Pr. Mahamadé SAVADOGO, Président du Mouvement des Intellectuels : "Nous assistons au retour d’un esprit retrograde entretenu par une caste de notables prêts à tout"
- Pr. Mahamadé SAVADOGO
Quels sont les acquis les plus importants, à votre avis, des luttes populaires à la suite de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo ?
Il convient en effet de reconnaître que le mouvement populaire conduit par le Collectif, en réaction contre l’assassinat de Norbert Zongo et ses compagnons, a suscité des bouleversements importants dans notre société.
Sans prétendre être exhaustif dans l’énumération, je pense qu’il est possible de dégager au moins trois niveaux dans les transformations suscitées.
Sur un plan institutionnel, on peut noter l’apparition de nouvelles structures de gestion même de la situation de crise : d’abord la formation de la Commission d’Enquête Indépendante et ensuite l’appel au Collège de Sages. La CEI a vraiment montré son indépendance et elle a abouti à la désignation de six suspects sérieux.
Le Collège de Sages a proposé des réformes politiques qui ont entraîné une arrivée significative de l’opposition à l’Assemblée nationale et un retour à la limitation du mandat présidentiel dans la constitution.
En dehors de ces dispositifs institutionnels, l’action du Collectif a contribué à mettre en avant de nouveaux cadres de lutte et de nouveaux acteurs. Sur ce point, il faut commencer par citer le Collectif d’Organisations Démocratiques de Masses et de Partis Politiques (C.O.D.M.P.P.) lui-même qui est une rencontre originale d’organisations de la société civile et de partis politiques autour d’une plate forme, ensuite on pourrait ajouter un mouvement comme celui des intellectuels du Manifeste pour la liberté et aussi l’association Kebayina des femmes ou plus récemment les Femmes en noir, pour ne retenir que ces exemples.
Enfin, nous pouvons retenir que l’action du Collectif a contribué à instaurer un état d’esprit, un esprit de lutte, un refus de l’injustice qui s’est propagé jusque dans les moindres hameaux du Burkina. Les récentes destitutions spontanées de maires décriés en témoignent. Différentes catégories sociales, dont certaines étaient habituellement soumises, se sont senties encouragées à exprimer leurs revendications et, d’une manière globale, il y a eu une libération collective de la parole critique qui s’est précisément traduite par l’apparition de nouveaux titres, comme le vôtre, au niveau des médias.
Que reste-il de ces acquis aujourd’hui et quelle analyse peut-on faire à la lumière de l’évolution de la situation nationale ?
La plupart des mesures positives ont été tour à tour remises en cause après un certain temps. Par exemple, les suspects sérieux désignés par la CEI, qui n’était pas elle-même une autorité judiciaire, n’ont jamais été jugés pour leur rôle dans l’assassinat de Norbert Zongo et ses compagnons. Pire, le traitement judiciaire du dossier a abouti à une impasse, à un non lieu en faveur du principal accusé.
Les recommandations du Collège des Sages, qui ne disposait d’aucun moyen de s’assurer de leur exécution, sont désormais désavouées, ouvertement piétinées. Il en est ainsi de la limitation du nombre de mandats présidentiels qui est l’objet d’une campagne d’attaques du parti au pouvoir et ses alliés en vue de parvenir à son annulation.
L’opposition institutionnelle, qui s’est enrichie de nouveaux animateurs encouragés par l’élan du Collectif, après avoir pu accéder à l’Assemblée d’une manière significative, en a été chassée et réduite à une portion congrue par la manipulation du code électoral soutenue par la corruption électorale.
En somme, ce qui survit essentiellement des changements introduits par la lutte du Collectif, ce sont les formes de lutte, les nouvelles organisations et l’esprit de lutte qui se manifeste encore et, surtout, reste prompt à se propager.
Quelles perspectives entrevoyez-vous pour le renforcement de la démocratie et de la paix au Faso ?
Le processus de démocratisation au Burkina est déjà bien fragile. Nous avons une constitution malmenée, une liberté de parole bien relative, des institutions figées par excès de soumission, des consultations électorales qui ne suscitent pas l’enthousiasme.
Ce processus fragile, qui pourrait être consolidé par exemple par l’appel aux candidatures indépendantes, est désormais ouvertement menacé de régression.
Les velléités de révision de la constitution, les attaques contre la limitation des mandats, traduisent le retour d’un esprit profondément rétrograde, entretenu par une caste de notables prêts à tout, même à l’instauration d’une monarchie, pour protéger leurs privilèges.
La partie n’est pourtant pas encore jouée. Une période d’incertitudes s’annonce encore dans l’histoire de notre pays mais l’horizon est loin d’être bouché.
L’esprit de lutte est encore bien là et les leçons tirées des nouvelles formes d’organisation sont susceptibles d’inspirer d’autres combats.
Par Germain B. Nama
L’Événement
Vos commentaires
1. Le 17 décembre 2009 à 09:04, par L’Africain En réponse à : Pr. Mahamadé SAVADOGO, Président du Mouvement des Intellectuels : "Nous assistons au retour d’un esprit retrograde entretenu par une caste de notables prêts à tout"
Je partage vos points de vue mais les questions que je me pose sont les suivantes :
C’est quoi un intellectuel ? Qui peut etre membre de ce mouvement des intellectuels ? A partir de quel diplome est-on un intellectuel ? Le CEPE, Le BAC, la License, la Maitrise ou le PHD ?
Merci
2. Le 17 décembre 2009 à 09:24, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Pr. Mahamadé SAVADOGO, Président du Mouvement des Intellectuels : "Nous assistons au retour d’un esprit retrograde entretenu par une caste de notables prêts à tout"
’’Le processus de démocratisation au Burkina est déjà bien fragile. Nous avons une constitution malmenée, une liberté de parole bien relative, des institutions figées par excès de soumission, des consultations électorales qui ne suscitent pas l’enthousiasme’’.
PROFESSEUR, vous êtes fort !!
C’est tout le mal de ce pays ainsi ! Chacun s’accroche à son petit morceau farci, et croit qu’il est important alors qu’il ne vaut même pas la queue d’une souris. C’est celà ce pays.
Des citoyens qui sont devenus des complices pour tenir en laisse la masse au profit d’une minorité. Sinon comment comprendre que des gens sortis du néant soient si riches dans ce pays et sans hériter de rien ? Si riches et toujours gloutons au point de piquer des crises s’ils râtent un marché de l’Etat !!
Et pourquoi comptent-ils sur l’Etat et ses marchés pour être riches s’ils n’y ont pas des complices cancres et bornés qui donnent à ce petit groupe ce qui nous appartient à nous tous,
Des gens qui se sont infiltrés au sommet à force de ruses et d’artifices pour nous écraser et nous enfermner dans la misère !!! Et pourquoi pas moi aussi là-bas comme eux ??? Pourtant ils ne sont pas plus méritants que moi au vu de leurs performances médiocres !!! Y EN A ASSEZ !!!
Par Kôrô Yamyélé
3. Le 17 décembre 2009 à 09:26, par boudwarba En réponse à : Pr. Mahamadé SAVADOGO, Président du Mouvement des Intellectuels : "Nous assistons au retour d’un esprit retrograde entretenu par une caste de notables prêts à tout"
Je suis toujours admiratif des interventions de M SAVADOGO. Même si cela va de la carure de l’intéressé il faut admirer la justesse et la pondération des ses analyses. N’est il pas nécessaire qu’on exploite mieux un tel potentiel. Si un temps soit peu on demandait des orientations aux intéllectuels de son mouvement, car je pense que les vrais y sont, notre société s’améliorerait.
Je vouddrais cependant solliciter qu’il m’explique son soutien à la candidature indépendante car pour moi celà fait désordre. Je suis de ceux qui pensent que les idées de gouvernement en démocratie s’expriment à travers un parti politique qui a un manifeste,une ligne de conduite et un programme de gouvernement. Un indépendant même populaire n’a pas proposé ses idées en partage au peuple. Je suis d’accord que notre société est encore faiblement structurée mais les candidatures indépendantes continueront à la maintenir dans cette imaturité et la personnalisation puis la patrimonialisation des choix politiques. Il faut que ce soit les idées et idéaux qu’on partage et non la personnalité.
4. Le 17 décembre 2009 à 14:02, par le dur En réponse à : Pr. Mahamadé SAVADOGO, Président du Mouvement des Intellectuels : "Nous assistons au retour d’un esprit retrograde entretenu par une caste de notables prêts à tout"
Merci professeur, cette reflexion vient vraiment d’un prof qui est relatitve à votre titre. Très belle vision.bon courage !
5. Le 17 décembre 2009 à 22:30 En réponse à : Pr. Mahamadé SAVADOGO, Président du Mouvement des Intellectuels : "Nous assistons au retour d’un esprit retrograde entretenu par une caste de notables prêts à tout"
Agassi, l’ "intello" gateau, tu vois, lui- la il a fait l’ecole. Et avant de faire l’ecole il etait intelligent. Ceux qui demandent quel diplome il faut avoir pour etre intellectuel, je vous dis que il meme des profs titulaires pleins dans cette universite qui ne sont pas des intellectuels. Parce que ils ont le cerveau au movais endrois. Dans la panse en passant par la bouche pour terminer par le bas ventre. C’est leur tout comme ca.Etre intellectuel, c’esdt reflechir en prenant en compte le mal et le bien que nos actions ou celles des autres peuvent faire a l’ ensemble de la societe. Yamyele aussi est un intellectuel mais qui utilse le style de l’ humour caustique si c’est necessaire. mais certains soit- disant doctorants sont des ignares car il veulent nous convaincre que l’ eau coule du marigot jusque sur la colline mais que c’est parce que nous on voit pas bien qu’ on croit que l’ eau coule de la colline a la riviere Donc il veulent maintenant qu’ on laisse la politique, la chose p[ublique, la con stitution a leur intelligence gourmande.
Le 17 décembre 2009 à 23:21 En réponse à : Pr. Mahamadé SAVADOGO, Président du Mouvement des Intellectuels : "Nous assistons au retour d’un esprit retrograde entretenu par une caste de notables prêts à tout"
c’est bien dit
somé
Le 21 décembre 2009 à 01:49, par La vérité blesse, mais elle ne tue jamais. En réponse à : Pr. Mahamadé SAVADOGO, Président du Mouvement des Intellectuels : "Nous assistons au retour d’un esprit retrograde entretenu par une caste de notables prêts à tout"
C’est qui Somé ? et qu’a-t-il dit ?
Le 21 décembre 2009 à 01:48, par La vérité blesse, mais elle ne tue jamais. En réponse à : Pr. Mahamadé SAVADOGO, Président du Mouvement des Intellectuels : "Nous assistons au retour d’un esprit retrograde entretenu par une caste de notables prêts à tout"
ignare toi-même. tu vas voir ce que ça fait de lire ça. Tu es loin d’être un intellectuel, ça au moins c’est sûr. L’intellectuel c’est aussi celui qui respecte le pluralisme de pensées...