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Au coin du palais : Aidé par sa maladie, BB sort de prison

Publié le mercredi 13 janvier 2010 à 01h27min

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Après les évanouissements et autres pleurs en pleine audience d’accusés « dépassés » par les évènements ou par la sentence du tribunal, le palais de justice de Bobo-Dioulasso continue de livrer des spectacles, parfois désolants.

C’était encore le cas au tribunal correctionnel, le 7 janvier dernier où B.B et un présumé complice comparaissaient, entre autres accusations, pour émission de chèques sans provisions portant au total sur la somme de 6 millions de nos francs.

A l’audience, pendant que l’avocat de B.B négociait un renvoi du dossier pour mieux en prendre connaissance, et une mise en liberté provisoire de son client, ce dernier s’effondre, entraînant la barre dans sa chute.

Le président suspend immédiatement la séance et, avec les autres membres du tribunal, ils quittent précipitamment la salle sans demander leur reste, laissant B.B en transe entre son coaccusé et son avocat. Faisant fi de ce qui arrive à B.B, le plaignant grommelle au fond de la salle. « Ça va les entendre tous. Ils m’ont escroqué 6 millions, il faut qu’ils payent.

Ce qui lui arrive n’est rien », lance-t-il. L’accusé malade est évacué par les pompiers à l’hôpital et l’audience reprend peu après. Mais l’incident aura des conséquences sur la suite du procès, car le ministère public qui était sur le point de refuser la demande de mise en liberté provisoire « au regard de la gravité des faits » accède finalement à la requête. Le dossier a été renvoyé au 18 janvier prochain. A condition, peut-être, que B.B qui souffrirait d’un mal tendant à se déclencher en public, ne pique une autre crise


Deux coupables désignés, blanchis par la justice

S.I et S.T sont deux camarades débrouillards vivant ensemble. Ils ont l’habitude de prendre leurs repas chez dame D.A, une restauratrice du quartier. Celle-ci perd, le 6 décembre 2009 sur son lieu de travail, son sac à main contenant dit-elle, un téléphone portable et la somme de 150 000 F CFA.

Les soupçons se portent immédiatement sur les deux amis qui seraient passés manger juste avant le forfait. Les coupables désignés seront rejoints chez eux par les frères de la victime qui, à la recherche de l’argent, procèderont à leur fouille méticuleuse et à celle de leur domicile, allant jusqu’à une bastonnade en règle des deux camarades, avant même d’appeler la police.

A la barre, c’est plutôt la victime du vol qui a eu chaud. Les avez-vous vu prendre l’argent ? Etes-vous sûre que ce sont eux les voleurs ? Avez-vous retrouvé sur eux votre argent ? A ces questions du parquet, D.A répond invariablement par la négative, réclamant néanmoins le remboursement des 150 000 F et, pour le portable, 40 000 F.

Le procureur du Faso rebondit : « Alors d’où vient votre conviction que ce sont eux les voleurs ? » La victime reste sans voix. Le ministère public fait remarquer au passage que les deux jeunes gens auraient pu être lynchés par la foule sur la base de ces allégations.

Il conclut qu’aucun élément ne permet d’établir clairement que les faits sont imputables à S.I et S.T et requerra par conséquent la relaxe des deux accusés au bénéfice du doute. Le tribunal suit la réquisition du parquet en prononçant la relaxe des prévenus devant une victime hébétée, ne comprenant pas la décision des juges. « Faites appel si vous n’êtes pas d’accord », lui a lancé le juge


Le recel n’est pas moins grave que le vol

Le 4 décembre 2009, P.I laisse sa motocyclette après avoir pris le soin de la boucler, devant la cour familiale vers 18 heures. Le temps d’entrer et de ressortir, l’engin avait déjà disparu. Trois jours après, il sera retrouvé entre les mains de S.M, un délinquant fiché par les services de la police pour plusieurs vols et qui venait de purger une peine de 3 mois d’emprisonnement pour vol avec effraction dans une boutique. Devant le tribunal, le prévenu nie les faits de vol de moto à lui reprochés.

Selon sa version, la monture a été livrée par un de ses amis qu’il est incapable d’identifier qui lui a demandé de trouver un marché. Il reconnaît avoir su, mais après coup, que la moto qui n’avait pas de papier, était le produit d’un vol. La version de l’accusé n’a pas convaincu le procureur du Faso. Il a toutefois demandé la requalification des faits de vol en recel, en précisant que cela n’était pas moins grave que le vol proprement dit.

Comme cela arrive rarement, le ministère public s’est abstenu de requérir une peine contre le prévenu, estimant être « très dépassé » par le comportement de ce récidiviste qui « refuse de s’amender ». Le tribunal lui ne s’en est pas privé : 12 mois ferme d’emprisonnement et le paiement de 25 000 F représentant les frais de rétablissement de la plaque d’immatriculation arrachée par le voleur.

Rassemblés par Mahamadi TIEGNA (camerlingue78@yahoo.fr)

Sidwaya

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