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MALADIE DE YAR’ADUA : L’exception nigériane

Publié le vendredi 8 janvier 2010 à 02h15min

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Le président nigérian, Umaru Yar’Adua, hospitalisé depuis six semaines en Arabie Saoudite, pourra-t-il revenir à la tête de l’Etat ? C’est la grande interrogation qui trotte dans les esprits des citoyens au Nigeria, ce géant de l’Afrique de l’Ouest avec ses 150 millions d’habitants. Les avocats, pour leur part, ont voulu prendre les devants en saisissant la Justice pour constater l’incapacité de Yar’Adua à diriger son pays . De fait, c’est la condition à remplir pour qu’il soit officiellement remplacé, selon la Constitution, par le vice-président Goodluck Jonathan, qui assure l’intérim. Les avocats ont bien raison.

Le Nigeria qui est une puissance économique et politique ne saurait être grippé dans l’attente du bulletin médical d’un homme, notoirement malade depuis des années. Le parti de l’opposition Action Congress a pour sa part démontré que le vide actuel est nuisible au bien-être national et a réclamé des preuves concrètes qu’il se portait mieux, comme le prétendent certains de ses proches collaborateurs.

Des décisions capitales attendront encore d’être prises parce que l’intérimaire expédie les affaires courantes, comme on le dit. A titre d’exemple, Yar’Adua était censé parapher le budget supplémentaire de l’Etat la semaine dernière. Il faudra encore patienter que les traitements médicaux fassent leur effet sur les problèmes cardiaques du président nigérian. Les avocats de ce pays font ainsi honneur à la tradition anglo-saxonne qui a toujours su faire preuve d’anticipation dans les cas de vacance de pouvoir. Et de toute façon, ils demandent juste que la Constitution soit appliquée pour éviter que ce vide ne porte davantage préjudice au Nigeria. Des observateurs politiques craignent d’ailleurs de possibles répercussions sur le fragile équilibre entre le Nord musulman et le Sud chrétien.

Enfin, par cette initiative clairvoyante, les avocats dans cette situation assez rare dans nos pays, donnent la preuve que la démocratie est en marche et devrait, autant que faire ce peut, pouvoir mettre le peuple nigérian à l’abri de troubles politiques. C’est en même temps une belle leçon d’anticipation qu’on administre aux pays francophones dans lesquels le flou s’installe quand survient une vacance du pouvoir et qui mériteraient bien une clarification des rôles dans leur Constitution. Nous sommes tous mémorables du cas ivoirien, où, à la suite du décès du Bélier, une lutte à mort fut livrée entre Alassane Dramane Ouattara, alors premier ministre et Henri Konan Bébié président de l’Assemblée nationale.

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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