place est ailleurs maintenant. L’histoire retiendra que Le Capitaine Dadice Camara a été un homme d’état responsable et pourra être cité en exemple. C’est ça le destin.

  • Le 19 janvier 2010 à 15:08, par Nobga En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    FOCUS SUR L’ACTUALITÉ

    Jean-Marie Doré devient premier ministre en Guinée
    (Le Monde 19/01/2010)

    Jean-Marie Doré, qui dirige l’UPG (Union pour le progrès de la Guinée), est, comme le chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara, originaire de la région Forestière (est du pays), où vivent plusieurs ethnies minoritaires.

    La junte militaire au pouvoir en Guinée a désigné Jean-Marie Doré au poste de premier ministre, suivant les recommandations d’une coalition d’organisations politiques et de la société civile.

    Jean-Marie Doré, qui dirige l’UPG (Union pour le progrès de la Guinée) est, comme le chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara, originaire de la région Forestière (est du pays), où vivent plusieurs ethnies minoritaires. Il aura pour tâche d’organiser, à la tête d’un gouvernement de transition, les premières élections démocratiques depuis le coup d’Etat de décembre 2008.

    Agé de 70 ans, Jean-Marie Doré est un militant de longue date de l’opposition. Candidat malheureux à la présidentielle face à Lansana Conté, en 1993 puis en 1998, il n’a jamais été ministre dans un gouvernement. Après la mort de Conté, Doré, qui est par ailleurs une personnalité du Forum des forces vives (FFV, mouvement en faveur de la démocratie), a joué un rôle de premier plan dans les négociations avec la junte.

    Victime d’une tentative d’assassinat le 3 décembre dernier, Camara a d’abord été évacué vers un hôpital marocain pour y recevoir des soins. Il est arrivé mardi dernier à Ouagadougou, où, dimanche, il a fait ses premières déclarations en public depuis la tentative d’assassinat dont il a été victime. D’une voix peu assurée et à peine audible, il a lu lentement un texte, disant qu’il soutenait la mise sur pied d’un gouvernement de transition et confirmant qu’il ne chercherait pas à revenir au pouvoir.

    Le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) a pris le pouvoir en décembre 2008, après la mort du président Conté. La crise politique guinéenne s’est aggravée le 28 septembre, avec la mort de plus de cent cinquante personnes dans la répression par les forces de sécurité d’une manifestation d’opposition dans un stade de Conakry.

    Rabiatou Sérah Diallo nommée vice-Premier ministre

    Deux vice-Premiers ministres ont été désignés mardi pour mener la transition en Guinée, la responsable syndicale Rabiatou Sérah Diallo et le premier vice-président de la junte, le général Mamadouba "Toto" Camara, a déclaré une source proche de la junte.

    "Le général Mamadouba - Toto - Camara et Rabiatou Sérah Diallo sont nommés vice-Premiers ministres", a indiqué cette source, après la nomination de l’opposant Jean-Marie Doré au poste de Premier ministre après de longues tractations à Ouagadougou.

    Ces décisions ont été prises "d’un commun accord" par le général Sékouba Konaté, président par intérim, et le chef de la junte Moussa Dadis Camara, a assuré la même source.

    LEMONDE.FR avec Reuters | 19.01.10 |

  • Le 19 janvier 2010 à 16:21 En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    ce journaliste est vraima un nullard !

    ecrire sur le president patriote DADIS comme sil sagissait d’un vulgaire coupeur de route !!

    soignez un peu votre langage mr le journaliste !

    vive DADIS, vive la GUINEE

    abas les nullards !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  • Le 19 janvier 2010 à 16:37, par Le Lutteur En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    Mr KONGO, je vous tire mon chapeau ! vous avez redige un excellent article. Il fallait une balle dans la tete et une autre dans le cou du chef de la Junte pour qu’ il realise qu’ il conduisait son pays a l’abattoir.. pas trop top en tout cas.

  • Le 19 janvier 2010 à 17:57, par Jasibo Konzeoogo En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    Je retiens les propos suivants de l’auteur de l’article : "constituer la catharsis qui pousse dans l’oubli toutes les violences politiques ainsi que les dénis de droit et de démocratie que non seulement la Guinée, mais aussi l’ensemble du continent africain aura connus", j’y ajoute les félicitations qu’il adresse à Dadis pour « son humilité, son réalisme, son patriotisme », et j’ai froid dans le dos...

    L’histoire politique de l’Afrique se résumera donc en une suite de crimes non expiés puis oubliés ? de massacres dont on connaît les responsables, les coupables, puis qu’on oubliera ? La catharsis sera imposée aux peuples, non : aux familles, du simple fait des analystes politiques et des politiciens ?

    Il est quand même étrange que dans un pays qui a fait du PARDON toute une philosophie, l’on argumente en faveur de l’OUBLI, tout en oubliant le PARDON. Mais c’est qu’au Burkina Faso, il y a deux conceptions du PARDON : celui que l’on s’auto-octroie, et celui que l’on refuse d’accorder tant que l’on n’est pas passé par les phases de vérité et de justice. A ce titre, le médiateur dans la crise guinéenne (à qui l’Afrique, non, le monde ! « doit une fière chandelle » est donc bien nommé et bien choisi : VÉRITÉ, JUSTICE, PARDON, il sait ce que cela signifie. Dans ses deux acceptions. Il les a réalisés chez lui, n’est-ce pas...

    Mais que l’auteur de l’article se souvienne : il est lui, journaliste, pas politique. En tout cas, nous l’espérons...

  • Le 20 janvier 2010 à 02:04 En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    Belle cher monsieur..j’ai savoure

  • Le 20 janvier 2010 à 08:38 En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    Cher freres et soeurs,Dadis a comis des erreurs et meme bcp mais il fo reconnaitre chez l’homme kil na jamais voulu la violence ni liquider kelkun.Le 28 septembre ya eu morts et peut etre viols,ce monsieur n’est pas responsable de sa,pourkoi,il a meme appeler les opposant a changer de date et ils l’ont raccrocher au nez,le 28 etait une date historik donc repousser votre date et voila la manie de la france pour profiter de cette marche pour accuser les responsable de tueries.il a lutter contre le bamditisme l’imperialisme,le neocolonialisme un debat franc avec la population et voila ce ke la france naimait pas,tout les opposant on bouffer avec lansana conte maintenat ke Dadis veut faire des audits sur leur gestion,ils veulent aller vite aux elections,Vive dadis

  • Le 20 janvier 2010 à 11:29, par JIM En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    j’ai pas à dire que le massacre du 28 septembre au guinée n’est pas à condamner, mais je sais qu’il est anormal d’organiser des marches et grèves les dates historiques. il anormal que les syndicats de notre pays ici au Burkina organisent des marches le 5 août ou le 11 décembre. le 28 septembre est une date historique (le jour que SEKOU TOURE a dit non à la france) pour la Guinée et l’Afrique toute entière. Je condamne le massacre et les violent mais je pense que les syndicats et les opposants qui ont organisé cette manifestation sont responsables.
    Pourquoi en Afrique ceux qui veulent que le peuple bénéficie de la richesse de leur pays et qui l’intérêt commun sont toujours abattues par leur frère ? SEKOU TOURE, PATRICE LUMUMBA, AMILCAR CABRAL, TOMAS SANKARA, STEVE BANTU BIKO,....

  • Le 20 janvier 2010 à 13:03, par Cecile Damey, Amsterdam En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    Jusqu’à quand les intellectuels africains cesseront d’incriminer leurs compatriotes qui refusent d’etres des robots de l’Occident ? Jusqu’`a quand nos journalistes oseront de denoncer les manigances des leaders occidentaux ? Dadis a pris le pouvoir sans effusion de sang, la première dans l’histoire de l’Afrique et meme en Asie. IL s’est mis à lutter contre les narcofiquants, de detourneurs des deniers publics, ce n’est un acte d’un patriote ? Pourquoi voulez-vous sa de peau ? Avez-vous investigué les evènements du 28 septembre ? Avez-vous des informations fiables sur ces evèments ? Come on africans ! wake up ! Africa needs you ! Be honest !

  • Le 20 janvier 2010 à 13:25, par bogan En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    Merci et grand merci encore Toumba
    cette balle n,est pas perdue.Elle a engendre
    la discipline chez le babouin qui se prenait pour
    tout.

  • Le 22 janvier 2010 à 15:28, par COLOBANE En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    Bel article et bonne annalyse tant dans le fond que dans la forme ! Là je reconnais mon cher JC !SANDWIDI

  • Le 26 janvier 2010 à 05:58 En réponse à : GUINEE : Les deux visages de Dadis

    toi Dadis, on t’a gagne solment. Sache qu’a Ouaga, tu attends tranquillement l’ avion qui va atterir a la Haye. Sinon si ton gouvernement etaqit deriere toi, tu devais atterir en Guinee. Point barre. Tu es pris et frit.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique