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Discours du président du Faso à l’occasion de la commémoration du 49e anniversaire de l’Indépendance : Regarder plus loin que le bout de son nez

Publié le lundi 21 décembre 2009 à 00h33min

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Sur le plan de la morale on peut s’interroger sur la légitimité de certains à vouloir donner des leçons sur la théorisation et la pratique de la démocratie au vu de leurs propres actes et de leur incapacité à éclairer les autres acteurs de la scène sociopolitique, nous obligeant à d’incessantes retouches de notre loi fondamentale et de certains textes d’application.

S’il est un point du discours du président du Faso, à l’occasion de la commémoration du 49e anniversaire de l’Indépendance qui aura le plus retenu l’attention, c’est bien celui relatif de la relecture à la constitution. En déclarant ? : « … J’invite l’ensemble des citoyens à approfondir les réflexions sur les réformes politiques indispensables à l’enracinement dans notre société, des valeurs de démocratie et de citoyenneté responsable ?. » Blaise COMPAORE officialise de fait un débat qui a déjà cours dans tous les milieux socio-politiques, même si pour certains, l’exercice est circonscrit à ergoter sur l’article 37 portant limitation des mandats présidentiels au prétexte qu’il ne s’agirait que de cela.

Un procès d’intentions qui en dit long sur ce que risque d’être l’année 2010 qui est annoncée comme une année électorale. Tout porte à croire au regard de ce qui est vécu actuellement, que nombre d’acteurs laisseront la proie pour l’ombre en se focalisant uniquement sur ce seul point au détriment de tout le reste, notamment les actions réellement orientées vers la mobilisation en faveur de leurs programmes qu’ils veulent alternatifs. C’est vrai que pour tous, à tort ou à raison, mais certainement à raison, l’élection de 2010 est jouée d’avance, le rapport des forces étant largement en faveur du pouvoir en place et de son candidat potentiel, Blaise COMPAORE. Tout indique en effet que si Blaise COMPAORE se présentait à sa propre succession, il passerait « ?haut-la-main ? » et l’on voit mal le parti au pouvoir faire autrement que d’obtenir cette candidature qui lui garantirait un autre quinquennat aux affaires.

Ceci explique-t-il cela ?? Il y a tout lieu de le croire car il apparaît clairement que s’opposer à la levée de la clause limitative des mandats présidentiels est un des rares thèmes pour ne pas dire le seul, sur lequel l’opposition, toutes tendances, confondues, s’entend parler. C’est donc une question stratégique fondamentale pour elle et se serait lui faire une fausse et mauvaise querelle que de vouloir qu’elle fasse autrement, même si par ailleurs on ne peut s’empêcher de penser qu’une réflexion plus poussée aurait pu l’orienter vers d’autres perspectives, notamment de se projeter dans l’avenir en travaillant sur ses propres faiblesses en vue de les réduire à défaut de pouvoir en faire des atouts.

Mais force est de le reconnaître, elle est encore loin d’une telle perspective, tant ses divisions sont profondes parce qu’à la fois structurelles, politiques et congénitales. On en a encore une fois de plus eu une parfaite illustration avec l’exercice de la fonction de chef de file de l’opposition. En effet, à peine celui-ci a-t-il commencé à agir que d’aucuns l’accusent de se servir et d’être au seul service de son parti et non de l’ensemble de tous ceux au nom desquels il officie. C’est dire que personne ne sera surpris d’entendre d’ici-là certains dire qu’ils ne se sentent ni de près ni de loin liés par ses prises de positions.

L’article 37 sera donc au cœur du débat politique. Pas seulement à l’initiative de l’opposition politique comme cela se devrait, mais il semble que d’autres forces sociales s’y intéressent elles aussi particulièrement et n’hésiteraient pas, si elles ne l’ont pas encore fait, à emprunter n’importe quel chemin, fusse-t-il celui tortueux des politiques, pour faire aboutir leurs causes. Il faut dire qu’ils ont très peu de choix car battus sur les terrains juridique et moral dont ils se prévalent ils n’ont que cette issue à moins d’avoir l’honnêteté de s’attacher à leur rôle d’arbitres et de témoins voire d’éclaireurs de conscience.

Or sur le plan juridique il coule de source, en dépit des tripatouillages de certains qui veulent faire dire aux textes leurs contraires, que la Constitution du Burkina Faso est pour le moins claire. Même la jurisprudence internationale lui donne quitus et lui reconnaît sa perspicacité. Sur le plan de la morale on peut s’interroger sur la légitimité de certains à vouloir donner des leçons sur la théorisation et la pratique de la démocratie au vu de leurs propres actes et de leur incapacité à éclairer les autres acteurs de la scène sociopolitique, nous obligeant à d’incessantes retouches de notre loi fondamentale et de certains textes d’application. Faut-il le rappeler, la dernière révision date de seulement quelque deux ans. De même d’importantes lois, notamment celle relative aux votes des Burkinabè de l’étranger, une quête permanente des populations, est inopérante faute d’une profonde réflexion prospective au moment de son élaboration.

