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Hadj 2009 : Même monopole à STMB, mêmes cauchemars pour les pèlerins

Publié le mardi 19 janvier 2010 à 05h08min

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Le Hadj 2009 est terminé. Pour STMB, principal opérateur de l’édition, jamais Hadj ne s’est aussi bien déroulé. Si pour l’occasion, le compte en banque de sa société semble avoir été bien garni, les choses sont loin d’être aussi roses pour de nombreux pèlerins pour qui le Hadj n’a été que cauchemar. Divers dysfonctionnements sont en effet relevés tant sur le lieu du pèlerinage que sur les conditions de départ des pèlerins. C’est donc dans ce climat délétère qu’une polémique est née à propos du monopole exercé par STMB Tour sur le transport des pèlerins. Un favoritisme aux allures de deal selon certains. La Mecque est devenue un enjeu d’affaires où le religieux semble tenir un rang marginal.

Les derniers pèlerins burkinabè sont rentrés le 17 décembre dernier. Ils étaient 1472 à avoir effectué le voyage de la Mecque. C’est du moins le nombre de candidats au pèlerinage inscrits chez STMB Tour, la seule agence de voyage agréé par l’Etat. Sinon le nombre de Burkinabè partis à la Mecque accomplir les rites du Hadj est plus élevé que ça. Ils sont environ une centaine qui ont préféré les vols réguliers à ceux groupés ou charters de STMB Tour. D’autres sont allés s’inscrire chez les voisins nigériens et maliens. Tous ces candidats au Hadj ont accordé leur confiance à d’autres agences pour gérer leur séjour sur les lieux saints plutôt qu’à se confier à l’agence préférée du ministère de l’Administration territoriale, la tutelle de l’organisation.

Mais qu’à cela ne tienne, selon Mahamadi Ouédraogo, le directeur général de STMB Tour, c’est le meilleur Hadj organisé depuis des années au Burkina. Il pense que son agence peut être félicitée parce que dans la sous région, assure-t-il, les pèlerins burkinabè étaient les mieux lotis sur les lieux saints. " Tous nos pèlerins ont pu accomplir tous les rites dans de très bonnes conditions. Ils étaient logés dans des bâtiments qui répondent aux normes et qui étaient juste à côté de la grande mosquée ", affirme le patron de STMB Tour. Par ailleurs, six mini cars étaient à la disposition des pèlerins pour se rendre à la grande mosquée de la Kaaba, à n’importe quel moment de la journée, ajoute-t-il. Selon lui, aucune difficulté majeure n’a été enregistrée. Tout se serait bien passé. Ce bilan idyllique n’est pas cependant partagé par beaucoup de pèlerins. D’abord au départ de Ouagadougou, 125 personnes sont restées bloquées pendant plusieurs jours pour défaut de visa. L’agence a accusé un grand retard dans la confection de leurs visas. De nombreux pèlerins n’avaient pas réuni toutes les pièces exigées au moment du versement de l’argent qui a commencé dans le mois d’août.

L’agence a encaissé l’argent avant de se préoccuper du cas de ces derniers. C’est à la dernière minute qu’elle se serait rendue compte de cette lacune. Malgré tout, elle a néanmoins continué à enregistrer des pèlerins au-delà du délai prescrit, c’est-à-dire jusqu’en fin octobre, début novembre. Le DG de STMB Tour impute ce retard à des problèmes purement informatiques au niveau du service saoudien chargé de délivrer les visas. " Les années passées, on avait trois ordinateurs pour le travail, mais cette année, on n’avait qu’un ordinateur", soutient-il. Dans tous les cas, les conséquences sont que les deux premiers vols étaient à moitié vides et les derniers pèlerins sont partis sur des vols réguliers le 18 et le 20 novembre. Ils ont été privés d’une partie de leur pèlerinage, à savoir le séjour à la mosquée du prophète à Médine. Pour avoir obtenu à la dernière minute leurs visas, une partie de ceux qui ont bougé le 20 novembre ont failli ne même pas partir. Il a fallu en effet, débarquer d’autres candidats inscrits par une autre agence pour les faire embarquer à bord du vol régulier de Ethiopian Airlines le 20 novembre.

A Médine, le séjour des pèlerins a failli tourner au cauchemar. Les premiers moments ont été particulièrement éprouvants. Fatigués par le long périple, ils ont été surpris de s’entendre dire à l’aéroport de Médine que les bâtiments où ils devraient héberger sont occupés par des pèlerins nigérians. Le bailleur saoudien aurait agi ainsi à cause du retard. Ils devraient en effet arriver 24 heures avant, c’est-à-dire le 8 au lieu du 9 novembre. Les Burkinabè sont restés donc plusieurs heures dans l’incertitude quant à leur lieu d’hébergement. C’est le consulat burkinabè qui s’est démené pour leur trouver des logis éparpillés dans des immeubles éloignés les uns des autres. Ils n’avaient pas de cars non plus, pour les amener à la mosquée du prophète.

Chacun devait se débrouiller.
A la Mecque, ils étaient regroupés dans un même lieu, mais les toilettes n’étaient pas nettoyées, certaines étaient même défectueuses au départ. Le bâtiment était très éloigné de la grande mosquée, au moins 7 km selon plusieurs témoignages. Les 6 mini cars mis à leur disposition étaient insuffisants pour faire la navette, surtout avec la longue distance et les embouteillages. Mais pour le DG de STMB, ce sont des détails qui n’ont pas d’importance. Concernant l’hygiène des toilettes, il rejette la faute aux pèlerins eux-mêmes. Beaucoup d’entre eux ne savent pas utiliser les toilettes modernes. Mais cela pose le problème de l’encadrement. STMB a recruté 46 délégués pour suivre les pèlerins, soit un délégué pour 32 pèlerins. Les années antérieures, le quota était inférieur grâce à l’appui des étudiants burkinabè de Médine. Cette année, leur association a décidé de se retirer parce que l’année dernière, STMB Tour n’aurait pas respecté ses engagements.

A STMB, la version est toute autre : " A la fin du Hadj, j’ai envoyé un de mes agents les rencontrer et les remercier pour leur contribution à la réussite du Hadj. J’ai fait remettre une somme symbolique pour leur apport. Ils ont estimé que la somme était en deçà de leur attente. J’ai demandé de me dire combien ils veulent. Ils ont refusé de me le dire. Dans ce cas, je ne pouvais rien faire. J’ai décidé de me passer d’eux cette année. ", explique Mahamadi Ouédraogo. Sans l’appui des étudiants qui connaissent le terrain, l’encadrement des pèlerins a connu des moments de flottements. C’est tout le contraire de certains qui, avec l’appui de leurs étudiants, font le pèlerinage sans grandes difficultés. Chaque étudiant a en charge 10 pèlerins qu’il ne quitte pas jour et nuit. Avec ce système d’encadrement, le pèlerin est rassuré. Cela évite aussi les égarements dans la ville. Mais des Burkinabè se perdent chaque année dans la ville, ce qui est un signe du niveau défectueux de l’encadrement des organisateurs.

Deal juteux de visas

Pour l’édition du Hadj 2009, le ministère saoudien du pèlerinage a dégagé 3000 visas pour le Burkina Faso. C’est le nombre de visas que l’Arabie Saoudite s’est engagée à délivrer aux pèlerins burkinabè. Ce qui veut dire que STMB Tour pouvait inscrire jusqu’à 3000 candidats au Hadj. Mais l’agence n’en a enregistré que 1525, organisateurs y compris. A peine la moitié des visas qui reviennent de droit au pays. Sachant qu’il y a des Burkinabè qui souhaitent faire le pèlerinage par des vols réguliers, le patron de l’agence a décidé de vendre les visas qui sont en principe gratuits. Les frais exigés pour la délivrance de ces visas sont, comme dans toutes les ambassades, des frais forfaitaires. Mais les documents que nous avons pu nous procurer montrent que le DG de STMB Tour, Mahamadi Ouédraogo, a vendu au moins une centaine de visas aux " pèlerins indépendants qui souhaitent se rendre sur les lieux saints par des vols réguliers ". Il monnayait le visa à 540 000 f CFA. Ce qui lui a permis d’engranger 54 000 000 f CFA.

