LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

NORD DU BURKINA : Le manque de routes, un facteur de sous-développement

Publié le vendredi 18 décembre 2009 à 02h17min

PARTAGER :                          

Pour Prince Ouédraogo Relouindé 1er, la région du Nord connaît une stagnation en raison surtout du manque d’infrastructures routières de qualité. C’est pourquoi il invite le Premier ministre, dans la lettre ouverte ci-dessous, à inscrire ses observations dans son programme de développement.

Excellence Monsieur Le Premier ministre

Votre récente déclaration sur le sous-développement de la région du Nord m’offre l’agréable opportunité de vous faire partager mon point de vue sur cette question.

Mais avant, essayons de parcourir l’histoire de cette région qui était jadis prospère et glorieuse aux potentialités énormes. La région du Nord était par excellence un pôle de commerce florissant entre le Soudan et la Haute Côte d’Ivoire. Nous devons cette suprématie au célèbre Naba Kongo 1757-1787 qui, conscient de l’importance du commerce dans la vie sociale, économique et politique, s’est fait le protecteur du commerce dans la boucle du Niger (voir Michel Isard du Yatenga précolonial, éditions Carthala). Ainsi, le sel gemme, les épices, le poisson, les tissus cotonnade et nylon, le beurre de karité, la kola, etc, étaient les principaux produits que les marchands de la région du Nord convoyaient pour ravitailler les marchés intérieurs et extérieurs comme Gao, Tombouctou au Mali, Koumassi, Tamalé, Wa au Ghana, Bobo, Dori, Djibo, Kongoussi, Kaya, Tera au Niger en concurrence loyale avec les Soninkés, les Malinkés, les Dioulas, les Bambara, les Sonraïs ou Maransés et les Yarcés.

Tout un grand réseau composé de pistes infestées par les fauves mais sécurisées par une sorte de djatiguiya (hospitalité) reliait Ouahigouya chef-lieu de la région du Nord à ces villes ci-dessus citées . Le commerce se faisait dans des conditions extrêmement difficiles : à pied, à dos d’âne, à vélo et quelques rares fois en camion ou en train ; d’où le caractère sélectif de ce commerce. Les routes empruntées étaient de Ouahigouya - Bobo - Côte d’Ivoire ; Ouahigouya - Mali ; Ouahigouya - Kougoussi - kaya - Boulsa - Sapaga - frontière du Bénin ; Ouahigouya - Bolgatenga (Ghana) ; Ouahigouya - Djibo - Dori Terra (Niger), Yako - Koudougou - Léo - Wa et Tamaley au Ghana. Des témoins vivants comme El Hadj Oumarou Kanazoé, Amadé Bagrin, Salif Déré, Aly Gourga père de Mahamadi Savadogo dit Kadaffi sont parmi ceux-là qui ont parcouru ces distances.

Ainsi, les nouvelles générations ont hérité de l’oeuvre entreprise par leurs parents et grands- parents qui l’ont améliorée à l’instar de la communauté libano-syrienne, grâce aux moyens modernes de communication et de transport. On peut classer dans ce groupe, Alizèta Ouédraogo (Tan Aliz), Obouf, Kadaffi, le PDG de Sol confort décor, le PDG de STAFF, le PDG de Bouro et frères, Adema Kindo PDG du Somika, etc. L’esprit d’initiative privée est ancré dans les mœurs des populations du Nord. Excellence Monsieur le Premier ministre, dans Les atouts économiques Burkina 2000, le président du Faso disait : « L’environnement institutionnel et juridique mis en place (Code des investisseurs, Code douanier, Code minier, législation du travail, etc.) offrent aux investisseurs nationaux et étrangers un cadre idéal pour concrétiser rapidement leurs projets et garantir la rentabilité de leurs investissements ».

Alors, à l’heure actuelle, sans être l’avocat des opérateurs économiques du grand Nord y compris le Sahel, est-il raisonnable d’investir dans cette région qui ne présage pas de la rentabilité escomptée ? Ne dit –on pas que la route du développement passe par le développement des routes ? Mais le constat est là, très amer. L’effort individuel des opérateurs économiques n’a pas toujours été accompagné par celui de l’Etat. Le Nord bénéficie d’une situation stratégique à même d’assurer son plein développement mais non exploitée. Ayant en commun une frontière avec le Mali et le Niger et servant de pont entre la partie sahélienne et côtière de l’Afrique de l’Ouest et même du Maghreb, la région du grand Nord ne s’est pas encore révélée à la hauteur de ses potentialités naturelle et historique depuis les indépendances . La situation s’apparente à un destin bloqué.