Où étaient nos chers érudits du droit et de la démocratie ?? A tout le moins, on dirait à ces messieurs et dames qu’ils sont mal placés pour nous dicter ce qui devrait être, qu’on n’aurait pas tort.
Tous comptes faits si chacun jouait son rôle le débat pourrait être fort intéressant et utile. Mais en voulant ruser avec la vérité, certains vont la polluer et il faudra craindre qu’on ne se focalise sur des aspects périphériques et secondaires aux détriments de l’essentiel. On semble malheureusement s’engager dans cette voie même si les masques commencent à tomber.o

Cheick AHMED (ilingani2000@yahoo.fr )

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 21 décembre 2009 à 10:16, par boudwarba En réponse à : Discours du président du Faso à l’occasion de la commémoration du 49e anniversaire de l’Indépendance : Regarder plus loin que le bout de son nez

    J’ai essayé de lire mais je n’ai pas compris grand chose. C’est plein de sous-entendus et chaque paragraphe finit par le contraire de l’idée initiale annoncée.
    J’ai compris en fin que vous fetes le griot intellectuelle mais cela vous avili car on ne perçoit aucune idée ni proposition de votre part. Celui qui vous embouche devrait regarder les résutats. De veau gras il ne peut pas compter sur vous car stesser vous suez la bile ne pouvez de ce fait engraissé. vous êtes comme les herbivores sauvages qui, malgré l’abondance de paturage dans certaines réserve, ne porte pas de lard. Vous n’avez pas eu d’apport en tout ici.

  • Le 21 décembre 2009 à 15:44, par Paris Rawa En réponse à : Discours du président du Faso à l’occasion de la commémoration du 49e anniversaire de l’Indépendance : Regarder plus loin que le bout de son nez

    Je n’ai pas compris ce que défend l’auteur de cet article. Veut-il dire que la défense la constitution ne doit être que l’affaire des partis politiques ? Les intellectuels et autres citoyens qui ne militent pas dans les partis politiques n’auraient-ils pas le droit de prendre position et de défendre leur choix en politique ?

    Quant à la déclaration du président du Faso qui nous invite à réfléchir "sur les réformes politiques indispensables", je répondrai pour ma part, que :

    1- Notre démocratie souffre surtout des trop fréquentes modifications de la constitution, particulièrement en ce qui concerne l’article 37. L’absence d’alternance et un conseil constitutionnel qui à renoncé à sa mission, une justice incapable obliger les hommes du pouvoir qui s’accrochent indéfiniment à leur poste, la corruption systémique qui paralyse l’exercice honnête des mandats politiques électifs et toute la chaine de contrôle administratif ; voici autant de plaies béantes, bien connues de tous, qui rongent la démocratie et la société burkinabè. La responsabilité en revient à tous ceux qui travaillent d’une manière ou d’une autre à empêcher l’alternance démocratique, et qui usent de toutes sortes d’explications fantaisistes qui n’arrivent ni à justifier, ni à convaincre les citoyens honnêtes. User de ruse pour garder durablement le pouvoir dont on a hérité d’une certaine situation politique ne crée pas la démocratie.

    2- Au Burkina une réalité incontestable, c’est qu’aucun parti politique n’a jamais réussi à conquérir le pouvoir. Et on a toujours dit à tort que l’opposition est faible ou désunie. A quoi servirait le multipartisme, si les partis qui ne sont pas au pouvoir devaient être obligatoirment unis ? Il faut dire que la vérité, c’est que même le CDP n’est pas capable de conquérir le pouvoir. C’est pour cette raison qu’il se contente de soutenir celui qui est au pouvoir. D’ailleurs, le CDP à été créé par ceux qui avaient le pouvoir, et qui l’avaient eux-mêmes hérité du régime militaire des années 80. Plus grave, il faut reconnaitre, qu’à part feu-Maurice Yaméogo, premier président de la Haute-Volta indépendante, tous les autres citoyens qui ont été président sont venus de l’armée. Peut-on alors parler vraiment de démocratie au Burkina, alors que jusqu’à présent, toutes les alternances qui se sont produites au sommet de l’Etat, l’ont été à chaque fois par coup d’Etat depuis 1960. La conséquence en est que tous les présidents (voltaïques et burkinabè) ont toujours quitté le pouvoir en passant par la case arrestation+prison et même la tombe pour Sankara.

