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Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

Publié le lundi 21 décembre 2009 à 00h33min

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Ibrahiman SAKANDE, DG des Editions Sidwaya

Au mois de novembre 2009, il a été rapporté que dans le quartier des 1200 logements, un homme a été abattu à bout portant par de jeunes motocyclistes armés. Au cours de cette sale besogne, une balle perdue serait partie et a inquiété les voisins de la victime.

Ce fait n’est malheureusement pas isolé. D’autant plus que ces six derniers mois de l’année 2009, la capitale burkinabè a connu des violences d’un genre et d’un « degré inédit ». Le vol, l’escroquerie, l’intimidation... ont fait place au meurtre. Doit-on affirmer que maintenant, à Ouagadougou, on tue froidement ? Plus que des rumeurs, il y a de poignants témoignages qui circulent sur les places publiques. Chaque secteur de notre capitale déplore des cas. Nous, reconnus travailleurs et pacifiques, avons- nous été ensorcelés ?

Certes, le phénomène de l’insécurité a toujours inquiété les populations honnêtes du Burkina Faso, mais le degré et la manière de sa manifestation sont aujourd’hui sujets à préoccupations. Jusqu’à aujourd’hui, nos bandits étaient en quelque sorte « fair-play ». Ils nous dépouillaient de nos biens matériels autant qu’ils le pouvaient, mais nous laissaient la vie, ce bien suprême.

Le bandit new-look est d’une autre farine. On eût dit qu’il tue pour tuer, c’est l’impression que donnent les deux meurtres : ceux de la route de Loumbila et des 1200 logements, par exemple (...). S’agit-il de règlements de compte ? C’est une hypothèse parmi tant d’autres ! Quelles que soient les causes et motivations de ces gestes extrêmes, il faut reconnaitre qu’ils inspirent horreur et stupeur.

Quelle audace ! Quelle animosité, et quelle animalité à la fois ! Et nous qui pensions que cela ne pouvait se passer qu’ailleurs : à Lagos, à Abidjan, à Alger, à Atlanta… « Il n’est pire eau que l’eau qui dort », dit le proverbe. Est-ce, pour nous, le réveil fatidique et l’abandon définitif des vertus familiales et d’humanité, de fraternité et de compréhension mutuelle, le tout fondé, bien entendu, sur le caractère sacré de la vie ?

D’où vient ce nouveau phénomène ? Depuis quand date cette accélération de la société burkinabè vers cette « pratique maximale » de la violence ? Ça commence, visiblement, à déborder : pourquoi ? Ces questions et bien d’autres, nos criminologues et autres spécialistes se les posent sans doute. Nous attendons leurs réponses.

Car, dans les débats de tous les jours, nous alignons plus de prétextes que de raisons : la drogue, le chômage et la délinquance, la pauvreté, la déscolarisation, les feuilletons bons ou mauvais que déversent les télévisions nationales et internationales, etc. Si nous prenons le cas de ce brillant étudiant qui s’est jeté dans un barrage pour y périr (et il y périt), les prétextes ci-dessus rappelés tiennent-ils la route ? Le mal qui arme nos adolescents pour qu’ils tuent froidement ou se suicident non moins froidement, est sans doute plus profond que nos prétextes. Il est de signe que quelque chose commence à déborder la société burkinabè.

Les cas dont nous avons connaissance ne viennent pas des « très pauvres » de Ouagadougou. Habituellement, les pauvres aiment la vie et ils la respectent en eux et chez autrui. Ce débordement n’est-il pas lié à la relative « croissance » de notre société ; une « croissance » dont nous sommes à la fois responsables et coupables. Nous savons être ; et nous sommes fiers d’être responsables d’une croissance qui nous élève, qui nous grandit. Mais, chemin faisant, il nous arrive d’être coupable d’une excroissance des valeurs humaines.

Ce qui, sans doute, nous rapproche de la « bête féroce » dont parle Simone de Beauvoir dans son livre, La force de l’âge. La bête collective ; c’est la croissance sans modérateur, ou encore, le gonflement et la prolifération du non-sens ; la radicalisation de la violence sous toutes ses formes. Sommes-nous capables de la juguler ? Nous, c’est l’individu, la famille, l’école, la société, l’Etat ! Le courage de se remettre en cause est le commencement de la bonne réponse. Dès lors, gageons vivement que la nouvelle politique nationale de sécurité publique, en cours de peinture, soit portée par tout les Burkinabè afin de minimiser les effets pervers de notre « croissance »…

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 21 décembre 2009 à 03:58 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

    Bonne synthèse. Attention aux fautes cher éditorialiste

  • Le 21 décembre 2009 à 08:02 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

    es ce que c’est la cote d’ivoire qui dit avoir des bandis de ce genre au contraire le bf qui amenne ses hommes dans les pays voisins pour semer la merde.ne dit plus que ca ne devras pas arriver au bf mais aux autres pays.

