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Monsieur le Président : A quoi serviront les réflexions sur les réformes politiques ?

Publié le mardi 12 janvier 2010 à 00h25min

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Dans son message à la nation à l’occasion du 49e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, le Président du Faso a abordé plusieurs enjeux auxquels son pays doit faire face pour des lendemains qui chantent pour tous. Est de ces enjeux, la construction de la démocratie et de l’Etat de droit. Selon le PF, cette entreprise constitue " une œuvre de longue haleine " qui implique " un esprit d’ouverture et le respect de l’autre ".

Ce faisant, il " invite l’ensemble des citoyens à approfondir les réflexions sur les réformes politiques indispensables à l’enracinement, dans notre société, des valeurs de démocratie et de citoyenneté responsable ". Il conclut sur cet aspect en disant que " le perfectionnement continu de notre système politique est aujourd’hui un impératif qui requiert la modernisation des instruments de la gouvernance de l’Etat, en référence aux attentes légitimes des populations ".

La construction de la démocratie et de l’Etat de droit est une aspiration commune qui reste toujours posée. Pour ne se référer qu’à l’exemple du débat sur la révision de l’article 37 de la Constitution. En réalité, les dires du PF ne sont pas nouveaux car, la revendication pour une société plus démocratique a toujours existé. Il reste, néanmoins, que son appel est fondé parce qu’étant l’aspiration de tout peuple. Cependant, en jetant un regard sur l’évolution de la démocratie ces dernières années, on remarquera un recul permanent et voulu par le parti au pouvoir. En 1999, un rapport avait décrit la situation du Burkina Faso en relevant notamment que " la crise actuelle que notre pays traverse (…) est réelle et profonde. Elle n’est pas que conjoncturelle ; elle est structurelle. Elle s’étend à tous les secteurs de la vie nationale et touche toutes les couches de la population. Elle se manifeste dans les domaines social et culturel, politique et administratif, économique… ".

Ledit rapport avait expliqué la crise politico-administrative par ses sources : dysfonctionnement structurel des institutions républicaines (Exécutif, Législateur, Judiciaire), manque de démocratie réelle au niveau national et à l’intérieur des partis, politisation des institutions républicaines, contrôle effectif de l’appareil d’Etat par un seul parti, politisation à outrance des opérateurs économiques, dérives dans la gestion du pouvoir d’Etat se traduisant par le clientélisme (trafic d’influence et achat de conscience), favoritisme, népotisme, arrogance de certains acteurs politiques…
Le rapport dont nous parlons, le PF et ceux qui ont dû rédiger son discours le connaissent très bien : rapport du Collège de Sages. Les recommandations de ce rapport ont été interprétés autrement et selon le bon vouloir de… Tout le monde sait, de la situation actuelle, le peu d’acquis démocratiques à la faveur de la mise en œuvre de ces recommandations.

Exit les travaux de ce rapport, il y a régulièrement des critiques fondées et objectives, des propositions fondées et objectives, des idées fondées et objectives à même de renforcer notre processus démocratique et la construction d’un Etat de droit. Malheureusement, à chaque jour suffit sa peine, pour ne pas dire que ces critiques, idées, propositions, aussi fondées et objectives, soient-elles, sont des fleurs plantées dans le désert. Pourquoi ?

Tout simplement parce qu’elles remettent en cause les assises et les acquis du parti dirigeant et de son monde ; tout simplement parce que le changement des mauvaises habitudes et des valeurs anti-démocratiques ne fait pas l’affaire de tous, en particulier ceux qui ont conçu le système. Le PF et ceux qui ont rédigé son discours le savent très bien.
Le Burkina Faso possède tout ce qu’il y a comme ressource humaine technique, intellectuelle et morale à même d’imprimer à jamais les valeurs d’une démocratie véritable et d’un Etat de droit. Malheureusement cette ressource, cette richesse reste inopérante. Pourquoi ?
Tout simplement parce que dans note société, nos richesses font nos malheurs ; tout simplement parce que le rêve de démocratie est accaparé par les calculs fondamentalement politiciens et outrageusement égoïstes des uns.

Dans ce sens, peut-on demander aux citoyens de réfléchir encore, encore et encore " sur les réformes politiques indispensables à l’enracinement, dans notre société, des valeurs de démocratie et de citoyenneté responsable " ? Il est mieux, si on n’est pas capable de respecter les principes démocratiques, de ne pas charger encore “inutilement” ces citoyens qui se voient " roulés dans la farine " !

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 12 janvier 2010 à 12:07, par Tapsoba En réponse à : Monsieur le Président : A quoi serviront les réflexions sur les réformes politiques ?

    Voilà une analyse objective qui rejoint celle faite par le DG des éditions le pays.Contrairement à ce brouillon de je ne sais qui, nous pompant l air avec son article au titre aussi pompeux qu inutile "modification de l article 37,Basta ya".Ce régime réfléchit au gré de ses désirs,ses illusions.Mais face à lui,disons qu il y a un vide criard avec des opposants incapables d agir promptement à chaque geste incompatible à l enracinement du système démocratic.On aurait pu les voir sortir dire NON à la manipulation en maintenant le mode de vote à multiples pièces,décision prise lors du dernier conseil des ministres et sauf erreur de ma part,seul l UNDD a fait une déclaration dans le journal le pays pour le dénoncer.Pourtant depuis 2005,on nous a toujours garanti un mode de vote avec des pièces fiables munies de photo(pasport ou carte d identité).Comment le pouvoir ne nous roulerait pas à souhait dans la farine si ceux qui sont cencés prendre la tête de la lutte sont aphones et atones.C est à se demander si ces opposants n ont pas signé un pact secret avec le régime,en nous faisant croire qu ils ont la volonté mais face à l intransigeance du camp d en face,ils sont résignés.À l image de ce Gilbert qui roule allègrement avec la majorité mais ment devant ses militants qu il n est pas de la mouvence.À quoi sert une démocratie sans système de vote éficace ? C est le minimum voire fondamentale dans tout procéssus démocratic avant de penser à d autres améliorations dont fait cas le président.Dès lors que ce problème n est pas résolu,il serait caduc d adhérer à l invitation de Blaise pour toute réflexion intéressante soit-elle,qui n est qu une manoeuvre de plus afin d aboutir à la supression du vérrou de la limitation des mendats présidentiels.

  • Le 12 janvier 2010 à 13:52 En réponse à : Monsieur le Président : A quoi serviront les réflexions sur les réformes politiques ?

    Pourquoi demander aux citoyens d’approfondir la réflexion alors que de toute façon on ne va pas les écouter ? C’est évident que c’est la volonté de Blaise et les partis comme le CDP qui le soutiennent qui veulent modifier la constitution car l’article 37 les dérange (perte de leurs avantages après 2015 si Blaise n’est plus là). Tout le reste est du bla bla inutile ! Il faudrait arrêter de nous prendre pour des cons après 23 ans de pouvoir solitaire avec Blaise, un pilier incontournable de la françafrique : voir article du monde diplomatique de janvier 2010.

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