    3- Alors si le président Blaise Comparé veut lui aussi contribuer à l’enracinement de la démocratie comme il nous invite à y réfléchir, il ferait bien de ne pas se présenter comme candidat en 2010. Ainsi, il obligerait son parti le CDP à la vérité démocratique et à maturité, car il serait obligé de se trouver un candidat au lieu de se contenter de soutenir celui qui est au pouvoir, et de se battre à son tour pour conquérir le pouvoir au lieu d’en être simplement héritier. En plus, par cette retraite, Blaise Compaoré permettrait enfin que notre pays mette fin au cycle de l’alternance à la présidence par coup d’Etat. Il faut éviter par ailleurs la tentation de remplacer le coup d’Etat militaire par le coup d’Etat constitutionnel.

    4- Le changement de constitution ou de régime de gouvernement (présidentiel ou parlementaire) serait une vraie régression. En effet, l’ensemble du peuple a voulu faire l’expérience politique de la démocratie à travers la constitution qu’il s’est donnée par référendum en 1992. Il serait anti-démocratique, totalement irrationnel (comme au Niger) et même ridicule de limiter cette expérience de tout le peuple à l’expérimentation de la présidence d’un seul individu, alors que dès le départ, on avait prévu dans la constitution elle-même (article 37) d’alterner les personnes à la tête de l’Etat. Il faut donc achever l’expérience démocratique par l’alternance au sommet de l’Etat. Changer maintenant de régime ou de constitution revendrait à l’interrompre l’expérience démocratique pour recommencer à zéro, avec l’incapacité et le handicap de pouvoir tirer les leçons d’une expérience inachevée.

    Pour tout dire, la démocratie burkinabè n’a pas encore besoin de réforme, parce que ce que sa constitution a prévu n’est pas encore complètement appliqué dans l’esprit et la lettre. Comment peut-on apprécier la justesse ou l’inadéquation prétendue d’une constitution que l’on modifie tout le temps, au lieu de l’appliquer totalement ? Quand la chose est noire, il ne sert absolument à rien de prétendre que c’est une chose blanche qui a simplement une couleur noire. Mais ne dit-on pas qu’il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir ?

    • Le 30 décembre 2009 à 23:51 En réponse à : Discours du président du Faso à l’occasion de la commémoration du 49e anniversaire de l’Indépendance : Regarder plus loin que le bout de son nez

      Paris Rawa, je souhaite seulement que Agassi, Baarkbiiga ou Me Kere ous lisent, si ce n’est pas la seule et meme personne. Selon lui le Burkina est si mal developpe ou si peu developpe qu’ il faut mettre en sourdine nos differences et nous fondre joyeusement dans la mouvance presidentielle. Heureusement que c’est un docteur qui parle. Sinon j’allais le contredire. Mais un docteur en droit, surtout un docteur diplome de la Sorbonne et avocat forme en France, ca connait tout.

      • Le 31 décembre 2009 à 04:22 En réponse à : Discours du président du Faso à l’occasion de la commémoration du 49e anniversaire de l’Indépendance : Regarder plus loin que le bout de son nez

        quand vous citez les propos d’un autre, l’honnêteté intellectuelle exige au minimum de les mettre entre guillemets. Au lieu de vous contorsionner à apprécier positivement ou négativement les avis des autres, s’il vous plaît, écrivez aussi sur le fasonet une belle analyse à l’instar de Paris Rawa qui lui, au moins, ne se contente pas de dénigrer les autres mais veut faire avancer le "schimilblik" par ses contributions que vous avez du reste apprécié. Je continue de croire que ce n’est certainement pas de cette manière que vous aller faire progresser les choses au Burkina....car c’est ça les 3M qui minent ce pays : "médiocrité - Mesquinerie - Méchanceté" de M. Ablassé OUEDRAOGO.

  • Le 21 décembre 2009 à 17:35 En réponse à : Discours du président du Faso à l’occasion de la commémoration du 49e anniversaire de l’Indépendance : Regarder plus loin que le bout de son nez

    Pertinente analyse de Paris Rawa° !° !° !°
    En tout cas si ca continue ainsi le dicton se fera revivre(qui vient par les armes "repartira par les armes")

    quand au journaliste son analyse est tres mediocre(il aurait pu faire une critique profonde de ce que Blaise Compaoré a dit,au lieu de jouer à cache cache)

  • Le 26 décembre 2009 à 18:51, par Gando En réponse à : Discours du président du Faso à l’occasion de la commémoration du 49e anniversaire de l’Indépendance : Regarder plus loin que le bout de son nez

    C’est vraiment dommage que celui qui a écrit cet article ne sait pas regarder plus loin que le bout de son nez. Ce n’est pas en tripatouillant chaque 2 ans la loi fondamentale que l’on démontre l’Amour et le Respect pour son PEUPLE. Avant Blaise il y a eu des Présidents et il ne peut rester éternel au pouvoir malgré les abouements de ces bénis OUI OUI. Tout démocrate doit aimer l’alternance.

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