  • Le 21 décembre 2009 à 10:08, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

    On s’en fou des fautes ici. C’est le sujet qui nous intéresse !!!

    Je vous avais dit qu’il faut faire attention !!! J’avais dis que le burkinabè est devenu si idolâtre qu’il ne respecte plus la vie humaine.

    On paie des gens pour tuer d’autres dans ce pays. On n’a jamais connu celà ici.

    Nous sommes maudits ou quoi ??? Nous sommes entrain de tracer notre route vers l’enfer !!!

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 21 décembre 2009 à 10:14, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

    Je vous le dis encore et vous le redis :

    - C’est la faiblesse de la justice dans le pays qui entraîne ces dérives !!!
    - Si une justice est faible et au pas, aus service d’une seule famille, c’est ainsi partout,
    - Une justice incapable de corriger les malfrats, avec une police parfois complice des voyous, il va de soit que les gens règlent leurs propres comptes eux-mêmes. On ne peut pas tolérer de revoir ton escroqueur ou ton voleur dès le lendemain entrain de te narguer : il faut lui régler son compte puisqu’il n’y parsonne pour assurer la loi.

    S’il n’y a parsonne pour rendre la justice, et faire assurer la justice dans un pays, les ciytoyens se la rendent eux-mêmes en réglant eux-mêmes leurs comptes.

    Moi-même j’ai été plusieurs fois victime de vol, de vols par effraction même de ma porte. J’ai fait des déclarations, j’ai déposé des plaintes, mais RIEN je vous assure.

    Et les flics ne vous respectent même pas si vous allez pour vous plaindre. C’est comme si vous venez leur donner du travail et ils ne sont pas contents.

    ALORS ON RÈGLE LES COMPTES NOUS-MÊMES S’IL LE FAUT !!!

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 21 décembre 2009 à 10:30 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

    C’est pas mal pour une fois.L’objectivité, c’est tout ce qu’on demande aux journalites, fussent-ils d’un quelconque bord politique.
    Bien à vous !

  • Le 21 décembre 2009 à 10:45 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

    cette analyse est bien réelle et le phénomène devient plus inquiétant qu’on ne le pense ;la froideur avec laquelle ces crimes sont commis nous interpel tous:forces de securité et population,surtout la population.il est du devoir de tout personne soucieuse de l’avenir de ce pays et de sa propre sécurité qui detecterai tout mouvement suspect de la part de ses voisins, de jeunes ; d’aviser les forces de police ou de gendarmerie.ces dernier à leur tour sont vraiment prier de repondre promptement aux solicitation des citoyens en detresse.nous savons tous que les moyens logistiques mis à leur disposition ne suffisent pas ou ne repondent pas très souvant aux réalités du terrain.en ces moment de fin d’année je pense que les forces de sécurité et même les forces de défense doivent être déployé dans toutes les grades villes ne serais ce que pour la dissuasion.aussi au niveau du ministère de la justice,les assises criminelles doivent se tenir plus souvant et la loi appliquée dans toute sa rigeur pour les criminels dont les faits sont averés.

  • Le 21 décembre 2009 à 12:49, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

    C’est vrai, il faut dénoncer tout mouvement suspect,

    - Mais vous allez vous entendre poser des questions de nature à vous décourager,
    - Vous allez entendre des supputations de nature à vous faire comprendre que vous ne faites que de l’imagination et que vous ne savez rien de la loi, ni de comment elle se rend (comme si on avait besoin de connaitre le Code Pénal par coeur pour chasser des bandits),
    - Tout ceci pour ne pas simplement venir vous porter secours,
    - Ou bien on vous évoque le manque de carburant, ou que le véhicule vient de sortir pour une autre destinantion...

    Pendant ce temps, les bandits sont entrain de vous écorcher vif.

    - Et comment le peuple lui-même ne peut-il pas régler ses comptes ? Dans ce cas, pourquoi demander au peuple de ne pas se régler ses comptes ou de collaborer ?
    - A défaut d’intervenir avec la rapidité qui prévaut, les forces de l’ordre doivent demander à la population de les épauler pour régler les comptes aux bandits.

    - Mais ce que je déplore le plus, c’est le comportement des ouagalais, faux types qu’ils sont, lorsque quelqu’un appelle au secours, personne même ne daigne mettre le nez dehors pour aider.
    - En plus, chacun vit cloîtré chez lui en croyant que le monde se limite à lui tout seul, se croyant auto-suffisant jusqu’au jour où il se rend compte qu’il a besoin des autres.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 21 décembre 2009 à 17:08 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

    Sakande je salue en toi et à travers toi la belle plume qui interpelle, denonce, concientise, sensibilise, informe et stigmatise. cette plume qui méprise l’intéret personnel face au bien commun.(n’écris plus stp pour chanter Blaise)
    l’insécurité devient plusqu’inquiétante sous nos cieux et c’est même peu dire. le ministère de la sécurité devrait à mon avis bander encore plus les muscles et veiller au grin. instaurer des patrouiles regulières dans les quartiers périfériques et sur nos voies inter urbaines.
    j’ai une peur bleu quand je rentre le soir pas parce que je suis un poltron impénitent mais seulement parce que la situation commande une grande prudence

  • Le 21 décembre 2009 à 18:12 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

    Salam !
    Je trouve le langage de certains, un peu trop incitateur à la violence (Kôro machin). Ce n’est pas un "défouloir" ici mais une tribune qui doit être respectée. Je dénonce de telles attitudes. (Songer à mettre "Signaler un abus", vous les modérateurs de ce forum)
    Ces problèmes ne sont pas du tout nouveaux. Seulement que certains viennent d’en faire les frais.
    Il faut féliciter le travail des forces de l’ordre qui ne ménagent aucun effort pour mettre les bandits hors d’état de nuire. Pour preuve, on ne cesse de démanteler les réseaux de ces maudits. C’est un travail long et qui demande beaucoup de minutie et de prudence.
    Le message doit être donc de féliciter et d’encourager nos forces de l’ordre.

    Abdoul Malick

    • Le 22 décembre 2009 à 12:08 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

      Je suis desolé mais il faut dire que meme si je n’ai pas souvent apprecié les points de vue de KORO YAMYELE il faut avoir le courage de reconnaitre qu’il a entierement raison dans ses interventions diverses sur ce sujet ci : dans un pays, dans une communauté, dans un groupe quelconque quand le minimum de justice est ignoré, alors plus rien n’est possible dans ce groupe. C’est la desintegration qui commence ; c’est une loi naturelle qui s’impose a tous et a toute chose qu’on lre veuille ou non. Et on le voit au burkina aujourd’hui ou la justice est ignoree de facon tellement banale que l’on reste bouche bée. Alors des comportements de ce genre comme le mepris absolu de la vie, l’arrogance des riches envers les pauvres, le vol du bien public, etc c’est logique de la justice decoulent tous les autres comportements. Sankara a renommé la Haute Volta Burkina Faso parce qu’il voulait enseigner au burkinabe un minimum de justice pour le plus faible, le plus pauvre des pauvres : apprendre a rester integre et gagner honnetement sa vie, meme si c’est dur : le paysan est fier d’avoir recolté son mil meme s’il a mal au reins de se courber et cultiver avec sa daba, car il n’a volé personne. La chose publique est sacrée dans la philosophie africaine ; la vie est sacrée dans la philosophie africaine : tuer quelqu’un vousvalait d’etre chassée du village. Quelle difference avec cette philosophie d’aujourd’hui ou pour un billet de banque on tue, avec la certitude ne jamais etre puni. Finis les TPR publics, fini l’interet commun ; au contraire aujourd’hui dans ce burkina integre, on tue au coin d’une rue plus seulement la nuit mais ausi en plein jour et on enleve des parties du corps humain apres avoir pris la vie et on est certain de rien avoir craindre. Et tout ca pour gagner encore plus d’argent et de pouvoir. le pire c’est que les chefs trraditionnels qui etaient les garants de l’integrité de la communauté ont eux aussi "gates" maintenant. On est obligé de reconnaitre sans a priori politique que ce regime de Compaore a detruit tout espoir pour le burkinabe et meme pour l’homme faricain de s’en sortir en faisant tout a fait le contraire de ce que sankara avait entrepris de faire. Alors nous meritons nos dirigeants car nous avons laissé faire. Si le burkinabe a toujours ete gentil, ouvert et tolerant, il a su aussi se reveiller à des moments critiques et se defendre. Le grave danger c’est qu’un jour ou l’autre le burkina devienne le rwanda des annees 94-95 ou le liberia. Je ne suis pas catastrophiste, je suis realiste. De toutes facons les dirigeants en sont conscients et se preparent, chacun a sa facon et tant pis pour le "petit" peuple : eux ils étaient venus au pouvoir non pas pour servir le peuple, mais pour se servir et s’engraisser. Alors appliquer la justice, on s’en fout ! C’est logique ! ne te plains pas mon frere yamyele mais bats toi pour asseoir un minimum de justice pour tous : que le riche ne profite pas du pauvre tout comme le pauvre ne doit pas profiter du riche. alors on montrera un minimum d’amour pour son prochain : respecter la chose la plus sacrée LA VIE meme si c’est celle d’un pauvre, d’un ennemi, d’un animal, d’un arbre ou de je ne sais quoi encore !
      SOME

    • Le 30 décembre 2009 à 23:44 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Violences d’un type nouveau

      Et si c’etait un defouloir, qu’est-ce qui a ete refoule ? Qui a fait le refoulement ? Vous refusez de poser les justes questions. Vous n’aurez que les questions qui vous satisfont sans etre justes. Mais il me semble que vous preferez cela.

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