Pour lui, ces frais représentent les charges de l’organisation du Hadj. Ce qu’il faut noter cependant, c’est que la centaine de pèlerins auxquels il a vendu les visas ne sont pas à sa charge. Ce sont des "pèlerins indépendants". Ce qui veut dire que le billet, l’hébergement, l’alimentation et le déplacement sont à la charge desdits pèlerins. Où se trouvent alors les charges qui auraient occasionné ces frais ? Les frais de délivrance de visa sont largement inférieurs à cette somme. Ils tournent autour de 125 000 f CFA. La seconde explication du patron de STMB, c’est que de toutes les façons, lui ne pouvait pas aller chercher gratuitement ces visas pour les demandeurs qui souhaitent prendre des vols réguliers. Il laisse entendre que les 540 000 f CFA équivaudraient au prix du billet. Ce qui est improbable vu que l’Arabie saoudite a une ambassade au Burkina. Même dans ce cas, il serait plus équitable de permettre à toutes les agences qui le souhaitent d’aller chercher ces mêmes visas pour leurs clients qui ont décidé de voyager par des vols réguliers.

Ce qui est le plus déplorable dans cette situation, c’est que des gens à qui STMB Tour a vendu des visas et qui avaient réservé leur vols de manière régulière à Ethiopian Airlines se sont vus déprogrammés au profit des pèlerins de STMB qui n’ont pas eu à temps leur visa. Ils ont été débarqués de l’avion alors qu’ils avaient déjà pris place. D’autres personnes ont été convoyées en Tunisie et en Libye pour finalement revenir sans pouvoir faire leur pèlerinage. Adjara voyage à qui ces personnes se sont confiées auraient eu la promesse de STMB Tour pour l’aider à transporter ses clients jusque sur les lieux saints. Mais comme STMB Tour elle-même avait des difficultés pour amener ses propres pèlerins, Adjara voyage s’est retrouvée coincée. De négociation en négociation, ces pèlerins vont finalement embarquer au bord de Afriquiya, qui les a promenés dans les airs avant de les abandonner à l’aéroport de Tripoli. Ils ont passé trois jours sans logement ni nourriture.

C’est l’ambassade du Burkina qui a négocié avec une compagnie pour les ramener au bercail. Qui va les rembourser ? STMB Tour s’en lave les mains. Elle estime qu’elle n’est pas responsable. Et les frais de visas ? "Je ne suis pas responsable de leur mésaventure, donc je ne vois pas pourquoi je dois rembourser ", affirme le DG de STMB Tour. Ces malheureux candidats au Hadj ont regagné leur famille sans espoir d’être remboursés, même pas la somme versée pour obtenir le visa. Ils doivent s’en prendre à eux-mêmes, semble dire le DG de STMB Tour. Il se plaint en effet du "piratage du hadj par d’autres agences". Il estime que lui seul a le droit d’inscrire des pèlerins. Mais les autres agences rétorquent qu’on ne peut pas les empêcher de faire leur travail qui est d’aider leurs clients, de les accompagner. Ce n’est pas parce que c’est le pèlerinage qu’elles doivent faire moins pour leurs clients. De toute façon, même s’il y a " piratage", c’est avec la complicité de STMB Tour qui accepte vendre les visas. En clair, pour les patrons de ces agences, c’est le DG de STMB Tour lui-même qui est à l’origine de ce qu’il dénonce. Mais en vérité, ils estiment qu’il ne s’agit nullement d’un piratage. Ils n’ont fait que leur boulot, aider leurs clients dans leur voyage. C’est la mission traditionnelle des agences de voyage.

La loi burkinabè ne l’interdit pas. Le communiqué du MATD sur les conditions à remplir pour organiser Hadj ne peut supplanter la loi, selon le patron de Lanko voyage, Ibrahima Koné. Lui et ses collègues appellent le ministère à revoir l’organisation en faisant jouer vraiment la concurrence.

Idrissa Barry


Le favoritisme de l’Etat à STMB Tour dénoncé par d’autres agences

Ces deux dernières années, l’Etat a confié l’organisation du pèlerinage à une seule agence, STMB Tour. Pour les six autres agences ayant postulé, il y a du favoritisme dans l’attribution des agréments.

Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation fait-il du favoritisme dans l’attribution des agréments pour l’organisation du pèlerinage ? Les agences* autres que STMB Tour en sont convaincues. Elles dénoncent plusieurs faits qui accréditent le parti pris du ministère de tutelle. D’abord, la communication entre le ministère et les agences. Le responsable de STMB serait régulièrement informé des péripéties des préparatifs du Hadj par les services du ministère tandis que les autres sont ignorés. Quand il s’est agi par exemple d’informer les agences des règlements concernant le pèlerinage édictés par le ministère saoudien du Hadj, les courriers destinés aux autres agences sont restés dans les tiroirs. C’est une semaine avant l’expiration du délai donné par les Saoudiens pour transmettre les dossiers que les autres agences ont été invitées à passer récupérer leurs courriers. STMB Tour, elle, n’a pas besoin de prendre connaissance du contenu du courrier parce que son directeur faisait partie de la délégation du ministère qui est allée en Arabie Saoudite.

Chaque année en effet, les pays envoient des délégations pour aller faire le bilan de l’organisation avec les autorités saoudiennes et recevoir les nouvelles instructions sur le Hadj à venir. C’est au retour de cette mission du ministère que l’appel à candidatures est lancé. Mahamadi Ouédraogo de STMB Tour a séjourné au même moment que cette délégation en Arabie saoudite. Ce qui fait dire aux autres qu’il est embarqué dans les valises du ministère. Est-ce le ministère qui paie aussi son billet ? Là n’est pas la question selon eux. A partir du moment où le responsable de cette agence voyage avec la délégation gouvernementale à l’insu de ses concurrents, il y a du favoritisme. Si les autorités voulaient les mettre sur le même pied d’égalité, il aurait dû les informer pour qu’elles prennent aussi leurs dispositions. Cela n’a pas été fait. Pire il y a eu rétention de courriers à la fin de la mission. Sur toute la procédure, c’est le même parti pris pour STMB Tour qui serait de mise.

La volonté d’écarter les autres agences au profit de "l’agence du MATD" est manifeste, estiment les autres. Les requêtes exigées par le ministère pour postuler à l’organisation du pèlerinage sont considérées comme la preuve de la volonté de les écarter au profit d’une agence qui ne fonctionne que le temps de l’organisation du Hadj. Les requêtes mises en cause sont entre autres le bilan financier 2008, la caution bancaire à 100% de 2 000 000 CFA par pèlerin, la caution par une banque saoudienne. Tout cela dans un délai de trois semaines. Le communiqué ministériel a été rendu public le 5 mai 2009 et les agences devraient s’exécuter avant le 25 mai à 17h 30mn. Ces mesures seraient, à leurs yeux, abusives et ségrégatives. Dans une lettre adressée au ministre Clément Sawadogo, ces agences plaident pour qu’il revoit le dossier du Hadj en séparant le transport aérien par un appel d’offre auprès des compagnies aériennes et en laissant aux agences de voyage le soin de donner des prestations (transferts, hôtels, suivi religieux du pèlerin).

Idrissa Barry

- " Les six autres agences sont : Lanko Tour, Labaïka voyage, Zindi voyage, Faso service, Song taaba, Armel voyage


Comment expliquer la complaisance de l’Etat ?

Depuis 2007 et de façon régulière, STMB/TOUR s’en sort avec le monopole de l’organisation du Hadj. Pourtant, rien vraiment ne justifie cette situation. En 2007, STMB/TOUR a organisé le Hadj le plus catastrophique de l’histoire du pays. Des pèlerins laissés en rade, un hébergement à la Mecque catastrophique qui a vu certains pèlerins faire leurs besoins dans les couloirs de l’immeuble et un retour des pèlerins qui a failli tourner au drame, particulièrement pour le dernier vol. Un Hadj calamiteux qui a obligé le gouvernement à revenir dans l’organisation du pèlerinage à la Mecque qui avait été cédé aux associations musulmanes. Mais n’empêche et contre toute attente, c’est la même société qui a été retenue pour organiser et conduire le Hadj de 2008.

Devant le tollé des agences concurrentes, le gouvernement avait juste concédé qu’elles puisses recruter les pèlerins, mais qu’elles devaient confier leur convoyage à STMB. Ce que ces dernières ont énergiquement refusé. Le Hadj 2008 a été organisé dans un contexte concurrentiel et a donné des résultats plus satisfaisants que pour les éditions précédentes. Il était prévu dès le retour, une rencontre de débriefing qui n’a jamais eu lieu. Et alors que tout le monde était dans l’attente d’une rencontre bilan de l’organisation du Hadj 2008, voilà que le gouvernement, une fois de plus, embarque STMB/TOUR pour une mission préparatoire en Arabie saoudite. Ensuite, c’est la publication des conditions de participation à l’organisation du Hadj 2009. Les conditions et les délais étaient tels que seule STMB/TOUR pouvait y satisfaire. Au moment du choix, c’est tout naturellement que STMB/TOUR remporte la mise.

Dans une situation de monopole, elle fixe de façon scandaleuse les prix et contraint les Burkinabè, dans notre sous région, à débourser plus de deux millions de francs CFA pour aller sur les lieux saints. Un tarif qui ne prend pas en compte l’alimentation des pèlerins sur place. N’est pas non plus compris le prix du mouton. Avec un prix inférieur, les agences qui ont organisé le Hadj en 2008 prenaient entièrement les pèlerins en charge. Ce qui n’était pas prévu, c’était le prix du mouton. STMB/TOUR annonce qu’il prend en charge le transport des pèlerins de leurs lieux d’hébergement à la mosquée. Mais en vérité, il ne le fait pas. Le nombre de bus est insignifiant, la résidence est trop éloignée de la mosquée centrale, obligeant nombre de pèlerins à débourser des frais supplémentaires pour le transport. Cette année encore, les conditions d’hébergement ont été catastrophiques. Les toilettes n’étaient pas entretenues exposant les pèlerins à des conditions de salubrité exécrables.
Au regard de tout cela, on se demande pourquoi le gouvernement continu à donner le monopole à STMB/TOUR. Faut-il croire les rumeurs qui disent que les responsables de la société "sucrent" les ministres en charge du pèlerinage ?
Il est peut-être temps que l’autorité supérieur de contrôle de l’Etat mette le nez dans les comptes du pèlerinage. Ça permettra de situer tout le monde.

Newton Ahmed Barry


Un responsable d’agence emprisonné

Le premier responsable de Labaïka voyage, M. Baro, a été arrêté début novembre, pour dit-on, "trafic de passeports". Il a passé trois semaines à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco) et relaxé à l’issue d’un procès où aucune charge n’a été retenue contre lui. C’est en revenant du Nigéria via le Bénin, qu’il a été intercepté par les forces de sécurité. On lui a signifié qu’il se livrait à un trafic de faux documents parce qu’effectivement, il avait dans ses bagages des passeports nigérians. Mais pour lui, il ne s’agit nullement de trafic. C’est plutôt une activité normale et licite. Ce sont des clients d’origine nigériane qui lui auraient demandé de suivre les procédures de délivrance de leurs passeports. Ces derniers seraient établis au Burkina. Quand les gendarmes ont vérifié ses propos, ils avaient décidé de le libérer. Mais il semblerait qu’un haut responsable du MATD aurait ordonné de le maintenir encore en prison. Selon ce responsable, il y aurait d’autres informations qui accablent le responsable de Labaïka voyage.

En même temps, ce même responsable du MATD aurait ordonné l’arrestation du frère du patron de Labaïka à Bobo-Dioulasso. Celui-ci a séjourné trois jours à la gendarmerie avant d’être élargi grâce à l’intervention du maire de Bobo-Dioulasso. Pour les responsables de cette agence, ce n’était qu’une manœuvre pour les empêcher d’organiser le voyage de leurs pèlerins qui devraient partir par la compagnie Ethiopian Airlines le 20 novembre. Du reste, une partie de ces pèlerins a été débarquée pour faire monter ceux de STMB Tour ce même jour. C’est encore le même haut responsable du ministère de l’Administration qui seraitt intervenu auprès de la compagnie aérienne pour vider les pèlerins de Labaïka au profit de ceux de STMB Tour. C’est quand tout ceci était finalement acquis que le procès du patron de Labaïka a eu lieu. A l’analyse, et au vu du verdict, l’arrestation de M. Baro visait à l’empêcher de travailler au départ de ses clients de la Mecque. C’est au même moment en effet que le patron de STMB Tour s’est plaint du "piratage" du Hadj par d’autres agences. Il aurait alerté le ministère de tutelle qui, visiblement, l’a aidé à freiner les ardeurs de ses concurrents. Le responsable chargé des questions du Hadj au ministère n’a pas souhaité se prononcer sur cette affaire malgré nos multiples relances.

Idrissa Barry


Le Burkina a le Hadj le plus cher

Deux millions cent quatre vingt quinze mille francs (2 195 000 F CFA). C’est la somme que chaque pèlerin a déboursée pour effectuer son pèlerinage cette année avec l’agence STMB Tour. Cette somme correspondant pour l’agence aux prix du billet aller-retour, à l’hébergement et au déplacement sur place à la Mecque. L’alimentation et le mouton de la fête sont à la charge du pèlerin. C’est le Hadj le plus cher jamais organisé au Burkina. En dépit de la baisse du prix du baril, les organisateurs n’ont pas baissé le prix. Au contraire, ils ont augmenté de 110 000 f CFA par rapport à l’année passée. Qu’est-ce qui explique cette hausse ? Le premier responsable avance la question de la caution de 2 000 000 f CFA par pèlerin qu’il faut déposer dans une banque. Cette caution entraînerait un endettement de l’agence. Là tous les responsables d’agence sont d’accord. Une agence qui prévoit d’envoyer 1500 pèlerins par exemple doit déposer environ 3 milliards CFA. Ce qui donne un intérêt trimestriel de 14 000 000 f CFA. Les intérêts (2,5%) de la caution amène une surcharge tarifaire de 160 000 CFA sur le billet de l’avion.

De même, la caution en Arabie Saoudite apporte une surcharge d’au moins 75 000 CFA par pèlerin, soit un total de 235 000 CFA. L’Etat est responsable de cette situation. Dans beaucoup de pays, soit la caution est faible soit elle n’existe même pas. Autre facteur qui grève le prix du Hadj au Burkina, c’est le quasi monopole accordé à une agence. Dans les autres pays, les candidats au pèlerinage ont le choix entre plusieurs agences. La concurrence est de mise et l’Etat joue son rôle de contrôle. Une agence défaillante est non seulement sanctionnée par les pouvoirs publics, mais elle perd surtout sa crédibilité auprès des futurs candidats au pèlerinage. A la longue, c’est ce contrôle social qui va jouer le rôle de filtre entre les agences sérieuses et celles qui se complaisent dans l’amateurisme. Pour se faire une idée de ce qui se passe ailleurs et pas loin de chez nous, nous donnons ici le nombre des agences et le prix du Hadj dans certains pays :

Mali, 25 agences, 2 millions 100 000 f CFA

Niger, 17 agences, 1 million 696 000 f CFA

Togo, 02 agences, 1 millions 600 000 f CFA

Par Idrissa Barry

L’Évènement

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Vos commentaires

  • Le 19 janvier 2010 à 09:43, par carine En réponse à : Hadj 2009 : Même monopole à STMB, mêmes cauchemars pour les pèlerins

    hadj 2009
    Tant que le hadj serais un monopol ce serais toujours un calvaire pour les pelerins. La ou il y a monopol c’est toujours mal et très mal géré. Pour le hadji l’état doit se mettre dedans ne pas laisser au privé uniquement. Donné la possibilité aux pelerins de s’inscrire la ou ils veulent. Au minimum 3 privés plus l’état et les pelerins vont faire leurs choix. Sinon le hadji est très mal organiser au Burkina. Poutant le Burkina est reconnu dans le sens de l’organisation. Pourquoi pas le hadji il y a quelques choses qui ne cloche pas quelques part. Ministère des affaires etrangères, administration territorial etc..... c’est votre rôle de revoir la situation. Ce n’est pas une situation normal....
    carine

  • Le 19 janvier 2010 à 10:53, par Kassoum En réponse à : Hadj 2009 : Même monopole à STMB, mêmes cauchemars pour les pèlerins

    Je salut le courage de ces hommes de presse qui ont dénoncé une situation déplorable. Je pense que les plus hautes autorités de contrôle du pays doivent être saisies pour situer les responsabilités et prendre les sanctions qui s’imposent. Car s’enrichir de façon illicite dans le dos de pauvres pèlerins est tout simplement un crime qui doit être puni sans aucune complaisance.

