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HYGIENE PUBLIQUE : Conseils pour lutter contre la pollution

Publié le mercredi 6 janvier 2010 à 02h07min

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"Nous avons le devoir de léguer un environnement sain à la génération future". C’est l’appel de l’auteur des lignes ci-dessous, qui propose des solutions pour résoudre la pollution.

Le sérieux problème de la pollution de notre environnement m’inspire cette réflexion que je voudrais partager avec les lecteurs et avec l’ensemble des citoyens. Nombre de citoyens semblent se soucier peu du problème d’épuration de notre environnement faisant de celui-ci l’apanage des services d’hygiène.

En parcourant nos villes et nos campagnes on peut constater que notre milieu de vie est pollué et cette pollution va grandissante à en juger par les quantités impressionnantes de produits végétaux, de sachets, de plastiques, de fer, de morceaux de vitres ou de bouteilles cassées que nous déversons chaque jour dans nos rues ou dans ce que nous appelons poubelles. Dans les quartiers populaires, les WC et les fosses septiques sont soit inexistants, soit mal faits ou mal entretenus. Aussi, certaines ruelles et même certaines rues sont devenues de véritables marres et sources de maladies dont seuls les agents de santé peuvent décrire les conséquences.

Pour nous, le problème de la pollution de l’environnement ne doit pas être la seule affaire des services forestiers ou des services d’hygiène. Les services spécialisés qui gèrent la question, resteront impuissants et leurs actions inopérantes s’ils ne sont pas compris et accompagnés par la population que nous sommes. Inquiété par la proportion que prend la pollution, indigné par notre comportement vis-à-vis de l’environnement et affecté par la quasi-impuissance des services techniques qui oeuvrent inlassablement pour assainir notre cadre de vie, nous voudrions en toute humilité mais sans messianisme, exposer notre vision pour la résolution de l’équation de la pollution. Pour nous, l’amélioration de notre milieu de vie passe par la mise en œuvre de quatre actions majeures : 1 - La sensibilisation 2 - Les actions d’épuration 3 - Les actions de gestion quotidienne des ordures (nouvelles façons de gérer les ordures) 4 - Le changement définitif de comportement.

De la sensibilisation de la population

Pendant deux mois, on sensibilisera les populations sur la nouvelle manière de gérer notre cadre de vie à travers les médias, les affiches et les canaux traditionnels de communication (crieurs publics). A l’occasion, on informera les populations des trois actions restantes à mener (épuration, nouvelles façons de gérer les ordures et le changement définitif de comportement) tout en indiquant les échéances.

Des actions d’épuration

Une action d’épuration de nos villes et communes s’impose. Il s’agit d’organiser une campagne nationale (mais progressive) de ramassage des objets polluants. On pourrait commencer l’expérience par les grandes villes avant de s’intéresser aux autres communes. Pour les rues, les lieux publics, les barrages etc., des volontaires motivés se chargeront d’assainir ces milieux. Les ordures ainsi collectées par nature (les sachets ensemble, les verres cassés ensemble, les objets en fer ensemble etc.), seront déversées sans des sites préalablement identifiés pour traitement.

De la gestion quotidienne des ordures

Après la campagne de ramassage des ordures, chaque ménage, chaque unité industrielle, chaque gérant de maquis, ou de restaurant, chaque transporteur, bref toute structure organisée (services publics et privés, secteur informel etc.), devra désormais disposer de plusieurs poubelles pour recueillir les objets selon leur nature. A cet effet, nous pensons que pour les ménages par exemple, des sacs vides de riz de 100 kg pourraient bien faire l’affaire. Cette façon de faire permet un meilleur traitement des ordures déjà triées à la base, par les prestataires privés.

Du changement définitif de comportement

Averti et sensibilisé, chaque citoyen veillera désormais, quel que soit le lieu où il se trouve, à jeter toute ordure (sachet par exemple) dans le réservoir approprié. Nous savons que la réalisation d’une telle entreprise ne peut se faire sans obstacles et nécessite des moyens (matériel, techniques, financiers, organisationnels) ainsi que le soutien des plus hautes autorités. Aussi, nous nous aventurerons à indiquer quelques moyens pour la réalisation des actions.

Moyens de mise en oeuvre des quatre actions

A) De la sensibilisation Bien que la sensibilisation ait un coût, elle doit être générale et permanente, jusqu’à ce qu’une évolution positive de la situation soit constatée. L’enjeu étant de taille, nous pensons que le jeu en vaut la chandelle. Ainsi, chaque structure organisée (services publics, privés, etc.), apposera des messages dans ce sens et pourra imaginer d’autres formes (exemple : les affiches, les photos géantes) de sensibilisation. Il importe que chaque département ministériel soit impliqué à la réalisation de ce vaste projet (Rédaction d’un document cadre).