La route reliant Ouahigouya à Bobo est abandonnée compte tenu des calvaires et des nombreux préjudices qu’elle cause à ses usagers malgré la distance réduite par rapport à celle Ouahigouya- Ouaga - Bobo parce que non bitumée. La route Ouahigouya–Koro, vitale pour les deux villes sur le plan économique et touristique, est un tombeau ouvert pour les usagers qui sont pourtant contraints de l’emprunter tous les jours. La route Yako - Koudougou offre un spectacle désolant et constitue un handicap à l’accès du marché de Léo très fréquenté par les commerçants rescapés résidant toujours dans le Nord car la plupart de ces commerçants sont en faillite et d’autres ont préféré investir ailleurs. La route Ouahigouya - Koungoussi - Kaya – Boulsa – Sapaga frontière Togo - Benin - Ghana pouvait déclencher un réel développement accéléré de toute la région du grand Nord.

Djibo, ville d’approvisionnement et de ravitaillements de Ouahigouya est souvent inaccessible compte tenu de l’état de la route, sans parler de Djibo - Dori qui est quasiment impraticable. Depuis plus d’un siècle, Ramatoulaye était un lieu de convergence des pèlerins de l’Afrique de l’Ouest et des amis du Moyen- Orient (Iran, Koweït, Arabie saoudite). Mais l’état délabré de la route n’incite plus les pèlerins à aller à Ramatoulaye qui, petit à petit, se meurt au profit d’autres lieux plus accessibles. La politique de développement des infrastructures routières au Burkina Faso est plus axée sur l’accès aux ports et non pas sur les liaisons intérieures en termes de bitumage. L’enjeu des routes dans le développement économique, social, culturel, et touristique est majeur. Les régions du Nord et du Centre-Nord ont été écartées au Tour du Faso cette année pour manque d’infrastructures routières conséquentes.

Ceux qui ont investi dans l’hôtellerie par amour de leur région comme Saybou Tréboule, le PDG des chaînes de l’Hôtel de l’Amitié, se contenteront désormais du minimum car le Tour du Faso vient de perdre l’une des ses missions premières, c’est-à-dire faire connaître les villes de l’intérieur, développer l’hôtellerie et le tourisme au profit de ces villes. Excellence Monsieur le Premier ministre, des efforts sont faits à la faveur du 11-Décembre. Une volonté des fils et filles de la région s’affirme sous l’initiative de Madame le Gouverneur pour un investissement dans la région. Mais la volonté politique de l’autorité centrale en termes d’investissement dans les infrastructures routières modernes, hydrauliques et universitaires reste déterminante dans le décollage économique de l’ensemble de la partie nord du Burkina Faso.

Excellence Monsieur le Premier ministre, j’ose croire que mes observations s’inscrivent déjà dans votre programme de développement intégral de la partie grand Nord. A défaut, je me réserve le droit d’affronter tout candidat en 2010 afin de briguer la magistrature suprême par voie électorale dans le souci de développer toutes les régions, cas par cas, selon les potentialités de chacune à l’issue des foras régionaux.

Prince Ouédraogo relouinde 1er Email : ouedraogorelouende@ yahoo.fr Cél 70 10 15 93.

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 18 décembre 2009 à 16:13, par "LE VIEUX" En réponse à : NORD DU BURKINA : Le manque de routes, un facteur de sous-développement

    Merci Prince.
    Le PM s’est condamné en affirmant que 40% des richesses du Burkina appartiennent aux fils nord et que la région reste pauvre.

    Le Dévéloppement global d’un région ne rélève pas des ses fils mais de l’Etat an premier.

    Comment voulez-vous que le nord se dévéloppe si on préfère financer par les fonds Amérirains des routes départementales ( Sabou- Didry) au lieu de la route Nationale N° 2 ( Internationale ) Ouahigouya-Frontière du Mali ou Régionales Dédougou-Tougan-Ouahigouya ;Ouahigouya-Djibo-Dori ;Koudougou-Yako ;Kongoussi- Ouahigouya ou Yako-Tougan...

    On fabrique le sous-dévéloppement de la région du Nord de toute pièce et on critique injustement les fils qui sont les plus dynamiques ! Kaîsââ !!!

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des Etats
Burkina Faso : Combien y a-t-il de langues ?