LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Angola 2010 : « L’invisible » CAN des téléspectateurs burkinabè

Publié le lundi 11 janvier 2010 à 01h59min

PARTAGER :                          

Après le Ghana en 2008, voici Angola 2010. Un rendez -vous au sommet de l’élite du football à l’échelle du continent africain. Et comme prévu, cette biennale du ballon rond a pris ses marques hier dimanche avec ce match d’ouverture qui a opposé le Mali à l’Angola, le pays organisateur, dans une ambiance de recueillement, de deuil. Et pourtant tout était bien parti pour que la fête soit belle.

A 48 heures du début de cette fête footballistique, avec l’attaque à la mitraillette du bus transportant l’équipe du Togo, on se doutait bien que cette grande rencontre du football continental n’allait plus tenir toutes ses promesses, en termes de solennité.

En effet, le vendredi 8 janvier, le bus qui transportait l’équipe de football du Togo, les Eperviers, a été mitraillé juste après avoir franchi la frontière du Congo avec l’enclave du Cabinda, ville où doivent se dérouler les matchs de la poule B de la CAN 2010. La description de l’attaque fait froid dans le dos : “On a été mitraillé avec une certaine barbarie à la sortie du Congo Brazzaville ; on a reçu des balles de partout en rentrant dans le territoire angolais.

On a même pris une rafale à l’avant du bus et on s’est tous couchés. Le gardien de buts a reçu une balle dans les reins. L’entraîneur des gardiens et le médecin de l’équipe ont été également touchés”, a expliqué, tétanisé, Thomas Dossévi, un des Eperviers interrogé par la chaîne sportive Infosport.

A ce jour, sauf erreur ou omission, cette attaque aura coûté la vie àdeux membres de la délégation dont le chargé de presse et l’entraîneur adjoint, blessé neuf autres, causant ainsi une psychose certaine au sein de l’équipe togolaise, à Lomé, la capitale, et dans bien d’autres villes de cette ex-Suisse de l’Afrique, à tel point que le gouvernement que dirige l’économiste Gilbert Houngbo a demandé à son équipe nationale de rentrer à la maison. On a vu les images du métronome de l’équipe togolaise, Adébayor, pleurant à chaudes larmes.

Quand on est meurtri à ce point, peut-on encore livrer bataille ? En dépit des promesses réitérées des autorités angolaises de “tout mettre en œuvre pour garantir la sécurité”, et des assurances de la Confédération africaine de football (CAF), les Togolais, eux, ne semblent plus avoir vraiment le cœur à l’ouvrage.

Malgré ce choc, les Eperviers ont décidé de rester en Angola où ils affronteront aujourd’hui à 18H30 TU les Black Stars du Ghana. Mais aux dernières nouvelles, la décision gouvernementale a pris le dessus et les Eperviers doivent se résoudre à regagner le bercail sans avoir livré le moindre match. Quoi qu’on dise, à travers cette attaque, le Front de libération de l’enclave du Cabinda (FLEC) qui a revendiqué cette fusillade et qui promet de récidive,r, aura réussi un grand coup médiatique : il confirme d’abord de belle manière son existence sur le terrain et, ensuite, il met en doute la capacité de la République d’Angola à organiser une rencontre de cette envergure.

Enfin, à travers cette attaque, le FLEC pousse les autorités de Luanda à ouvrir des discussions sérieuses avec lui pour que son terrain de prédilection, le Cabinda, qui a été annexé depuis 1975 au moment de l’indépendance de la patrie d’Agostino Neto et qui est présentement une des dix-huit provinces angolaises, puisse accéder à l’indépendance ou tout au moins, à un statut spécial d’autonomie.

A entendre quelques spécialistes de cette partie du monde, une telle manifestation n’était autre que du pain bénit pour le FLEC, et pour rien au monde, il ne laisserait passer cette idoine occasion de se faire entendre. C’est dire que cette sortie était tout à fait prévisible, même si peu s’attendaient à une violence d’une telle intensité, surtout à l’encontre d’innocents sportifs étrangers.

