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Drapeau national : Quand il prend d’assaut nos rues

Publié le jeudi 14 janvier 2010 à 01h40min

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Voici venus des jours où elles s’épanouissent, telles des fleurs d’été. Les couleurs nationales pavoisent de nouveau dans les rues de la capitale, coupe d’Afrique des Nations (CAN) oblige. Mais hors de ce cadre, le phénomène s’observe dans les pratiques quotidiennes des Ouagalais. De l’usage à la vulgarisation, que fait-on du protocole ?

Milieu d’après-midi ce lundi 11 janvier, à la Place du grand Lyon, il y a une petite ambiance de fête. A l’œuvre, une demi-douzaine de jeunes gens jouant du djembé.

Des coups de sifflet agrémentent le rythme, soutenus par un décor de plus en plus courant dans nos rues : quatre drapeaux grand format encadrent le petit périmètre de jeu. Une grande statuette de bronze figurant Yennenga lancée dans une chevauchée sur son étalon y trône. Il y a même un grand drapeau étalé devant le petit ensemble musical.

Le spectacle ne manque pas d’attirer les regards des passants. Renseignements pris, les acteurs du moment ne sont autres, que de jeunes marchands de la « vitrine du bronze », le petit marché d’art qui fait face au Centre culturel français Georges Méliès.

« C’est une manière pour nous de soutenir le onze national, étant donné que les Etalons jouent aujourd’hui », explique Javier Bougouma, jeune marchand de bronze. Pour l’ensemble du groupe, la présence des couleurs nationales est un signe fort. « Pour nous, le drapeau montre non seulement notre appartenance à la patrie, mais aussi le fait que nous sommes de cœur avec les joueurs qui sont en Angola pour défendre nos couleurs ». A un quart d’heure de voiture de là, à la Patte d’oie, (près de Ouaga 2000), Abdourahmane Nikiéma, a lui aussi arboré ses fanions.

C’est la même motivation qui anime ce gérant de vidéo club. Il allie le business au patriotisme. « Les drapeaux affichés un peu partout traduisent notre soutien aux Etalons. Notre souhait est qu’ils gagnent et qu’ils nous ramènent le trophée. Les occasions de sortie des drapeaux chez nous, c’est d’abord le sport où il est question de défendre les couleurs nationales. Ensuite, les célébrations de la fête nationale ».

De son local, un jeune supporter sort pour se prêter à nos quesions. Peint des cheveux aux orteils aux couleurs nationales, Abdoulaye Saba arbore en plus, un accoutrement aux mêmes teintes. « J’ai acheté le tissu à 1250 F le mètre pour me faire confectionner la tenue que je porte.

Le tailleur m’a pris 10000 F ». Prototype de l’inconditionnel, il explique à quel prix il met un point d’honneur à prendre part aux événements sportifs engageant les Etalons, de même qu’aux fêtes nationales. Tout ça à ses propres frais, sans aucune reconnaissance du comité des supporters qui « préfère voyager avec des personnes peu indiquées à l’accompagnement des Etalons ».

Même s’ils n’ont pas effectué le déplacement de Cabinda, à leur manière, les Burkinabè ont manifesté leur soutien à la sélection burkinabè présente à la Coupe d’Afrique des nations, en Angola. Comme si nul n’imaginait l’avant, et l’après-match sans les couleurs nationales, le rectangle de tissu a animé de ses truculences les rues de la capitale.

Comme à la Place du Grand Lyon, tout Ouagadougou a bruissé et bruisse encore de cette flottaison. Le rouge vert frappé de l’étoile à cinq branches flotte allègrement sur les voies, devant les enseignes de boutiques, à l’arrière de certains véhicules (deux et quatre roues confondus), sur les tableaux de bord des voitures, etc. Banalement, nous avons compté plus d’une quarantaine de drapeaux sur un tronçon d’une centaine de mètres, du côté de Kolog-Naba.

Entre usages et méconnaissance du protocole

A l’origine, un drapeau est une pièce d’étoffe attachée à une hampe et servant à la reconnaissance d’un groupe, d’un pays, d’une région, d’une ville, d’une unité militaire ou d’un organisme. La notion de drapeau s’est depuis étendue à toutes les étoffes portant un signe permettant de l’identifier et de lui attribuer une signification.

Appelé étendard, fanion, oriflamme, pavillon, bannière ou couleurs nationales, le drapeau est porteur d’un emblème symbolisant tout une vision, un projet politique, social, etc. Il est support d’un sentiment patriotique et nationaliste exprimé largement par les usagers du drapeau burkinabè rencontrés. Quels que soient son format, sa taille, le support utilisé, la bannière nationale est entrée dans un usage presque domestique qui échappe au contrôle administratif ou « policier ».

A commencer par la commercialisation, le phénomène de l’usage des couleurs nationales s’est vulgarisé, sans s’entourer des observances protocolaires de rigueur. Les petits vendeurs détaillants qui les vendent aux grands carrefours de la capitale disent les importer de l’étranger (les pays d’Asie comme la Chine, les pays arabes comme Doubaï, etc.). Il y en a aussi qui les confectionnent avec l’aide des tailleurs locaux, en dehors de consignes appropriées.

Salif Ouédraogo dit « Le Boss » est bien connu des Ouagalais. Planté à quelques encablures de Ouaga-Inter, sur un bas-côté de la nationale 2, son étal ne peut laisser indifférent, avec son achalandage quelque peu atypique.

Des drapeaux aux couleurs de différentes nations, des couvre-chefs de tous les genres (casquettes, borsalinos, etc.) aux couleurs nationales et d’autres effets d’habillement, le tout agrémenté de tableaux noirs porteurs de messages bien ciblés que l’homme conforme au goût et à la préoccupation du jour. Sur place nous le trouvons occupé, assis à même le sol, à ajuster des finitions sur des drapeaux.

« J’achète le tissu et ce sont les tailleurs qui les cousent. Mais il y a des drapeaux qui viennent de l’extérieur, sur commande. Il nous suffit de lancer commande auprès de commerçants qui vont à Doubaï, Chine et autres”.

Ce marchand de fanions vous dira que son activité n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Quelques inquiétudes enregistrées, qui ne l’ont pas arrêté. Il y a, a-t-il soutenu, des éléments des forces de l’ordre qui sont contre la vulgarisation des couleurs nationales. Ils seraient allés jusqu’à confisquer sa marchandise, au prétexte qu’il n’avait pas l’autorisation de vendre le drapeau national.

Le Boss n’est pas prêt d’oublier le mauvais quart d’heure passé à la gendarmerie, parce que, dit-il, « un député à l’Assemblée nationale a fait que la gendarmerie m’a saisi ».

Des actions avérées ou non, mais somme toute, isolées qui ne permettent pas de porter véritablement un regard sur un phénomène, tout compte fait, louable, si tant est que la vue sporadique ou permanente du drapeau doit susciter le sentiment patriotique et promouvoir en chacun de nous le comportement citoyen.

Hortense ZIDA

Rasmané SIMBRE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2010 à 14:45, par alexio En réponse à : Drapeau national : Quand il prend d’assaut nos rues

    C"est ca la demokrati.Laissez ces hommes d"affaire promouvoir leur kreativitet.Le drapeau "americain" par contre mode dans la haute couture sans que les coupables soient arreter.On deshonore pas le drapeau national par ce acte.

  • Le 14 janvier 2010 à 15:48, par Sidbebe New York En réponse à : Drapeau national : Quand il prend d’assaut nos rues

