Vote des Burkinabè de l’étranger : le carton rouge du Tocsin aux autorités
Dans cette déclaration qui fait suite à la décision du gouvernement burkinabè de ne plus faire voter les Burkinabè de l’étranger pour les prochaines échéances électorales, l’Association le Tocsin exprime sa consternation et brandit un « carton rouge aux autorités politiques nationales, qui tergiversent à faire des Burkinabè de l’extérieur des Burkinabè à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs »…
« C’est avec une certaine consternation que le Tocsin a écouté le compte-rendu du Conseil des ministres du 6 janvier 2009, en sa partie consacrée au projet de loi portant modification du code électoral. Il est vrai que l’observateur avisé de la scène politique national ne pouvait pas avoir remarqué le silence des autorités sur la question du vote des Burkinabè de l’extérieur aux moments des présentations de vœux de fin d’année.
En effet, le Secrétaire général du gouvernement, dans son adresse au chef de l’Etat, le 30 décembre 2009, n’a pas point évoqué l’adoption de la loi N° 019-2009/AN portant modification de la loi N° 014-2001/AN du 3 juillet 2001 portant code électoral, et qui accorde le droit de vote aux Burkinabè de l’extérieur comme un élément d’enracinement ou de maturation de la démocratie burkinabè. Le chef de l’Etat, dans sa réponse aux corps constitués, n’a pas non plus cité ladite loi comme faisant partie des avancées démocratiques du Burkina ! De tels oublis nous ont paru plus que suspects.
Mais notre étonnement a été total lorsque dans ses vœux à la nation, le président du Faso, une fois de plus, n’a pas jugé utile de citer ladite loi qui consacre pourtant la citoyenneté des 13 millions de nos compatriotes de la diaspora. En fait, la décision du Conseil des ministres n’est que l’estocade finale qui traduit la légèreté avec laquelle la question des Burkinabè de l’extérieur est appréhendée. Elle est la preuve d’une certaine incompétence ou d’une certaine frilosité à cerner les contours réels des enjeux de notre diaspora.
Il nous est difficile d’imaginer que nos illustres parlementaires ont pu accoucher d’une loi foireuse, bancale et inique. Que s’est-il réellement passé ? S’agissait-il pour les politiques d’amuser seulement la galerie et de laisser les honnêtes citoyens prendre des vessies pour des lanternes ? Imagine-t-on le désappointement des millions de nos compatriotes qui ont été mobilisés dès l’annonce de la nouvelle ? Que fait-on des millions de francs CFA déjà engloutis pour la mise en place des représentations de la Ceni dans les différents pays devant abriter des bureaux de vote ? En pertes et profits, comme le sont les Burkinabè de la diaspora ? Une telle reculade n’est pas à l’honneur de notre démocratie et de nos hommes politiques. La loi comporte des lacunes réelles certes, mais le fait de repousser son application jusqu’en 2015 suscite des interrogations légitimes. Il s’agit-là, en dernière lecture, d’un désaveu du gouvernement face à la proposition de loi introduite jadis par l’Assemblée.
Au nom des millions de Burkinabè qui se sentent, à juste titre, floués une fois de plus, le Tocsin adresse un carton rouge aux autorités politiques nationales, qui tergiversent à faire des Burkinabè de l’extérieur des Burkinabè à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. La non participation des Burkinabè de l’extérieur au choix du président du Faso est une tache noire inscrite dans notre démocratie jusqu’en 2015. »
Fasozine
Vos commentaires
1. Le 8 janvier 2010 à 10:53, par BUUGBANGA 13 En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : le carton rouge du Tocsin aux autorités
C’était trop beau pour etre vrai que moi pawéogo de France puisse voter ; j’en parlait d’ailleurs à mon fils qui n’a rien compris de ce que son vieux le disait. Bref, encore une fois floués....nous le sommes ? Mais vive mon FASO CHERIE !
2. Le 8 janvier 2010 à 10:57, par Yanis En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : le carton rouge du Tocsin aux autorités
Vous ne comprenez pas ou quoi ? C’est stratégique. En lançant la loi ils ont voulu sonder la diaspora voir si elle est favorable au pouvoir en place ou pas. Sur le terrain ils se sont rendu compte que non. Alors les laisser voter c’est être sûr de perdre et comme ils ne veulent pas perdre...
En plus n’oubliez pas que la diaspora pouvait aussi voter pour le référendum et comme ils vont faire passer l’article 37 au référendum ils ne veulent pas que cette diaspora participe et dise non à l’enterrement de notre jeune démocratie.
Une fois la constitution charcutée et Blaise confirmé à la tête de l’Etat, en 2015 la diaspora sera invitée à la foire electorale juste pour meubler leur démocratie.
Le plus écoeurant c’est qu’aucun parti politique ne s’emeut de la situation. C’est comme si être hors du Burkina c’est perdre sa nationalité. Des pays moins nantis que le notre arrivent à faire voter leurs compatriotes qui sont hors de leurs pays. Ce n’est certainement pas les fonds qui manquent. D’ailleurs le journal du jeudi avait déjà fait comprendre que la part de la diaspora dans les élections à venir ne représentait qu’environ 1,5 sur les 20 milliards. Alors messieurs les gouvernants ces millions de burkinabè sont-ils devenus sans pays ni nationalité ? D’ailleurs même si leur part dans l’élection devrait être énorme nous pouvons supporter car la diaspora contribue énormement ausssi dans l’économie du pays. Alors revoyez votre copie.
Chapeau au tocsin et surtout entamez une lutte pour maintenant revendiquer l’application de la loi ici et maintenant.
Le 8 janvier 2010 à 15:51 En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : le carton rouge du Tocsin aux autorités
Bravo Yanis, tu as resumé la situation... Rien d’autre à dire.
3. Le 8 janvier 2010 à 19:42, par Idtogstaabsida En réponse à : Vote des Burkinabè de l’étranger : le carton rouge du Tocsin aux autorités
Je suis étonné de la position du Tocsin que je trouvais comme une organisation réaliste, qui devait amener les compatriotes vivant à l’étranger à avoir une réalité du pays. Je suis d’accord avec le gouvernement pour un report du vote des Burkinabé de l’étranger. Les missions de la CENI dans les differents pays a revelé de graves difficultés qui ne tenaient pas compte des réalités objectives. Pourquoi organiser des votes dans un contexte ou les conditions ne sont pas remplies. Prenons le temps pour mieux faire. Sinon le même Tocsin accusera le même gouvernement de mauvaises organisations du vote des Burkinabé de l’étranger. Nous en disposons des millions en cote d’Ivoire, au Ghana, un nombre impressionnant au Soudan et ces Burkinabé ont le droit de participer à des votes ou ils disposent de tous les moyens et informations.
En, plus, le cout élevé du vote des Burkinabé de l’étranger est justifié, mais il nous faut des resultats fiables et la situation actuelle ne rassure personne que par rapport aux depenses estimées, les objectifs seront atteints.
Merci au Tocsin pour son action en notre faveur, mais nous serons mieux servis si notre organisation évitait des condamnations automatiques sans analyses serieuses.
un burkinabé de l’étranger.