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ACCES AUX EDIFICES PUBLICS BURKINABE : Le calvaire des handicapés

Publié le mercredi 13 janvier 2010 à 01h27min

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Les handicapés ne sont pas contents de la politique de l’Etat en matière de construction des bâtiments et autres infrastructures publiques. Ils l’ont manifesté lors d’une conférence de presse animée à cet effet par les responsables de l’Association de la défense et la promotion des droits des personnes handicapées (ADEPROH). C’était dans la matinée du 10 janvier 2010 dans la salle de conférences de la Maison des retraités Antoine Nanga sise au secteur 8 de Ouagadougou (Gounghin).

Ils refusent désormais de voir leurs droits bafoués parce que les textes qui les protègent sont foulés aux pieds. Il s’agit des handicapés toutes infirmités confondues au Burkina. Réunies en association (ADEPROH), ces personnes physiquement déficientes se sont engagées pour la défense et la promotion de leurs droits. C’est dans ce contexte que l’ADEPROH a organisé une conférence de presse le 10 janvier 2010 à Ouagadougou pour mieux faire connaître les difficultés auxquelles sont confrontés les handicapés physiques. L’une des principales difficultés ayant fait l’objet de cette rencontre avec la presse est le difficile accès des personnes handicapées aux bâtiments recevant du public.

"Des bâtiments recevant du public continuent à être érigés sans aucune rampe d’accès", s’est exclamé Elisabeth Kientéga, présidente de l’ADEPROH, qui a cité des écoles, des établissement publics et privés, des universités, des centres de santé et de loisirs, des toilettes publiques qui se construisent sans aucune rampe d’accès pour les personnes handicapées. Cependant, le Burkina, à l’instar d’autres pays du monde, s’est engagé dans la promotion et la protection des personnes handicapées. Et cela, à travers certaines mesures comme l’adhésion aux différents instruments juridiques internationaux et régionaux de protection des droits humains, l’adoption de mesures spécifiques en faveur des personnes handicapées.

A ces textes s’ajoutent la Zatu 86-5 du 16 janvier 1986 portant adoption des mesures sociales en faveur des personnes handicapées et son Kiti d’application du 30 avril 1986 portant disposition à prendre en faveur des personnes handicapées dans la construction des bâtiments. "Toute construction d’un édifice public doit prévoir un passage d’accès facile aux personnes handicapées", stipule l’article 6 de la Zatu qui dispose que ceux déjà édifiés feront l’objet d’aménagements appropriés. Mystère et boule de gomme pour l’ADEPROH qui ne comprend pas pourquoi ces textes peinent dans leur application, même si Madame Kientéga a reconnu les efforts du gouvernement à "permettre aux personnes handicapées de participer à tous les aspects de la vie".

L’Association dit constater que là où des rampes d’accès sont installées, les normes de construction ne sont pas toujours respectées, ce qui, de l’avis des animateurs de la conférence de presse, compromet "gravement" l’avenir des personnes handicapées et constitue un véritable obstacle à l’inclusion sociale de ces personnes. L’article 34 du Code de l’urbanisme vient conforter ces textes en indiquant que "les dispositions architecturales des immeubles collectifs à usage d’habitation, des lieux de travail, des établissements recevant du public, des locaux scolaires et sanitaires doivent permettre leur accessibilité aux personnes handicapées". Malgré tout, des handicapés traînent toujours à même le sol pour accéder à ces édifices publics.

"Une préoccupation juste et légitime"

A la fin de la conférence de presse, nous avons tendu notre enregistreur à 2 invités.

-  Sansan Cesair Kambou, directeur général de l’Architecture et de la Construction du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme.

"En tant que représentant du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, je trouve la réaction des handicapés juste et légitime, d’autant plus que mon ministère est la structure en charge de la construction et de l’aménagement. Il est donc garant de toutes les normes de construction, de la sécurité de toute personne et de la mise en norme de tout bâtiment. Les textes en la matière existent effectivement, il s’agit peut-être de leur mise en oeuvre effective, notamment le texte réglementaire qu’est le Code de l’urbanisme et de la construction adopté recemment, ainsi que la mise en fonction de toutes les structures devant garantir la mise en oeuvre de ces dispositions légales".

-  Koala Alain Gilbert, président de l’Ordre des architectes

"Nous avons pris en compte la préoccupation des handicapés dans nos constructions si bien que nous signalons que cette préoccupation qui a été faite est non seulement légitime mais juste. C’est aussi notre bataille pour respecter les normes de construction en la matière parce que cela concerne tout le monde qui est handicapé potentiel. Il y a eu des moments où j’ai déclaré que plus de 60% de constructions au Burkina sont anarchiques. Ce qui veut dire que cela ne se réalise généralement pas par des professionnels. Seule la volonté de faire appliquer les textes doit ramener les gens à consulter les professionnels, pour non seulement concevoir mais réaliser aussi leurs constructions. Il y a, dans les normes, dans toute construction digne de ce nom, l’autorisation de construire et le certificat de conformité et je peux vous dire que jusqu’à ce jour, tout n’est pas parfait."

Par Armel ILBOUDO (Collaborateur)

Le Pays

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