LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Urbanisation et droit au logement : Le sambiiga a-t-il honoré ses engagements ?

Publié le vendredi 15 janvier 2010 à 01h33min

PARTAGER :                          

Entre les promesses de foire et la réalité du terrain, le constat tient souvent à des résultats insatisfaisants. Surtout lorsque la majorité de la population peine à se loger décemment. Ce qui engendre beaucoup de déconvenues et de frustrations.

La situation telle qu’elle se présente à l’heure actuelle, au Burkina, n’a rien de réjouissant : elle fait la part belle à des spéculateurs fonciers, qui ont tout le loisir de se frotter les mains. Aussi bien dans les grandes villes que dans les zones en voie d’urbanisation, les maîtres à jouer sont ceux qui savent jouer des mains et des pieds pour se tirer d’affaire.

A la fois promoteur immobilier et chercheur de parcelles non viabilisées, le parrain peut, au besoin, enfiler plusieurs casques à la fois. Et ce pour les besoins de la cause. Cette situation favorise la concentration et par voie de conséquence l’abus de position dominante, avec tout ce que cela comporte comme prise d’intérêts illégaux.

Pour le citoyen ordinaire, cela se traduit par le relèvement très substantiel du bail dans une ville comme Ouagadougou : entre 2000 et 2010, les prix sont passés du simple au double en moyenne.
Pour se convaincre de la réalité, rien de plus simple qu’une balade à travers les rues de la capitale burkinabè. Ici ou là, des tableaux d’affichage, parfois de simples écriteaux maladroitement accrochés, mais qui indiquent que l’on peut avoir l’information sur une habitation à louer ou une parcelle à acheter.

L’affaire est rentable (“juteuse”, disent les Burkinabè) et semble profiter à une catégorie d’individus au profil pas toujours bien indiqué. Ces derniers font semblant d’afficher une mine apitoyée lorsqu’il leur est reproché leur politique des prix. Invariablement, ils lancent comme un répondeur automatique : « Ha, patron, c’est le marché qui est comme ça ! »
Ainsi, qu’il s’agisse des zones résidentielles ou des quartiers populaires, c’est désormais la loi du marché qui prévaut : pas de pitié pour qui n’a pas de quoi défalquer de son budget les 3 ou 4 mois de « caution » et d’« avance » exigés avant toute conclusion d’un contrat de bail !
Ceux qui n’ont pas l’argent au complet devront patienter, le temps de réunir la somme. Après quoi, ils pourront se remettre dans la course pour la quête d’un toit. Naturellement, cette hypothèse comporte bien des risques et des incertitudes, comme celui de se faire arnaquer par des délinquants peu scrupuleux. Lesquels agissent par bandes, prêts à vendre la même parcelle à plusieurs pigeons.

Et pourtant certains n’en démordent pas, décidés qu’ils sont à casquer haut et plus fort que les éventuels concurrents qui, eux aussi, se tiennent en embuscade.
En cas de désistement, le bailleur peut donc faire appel à la liste d’attente dont la longueur est proportionnelle au nombre d’occasions ratées par le demandeur. Bien entendu, il ne faut pas demander au premier cité de cracher sur le morceau. Surtout qu’en la matière, le plafonnement des prix n’est pas pour demain.

Le gouvernement a bien tenté de mettre sur pied des structures chargées de la mise en œuvre de textes normatifs, censés apporter de la transparence dans le milieu. Mais entre la lege lata et la lege feralta, il y a parfois un abîme. Ce qui est le cas actuellement.
Ce n’est donc pas le bout du tunnel pour les populations. A défaut de disposer d’une maison au confort minimum, nombre de ménages sont obligés de chercher des alternatives.
Avec le temps, peut-être auront-ils la chance de disposer d’une maison propre à eux. Comme, par exemple, les premiers bénéficiaires des programmes « 10 000 logements sociaux » initiés par le gouvernement burkinabè ?

Le problème, c’est que l’initiative est critiquée dans son effectivité. Aussi bien par l’opinion publique que par certains des bénéficiaires eux-mêmes. En cause, un décalage évident entre les informations données par le gouvernement lors du lancement de ce projet et les espérances (à peine trahies) des bénéficiaires. Ces derniers, sourire aux lèvres, espéraient se voir dérouler le tapis rouge, mais ils ont dû revenir sur terre : le gouvernement n’entendait nullement leur offrir le beurre et l’argent du beurre. En clair, les nouveaux propriétaires devront supporter le reste des frais, s’ils veulent rendre leur logis habitable.

D’autres, par contre, n’ont pas attendu leur tour. Ils ont préféré prendre le large et « se chercher », en intégrant un logement de fortune dans les périphéries. A l’abri des regards, le « non-loti » recèle parfois des charmes insoupçonnés, sait-on jamais !
Pourtant, même là-bas, encore, la bataille n’est pas terminée pour autant. En effet, le plus dur reste à construire, pour les familles qui se retrouvent à la limite du dénuement le plus total.

L’incertitude du quotidien, une vie à mi-chemin entre la ville et le village, les manœuvres -voire les tentatives d’intimidations- du voisinage pour se voir céder le terrain à l’approche du lotissement définitif, l’éloignement des infrastructures sociales de base... tout ceci n’est pas aisé à gérer.
Dans ce combat pour une amélioration qualitative du « moi » et du « nous », le salut pourra-t-il venir des villas du 11-Décembre ? Ce n’est pas évident. Le prix, les conditions, le confort sont suffisamment dissuasifs pour inciter les plus modestes d’entre les Burkinabè à se lancer dans l’opération. Mesdames et messieurs les présidentiables, c’est donc l’heure des propositions...

A. Traoré

Journal du Jeudi

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 15 janvier 2010 à 03:51, par Sambiiga En réponse à : Urbanisation et droit au logement : Le sambiiga a-t-il honoré ses engagements ?

    Effectivement, le probleme de loyer est tres grave et cela est devenu plus evident avec l’inondation du 1er septembre. En effet, alors que toute la nation criait solidarite, les bailleurs et autres individus vereux double le loyer. Quelles pourraient etre les implications de ces augmentations subites du loyer a Ouagadougou, surtout le plan socio-economiques ? Que font nos dirigeants, surtout le ministere de l’habitat pour s’assurer que l’augmentation des loyers doit se faire selon la loi et non selon le souhait ou les caprices des bailleurs ? L’etat a t-il demissionne ? Quelle politique de logement social peut etre efficace lorsque l’etat preconise des loyers raisonables alors que de l’autre cote c’est tout a fait le contraire ? Existe-t-il une loi au Burkina qui regit la gestion des loyers comme c’est le cas dans les pays developpes ? Ce chaos total de la speculation ne va-t-elle pas porter atteinte un jour a la reforme fonciere qui cherche a contenir l’etalement urbain ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance