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Etablissement de la CNIB à 500 F CFA : Au « péril » du sommeil et du froid

Publié le vendredi 8 janvier 2010 à 02h14min

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Décidé en Conseil des ministres du 9 décembre 2009, le coût de l’établissement de la nouvelle Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB) est passé de 2500 à 500 F CFA en milieu urbain. Stimulées par cette nouvelle mesure qui court jusqu’au 10 février prochain, les populations de la ville de Bobo-Dioulasso bravent le sommeil et le froid pour se faire enregistrer.

Il est 5h 30 mn quand notre équipe arrive au commissariat de police de l’arrondissement de Konsa à Bobo-Dioulasso. Déjà, le monde commence à s’impatienter devant le portail du service. Arrêtés debout, les bras croisés, sur leurs engins, assis sur des briques ou à même le sol (camouflant la tête entre les jambes), ils attendent le lever du soleil, ou du moins, le début du service par les agents de l’Office national d’identification (ONI) pour se faire enregistrer. Malgré le froid (14°C) les populations bobolaises, alléchées par la baisse des frais d’établissement de la CNIB (500 F CFA au lieu de 2 500 F CFA), prennent d’assaut la mairie de Konsa.

A 5h 45, la liste des présences en main, Ousmane Wango, cet élève de la classe de 1ère D continuait d’enregistrer les arrivées. Mais déjà 94 personnes sont inscrites. Le premier inscrit, Sébastien Tiemtoré, dit être venu depuis la veille à 20 heures pour se faire enregistrer le plus tôt possible le lendemain et pouvoir continuer au travail. Pendant l’appel, Minata Ouattara, une fille de la classe de 3e se trouve en 5e position. « Je suis venue ici hier à 21 heures.

Je me suis inscrite et je suis allée dormir à l’auto-gare. C’est vers 4 heures du matin que je suis revenue », a-t-elle lancé avant d’aller s’aligner à présent dans l’enceinte du commissariat. Nombreux ont-ils donc été à avoir sacrifié leur sommeil et enduré le froid afin d’obtenir le précieux document. Au commissariat de Dô, la situation n’est guère meilleure.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la réduction du coût a également attiré la foule. Son enfant au dos, Nafissatou Konaté y a passé toute la nuit bien qu’elle craint pour sa santé et celle de son bébé. « Les gens pensent que c’est parce qu’on est en ville qu’on a l’argent.

Maintenant que c’est à 500 F CFA et avec l’affluence qu’il y a, ils se rendent compte que cela n’est pas sûr », souligne-t-elle la main sous le menton et scrutant l’horizon comme pour signifier son impatience de voir le jour se lever. Venu constater la dure réalité sous nos cieux, ce nouveau bachelier de la diaspora, Cyprien Tiegna est là depuis 19 heures. Selon le chef de poste, l’assistant Ousmane Sawadogo, il en est ainsi depuis la nouvelle mesure.

Pour les agents de l’Office national d’identification (ONI), la baisse notable du prix explique cette grande mobilisation des populations. Au lieu de 34 à 40 personnes, les équipes se retrouvent avec plus de 300 personnes par jour dans les bras. Au commissariat de Konsa, on fait état de 150 personnes enregistrées par jour en moyenne. Dès 6 heures, les agents sont à pied d’œuvre avec la prise des tailles.

Dans le commissariat de Dafra, le commissaire Mahamadi Koama précise que « depuis le début des opérations, l’établissement des CNIB est devenu notre activité principale". Tous les agents sont commis à cette tâche. Nous sommes passés de trois à cinq jours ouvrables. Mais malgré tout, nous n’arrivons pas à satisfaire la demande et les agents travaillent de 7 heures à 15 heures ».

A entendre le commissaire Koama, 1570 CNIB ont été établies dans son commissariat en décembre, 2752, dans le dernier trimestre et pour le seul mois de janvier, environ 3000 autres sont attendues, selon la prévision de 150 personnes par jour.

C’est donc là une initiative gouvernementale qu’il salue mais craint une rupture de fiches d’établissement. Comme le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres, les parkers sont de ceux qui se frottent les mains au regard des bonnes affaires qu’ils font en ces moments. L’un d’eux, Tahirou Sanon, avoue que ses rentrées d’argent ont doublé. « Avant je gagnais entre 1500 et 2000 FCFA par jour mais maintenant je peux avoir entre 3500 et 4000 FCFA », a-t-il confié.

Jean-Marie TOE (Jmt16j@gmail.com)

Sidwaya

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