Si donc à cette CAN, du côté togolais, c’est encore l’onde de choc et la psychose qui s’imposent, au Burkina, le sentiment qui domine, c’est la colère. Au Pays des hommes intègres en effet, on est dans une colère noire contre le coût exorbitant que le détenteur des droits de retransmission audiovisuels demande de payer (environ 800 millions).

Au -delà de ce montant, l’Etat burkinabè y voit un chantage odieux de LC2 AFNEX, détenteur de ces droits de retransmission et a décidé de ne pas y céder. De la facture salée d’un milliard de nos francs au début, les responsables de LC2 AFNEX se sont finalement arc-boutés à la somme de 800 millions. A prendre ou à laisser.

En dépit des bonnes dispositions des autorités de notre pays à y trouver un modus vivendi et face donc à ce qui apparaît comme une supercherie faite aux nations qualifiées, le gouvernement, à qui il revenait de régler cette ardoise salée, a décliné tout simplement l’offre.

Tout en étant conscient de l’engouement suscité par la participation des Etalons à cette CAN, l’Etat burkinabè n’a aucunement faibli en refusant d’apporter sa caution à un tel chantage odieux qui suscite colère et indignation au niveau d’une bonne partie de la population. Et à juste titre. Pour être en colère, les Burkinabè le sont dans leur immense majorité contre la société LC2 AFNEX que dirige le Béninois Christian Lagnidé.

Sans vouloir faire coûte que coûte des comparaisons stériles, que ne ferait-on pas en termes d’écoles, de dispensaires et d’autres actions en vue de lutter contre le chômage qui mine une bonne partie de la population ? Pourquoi véritablement gaspiller autant d’argent, lorsque personne n’ignore que les stigmates des inondations du 1er septembre 2009, sont encore présents dans toute leur horreur ?

A ce jour, sur cette ardoise corsée de 70 milliards nécessaires pour réparer le désastre causé par ce déluge, et sauf erreur ou omission, nous n’avons pu réunir en tout et pour tout qu’une dizaine en dépit de l’immense élan de solidarité nationale et internationale.

A écouter les spécialistes en droits de retransmission, le plus désarmant, c’est que d’année en année, on assiste à une hausse exponentielle qui semble difficilement se justifier. En effet, de 2004 à 2010, ceux-ci ont connu une augmentation exponentielle d’environ 1000%, soit de 105 millions à 2004 à environ un milliard pour la CAN 2010 sans qu’on ne comprenne trop pourquoi une telle inflation.

Si nous acceptons sans rechigner de délier le cordon du Trésor public aujourd’hui à hauteur de 800 millions, peut-être que dans quatre ou six ans, nous serons contraints à verser 2 milliards pour avoir le droit de suivre, à travers “La chaîne au cœur des grands évènements”, 22 individus se pourchassant autour d’un ballon. Et véritablement, que ne fera-t-on pas avec une telle somme en termes de bien-être social ? C’est pourquoi, il faut saluer à sa juste valeur la décision prise par le gouvernement, qui est, réfléchie et très rationnelle

La Rédaction

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 11 janvier 2010 à 08:34, par Burkin’biiga En réponse à : Angola 2010 : « L’invisible » CAN des téléspectateurs burkinabè

    De toute façon, la chaine LC2 fait partie des chaines ’’gratuites’’ sur le bouquet Canal Sat, donc les telespectateurs burkinabés peuvent suivre les rencontres la dessus à defaut d’avoir Canal + et sa plethore de pretendus specialistes. Honnetement 800 millions pour suivre deux semaines de foot, ca fait beaucoup ! on ne peut pas en vouloir à notre gouvernement ! la CAF devrait peut etre intervenir et mieux reguler cette histoire des droits telé.