B) Des moyens financiers à déployer. Nous pensons à la création par le gouvernement, d’un Fonds de coutien à l’épuration du cadre de vie (FOSECAV) alimenté par une taxe dite taxe anti-pollution (TAP). Pour raisonner comme les juristes, nous pensons que si les entreprises émettent des produits polluants, c’est parce qu’elles sont encouragées par les consommateurs qui achètent ces produits. Que chacun se rappelle qu’à court ou long terme, chaque engin acheté, est source de pollution, que chaque sachet d’eau jeté est cause de pollution, que chaque bouteille cassée est polluante. Et que chaque objet polluant a besoin d’un traitement approprié.

Aussi, chaque société, chaque entreprise, chaque structure organisée y compris le secteur informel serait assujettie au paiement d’une taxe anti- pollution. Seront imposées : . Les sociétés de fabrique d’engins ou les grands importateurs d’engins et de véhicules et les consommateurs. . Les sociétés de fabrique de sachets, plastiques, verres, etc., et les consommateurs ou les grandes sociétés qui importent ces produits. . Les brasseries. . Les soudeurs. . Les mécaniciens (Liste à compléter). Partant du principe que tout le monde est pollueur, alors tout le monde doit payer une taxe anti-pollution. Mais, on pourrait aller progressivement en ciblant certaines entreprises ou certains domaines. Evoluant dans un contexte de vie chère, ces taxes seront étudiées afin que le consommateur ne soit pas asphyxié. Pour un sachet d’au d’eau coûtant 50 F, le consommateur pourrait l’acquérir à 55 ou 60 F. Sa contribution serait de 5 ou 10 F pour la taxe anti- pollution.

C) De la destination de la taxe Les prestataires privés qui évoluent dans le domaine de l’enlèvement et du traitement des ordures pourraient mieux s’organiser s’ils accédaient à ce fonds sous forme de prêts. De même, afin que la campagne de ramassage des ordures soit un succès, les volontaires seront payés par kilo de sachets ou autres ordures ramassées, à partir du FOSECAV. Nous ne sommes pas spécialiste des questions écologiques et ne maîtrisons pas tout le dispositif institutionnel de lutte contre la pollution. Nous pensons seulement en tant que citoyen que la lutte contre la pollution doit prendre une autre tournure. Les sceptiques diront que le faible taux d’alphabétisation de la population burkinabè est un facteur négatif pour le changement définitif de comportement.

Mais nous croyons que l’on n’a point besoin d’avoir fait des études universitaires pour comprendre les conséquences de la pollution. On pourra étendre la sensibilisation aux établissements d’enseignement (formel ou non formel), aux centres de formation professionnelle par un message permanent que l’on inscrira dans un coin du tableau. Bien que notre économie subisse la dure loi de fluctuation des prix sur le marché international, il faut agir, il faut innover notre démarche. Il faut inculquer aux citoyens, une autre manière de traiter notre environnement, notre cadre de vie, notre cadre de bonheur. Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans un environnement insalubre, pollué.

Tôt ou tard, il faudra épurer nos villes et campagnes. Nous avons le devoir de léguer un environnement sain à la génération future. A cœur vaillant, rien d’impossible !

Par Toussaint LINGANI Batié (province du Noumbiel)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 6 janvier 2010 à 13:02, par djagoan En réponse à : HYGIENE PUBLIQUE : Conseils pour lutter contre la pollution

    M.Lingani vous êtes un visionnaire, mais sachez que dans ce pays rien ne se fait que sous la contrainte.je suis parfaitement d’accord avec vous sur ce point mais il faut une oreille qui puisse nous entendre et nous pourrons léguer effectivement à nos enfants un environnement saint.merci pour votre article

  • Le 7 janvier 2010 à 08:24, par gerard.aria En réponse à : HYGIENE PUBLIQUE : Conseils pour lutter contre la pollution

    A chacun, chaque famille, chaque cour, de balayer devant chez lui, de maintenir propre.
    De gerer et d’éliminer ses déchets et non pas de les jeter le matin à 4 heures au milieux de la rue.

    Chaque fois lors de mon arrivée à Bobo je nettoye autour de notre concession. Il y eu quelques accrochages avec les voisins au début, puis ceux-ci ont compris que propre devant chez eux c’était bien aussi pour leurs enfants.

    En trois ans le quartier avec l’implication de tous les voisins à radicalement changé. Il est vrais qu’à une encablure de là "c’est pas arrivé".

    Bon courage au pays, vous y arriverez.
    le toubabou

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