    Plutot que de parler d’un protocole lourd et inutile dont nous nous chargeons inutilement,c’est une tres bonne chose que de rendre populaire la disponibilité des drapeaux burkinabe.S’il ya un engouement general pour ces drapeaux on devrait etre content car cela traduit la fierté pour notre pays.Moi-meme j’en ai un dans mon salon aux USA et je ressents la fierte quand mes visiteurs (non burkinabe) remarquent sa presence.Chaque jour que je vois mon drapeau me fait penser à mon pays.ET pourtant c’est dans la boutique d’un ghanaen que j’ai acheté mon drapeau burkinabe (NB:il yen avait pour tous les pays). L’origine n’a pas d’importance : c’est ce que le drapeau represente qui est important.Aux USA ici vous trouverai des drapeaux americains dans n’importe quelle boutique et de toute origine.Ne compliquons pas les choses unitilement.En Juillet 2000, j’ai recu la visite d’un ami du Niger et avant son depart nous sommes allés au centre ville de OUaga pour faire des photos parcequ’il voulait des souvenirs de son sejour à Ouaga ; mais apres mult photos on achevait notre seance devant le monument du cineaste mais un policier zelé en faction devant la mairie est venu furieux aracher ma camera menacant de la fracasser si je ne lui presentait pas une autorisation de photographier les monuments public ou je lui paye 1500 CFA. Comme je n’avais pas d’autorisation, et que je ne voulais pas payer l’argent il a balancer ma camera à terre et elle s’est brisée tout en me menancant de me jeter en tole.....Par contre j’ai fait des photos devant la tour Eifel,le congres et meme la maison blanche....Soyons simple et ne compliquons pas les choses inutilement : ca sera bien pour tout le monde y compris le tourism....

  • Le 14 janvier 2010 à 16:11, par etudiant burkinabe au usa En réponse à : Drapeau national : Quand il prend d’assaut nos rues

    je salut beaucoup cet article car mettant en nu le sentiment que resent les burkina en vers leur pays en plus il met en evidence l’avance du peuple burkinabe en matiere de patriotisme.je suis remonte qu’un soit disant depute laisse la denonciation des vraies ennemis du peuple et s’en prend a un noble citoyen qui cherche son pain et contribue dans cette meme lance a seme l’esprit patriotique dans nos coeur.moi je vie au usa et beaucoup sont ces americains qui exibent fierement leur coleur national devant leur porte et meme dans leur voiture.Et c’est ce que rend l’americain plus partriotic que personne.Donc j’encourage tous les burkinabe la ou ils sont de ne jamais avoir peur de montre leur appartenance et leur fierte a cette partie d’integrite pasce que au usa ici certain nationalite Africaine ont honte de se reconnaitre africain et se dise francais pasce qu’il parle francais mais nous etudiant burkinabe nous somme toujours fier de dire qu’on est burkinabe et les americain se precipite pour qu’on les parle de notre pays pour qu’il puise le connaitre.De plus dans chaque photo d’university tu ne peut pas ne pas voir un burkinabe qui a pri la photo avec le maillot des etalon avec l’ecriture Burkina faso devant le maillot.Donc de grace a vos les dirange ne nous decourage pas avec vos reglementations insense.merci

  • Le 14 janvier 2010 à 16:35, par le bon citoyen En réponse à : Drapeau national : Quand il prend d’assaut nos rues

    Bonjour à tous

    Je ne sais pas pourquoi au Burkina, on refuse d’évoluer. Pourquoi vouloir règlementer la vente des drapeaux comme si c’est une propriété intellectuelle.

    L’usage du drapeau est signe de la fierté que la population porte à son pays. Voyez ce qui se passe au USA, les gens mettent le drapeau à leur fenêtre, cousent des vêtements (chemise, robe, chapeau, même slip et chaussette) avec, l’étiquettent sur tous les supports de la vie. C’est cela le patriotisme.

    Au Burkina, je trouve que les gens sont peu fier de leur pays, car à part les périodes de match, on ne voit le drapeau nulle part.
    Il y a eu des moments dans ce pays ou on a avait des punts avec le drapeau et on était fier de les arborer surtout quand on voyage hors du pays.

    La seule chose à ne pas faire avec le drapeau, c’est de le brûler ou déchirer en publique.

    Alors laisser les burkinabè profiter des seuls instants que nous avons le sentiment d’appartenir à un pays le manifester.
    Le drapeau est un sigle qui appartient à tout le monde. Et on doit pouvoir l’utiliser selon son désir.

    Bonne journée

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