  • Le 19 janvier 2010 à 12:46, par Ben En réponse à : Hadj 2009 : Même monopole à STMB, mêmes cauchemars pour les pèlerins

    C’est bien dommage que le Hadj soit cher au BF.
    Mais cela n’est pas étonnant puisque les dignes fils de ce pays ont seulement l’amour que pour l’argent.
    Le pays est de toute façon géré par des pilleurs.

  • Le 19 janvier 2010 à 20:08, par HEEE En réponse à : Hadj 2009 : Même monopole à STMB, mêmes cauchemars pour les pèlerins

    SIDI MADI ( OUEDRAOGO MAHAMADI)N’EST QU’UN BEAU MANTEUR,,DEPUIS QUANT IL A RENCONTRE LES ETUDIANTS BURKINABE EN ARABIE SAOUDITE..?? APRES AVOIR DE REFUSER DE PAYER LEURS DROITS - IL DOIT AVOIR HONTE D’ABORDER LE SUJET DES ETUDIANTS.
    C’EST LES PELERINS QUI PORTERONT LES RESULTATS.
    PAR ( ETUDIANT QUI CONNAIT BIEN CE SIDI MADI )

  • Le 19 janvier 2010 à 20:36, par passek taale En réponse à : Hadj 2009 : Même monopole à STMB, mêmes cauchemars pour les pèlerins

    j’etais un pelerin du hadj 2009. je conviens que les organisateurs fasse du marqueting de leur juteuse affaire qu’est l’organisation du hadj. la realite est que les pelerins Burkinabe dans leur ensemble ont souffert de tous les maux qui ont ete cites plus haut. le transport sur les lieux saints etaient inexistants. les cars etaient la, mais les conducteurs n’etaient jamais disponibles pour les besoins du transport a la mosque. les pelerins ont la plupart du temps, marche pour se rendre a la priere et retourner a l’hotel. les pelerins etaient heberges souvent a 12 personnes dans une seule chambre. ce qui rendait tres difficile le sejour. au retour, les pelerins ont souffert egalement de plusieurs reports de la date du voyage. le 4 decembre, le 9 decembre et le 12 decembre sont les dates qui ont ete communiquees aux pelerins sans que ces dates ne soient respectees. le 12 decembre 2009, les pelerins ont ete convoyes a l’aeroport de Djedda ou ils ont passe une nuit a la belle etoile. c’est seulement le 13 decembre au petit matin que les pelerins ont ete embarques pour le Burkina Faso. j’avoue que c’etait tres eprouvant pour tout le monde. je ne suis pas un concurrent de STMB tour. je ne fais que relater ce que j’ai vecu comme plein d’autres. je souhaite qu’une concurrence saine soit mise en place pour le bonheur des fururs pelerins du Faso. merci.

  • Le 19 janvier 2010 à 23:16, par 112233 En réponse à : Hadj 2009 : Même monopole à STMB, mêmes cauchemars pour les pèlerins

    (Faux usage faux = sidi madi) menteur sans honte sans limite. Je regrette que Hadj Burkinabè soit diriger par un « fomenteur comme sidi madi. Ou as-tu rencontre un étudiant Burkinabè en Arabie sur le sujet de Hadj ?! Malheur a lui qui bâillonne l’opinion publique.
    Malheureux, tu crois que nous sommes des esclaves la fortune comme toi qui fais sa fortune sur la sueur des autres. Cette argent bitumera ta route vers l’enferŒ.
    Les responsable religieux Musulman doivent savoir que c’est leur désaccord et leur mal organisation qui a diriger le Hadj vers un maudit madi. Ils doivent en avoir honte et reconnaitre qu’ils ne sont pas au niveau d’assumer la responsabilité Musulman au Burkina Faso. »€Œ

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