  • Le 11 janvier 2010 à 11:21, par element En réponse à : Angola 2010 : « L’invisible » CAN des téléspectateurs burkinabè

    Décision très salutaire

  • Le 11 janvier 2010 à 13:21 En réponse à : Angola 2010 : « L’invisible » CAN des téléspectateurs burkinabè

    Ceci est une courte vue de la rédaction ; montant exhorbitant et quoi encore ? LC2 a payé les droits de retransmission à la CAF qui a à sa tête un monsieur qui ne fait rien de conséquent pour le développement du foot en Afrique ; c’est une business et non de la charité ou du social.Si LC2 a payé ces droits à la CAF c’est pour faire du bénéf et soit disant en passant cette instance est endormi et ne pose aucun acte concret pour les fédérations démunies et il serait intéressant qu’une audit conséquente puisse être conduite à ce niveau.Megd’alors (comme dirais l’autre) quand les canassons ont des primes de 2.5 millions/match gagné on y trouve rien à redire que Duarte émarge à 6.5 millions/mois on trouve cela correcte.
    Que tout est un ministre aille voir si les conditions sont réunies pour son équipe en préparation au Portugal(choix contestable ; mon Colonel Major, vous seriez gagner par la perdiemite ?), on trouve que c’est normal.Si tel n’était pas le cas que ferait-il ?trouver un autre centre de regroupement en si peu de temps ? car je pense que le choix a été minitieusement choisi et planifié et que des missions s’y sont succédées pour parfaire le séjour des etalons.
    Je reste uniquement dans le domaine sportif pour dire que l’argument utilisé pour parler de chantage est un faux débat et de plus parler de priorités je pense que dans ce pays on veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes car chaque jour que Dieu fait on constate des gaspillages qui commence par le déplacement des premiers responsables de ce pays.

  • Le 11 janvier 2010 à 13:32 En réponse à : Angola 2010 : « L’invisible » CAN des téléspectateurs burkinabè

    Je tire mon chapeau à l’Etat burkinabè. L’attitude de la télévision LC2 frôle la malhonnêteté. Le mieux aurait été que tous les Etats boycottent leur offre et on verrait ce qu’ils feraient. Ils en sont arrivés à faire des bassesses inqualifiables. Honte à eux !

  • Le 11 janvier 2010 à 14:06, par Yarbila En réponse à : Angola 2010 : « L’invisible » CAN des téléspectateurs burkinabè

    Vous voyez ! ces faits montrent que nous les Africains nous nous plaisons dans l’esclavage. Aujourd’hui, grace a des grands hommes les hommes, on a aboli l’esclavage dans les papiers mais le constat est que aujourd’hui c’est nous meme qui nous enchainons et demandons aux autres de nous traiter en esclave. Le football est un divertissement. Aussi important qu’il soit, ce divertissement est la resultante des éfforts des enfants d’Afrique avec l’encadrement de leur gouvernement. L’objet du CAN est au dela du simple divertissement. C’est pouquoi aujourd’hui les investissements consentis par chaque pays pour d’abords partiper est collosale. La penetration televisuelle dans nos pays n’est meme pas encore satisfaisant et ce sont les gouvernement qui ont investis pour ça. Après tout ces investissements, on permet à individus venu de null part (tous le monde connais qui est chritian) de venir finalament racler toute la valeur ajouté que les peuples ont batti pendant des années.
    Je propose que Chritian installe d’abord partout en Afrique un réseau de Television. Qu’il construis un réseau qui attient chaque citoyen Africain et qu’il vendent directement ses image à l’image de Canal+ en europeIl comprendra la realité.
    Etant donné le choix de la CAF de privatiser la CAN en donnant l’exclusivité(la licence à lC2), les télévisions gouvernementales Africaines doivent delaisser la diffusion de la CAN au television privée et on vera si ce choix de la CAF est bonne ou pas. Nous ne faisons pas les choses jusqu’au bout et nous laisse paraitre que nous avons bien fait.

  • Le 12 janvier 2010 à 22:41, par IB En réponse à : Angola 2010 : « L’invisible » CAN des téléspectateurs burkinabè

    A ceux qui accuse LC2, je conseil dabord de vs renseignez sur comment et combien cette chine a payer à la CAF pour avoir les droits.Je sais par exemple pour avoir travailler à Canal Horizon que les droits des championnats Européens s’octrois à coups de Milliard et je sais également que c’est le cas pour les compétitions de la FIFA comme la coupe du monde, ce qui à mon avis est le cas pour la CAN. Par conséquent il faut s’en prendre aux institutions comme la FIFA et la CAF qui font monter les enchères.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique