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NIGER : Le 22 décembre passera et Tandja restera

Publié le mardi 22 décembre 2009 à 01h31min

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S’il n’avait pas substitué la Constitution de 1999 par celle taillée sur mesure du 4 août 2009, le président nigérien Mamadou Tandja serait aujourd’hui 22 décembre 2009 en train de faire son paquetage pour quitter le palais qu’il occupe depuis 10 ans. Et cela conformément à la loi fondamentale de 1999 qui lui interdisait de renouveler son bail au terme de son deuxième et dernier mandat de 5 ans. S’il voulait revenir, il devrait se mettre en retrait un temps avant de songer à un nouveau destin national.

C’est dire qu’après ce 22 décembre, on aurait assisté à un passage de témoin – comme on le voit rarement sur le continent - entre Mamadou Tandja et son successeur démocratiquement élu. A l’occasion, on se serait remémoré par exemple la jolie passation de charge au Ghana en janvier dernier entre John Kufuor, président sortant, et John Atta Mills, opposant et vainqueur de la présidentielle ghanéenne de la fin 2008. Et avant cet exemple, celui de Amadou Toumani Touré (ATT) passant les commandes à Alpha Omar Konaré qui les lui a refilées quelques années après. Malheureusement, on ne verra pas ces belles images qui nourrissent l’alternance au sommet des Etats et crédibilisent la démocratie.

Tandja a tout simplement décidé de ne pas suivre ces bons exemples. Au lieu donc de quitter son fauteuil, l’homme fort de Niamey va au contraire s’y engoncer, favorisé en cela par la Constitution d’août dernier votée par référendum qui lui a donné un mandat-cadeau de 3 ans sans oublier la possibilité de se succéder à lui-même autant de fois qu’il veut. L’alternance, c’est finalement pour les autres. C’est la conviction de Tandja aidé dans son projet controversé par un entourage de courtisans beaucoup plus préoccupés par les privilèges qu’ils allaient perdre avec la fin du bail du locataire du palais présidentiel. Malgré les oppositions et les protestations internes et extérieures, les sanctions d’organisations sous-régionales, continentales et internationales, la division et le risque d’explosion sociale, l’ancien Colonel tient bon jusque-là.

Il n’en a cure quitte à conforter l’image de maître en tripatouillage de Constitutions qui colle bien à la peau des dirigeants des pays africains francophones. Tout compte fait, et à moins d’un cataclysme, Tandja restera toujours vissé à son fauteuil présidentiel après la date butoir du 22 décembre. Et le 31 décembre prochain, il s’adressera, assis dans ce même fauteuil, à ses compatriotes dans un discours à la Nation dans lequel il ne manquera pas de remercier ces derniers de lui avoir accordé un bonus de 3 ans pour « terminer ses chantiers ». Il ignorera royalement que le référendum en question qui a aussi enterré la Ve République n’a pas été consensuel, que les élections législatives d’octobre dernier ont été boycottées par l’opposition dans son ensemble. Une opposition qui, d’ailleurs, n’a cessé d’exiger son départ du pouvoir après le 22 décembre à travers notamment des manifestations de rue comme ce fut le cas le 22 novembre et le 13 décembre passés.

Logiquement, du fait de l’amorce d’un dialogue inclusif sous la médiation du Nigeria, on ne devrait pas s’attendre aujourd’hui à des manifestations au Niger pour rappeler à Tandja qu’il devrait quitter le pouvoir à la date du 22 décembre 2009. D’ailleurs, pour un bon déroulement du dialogue, il n’est pas exclu que le médiateur ait demandé que cette exigence ou les manifestations pour le départ du pouvoir soient abandonnées ou, à tout le moins, mises en veilleuse. Cela donne du répit à Tandja, desserre l’étau autour de lui. Du même coup, la date butoir passera tranquillement comme un train que les autres se contenteront de regarder. Le 22 décembre passera donc et Tandja restera.

Par Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2009 à 06:01 En réponse à : NIGER : Le 22 décembre passera et Tandja restera

    Pourquoi l’ONU et la soi-disante communaute internationale n’incriminent pas Tandja qui a assassine les ideaux de la democratie en s’erigeant roi du Niger ? Pourquoi les Ibn Chambas et les acolytes ne tapent-ils des mains sur la table avec force pour menacer Tandja qui a ose prendre en otage les institutions democratiques de son pays ? Pourquoi il n’ya pas une commission d’enquete pour examiner et condemner Tandja car ce qu’il a fait au peuple nigerien, c’est bien un crime contre l’humanite. Commettre un crime, c’est aussi prendre en otage la liberte et l’avenir de tout un peuple ! La France, areva, les Nations Unies, l’Union Africaine, la CEDEAO, l’UEMOA, l’Union Europeenne, etc. ou etes vous quand Tandjan suspend et dissout la constitution, "massacre" et "enterre" la constitution de son pays pour devenir roi, sous pretexte qu’il veut terminer un programme, disons, un mirage qui n’apportera rien d’autre que misere a son peuple.

  • Le 22 décembre 2009 à 09:04, par Le Lutteur En réponse à : NIGER : Le 22 décembre passera et Tandja restera

    Les interets que certains pays occidentaux ont au Niger encouragent Tandja a ne pas vouloir quitter le pouvoir. C est parce qu il sent que son derriere est bien soude qu il continue dans ses peches volontaires. Si vous pretez attention, une bonne partie de ses gardes rapproches sont des Blancs. Et pourquoi ? tout simplement parce que lui meme il a peur des Nigeriens et que ont pourrait le faire subir le Dadis a tout moment. Il sait aussi que ces sales Blancs le garderont jusqu au bout, tant que le Niger aura de l Uranium a leur donner.

  • Le 22 décembre 2009 à 16:27, par LE CERVEAU En réponse à : NIGER : Le 22 décembre passera et Tandja restera

    WOUI, commence à m’inquiété, si les sanctions ne s’appliquent pas normalement. Nous risquons la même situations au FASO avec les projets falacieux de prostitution de la constitution par B.C. soutenu par Bec et Ongle par des tarés de la politique, qui ne savent même pas definir la conscience du peuple.

    MERCI !

    LE CERVEAU

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