LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

Publié le mardi 19 janvier 2010 à 05h08min

PARTAGER :                          

Une petite rivalité, à fleuret moucheté, s’est déroulée en ce mois de décembre dans les environs de la commémoration du 11 Décembre, sans que personne n’y prête vraiment attention. Yonli et Salif sont passés chacun offrir ses services pour la direction de la campagne pour la présidentielle de 2010 au candidat Blaise Compaoré.

Paramanga Ernest Yonli est venu assister aux festivités du 11 Décembre, on l’a vu dans les images de la TNB, puis il est parti faire le tour du coordonnateur régional dans sa région avant de repartir pour Washington où il représente le Burkina comme ambassadeur. Salif Diallo a attendu que les festivités du 11 Décembre prennent fin, puis il est rentré au pays et s’est rendu directement à Ouahigouya, où ses parents lui ont servi " un 11 Décembre spécial ". Il a rejoint ensuite Ouagadougou pour les grandes manœuvres politiques. Il aurait, dit-on, sur exhortation du président du Faso, toiletté le texte de son autocritique et l’a soumis à Roch Marc Christian Kaboré, le président du CDP. Mais le clou de son séjour aura été cette longue entrevue avec Blaise Compaoré. Au moment où " ceux qui pompent l’air au président " ont du mal à trouver une stratégie claire et efficace pour modifier l’article 37 de la constitution, les deux hommes ont sans aucun doute reparlé de la fameuse proposition de Salif Diallo parue dans la presse en juillet dernier.

Le président n’a pas envie de s’en aller du pouvoir, mais il s’aperçoit qu’il est délicat de modifier l’article 37, comme il l’a fait en 1997. Le sens de l’histoire ne permet plus de pareil tripatouillage, même si les dispositions actuelles de la constitution ne l’empêchent pas. L’approfondissement de la démocratie dont il est question dans les différents discours récents du président pourrait signifier une évolution vers un réel partage du pouvoir, avec des concessions substantielles à l’opposition qui amoindriraient l’intention de demeurer encore au pouvoir au-delà de 2015. Les hommes de son entourage qui sont capables de porter un tel projet ne sont pas légion. Dans cette perspective, il faudra non seulement réhabiliter politiquement Salif Diallo, mais avec la manière. Laquelle ? That is the question. Parce qu’il faut que dans cette affaire, personne ne perde la face.

Les tractations ont déjà commencé…

Le processus de réhabilitation de Salif est en chantier et devrait connaître son épilogue très bientôt. Mais déjà, les joutes ont commencé pour savoir qui sera le directeur de campagne de Blaise Compaoré pour 2010. Pour Salif Diallo, ce serait un retour triomphal, pour ses contempteurs en revanche, ce serait la plus grande catastrophe. Les plus en avant contre le retour de Salif Diallo à ce niveau de responsabilité, ce sont évidemment les membres de la famille du président. A ce niveau, c’est tout sauf Salif. C’est à ce niveau que la candidature de Yonli serait avancée pour contrer celle de Salif Diallo. A quelques mois de la présidentielle de 2010, la grande rivalité Salif-Yonli qui avait empoisonné les derniers moments de la primature de Paramanga refait surface, suscitée par les mêmes personnes.
A distance donc, la guerre de positionnement devrait se poursuivre. Paramanga Yonli, ancien condisciple de Salif Diallo, devenu Premier ministre par le bon vouloir de ce dernier et qui a migré à l’adversaire, rêve de donner le change à son ancien mentor. Il s’agit enfin d’occuper une position stratégique sans rien devoir à Salif Diallo. Ça promet donc.

Blaise préoccupé par son avenir

Même s’il n’évoque pas le sujet, il ne s’en préoccupe pas moins. Pour le savoir, il faut faire attention à l’agitation des "périphéries". Le député Mahama Sawadogo est missionné pour exposer les évolutions et les arguments du "laboratoire de réflexion sur l’article 37". Dans sa dernière livraison, son argumentaire éclectique aboutissait à une conclusion médiane, mais pas franchement inattaquable. Après avoir démontré que la constitution en vigueur ne s’opposait pas à la révision et admis qu’elle ne l’incitait pas non plus, il conclut qu’il fallait faire confiance à la bonté de "Janus" et oublier son côté mauvais. Ce qui prouve de plus en plus que le laboratoire est en panne d’inspiration.

Dans cette perspective, le président, auréolé de son prestige de facilitateur dans les crises chez les voisins, devrait pour la première fois, expérimenter certaines trouvailles chez lui. Il s’agirait donc de trouver la formule pour continuer "le large rassemblement", non plus des "acquis", mais cette fois, des contempteurs invétérés. Certains pronostiquent donc une large ouverture dont les modalités sont actuellement à l’étude.
Cependant, la lisibilité des actions du régime est difficile, tant les signaux se contredisent. Avec le projet de loi sur la révision du code électoral, adopté par le Conseil des ministres du 6 janvier dernier, on n’emprunte pas le chemin d’un large consensus.

La revendication de l’opposition d’une carte électorale infalsifiable ne sera pas pour cette année. En tout cas, pas pour la présidentielle de 2010. Or le discours du président le 11 Décembre laissait plutôt penser le contraire. On se demande dans ce cas quel contenu donner à l’approfondissement de la démocratie annoncée par le discours présidentiel de la Saint Sylvestre. Le rituel d’un scrutin présidentiel tenu à date ne saurait à lui seul constituer un "approfondissement". Il est inimaginable de penser que la révision de la constitution en son article 37, qui se fera forcément dans la discorde, puisse présager ou constituer un approfondissement de la démocratie.


Extrait de l’adresse de Blaise le 31 Décembre

"Les grandes nations se fortifient à l’épreuve des difficultés et s’inspirent des riches et fertiles expériences de leur histoire pour façonner leur destin.
L’année 2010 sera celle de l’enracinement de la démocratie et de l’élargissement des libertés avec la tenue de l’élection présidentielle.
J’invite le peuple burkinabé dont la détermination au labeur et le sens élevé du patriotisme sont exemplaires, à cultiver davantage la fraternité et la solidarité".

Il y a des points incongrus dans cette partie du message. De quelles difficultés parle le président et qui devraient servir à façonner notre destin ? Dans l’immédiat, aucune référence ne vient à l’esprit. Les rédacteurs du discours sont tellement vagues qu’il est difficile de savoir à quoi ils font référence.

Ensuite, le bref passage sur l’élection présidentielle de 2010, en quoi sera-t-elle pour les Burkinabè un enracinement de la démocratie et un élargissement des libertés ? Depuis 1991, les Burkinabè, ou disons certains d’entre eux, votent régulièrement aux scrutins présidentiels. En quoi cette année 2010 devrait être différente des scrutins passés. Si le projet de loi sur la révision du code électoral devrait ne pas retenir l’adoption d’une carte d’électeur infalsifiable, il y a fort à parier que le président ira seul à cette présidentielle. Il trouvera toujours des accompagnateurs, mais ce ne sera pas pour "enraciner la démocratie". Bien au contraire.

Par Newton Ahmed Barry

L’Évènement

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 19 janvier 2010 à 06:07, par Mitenga En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    Soyons sérieux s’il vous plaît. Salif Diallo vous a-t-il dit qu’il voulait battre campagne pour Blaise Compaoré ? Comment un homme politique qui reprochait à Blaise de s’adonner à une patrimonialisation du pouvoir, peut-il revenir battre campagne pour la réélection du même Blaise Compaoré ?

    • Le 20 janvier 2010 à 16:13, par Teng-Kougri En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

      Le commun des observateurs de la scene politique arrive à lire entre les lignes des déclarations des uns et des autres et leurs actes. Je pense cependant que vous Mitenga, avez besoin d’un petit cours de sciences politiques.

      Teng-Kougri

    • Le 21 janvier 2010 à 19:02, par lizekore En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

      Dieu merci, il y’a toujours de dignes africains comme SOME. Dès que je finis de lire un article, je m’empresse à lire l’intervention de SOME : claire, bien cadrée. réaliste,bien instruit, je le laisse mon email pour une éventuelle échange, ça pourra beaucoup m’aider sur le plan intellectuel. au fait je ne vois plus ces écrits.
      mon email : lizekore@yahoo.fr
      merci

  • Le 19 janvier 2010 à 09:11, par Ph En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    Très bel article.
    En tout cas tous les Burkinabé doivent ouvrir l’œil pour que cette fois ci ils ne soient pas trompés par de gros mots pour continuer à souffrir, je parle là de la modification de la constitution qui est l’argument fort des dictateurs africains, notamment Blaise.

  • Le 19 janvier 2010 à 09:59 En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    Monsieur BARRY,

    Si vous ne trouvez aucune difficulté à laquelle notre pays a été ou est confronté, et qui est susceptible de l’aider à forger un destin, c’est que votre mémoire est particulièrement courte et votre capacité d’analyse très limitée !

    Le métier de journaliste exige plus de culture que des balivernes de ce genre créées par des vues trop partisanes qui ne laissent pas de place à la critique constructive mais au criticisme.

  • Le 19 janvier 2010 à 10:34, par Sidbéwendé En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    C’est simplement de l’intoxication pas de l’information. Pourquoi voyez vous toujours des rivalités ou des animosités dans les rapports des dirigeants de ce pays(yonli-salif),(salif-tertus)(simon-françois)etc...Ces oppositions n’existent que dans votre imagination.Arrtez ça

  • Le 19 janvier 2010 à 11:25, par boudwarba En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    Si Yonli, le candidat de la famille de Blaise passe nous comprendrons tous qu’en fait n’est plus qu’un jouet entre les mains de ses frere soeurs et autres beaux. Si non il sait très bien que en matière d’organisation, d’agitation et de campagne y a pas match entre les deux. Si blaise veut gagner il y a un autre organisateur de talan qu’il peut placer : c’est gilbert noel Ouedraogo mais il est dans l’autre camp. Pour moi Yonli ne peut pas. L’est là c’est pas grand monde wè.

  • Le 19 janvier 2010 à 12:06, par Blaise Compaore En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    Dix sur dix a Newton Ahmed Barry. C’est ce qu’on appelle du journalisme.

  • Le 19 janvier 2010 à 15:05, par sawadogo silete En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    Voila 2 personnalites ensemble feraient de tres bonnes choses,mais il se trouve toujours d autres politiciens qui empecheront ces 2 de s entendre Ainsi va la politique au Faso

  • Le 19 janvier 2010 à 15:15, par dam78 Franc En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    L’analyse de Barry est nul.

  • Le 19 janvier 2010 à 22:00, par Marcellin En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    Très bel artcile et pertinente analyse ; cela fermente la réflexion et nous suivons avec attention le déroulement de la scène politique. Pourvu que ce soit vrai ; Que Blaise songe à quitter le pouvoir en commençant par le partager vraiment et à ne plus faire des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire des instruments de promotion du CDP.
    En tout cas, ne touchez pas à ma constitution.

  • Le 20 janvier 2010 à 17:34, par E.U Burkinabe FK En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    votre article est pertinent, mon point de vue personnel ; si Blaise veut gagner en 2010 il faudra compter avec Salif car il est le disciple qui sait organiser,rassembler. si ce dernier ne passe pas, les gens sauront que c’est vraiment la famille qui décide et ou va ce pouvoir ?
    Ministre de l’agriculture pendant... il est connu par tous nos paysans et n’oublions pas que c’est un homme de terrain.
    je pense que Salif est mieux placer et même "leurs" patrons ne l’ignore pas.
    Moi meme je suis de l’est mais je connaît pas Yonli assez bien, je souligne qu’il fut un bon premier ministre pour notre Faso.

  • Le 20 janvier 2010 à 17:56, par SOYONS SERIEUX En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    JE SOUHAITE QUE CETTE RUBRIQUE GARDE SON SENS ET TOUTE SON IMPORTANCE.IL FAUT FAIRE UNE BONNE LECTURE DES ANALYSES AVANT DE PROPOSER DES CONTRES ANALYSES PERTINENTES.LAISSER LES JOURNALISTES D’UN CERTAIN PROFILE RESPECTABLE DE FAIRE LEUR TRAVAIL.EVITONS DE GRACE,A DEFAUT D’ARGUMENTS ET DE CAPACITE D’ANALYSE,DE DONNER DES POINTS DE VUE SIMPLISTES ET PROPAGANDISTE.CELUI QUI N’A RIEN A DIRE DANS UN TEL DEBAT QU’IL AILLE CHERCHER AILLEURS MERCI:PETIT ESPRIT CHERCHE A TE CULTIVER ,EN CHERCHANT A COMPRENDRE DE TELLES ANALYSES TU POURRAS DEMAIN PRENDRE PART AUX DEBATS D’IDEES. A BON ENTENDEUR SALUT

  • Le 21 janvier 2010 à 16:45, par MBOYE En réponse à : Yonli ou Salif : C’est qui le prochain directeur de campagne de Blaise Compaoré ?

    MES AMIS, LAISSEZ SALIF ET YONLI TRANQUILLE. ILS SONT DES AMIS ET SE CONNAISSENT BIEN. EN PLUS CE SONT DES POLITICIENS. ILS POURRONT TOUJOURS S’ENTENDRE QUAND ILS VOUDRONT. PATIENCE. 2010 EST LA ET ON VERRA QUI BLAISE VA PRENDRE COMME DIRECTEUR DE CAMPAGNE.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique